Selon la base de référence sur les médicaments Vidal, la mélatonine participe au contrôle des rythmes circadiens et à la régulation du rythme jour-nuit. Musicalement, les français de Melatonin produisent ce même dernier effet. Le quatuor a débarqué dans le paysage en 2017 avec des premières démos compilées sur Magnificat. Le groupe fait émerger un premier EP intitulé Departures deux ans plus tard. Les rhône-alpins s’apprêtaient à arpenter les routes pour défendre l’opus mais la crise pandémique les contraint à travailler sur un premier album qui verra le jour en octobre 2023 ; A Ghost at the Party. Un album tout en clair-obscur aux sonorités extrêmement variées à dominance folk à découvrir en ce début d’année 2024.
Le quatuor ouvre son album avec un percussionniste invité de choix, j’ai nommé Joey Waronker (REM, Atoms for Peace, Beck, The Vines ou encore Smashing Pumpkins). Blood s’avère un morceau particulièrement sombre et hypnotique qui annonce déjà la couleur très mélancolique de l’album.
Warsaw nous embarque dans des sonorités plus lumineuses, par ses notes claires. Voilà un morceau nettement plus aérien, doux.
Traversée dans un tunnel qui promet de nouvelles aventures sonores, Sewers fait la part belle aux instruments à cordes. Il y a quelque chose de très imagé dans ce morceau et à la fois de très léger. Des couleurs très pastels sans être blafardes.
Plus énergique, Silent Superstar n’est pas sans rappeler un certain Nick Drake. Enigmatique par les bizarreries sonores qui l’introduisent, elle navigue dans les sonorités pop, rock voire même psychédéliques. Un voyage peuplé de lampions multicolores.
Death Is Always Here valorise la voix de Pierre Chamot que l’on caractériserait ici de cristalline, où de nouveau les cordes sont savamment orchestrées. 6 minutes de toute beauté, le rêve éveillé dans un paysage que l’on imagine enneigé. Un morceau très pur qui gagne en puissance sur les dernières minutes où les voix s’entremêlent.
Oublions les cordes et leur orchestration le temps de The Knot. Place aux synthés à bulles et une rythmique soutenue que signe Marc Lucio. Comme une espèce de folie douce, une fantaisie lumineuse. Le quatuor invoque Björk et son Hyperballad à juste titre.
Délicate chanson que Reach The End, le retour de la part belle à la voix de Pierre Chamot, les cordes s’invitent dans une progression lente. On assiste à une espèce de flottaison confortable. Comme un lent adieu à un ami, un amour, Reach The End touche aux artères sensibles.
Un nouveau faisceau de lumière ! Aquarelle offre une rythmique à nouveau soutenue, prend un chemin inattendu. Elle répondrait presque à The Knot. Le paysage est totalement fantastique. Les instruments se rencontrent, se percutent, s’enlacent pour un résultat flamboyant.
Attention retour à l’ombre oscillante. The Scariest thing peut faire penser à un Matthew Bellamy et ses expérimentations. Le morceau s’inscrit dans une lumière lunaire et monte en intensité dans ses dernières minutes, dans une rythmique presque chamanique.
Life in a Model Village est un morceau plus déstructuré qui propose des sons nettement plus rock. Il dénote de l’ensemble très orchestré, abouti. Moins de chant pour plus d’instrumental, une trajectoire plus floue.
Et là, on ne s’y attendait pas, l’énergie se déploie sur la durée sur Rattlesnakes. Il n’est plus question de couleurs mais de mouvements vifs, audacieux. La voix quitte le rang de la pureté. On doit bien l’admettre, sa conclusion est assez brusque.
Avec Wormhole on reprend le chemin du gris. 7 minutes sur un chemin goudronné. Un autoroute où les voitures avanceraient lentement avec toutes la même destination. Ca zigzague un peu mais chacun se remet sagement dans sa file sachant pertinemment qu’il arrivera. Et se pose ainsi la clôture de l’album, Bloodflow. Plus aérien que sa sœur introductive, Bloodflow est une nuit où les étoiles scintillent de tous les côtés.
A Ghost at the Party est un premier album à ranger à proximité de ceux d’Arcade Fire. Il trouble les émotions, l’esprit. La richesse de sa palette de couleurs nous en met plein la vue. Ses sonorités multiples invitent à explorer chaque morceau dans le détail. Les orchestrations nous poussent dans nos retranchements. Un premier album d’une grande élégance, dense, particulièrement exigeant. Metonin vous réserve de belles surprises oniriques. Ecoutez-les à la nuit tombée, les songes ne seront que plus beaux.