She Reaches Out To She Reaches Out To She (chez Loma Vista) est le septième album pour celle qu’on surnomme avec plaisir la princesse des ténèbres autrement dit Chelsea Wolfe. La californienne fraîchement quarantenaire explique que cet opus se veut « l’histoire d’un affranchissement des situations et des schémas qui entravent votre liberté. Il vous invite à retrouver votre propre authenticité. » Plongée dans les tréfonds d’une obscurité parfaitement maîtrisée.
Entrée dans le nouvel album avec un morceau qui annonçait déjà une couleur bleu marine doomesque ; Whispers in the Echo Chamber. Chelsea Wolfe murmure et électrise l’atmosphère dès le premier morceau. Un morceau tempête qui s’était accompagné d’un clip monumental.
Parler d’accalmie serait vain. House of Self-Undoing est une véritable course rythmique – l’intensité de jeu de Jess Gowrie est folle – dans la forêt à la nuit tombée. La voix pure de Chelsea Wolfe comme la pleine lune qui éclaire le chemin.
On en avait parlé il y a quelques semaines – dans cette sélection de clips – , Everything turns blue prend des chemins plus lumineux, proches de ceux façonnés par l’islandaise Björk. Un morceau plus lent non moins chargé d’émotions. Dans la droite lignée du précédent Tunnel lights est un morceau qui exploite des fragments variés et toujours puissants. Les amateurs de Portishead pourraient tendre l’oreille. Ces deux morceaux sont séparés mais ils pourraient fonctionner sur le temps long ensemble.
Elle pouvait se positionner entre les deux et faire la transition The Liminal invite au calme. Un morceau étrange, mécanique. On visualise des rouages qui tourneraient au ralenti d’où s’échapperait une fine fumée – toxique ? -.
L’étrangeté se poursuit mais prend des airs tribaux avec les espèces de clochettes qui retentissent. Eyes Like Nightshade est un morceau singulier qui tranche nettement avec les précédents. On note l’usage des nombreux glitchs pour lui donner un semblant d’appartenance industrielle.
Salt reprend les chemins trip-hop que Tunnel lights laissait apercevoir. On aime les percussions à mi-chemin qui pourraient gagner en intensité sur le reste du morceau.
Pièce forte de l’album Unseen world navigue dans les sonorités atmosphériques et doom. Les teintes sont toujours très sombres. On s’enveloppe dans un univers très onirique, annonciateur de belles surprises scénographiques en live.
Il aurait pu clôturer l’album mais c’est l’avant-dernier : Place in the Sun est un morceau grâcieux, lumineux où le piano domine, l’indus le rattrape en toute fin de parcours pour mieux introduire la vraie conclusion : Dusk.
Premier single de l’album, Dusk est une jolie pièce très électrique qui s’installe sur la longueur. Elle contrebalance avec la charge provoquée par Whispers in the Echo Chamber. Dusk sonne le glas de l’album en bonne et due forme.
Chelsea Wolfe n’aura de cesse de naviguer dans les eaux troubles. Le septième album de la californienne s’est paré de ses plus beaux bijoux. Les compositions sont contemplatives, porteuses d’une véritable intensité émotionnelle.
Si l’album est sorti pendant la saison hivernale, on préconise une écoute à l’approche du printemps histoire de repartir, si ce n’est plus grands ou plus beaux, plus forts. La prêcheresse ténébreuse donne rendez-vous à ses fidèles le 4 juin prochain à l’Elysée Montmartre.