Première plongée dans l’Océanique Pop de DEGAGE

Les quatre rémois de DEGAGE ont voulu prolonger l’été avec leur Pop rayonnante aux doux effluves de plage australienne. Définissant eux-mêmes leur musique d’ « Océanique Pop », Chuck, Matt, Léo et Max, tous bercés par la pop psychédélique de Tame Impala ou Connan Mockasin, ont sorti leur premier EP le 15 Octobre dernier, et c’est un pur régal !

Pochette de DEGAGE (EP)

Le groupe, formé en 2017, dans le monde d’avant et mit en lumière par sa sélection au Inouïs du Printemps de Bourge en 2019 est certes discret, mais a d’ores et déjà su prouver qu’ils font partie des groupes à voir absolument sur scène, ayant donné des shows vibrants et remarqués dans de beaux évènements musicaux tels que La Magnifique Society, Le Cabaret Vert ou encore les Bars en Trans. Il s’en est suivi un arrêt forcé, brutal, mais leur laissant peut-être le temps de se concentrer sur l’enregistrement de leurs morceaux.

L’EP, autoproduit, est entièrement made in Reims, mixé par le cofondateur de leur label (Attitude) John Attali et masterisé au Globe Audio Studio. C’est un voyage qui nous rappelle l’insouciance des vacances entre ami.es.s, le bruit délicat des vagues qui viennent caresser la peau de leur fraîcheur bienvenue sous un soleil brûlant. En six pistes hétéroclites mais dans lesquelles on décèle aisément leur amour pour la Pop-Rock australienne, DEGAGE nous livre des textes tantôts brillants d’optimisme, tantôts témoignant de beaucoup de sensibilité face à des questions, des doutes qui parfois nous traversent et nous marquent de manière indélébile. Solaire dans son ensemble, vous verrez que malgré ce nom aussi avenant qu’une porte claquée au nez, on se sent invité, dès les premières secondes, à s’installer confortablement dans une bulle de bien-être.

En effet, le titre qui ouvre le disque, L’instant, nous accueille avec une guitare colorée au tremolo et au chorus, effets chers à la Surf Music qui les a tant inspirés, cette courte introduction a pour effet immédiat de détendre tous nos muscles. Nous partons ensuite pour une délicieuse pop psychédélique qui n’est pas sans nous rappeler Flavien Berger ou encore le premier effort de Moodoïd, pour notre plus grand bonheur ! Il n’y a rien de mielleux dans cette ode à l’amour paisible et aquatique. C’est un trip synergique rêveur et optimiste, servi par une mélodie enivrante et une section rythmique suave à souhait, c’est un Eden qui appelle à s’allonger sur le sable ou danser doucement aux côtés d’une personne qui nous est chère.

Arrive Château Blanc, qui a été choisie pour être le single de cet EP. On comprend ce choix
en découvrant le génie d’efficacité de cette piste, elle est de celles qui peuvent s’écouter en
boucle sans jamais s’en lasser. La musique est puissante, le texte très beau et assez lourd de
sens, le tout ensorcelle, jusqu’à cette Outro absolument jouissive à la sauce Pond.

Victoire est la plus assurée, elle apporte une énergie folle grâce à un son résolument Rock
parsemé d’influences Electro. Immanquablement taillée pour le live, elle brille par son
intensité d’interprétation, les quelques moments chantés sont hantés par un texte énigmatique
aux arômes d’egotrip. Cette composition semble être la plus affirmée dans leur recherche d’identité artistique propre. DEGAGE nous livre ici un style hybride très intéressant fort de partis-pris réussis, une chanson qui donne effectivement envie d’aller gagner n’importe quoi lorsqu’elle passe dans les écouteurs.

On tenait à faire une mention spéciale à la pochette, qui est un magnifique cliché prit par Max lors d’un moment partagé par ces quatre amis sur la plage de Saint-Malo. Saint-Malo qui est justement le titre du quatrième morceau de l’EP, la tension redescend de quelques crans pour tomber dans une Dream-Pop éthérée, qui va cette fois naviguer aux côtés de MacDeMarco ou The Holydrug Couple. Un peu mélancolique, elle nous laisse flotter dans une brume de réverbérations et d’échos, le texte comporte quelques passages en anglais qui collent parfaitement au contexte, cela ajoute une touche supplémentaire de musicalité vraiment très
appréciable.

Sur une plage toujours, mais cette fois après avoir sauté à l’eau, Vague est l’avant-dernier morceau et il s’en émane une envie d’évasion. On revient à une musique plus pêchue, un hymne Pop au texte onirique, le groupe scande son besoin de légèreté sur fond de synthés eighties et d’une guitare endiablée.

Le disque se termine sur la splendide Je glisse, véritable invitation au lâcher-prise, au seuil de la Chillout Music, pleinement Dream Pop, on voudrait s’envoler avec eux, glisser sur des nappes d’air liquide tout en observant les notes de ces synthétiseurs atmosphériques créer un paysage de sérénité tout autour de nos corps détendus. De quoi terminer en beauté ce qui est un premier EP formidablement réussi.

Selon Chuck, c’est en découvrant Daniel Darc que l’envie d’écrire en français leur est venue (cf. ADN #336). Il nous parle de thérapie par l’écriture, et ça se ressent, car derrière cette parfaite bande-son pour une virée au soleil sur une planche de skateboard, si on se penche sur les mots parfois presque noyés dans la reverb, il nous apparait alors tout un monde de doutes, de souffrances muettes et de maux bleus. DEGAGE vient encore de monter d’un cran dans un paysage musical maintenant très fourni, on en redemande, mais on leur laisse le temps de savourer la fierté qu’ils peuvent avoir quant à ce premier effort prometteur.

On comprend maintenant un peu mieux le nom du groupe. Loin d’eux l’idée d’inviter le public à dégager, ne nous inviteraient-ils pas plutôt à dégager de soi-même, de ces murs qui nous emprisonnent ? La question reste ouverte, en attendant, ils continuent de faire vibrer l’air de leur fief et on espère vraiment les retrouver dans nos festivals préférés l’été prochain !

Vous pouvez retrouver l’ADN musical de DEGAGE ici et suivre leurs aventures sur Instagram et Facebook.