Antiportraits : le labo d’Abel Chéret

Cinq petites années se sont écoulées depuis Amour ultra-chelou. Entre temps, la crise sanitaire et quelques dates un peu partout en France sont passées par là. Abel Chéret laisse de côté la sensualité pour décortiquer une certaine vision d’un quotidien. Solitude, désillusion amoureuse, individualisme ou encore marginalisation alimentent les cinq titres d’Antiportraits, son nouvel EP aux accents plus électroniques non moins pop.

En ouverture, on commence avec le single qu’il a choisi de mettre en avant en premier avec un clip – dont nous vous parlions ici même – : L’inconfort. Abel Chéret et son comparse percussionniste Franck Camerlynck nous invitent à découvrir une nouvelle facette de leur collaboration à la texture comme nous le disions, plus haut, plus électronique. L’inconfort est moins chantée, Abel Chéret nous raconte presque à l’oreille une histoire. Celle d’une solitude imposée. Le pad bulle tout au long du morceau.

Dans L’amour est mort encore le synthé scintille pour mieux sautiller. L’écriture est toujours teintée de cette légèreté qui caractérise bien la plume du garçon. On se laisse surprendre à 2’30 comme si une montée puissante digne d’un set électro allait arriver pour mieux revenir sur ce bon son pop 80.

Ange déchu est sans doute le morceau le plus tristoune de l’EP qui questionne l’identité. Non moins affuté, il joue sur un tempo plus lent. La fin du morceau invite à découvrir les sonorités un peu plus électro minimalistes qu’a souhaité injecter Abel.

C’est justement sur ce presque nouveau territoire sonore que s’ouvre Chien sauvage. Abel Chéret réfléchit ici à la reconnaissance, la quête de l’accomplissement personnel. Une part belle aux percussions. On parlait plus tôt de l’écriture poétique du chanteur, il y confirme ici une réelle sensibilité.

L’EP s’achève sur un duo avec la Panaméenne Michelle Blades. Dios Teléfono mêle des couplets en français et un refrain en espagnol. On fait un pas de côté de l’exotisme de Calor humedo pour une chanson plus profonde sur l’importance pathétique que l’on accorde à un dieu des temps modernes : le smartphone.

Avec Antiportraits, Abel Chéret entame des explorations sonores qui lui vont bien. Les textes sensibles et intelligents sont toujours empreints d’un humour fin qui font qu’on apprécie fortement ici. Abel Chéret peut poursuivre sa route tranquille, la vitesse de croisière nous plait bien.

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