Il s’en passe des choses en quatre ans. Depuis son dernier album La Vague, Izia Higelin en a vécu, et c’est tout naturellement que sa composition s’en ressent. Entre confessions et professions de foi, cet album respire l’authenticité et l’humanité, au travers de 12 morceaux qui racontent son cheminement et ses émotions. Partons donc à l’assaut de cette Citadelle, dans toute sa splendeur et sa noblesse.
On l’avait laissée après son troisième opus, première accalmie après les deux orages rock que furent ses premières productions. À l’occasion d’une transition de l’anglais au français, elle prenait le temps de s’y dévoiler, au travers de ballades sensuelles et parfois un peu plus (on est encore marqués du Reptile). Quatre ans plus tard donc, on retrouve Izia plus libre, plus confiante, et désormais habitée de questionnements nouveaux, d’une conscience plus affichée au sein de cette Citadelle, image forte et majestueuse.
Le choix de ce nom d’album est une référence à la citadelle de Calvi, en Corse, lieu ô combien symbolique pour Izia qui y a vécu tant de choses, et notamment la création de son nouvel album. À son écoute, on imagine sans peine les paysages de l’île de Beauté, dans leur variété et leur grandeur, fournir un terreau propice à la création artistique. Dans ce processus, elle s’est entourée de Bastien Burger pour concevoir et réaliser cet opus.
S’il est plus électronique que jamais, le son d’Izia n’en est pas moins travaillé. Ambiances planantes, envolées voluptueuses, hymnes pop, mélodies africanisantes, on trouve une variété d’atmosphères telle qu’on tient peut-être là l’album le plus riche qu’elle ait produit jusqu’à présent. Dès le premier morceau, Dragon de métal, on ressent l’authenticité des sentiments qui vont être dévoilés. C’est une montée majestueuse, portée par la simplicité d’un piano avant de fleurir en une montée progressive à la force d’un message scandé jusqu’à un sommet d’émotion, incarné par la voix d’Izia que l’on sent à fleur de peau régulièrement au travers des 43 minutes d’écoute. Les moments de contemplation de ce type sont nombreux, sur Sunset, Calvi, Idole ou encore Cosmos, comme autant de frissons intimistes qui viendront parcourir l’échine.
Nouveauté pour Izia, elle aborde également ses appréhensions mais aussi ses espoirs concernant l’avenir, que ce soit en s’adressant à tous dans Sous les Pavés ou à son enfant dans Que Tu Saches. Elle parvient à insuffler un espoir résolument optimiste à travers sa musique et réussit à rendre dansant des thèmes pourtant sombres et peu évidents à aborder.
Mais la vraie surprise de cet album, c’est le diptyque Éidarri / Sentiers, qui emprunte des sonorités africaines auxquelles on ne s’attendait pas et qui font mouche. Cette section nous fait voyager, et se mêle à merveille avec la voix d’Izia, qui honore le courage de jeunes filles menacées qui prennent la fuite.
Ce qui nous tarde désormais, c’est de découvrir les vibrations de ce disque déclinées à la scène lors de la tournée prévue en début d’année prochaine. Plus qu’un album de transition, on a le sentiment de rentrer pleinement dans le nouveau chapitre d’une vie.