En septembre sortira Oceano Nox, le premier album de Clara Ysé. Un premier disque magistral au travers duquel l’artiste montre son engagement dans le monde, la chair, le désir et la poésie. Nous avons pu échanger avec elle à ce sujet. En attendant la publication de cette longue interview – et surtout pour célébrer la sortie du clip L’Etoile – La Face B partage un extrait de ce brillant entretien.
La Face B : Un album est accompagné de lives mais aussi de clips. J’ai vu que tu avais réalisé le clip de Douce (ici).
Clara Ysé : C’est ce que je fais depuis les premiers titres de l’EP. Douce a d’ailleurs été co-réalisé avec ma meilleure amie Lou du Pontavice. C’est quelque chose que j’adore car c’est une chance dingue de faire un métier qui nous permet de partiellement toucher au cinéma. Et aujourd’hui, il une telle importance de l’image. Les gens découvrent une musique avec cette image là. Elle est très forte et impacte la façon de recevoir la musique. C’est aussi une manière pour moi de rester sincère, de penser de bout en bout comment traduire ce que je veux dire. Qu’il y ait la notion d’un fil rouge de sincérité.
LFB : Et par rapport au prochain clip, qui illustre l’Etoile, l’as-tu aussi réalisé ?
C.Y. : Oui toute seule cette fois ci ! J’ai eu envie de quelque chose de beaucoup plus simple mais d’assez épique. Je voulais faire quelque chose qui tranche par rapport à Douce, pour apporter un autre regard, une autre lumière et un autre univers. Le clip est très simple, réalisé en studio avec deux danseurs que j’adore et moi.
La lumière qui vient d’un fond obscurs n’est pas du tout la même que celle qui vient d’un fond clair. Elle a une vibration, une matière, une profondeur.
LFB : De quoi parle l’Etoile ?
C.Y. : C’est une chanson qui raconte comment l’amour continue de nous habiter dans l’absence. Elle s’adresse aux êtres que l’on aime et que l’on perd mais qui continue à nous illuminer et à nous guider dans la vie, comme des astres. A contrario, j’avais envie d’une prod plutôt dansante, que la musique puisse retransmettre la fureur de vivre. Qu’on n’entend a priori pas la mélancolie des paroles. Qu’on ne le comprenne qu’au bout de deux ou trois écoutes, comme si c’était un secret, quelque chose de caché.
LFB : Est-ce que ce juste milieu entre ombre et lumière est important pour toi ?
C. Y. : Complètement, j’ai l’impression que l’album qui vient, Oceano Nox, parle de réparation, de ce que l’on fait avec ce qui est brisé. Je me rend compte que la réponse est à chaque fois : l’amour mais aussi de désir. Le désir sous toutes ses formes, surtout celui d’être au monde… C’est ce qui nous sauve. Et pour ce qui est de l’ombre et de la lumière, j’ai été élevé par mon père qui fait de la peinture à l’huile sur fond noir. J’ai passé mon enfance le voir faire jaillir la lumière de l’obscurité, pendant des heures. Je me rend compte aujourd’hui à quel point ça m’a marqué et que c’est une trajectoire que je reprend. La lumière qui vient d’un fond obscurs n’est pas du tout la même que celle qui vient d’un fond clair. Elle a une vibration, une matière, une profondeur. C’est quelque chose qui m’intéresse de plonger dans les ombres qui nous habitent, car on y trouve de la joie, du désir.