Rencontre avec Claude

Nouveau venu dans la galaxie Microqlima, il n’aura fallu que quelques morceaux pour permettre à Claude de mettre tout le monde d’accord. Une écriture directe, une production à la fois subtile et brutale pour une musique pas si désespérée qu’elle ne le laisse penser. On a eu plaisir à le rencontrer juste avant son passage au BISE Festival en janvier, afin de le découvrir un peu plus.

La Face B : Salut Claude, comment ça va ?

Claude : Ça va divinement bien. Ça va très très bien. Je me porte comme un charme. Je m’apprête à partir pour deux semaines de musique, tout seul dans une maison, tout seul. Donc ça va très, très bien.

LFB : J’ai vu que ton deuxième Pop Up était complet en plus. (Il aura finalement réussi la passe de quatre, ndlr)

Claude : Ouais, c’est fantastique. C’est splendide. Plein de bonnes nouvelles, c’est formidable.

LFB : On est là pour faire connaissance. Tu n’as pas encore sorti beaucoup de titres. Qui es-tu, Claude ?

Claude : Qui suis-je ? Disons côté très factuel, je suis auteur, compositeur, interprète, musicien,… Je fais de la musique depuis relativement récemment, puisque j’ai sorti de la musique il y a très peu de temps, il y a quelques semaines. Je fais de la musique, c’est horrible de qualifier son truc, je fais de la musique relativement électronique, française, qui est relativement simple. Qui se base sur quelques éléments un peu redondants. C’est la boîte à rythmes, les basses aux synthés, l’organe et l’acid. L’instrument. A chaque fois, je me fais la remarque. Je dis que ça se base beaucoup sur l’acid, et je passe à la phrase suivante et en fait, non. C’est horrible. Mais du coup, non. C’est l’instrument, TB303, l’instrument un peu fondateur de la musique acid, que j’utilise beaucoup beaucoup. Factuellement, c’est ça. Et qui suis-je sinon ? Je ne sais pas trop. J’ai 24 ans, je viens de région parisienne.

LFB : Si je ne me trompe pas, tu avais sorti un premier titre en 2020.

Claude : J’ai sorti un premier EP en 2020, ouais. Avec un titre qui a marché.

LFB : Qui est le seul qui reste, d’ailleurs.

Claude : Alors sur mon profil, ce n’est pas tant que les autres ont disparu. C’est qu’il y a une nouvelle page qui a été créée avec mon ancien nom d’artiste, qui s’appelait Gesleir, où on a mis tous les morceaux dessus. Mais pour mettre mes nouveaux morceaux sur la page, il fallait que j’en laisse un. Là, c’est moi qui prend 50 ans. Je dois dégager le morceau et le mettre sur l’autre compte.

LFB : Du coup, qu’est-ce que tu as fait durant cette période de deux ans ? Tu t’es transformé en Claude, c’est ça ?

Claude : Léthargie totale. Non. Effectivement, ça a été un processus, depuis un petit bout de temps. J’ai sorti ce morceau-là, qui a un peu marché et tout le bazar. Enfin, marché, ça a généré des écoutes. S’est passé un petit bout de temps. Moi, je suis étudiant, je ne savais pas trop quoi faire de cette histoire. Je ne savais pas s’il fallait en tirer quoi que ce soit. Et j’ai rencontré un bonhomme qui est aujourd’hui mon manager, qui m’a dit qu’il y avait un truc à faire, si j’avais envie d’en faire un truc sérieux, c’était envisageable. Il pouvait me mettre en relation avec des labels, commencer à faire ce parcours-là.

Moi, je ne voulais pas faire ça en indépendant, parce que j’étais un peu paumé, je ne savais pas trop comment gérer la chose. J’étais très novice à la composition musicale, à l’écriture. Le morceau qui a marché, c’était un des premiers trucs que j’avais écrit de ma vie, quoi. C’était peut être le deuxième ou troisième morceau que j’ai écrit. Donc, en fait, au fur et à mesure, à partir de 2021, on a commencé à parler avec des labels. À ce moment-là, j’ai recommencé à composer de manière un peu plus régulière. J’ai rencontré Microqlima, qui est mon label actuel. Le patron qui s’appelle Antoine Bisou m’a dit : « Ta musique, c’est un peu de la merde » (rires). Avec beaucoup de gentillesse, il m’a dit : « Ta musique, y’a rien dedans ». Dans le sens où il n’y avait pas une patte, il n’y avait pas une intention qui m’était propre et qui était indépendante de ce que je pouvais écouter. C’était plus de la reproduction. En fait, sur mes premiers morceaux d’il y a deux ans, c’est un peu de la reproduction parce que je découvrais la production, je découvrais la création musicale, je découvrais l’écriture. Donc j’essayais de faire un peu comme les choses que j’aimais, je pense.

Et du coup, le projet ne sort pas forcément du lot. Il m’a dit qu’il fallait que je trouve mon truc. Et pendant des mois en fait, j’ai composé en essayant de trouver mon truc, en lui envoyant des maquettes, en lui envoyant des bazars. Il me disait : « Tu commences à tenir quelque chose, c’est cool ».

Il ne m’orientait pas plus que ça sur le genre musical. Parce que ça aurait été complètement absurde de choisir un genre pour quelqu’un. Mais il m’a dit de chercher mes trucs et de lui envoyer. Et puis au bout d’un moment, il a commencé à vraiment aimer cette musique un peu schématique, un peu atomique dans le sens où c’est dispersé, il y a la voix fort au centre, un petit truc à gauche, la batterie un peu à droite, la basse en bas.

Ce n’est pas une histoire de recette mais c’est un peu malgré tout ce qui qualifie ma musique. Je ne suis pas un très grand musicien donc je ne peux pas faire des trucs complètement dingues et rajouter 50 couches d’instruments et de variations. À partir de ce moment-là, il a commencé à bien accrocher et donc dans ce processus-là, il m’a dit qu’il faudrait que je change de nom d’artiste parce que je changeais de style musical. Que ça serait bête de m’en priver. Renaissance, c’est ultra prétentieux, mais de recréer un truc un peu nouveau et de repartir un peu à zéro sur un truc qui est complètement à moi.

LFB : Si je te dis que pour moi, plus qu’être un chanteur, tu es un conteur d’histoires, est-ce que c’est une idée qui te convient ?

Claude : Alors, ça convient à tout le monde je pense. C’est très agréable à entendre. Ça me conviendrait parce que c’est flatteur. On m’en avait parlé, on me l’a dit avec moins de panache, mais effectivement, que c’était très narratif et oui, c’est sympa. Et je pense que ça découle du processus d’écriture, de la manière dont j’appréhende la musique, qui est juste en fait très descriptive. J’aime bien décrire des situations, j’aime bien me poser devant ce que je vois.

LFB : Si je te dis ça, c’est que quand on écoute ta musique, j’ai un peu l’impression que tu te moques des rimes. Il y a un côté pictural qui est hyper fort.

Claude : Il n’y a pas de rimes.

LFB : Voilà. Chanteur, si on prend l’image un peu canonique, c’est quelqu’un qui est plus proche du poète mis en musique qu’autre chose. Alors que toi, tu racontes vraiment quelque chose. Et il y a les images qui viennent avec.

Claude : Ouais. C’est parce que c’est comme ça que ça me parle. Comme j’écris souvent d’une traite, histoire d’avoir de la cohérence sans que ça soit forcément une chanson chanson, mais une cohérence sur l’histoire, sur ce qui est raconté, sur ce qui est dit, sur l’intention. Je ne peux pas m’empêcher de le faire en une traite, sinon ça me saoule un peu et je passe à autre chose. Je ne vais jamais continuer si je n’arrive pas au moins au bout d’un couplet complet en 5-10mn. Ce qui fait qu’effectivement, ça manque de rimes. Donc juste, je dis les phrases à voix haute et si niveau sonorités, je trouve que ça colle, je ne vais pas m’embêter à essayer de chercher…

LFB : C’est de l’écriture automatique un peu.

Claude : Ouais. Et même parfois, les mots marchent mieux quand c’est un mot qui prend un peu à contrepied ce qui s’est passé juste avant. Du coup, il n’y a pas de rimes, ça surprend un petit peu. Je ne sais pas, c’est un truc que j’aime vraiment bien. Dans les morceaux, souvent, quand on casse une rime qui devrait être une rime, c’est un truc que je trouve absolument formidable. Et je ne sais pas si c’est pour ça que je l’ai fait ou si c’est juste parce que je suis quelqu’un d’incapable, sous-compétent.

LFB : Ça créé de l’inattendu, aussi.

Claude : Ouais, et comme tu dis, cette histoire de narration, peut être que ça fait plus sens sans rimes. Que ça découle un peu naturellement d’une phrase à l’autre, que ça ne soit pas artificiel. Après, je trouve ça formidable. J’adore. La majorité des trucs que j’aime, il y a de la rime. En fait, parfois, si c’est un peu un exercice de style, ça peut un peu bloquer le chemin.

LFB : Est-ce que tu fais de la musique pour danser ? Pour pleurer ? Ou les deux ?

Claude : Quand je la fais, au début, quand je l’écris, c’est un peu triste. C’est un peu tristoune. Ce n’est pas forcément très agréable, je ne le fais pas dans des moments où je me dis que j’adore ce qu’il se passe. C’est souvent des moments où il faut un peu lâcher le truc. Et donc, ce moment-là, je ne le pense pas en mode danse, je ne le pense pas en mode énergie. Ensuite, souvent malgré moi, j’ai du mal pour l’instant et je pense que c’est un exercice marrant, j’ai du mal à faire des morceaux calmes, sans batterie. Un piano/voix pour le moment, je suis absolument incapable de le faire. Et donc, le truc de danser arrive un peu plus après, ce n’est pas le premier sentiment qui me vient au début. Et effectivement, parfois on me le dit. Mais ce n’est jamais trop l’intention de base.

LFB : Il y a une forme de pudeur peut-être aussi ? Parce que tu dis que le piano/voix, peut-être que c’est parce que parfois tu racontes justement des choses personnelles, que les cacher sous un vernis un peu rentre-dedans, ça peut permettre de mieux le vivre.

Claude : Oui et puis en fait, si on dit quelque chose de relativement personnel ou triste ou vulnérable, le mettre avec un truc un peu rythmique, ça rend la chose un peu plus cynique en fait. Ça rend la chose un peu plus fun. Ça donne un angle qui est un peu malhonnête que j’aime bien en fait.

LFB : Même dans la façon dont tu chantes, ça fait un peu Droopy sous acide. C’est le gars qui tombe dans des sables mouvants mais qui s’en branle.

Claude : C’est formidable comme image, j’adore. Il y a un peu de ça, ouais. Mais je pense que juste le fait de faire un truc lent, honnête, complètement vulnérable, c’est aussi assez fantastique. Et il faudra le faire. J’espère le faire à un moment donné. Je pense aussi que de commencer par la production et d’avoir automatiquement du clavier, de la batterie, du machin et ensuite commencer à composer, ce que je fais souvent, m’empêche de passer directement en voix/clavier. Ça, je m’y entraîne pas mal en ce moment. Commencer à composer, à écrire, dès que j’ai mes accords, sans passer par une base batterie, basses, sans essayer d’embellir ou de dissimuler un peu le propos.

LFB : Quand on écoute les chansons qui sont sorties, il y a tout un tas d’émotions contradictoires qui explosent sur les autres, avec des choses qui sont vraiment très noires par moments, même ta vision du clip. Mais je trouve qu’il n’y a jamais rien de désespéré. Il y a toujours une touche d’humour ou un truc un peu cynique qui te protège de tout ça.

Claude : Ouais, je pense que ce n’est pas… Je pense que l’émotion principale, c’est vraiment le cynisme. C’est un peu la moquerie de ce truc-là. Dire une absurdité avec une certaine légèreté. Donc ouais, un peu de légèreté vis-à-vis de ça. Ce n’est même pas quelque chose que je fais en mode vraiment pour atténuer le truc. C’est juste que c’est le sentiment qui prédomine. Dans ces moments-là, dans la manière dont je chante, c’est vraiment le fait que ce soit un peu cynique, un peu absurde, presque d’une manière nonchalante, ce qui est marrant. C’est la manière la plus agréable de le faire actuellement. On verra si ça changera ensuite.

LFB : Il y a une autre thématique qui ressort un peu de tes morceaux. C’est un truc qui est très nocturne et très en rapport avec la nuit. Du coup, je me demandais si la nuit, elle te nourrit ou elle te dévore ?

Claude : Peut-être un peu des deux. Sans aller jusque là. C’est juste qu’effectivement, la nuit, c’est le moment où je me sens le plus apte à composer sans trop de contraintes, sans penser à cinquante trucs et sans trop intellectualiser la musique. C’est souvent vers 2h du matin que je vais écrire un beau truc, où je ne vais pas me prendre la tête à me demander si c’est joli. Je vais juste aller au bout, sans trop me poser la question. Mais je ne sors pas beaucoup. La nuit, je ne suis pas souvent dehors. Mais par contre, je bosse beaucoup la nuit. J’aime bien faire de la musique la nuit. C’est le moment où je me sens le plus à l’aise. Mais en fait, le processus d’écriture-composition, je ne le vis pas comme un moment très agréable, en fait. J’aime bien le faire, mais ce n’est pas un truc agréable. C’est un truc un peu viscéral. Je cherche à générer une émotion un peu désagréable que je veux extérioriser et que je veux foutre dans ma musique. En fait, c’est quand je suis dans le processus, il faut arriver au bout et sortir de là. Mais c’est pas un moment où je suis apaisé, on va dire.

LFB : Ça rejoint un peu la question que j’allais te poser. Quand tu dis dans ton morceau : « On voit le courant sur ma chaise, on voit le courant sur ma colonne ». Est-ce que c’est la création musicale qui te fait te sentir comme ça ? L’idée de la chaise électrique est très violente mais en même temps, maintient en vie.

Claude : Ouais. En fait, l’idée de cette phrase, c’est une référence à Queen dans Bohemian Rhapsody où il dit : « Send hivers down my spine ». Bon lui, il parle de la peine de mort. Mais c’était un peu l’idée de rebondir là-dessus, d’inverser le processus et de dire que : « Là, fais moi sentir quelque chose ». En parlant ou à soi-même, ou à la nuit, ou au bazar, c’est : « Fais moi sentir quelque chose ». Parce qu’effectivement, le processus d’écriture de ce morceau, c’était le moment où j’avais passé deux jours, trois jours, je ne sais pas combien de jours, à bidouiller sur un morceau. C’était merdique. C’était immonde, trop intellectuel, trop machin…

J’étais vraiment très, très frustré et un peu triste parce que ça faisait peut être une ou deux semaines que je n’étais pas sorti. J’avais un rendez-vous avec Microqlima pré-signature donc j’étais en panique. Je me disais qu’il fallait que j’ai un morceau, etc. Du coup, j’ai juste parlé de ça, du fait que j’arrivais pas à lâcher prise du tout. Malgré tout, tout le parallèle avec le morceau, c’est un peu la mort. On arrive vraiment à la fin sur la peine de mort mais en fait, c’est une image rigolote inversée. C’est se faire sentir quelque chose, que je pouvais rendre vraiment rigolo. Voilà, la nuit qui arrive, la mort qui arrive, le machin.

LFB : C’est à l’orée du truc. Le moment où tu te sens le plus vivant, quoi.

Claude : Exactement.

LFB : En parlant de sensations, comment tu as vécu tes premières scènes ?

Claude : L’horreur. La toute première, c’était vraiment l’horreur. Parce que c’était sold-out, donc déjà j’étais en panique. Je me disais que les gens avaient payé, que c’était ridicule, je me demandais pourquoi les gens avaient payé. Ça m’angoissait, en termes de légitimité. Ça ne me paraissait pas normal ce prix pour moi. Et je n’ai pas bouffé pendant peut être 24 heures, deux jours.

LFB : Pourtant, on mange bien au Pop-Up.

Claude : C’est sublime, c’est délicieux mais pourtant, je n’ai pas réussi à manger. Il s’est passé un truc ridicule. À ce moment-là, mon tourneur m’a demandé de manière générale aux concerts ce que j’avais envie de manger avant, si dans la loge je voulais un truc à grignoter et j’ai dit non à tout parce que j’étais dans la situation où je me disais : si c’est ça à chaque fois, je ne pourrai rien boire et rien manger. Donc j’ai dit non à tout. Donc maintenant, quand j’ai une loge, c’est une tasse d’eau chaude. Et c’est tout. C’est absurde.

C’était horrible jusqu’à… Peut-être pas la première chanson qui était déjà désagréable, c’était la panique. Le bras qui pète un câble, qui tremblote. Et peut-être passé la deuxième chanson, là j’ai commencé à chanter Bientôt la nuit, le seul morceau qui était sorti et les gens ont chanté avec moi. Et du coup, c’était divin. Très agréable. Très, très agréable. Et puis ensuite, c’était génialissime. Le reste du concert s’est très bien passé, c’était fun, marrant. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de gros progrès à faire mais c’était une validation que c’était pas une complète perte de temps de monter sur scène.

LFB : Parce que là, c’est ta deuxième ?

Claude : Alors, même pas. Pour l’instant, je n’ai eu qu’un concert où j’étais solo, solo. C’était le premier. Ensuite, j’ai fait un festival à Rennes, Les Bars En Trans. Ensuite, j’étais à un festival à Paris pour le Pete The Monkey, qui ont fêté leur dix ans, fêté Noël. Je suis passé très rapidement à ce truc-là. Et là. Ce qui fait que je n’ai pas eu trop de concerts solo pour le moment. Je n’en ai eu qu’un. Donc là, c’est mon quatrième.

LFB : Et donc sortir de Paris et voir qu’il y a quand même une petite attente, ça te surprend ?

Claude : Dans tous les cas, ça surprend. Quand les gens m’envoyaient des messages et qu’il n’y avait plus de places, je trouvais ça dingue et absurde. Donc oui, c’est assez agréable, assez marrant. Et même, sur le premier concert, il y avait une dame qui m’envoyait des messages pour m’expliquer qu’elle venait de Grenoble et qu’elle avait posé une journée. J’étais en mode : « Mais il ne faut pas faire ça, il ne faut surtout pas faire ça » parce que franchement… Mais c’est ultra surprenant.

LFB : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour 2023 ?

Claude : Les Victoires de la Musique, l’Olympia, des fans partout. Non en vrai, pour 2023, de la réussite. Je vais sortir mon premier projet à ce moment-là. On peut me souhaiter que les gens l’aiment beaucoup, se l’approprient beaucoup et qu’ils aiment encore plus le suivant, qui sera probablement la même année, j’espère. Et voilà. C’est déjà pas mal. Et puis, des concerts, mais les concerts, pour l’instant, c’est toujours mon angoisse absolue, ça m’angoisse toujours de remonter sur scène, donc on pourrait me souhaiter littéralement de ne plus jamais remonter sur scène, ça serait presque gentil, clément de la part des gens.

LFB : Est-ce que quand t’as choisi ton nom de scène, tu t’es aperçu que c’était un enfer pour le référencement et pour te trouver ? (rires)

Claude : (rires) On n’avait pas vérifié au préalable, déjà qu’il y ait un Claude qui existait. Il existe des Claude, les grands Claude, mais on ne savait pas s’il y avait déjà un ou une artiste qui s’appelait Claude dans le monde. Ça, c’était un peu l’angoisse. C’était un peu bizarre. Il se trouve qu’il y a une page poubelle un peu sur Spotify où il se trouve qu’il y a 50 titres de différentes personnes, tous Claude, et ils ont tous été foutus sur la même page. C’est absurde, c’est ridicule. Il y a de la variété bretonne, il y a du patois, c’est un bazar complet.

Moi, il se trouve que je n’y ai même pas pensé, je n’écoute pas du tout la variété française. Je n’ai jamais écouté la variété française. Claude François, j’ai découvert sa voix peut-être à 18 ans. Je ne connais aucune chanson de lui, je pense. Claude Nougaro, je sens que c’est des gens immenses, des artistes fantastiques, mais je ne connais aucune de leurs chansons. Et les autres Claude, je ne sais pas s’il y en a d’autres, il y en a probablement d’autres, je ne connais pas du tout. Du coup, j’étais un peu… Je n’ai pas trop capté, quoi. Je ne me suis pas fait la remarque sur le moment. Je me suis dit qu’au pire, les gens ne m’écouteraient jamais. Et sans faire exprès, ils sont toujours sur Claude François. Et voilà.

LFB : Et puis ils passent sur toi et ils disent : « Ah ! Pourquoi il parle de chaise électrique celui-là ? »

Claude : « Ah, il y en a un troisième ». Je ne suis pas le troisième, je suis sûr. Peut être le cinquante-huitième Claude de la chanson française, mais voilà. C’est un beau défi.

LFB : Est-ce que tu as des coups de cœurs récents ? Des choses qui t’ont plu et que t’as envie de partager avec nous ?

Claude : Bien sûr. Des vieux trucs ou des gens de la nouvelle scène ?

LFB : Des trucs que t’écoutes en ce moment, ou un film que tu as vu.

Claude : Je suis nul, j’ai aucune culture cinéma. Par contre, pour la musique, j’ai une grande culture (rires). Non, en vrai, restons local, dans la scène française, actuellement il y a Zaho de Sagazan qui est exceptionnelle, trop trop trop forte. La voix est dinguissime, la composition, l’écriture, le personnage est exceptionnel. Il y a Yoa qui est trop forte aussi, son EP m’a foutu la baffe du semestre. Je ne sais pas quel semestre mais oui, il m’a foutu une giga baffe. C’est absolument superbe. Et puis, dans les trucs que j’écoute un peu plus pommé, c’est Autumn, qui est un groupe qui doit avoir 40 ans j’imagine, qui faisait de la pop très synthé, très, très, très simple, ultra basique. Ils avaient des lignes de synthé qui sont absolument divines et c’est le rêve absolu ce groupe, qui n’existe plus parce que c’était dans les années 80 et ça n’a pas marché. Enfin, j’imagine que ça n’a pas marché, mais j’ai pas l’impression que ça ait marché. Mais c’est un beau trio, entre deux chanteuses formidables actuellement en France et un truc bien vieillot que j’écoute bien régulièrement en ce moment.

Crédit photos : Clara de Latour

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