La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Voici la première partie de notre 216ème sélection.
freekind. – Good News
Ouvrez grand vos deux mains puis, avec le plus de force possible, saisissez toute cette positivité et ce bien-être que freekind. a apportés cette semaine.
Pour beaucoup, l’humain est amené à résister davantage ; plus nous insistons pour quelque chose, plus ce quelque chose risque de rester de marbre. La négativité est une poussière des plus gênantes et désagréables, se déposant sur un grand nombre d’yeux ; tout le monde, en soi, est susceptible de croiser le chemin de ces états de pensée peu réconfortants, et c’est là que madame ou monsieur positivité pointe le bout de sa joie de vivre, bien trop imbibé dans sa peau et qui a besoin d’être éjecté pour que tout le monde puisse profiter de ces pensées d’allégresse. C’est souvent lorsque nous n’avons pas envie de les côtoyer qu’elles apparaissent, rendant cette situation de rencontre des plus insupportables, longue et surtout pas des plus réparatrices.
Ce vendredi 26 avril, Good News de freekind. a décidé de prendre le parti d’assumer le rôle de personnes débordant de sérénité. Même si certains d’entre vous peuvent être réticents, sincèrement, ici, il n’y a pas de quoi. Les musiciennes partagent leur second single depuis le début de cette année et conservent toujours leur couleur musicale aussi fraîche et groovy. Leurs voix pastel enveloppées d’un flow RnB nous laissent presque sur notre faim, en voulant toujours en avoir plus de leur part. Ce titre n’apportera certainement pas une solution à vos démons, mais néanmoins, il a pour effet de nous rappeler que la positivité a parfois du bon. À l’instar de notre danseur au balai dans le clip, assumez, même si cela doit se faire dans l’intimité, votre madame ou monsieur Positive Attitude pendant un temps limité, qui, sûrement, pourrait s’élargir ; en tout cas, nous le souhaitons.
Eyedress – Skater Dater (ft. Bb Trickz & Elvia)
Depuis qu’il a quitté sa Philippines natale pour rejoindre la californie, Eyedress en a assimilé tous les codes et ce, du lifestyle à la musique. Il a sorti, il y a peu, un album qui s’apparente à une ride à travers Los Angeles et ses nombreux quartiers aussi différents soient-ils. Extrait de ce même Vampire in Beverly Hills, ce single avec l’espagnole Bb Trickz et la femme du chanteur/producteur, Elvia met en lumière la culture du skate en Californie. Sous couvert d’une ironie bien américaine et d’un grain VHS fidèle aux premières vidéos de compilations de skate que l’on a pu trouver sur le net, le trio s’amuse sur une production mêlant guitare indie et mélodie bedroom-pop conférant une vraie impression de liberté. En somme, la recette d’Eyedress continue à captiver et son choix d’invités ne fait que renforcer l’attrait autour de cette dernière.
Justice – Neverender (Ft. Tame Impala)
Nous faisons appel au passé pour contempler l’horizon du futur avec clairvoyance. Sans renier nos principes ni notre philosophie, nous cheminons sans cesse dans l’évolution de notre être. Parfois, alors que nous croyons avoir franchi les collines de notre vécu, celui-ci surgit à l’improviste dans notre esprit, s’imposant à notre conscience et évinçant le présent ainsi que nos actions.
La vie peut se concevoir tel un élastique. Comme précédemment évoqué, entre les deux extrémités de cette bande élastique, d’un côté se dresse notre histoire passée, et de l’autre notre existence présente. Nous nous appuyons sur le maintenant, afin que notre récit d’autrefois puisse être étiré et nous projeter vers l’avenir. Toutefois, cet élastique prend une forme ovale, tissant un cercle sans fin qui lie notre vie révolue à nos instants immédiats. Que sont devenues ces promesses, ces relations, ces actions d’autrefois ? Un sentiment d’échec, d’inachèvement, de désillusion s’installe. Il devient alors complexe de demeurer serein et confiant, alors que ces scènes du passé se répètent presque en boucle, ne nous représentant plus et nous plongeant dans la honte. Notre évolution est incessante, mais au prix d’une brûlure régulière causée par ces pensées impromptues.C’est dans cette perspective que, pour la seconde fois aux côtés de Tame Impala, Justice a choisi d’entreprendre ce périple onirique, robuste, mélodieux et épique qu’est leur quatrième album. Xavier de Rosnay et Gaspard Augé nous plongent, depuis plus de vingt ans de carrière, dans un univers où toutes les nuances de nos émotions les plus profondes s’épanouissent, arborant une musicalité singulière et percutante qui leur est propre. Neverender, bien sûr, ne déroge pas à cette règle. Malgré un sujet complexe, difficile à aborder sans se laisser entraîner dans une spirale mélodique des plus lourdes, les artistes français et australiens nous offrent une explosion de sonorités harmonieuses, envoûtantes et puissantes. C’est sur ces bases solides que commence la contemplation de ce nouvel album : Hyperdrama. Éclatant ainsi cet élastique, provoquant une forme droite et linéaire, nous offrant la possibilité de toujours avancer tout en écartant au maximum ces pensées néfastes. Vous êtes ce que vous désirez être, ne l’oubliez pas
Lesram – Rebellion
Pour ce track bonus de son album Du peu que j’ai eu, du mieux que j’ai pu, Lesram sort de son Pré-Saint-Gervais et même plus largement de Paris. Si la capitale et ses moindres recoins ne semblent n’avoir plus aucun secret pour le rappeur, il était temps pour lui d’aller traîner son seum fataliste autre part. La destination choisie sera la Thailande, et il en revient avec le visuel de Rebellion réalisé par Agaprod.
Cependant, Paris n’est jamais loin de lui comme en témoigne le maillot de foot qu’il porte. Armé d’une caméra à 360 degrés, il continue son immersion des lieux qu’il fréquente en allant au plus près des endroits qu’il a pu visiter.
Un voyage qui est aussi l’occasion pour lui de prendre du recul. C’est sur une instrumentale lancinante de Mehsah qu’il pose son flow brut avant de confirmer qu’il a encore la dalle dans un refrain mélodieux. Un morceau qui sonne comme une pulsion, montrant que même à l’autre bout du monde Paris et le rap colle à la peau de Lesram.
Mitski – Star
Alors que nous attendons avec impatience ses concerts parisiens au Grand Rex les 17 et 18 mai prochains, Mitski nous offrait cette semaine de quoi nous sustenter jusque-là avec le clip de Star. Esseulée sur une barque, l’artise nippo-américaine raconte avec beaucoup d’émotion un amour distant, l’histoire d’une flamme étincellante dont il ne reste qu’une lueur lointaine mais qu’on ne parvient toutefois pas à quitter des yeux. Réalisé par Maegan Houang, ce clip empreint de nostalgie met en images ce sublime titre aux arrangements qui nous emmènent progressivement toucher les étoiles.
Fat White Family – Work
Le nouvel album du groupe rock le plus dégénéré d’Angleterre se précise avec ce nouveau clip. Work est une réussite totale..On retrouve les ingrédients du précédent album avec ces anaphores au refrain qui impulsent une tension papalpe au morceau. Mais que dire de la réalisation de ce clip ? C’est digne d’une série AAA. Les expressions du visage de l’apprenti boxeur est capturé avec froideur et précision.
On ressent sa hargne de sa soif de réussite. On se doute que le personnage principal est emporté par sa folie. Il sacrifie sa santé mentale et physique dans une course perdue d’avance. Le rythme effréné de la batterie appuie cette oppression qui amène au sang et aux larmes.
L’ajout des instruments à vent apporte davantage d’intensité à ce scenario dramatique. Nous voilà rassuré. Fat White Family ne perd pas de sa fougue et se lance dans un nouveau projet très ambitieux au doux nom de Forgiveness is Yours.
A2H – Honey
Suite à une série d’épisodes couvrant des sujets variés tels que l’amour, l’industrie ou la santé mentale, A2H amorce un nouveau chapitre dans son parcours artistique. Dans cet univers plus profond, l’artiste utilise son talent comme un moyen de catharsis. Pour célébrer cette étape, le rappeur sort Honey, le premier single de son futur album prévu pour l’automne : Ultra – Sensible.
A2H nous a toujours offert des clips soignés et esthétiques, et Honey ne déroge pas à cette règle. Sous la direction attentive de Willy Guittard, on découvre le rappeur explorer une forêt lors d’un voyage. Il est rapidement abordé par deux “diablesses” qui lui offrent un lift. Les deux femmes se dirigent ensuite vers un spectacle de pole dance dans un décor forestier magnifique. La mélodie captivante et aérienne se transforme en un solo des musiciens dans un rythme plus effréné, clôturant le clip de manière géniale.
Le rappeur amorce sa nouvelle ère avec brio en sortant Honey. Ce titre sert de brillant teaser pour son prochain projet, tout en rappelant aux fans de ne pas manquer son concert à l’Olympia le 11 octobre 2024 qui s’annonce déjà ultra bouillant.
Marek Zerba – Akoibon
On retrouve les aventures de notre cher Marek Zerba à travers son deuxième album Fiasco. Dans ce clip, réalisé en noir et blanc, l’artiste se mue en gérant de bar du Truskel connu pour avoir accueilli les plus grands groupes indie rock des années 2000.
On retrouve ainsi son personnage à la fois amusé et désabusé. Ses clients autour de lui passent du bon temps, sans lui et renforce son isolement. Comme toujours, si le ton de Marek semble peu sérieux, on ne peut s’empêcher que le fond de ses propos regorgent de crises d’angoisse face au syndrome de l’imposteur. Ce qui rend ce morceau si fantastique.
François Ier – Ignition Point
Par le passé, François Ier a assuré les premières parties de Rone ou encore Thylacine. Mais au moment où s’écrivent ces lignes le garçon s’apprête à sortir un nouvel album intitulé Incendie prévu pour la fin mai chez Standard Records.
Premier extrait cette semaine avec Ignition Point, une production très atmosphérique, propice à l’introspection qui s’illustre avec un clip qui tire lui-même son inspiration dans le cinéma de l’indo-canadien Ishu Patel. Les images sont tirées de son court-métrage Afterlife sorti en 1979. Point technique remarquable : aucun travail de remontage, seul le réajustement de la vitesse de certaines séquences a été nécessaire.
Une création graphique très solaire qui nous ferait penser au célèbre Cri de l’expressionniste norvégien Edvard Munch. Un univers onirique se déploie à mesure que les nappes s’enchaînent. Une piste qui laisse présager un album minutieusement travaillé.
Venice Bliss – Drops
Rejoints en 2020 par le guitariste Sebastyen Defiolle (The Funeral Warehouse, ex Opium Dream Estate), les parisiens de Venice Bliss poursuivent leur bonhomme de chemin. Après le premier EP Pleasures vs. Madness sorti en 2015 et l’album Passion pressé en 2017, le quatuor affirme désormais une identité beaucoup plus grunge avec Shame, deuxième album à venir pour l’été chez Kernel Panic Records. C’est avec le single accrocheur Drops que nous patienterons.
Images de studio en noir et blanc au grainage accentué, Clara Girot et Nicolás Giraldo sont allés au plus près du groupe dans ce qu’il a de plus intime : la phase de création. Face à un mur d’amplis et autres claviers, le groupe installe son processus créatif qui a guidé la conception de l’album : les prises live. Jusqu’à en révéler les premières images. Drops est un avant-goût prometteur de ce changement de direction.
Amadou & Mariam – Mogolu
Sept ans après la sortie de leur dernier titre, Amadou & Mariam revient avec un single inédit – très inspiré et inspirant annonciateur de la sortie à l’été d’un nouveau Best Of intitulé « La vie est belle ». Mogolu qui signifie en bambara « les gens » est une ode aux rencontres et à l’éclectisme qu’elles amènent et qui parent nos vies de toutes les couleurs de la psyché humaine. Mogolu puise sa force dans l’optimisme qu’exhalent Amadou & Mariam dans la foi en l’espèce humaine, une clairvoyance qui nous protégerait d’un obscurantisme abscons. Faire de nos différences un atout capable de transcender nos racines culturelles et nos croyances philosophiques ou spirituelles, cela devrait être une évidence.
Élément central du clip de Mogolu réalisé par Ojoz le taxi est le lieu qui illustre sans doute le mieux le thème des échanges humains et du voyage. Un voyage que l’on entreprend – guidés par les pas de danse extatique d’Akamz – de la ferveur des rues de Dakar vers l’apaisement des grands espaces naturels.
Si vous souhaitez croiser le chemin d’Amadou & Mariam, ils seront en concert vendredi prochain, le 3 mai au Grand Sud de Lille et ensuite un peu partout cet été, en France et dans le monde.
Fatoumata Diawara – Blues
Après la sortie du dernier single Mogolu d’Amadou & Mariam, la culture malienne est encore à l’honneur cette semaine avec la mise en image du titre Blues sur lequel Fatoumata Diawara a invité l’iconique musicien cubain Roberto Fonseca. Les notes teintées de sonorités jazz s’échappent de son piano et mêlent aux rythmes de la musique aux racines africaines et à la voix organique de Fatoumata Diawara pour invoquer, ensemble, l’esprit bienveillant des Djinns. Et faire ainsi que, dans une danse frénétique proche de la transe, ils prennent soin des êtres qui nous sont chers.
Les images de la vidéo qui accompagne Blues – extrait de l’excellent dernier album London Ko de Fatoumata Diawara – nous plongent dans une atmosphère spirituelle proche de celle de l’illusion d’un songe. Les paroles – en bambara et en anglais – illuminent la chanson comme les étincelles jaillissent du feu et nous revigorent.
Fatoumata Diawara sera en concert à l’Olympia – bien accompagnée par -M- et Angélique Kidjo – le mercredi 24 mai et, ensuite, sur la route des festivals estivaux.