Les clips de la semaine #89 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Voici la première partie de notre épisode quatre vingt-neuf des clips de la semaine.

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Lightman Jarvis Ecstatic Band – Ancient Chain

La musique du Lightman Jarvis Ecstatic Band a quelque chose d’atypique et de libérateur, des sonorités désordonnées aux pouvoirs relaxants qui stimulent le désir et l’imagination. Le groupe, formé par les musiciens canadiens expérimentaux Yves Jarvis et Romy Lightman (Tasseomancy), vient de sortir Banned, son premier album à quatre mains et nous présente à cette occasion la vidéo (complètement) déjantée de Ancient Chain. On y croise une princesse à cheval (Romy Lightman) (à la croisé de Princesse Peach et de Raiponce), Scot Free, un admirateur déçu, Al Colon, un allumé en quête d’électricité ou encore Dan Dan Diamond, un vieux danseur en string, le tout filmé dans des montagnes ontariennes…

Les paroles sont poétiques et érotiques : « Nous convoquons le poumon d’argent / Dans des vaisseaux ovales / Pressés de mettre en œuvre / Des fenêtres orgasmiques / Ambre et rose / Figure galactique étalée sur /Cuisses acoustiques ». Et les sous-titres prônent la recherche constante de nouvelles passions : « Les passions ont été suffisamment interprétées, il s’agit maintenant d’en découvrir de nouvelles ». Le désir comme maître mot et leurs sonorités extatiques nous plongent dans une transe mystique. Les deux musiciens écrivent : « C’est comme la façon dont les particules entrent en collision. Il y a une dimension alchimique là-dedans, avec les composants de base qui s’entrechoquent. » Le résultat est une musique profondément organique aux essences mystérieuses dont nous sommes tombés sous le charme.

Banned est sorti vendredi sur ANTI-records et nous vous en conseillons fortement l’écoute !

Cats On Trees – Please Please Please

Cats On Trees est de retour avec un nouveau clip, dévoilé mardi dernier. Please Please Please, dernier single du groupe, est produit par le célèbre Liam Howe.

Le duo de Cats On Trees ne cesse de s’affirmer depuis ses débuts en 2013. Nina et Yohan signent un nouvel album qui devrait voir le jour à l’automne 2021. On retrouve les deux comparses comme deux narrateurs au milieu de scènes de vie, dans le clip de Please Please Please

De sa voix inimitable et grâce à leur mélodie si singulière, les Cats On Trees livrent un texte tout en pudeur et en romantisme. Leur nouvel album devrait bien s’accorder avec les belles couleurs chaudes de l’automne. 

BARON.E – COMME RÊVE

Après un premier EP à succès, BARON.E présente cette semaine son tout nouveau clip : COMME RÊVE.

Le duo suisse a trouvé sa voix, son style et sa propre esthétique et c’est ce que l’on retrouve dans leur nouveau clip, tout en poésie et dont l’esthétique est travaillée de façon imparable. 

COMME RÊVE, c’est un texte prenant et aussi poétique que dystopique. Comment croire en ses rêves quand le monde n’est plus qu’un endroit où rien ne nous fait rêver ? Le duo affirme son identité musicale avec ce nouveau projet et ose se présenter comme initiateur de mélanges des genres, entre motifs répétitifs post-rock et mélodies pop. 

Le clip, à l’image du texte du duo, est estomaquant de poésie et de délicatesse. Une collaboration avec Alexandre Schild, jeune réalisateur suisse, qui met en avant une nouvelle génération prometteuse d’artistes suisses.

Benjamin Biolay, Adé – Parc fermé

Même si l’on devine une pancarte Parc fermé, sur les jardins du Musée Rodin, Adé et Benjamin Biolay nous rappellent que la vie continue. Avec ce clip, réalisé par Victoria Lafaurie et Hector Albouker, les statues de bronze côtoient de drôles de personnages. Entre le duo de chanteurs, on fait la connaissance « des milliers de solitaires » : une danseuse étoile, un punk, une princesse, un groupe de mariachi ou encore une pyromane. Comme un jeu, chacun tombe amoureux.

Un rêve éveillé à l’instar de la chanson, prenant la forme d’une balade pop, joyeuse et entraînante. Ou peut-être un souvenir ? quand on entend le duo chanter : « Parc fermé / Je rêvais de retrouver ce vieux banc d’acier / De regarder passer la vie des gens, passer / Et par le grand soleil chauffé à blanc, qu’on se touche / Yeah, yeah, yeah »

… On vous laisse vous faire votre opinion en regardant le clip !

Elliott Armen – Illusions

A 21 ans seulement, Elliott Armen prépare son premier album, dont la sortie est prévue pour la fin 2021. Auteur, compositeur et interprète sont autant de casquettes que revêt le jeune artiste. Ayant grandi entre terre et mer, de Paris à St Malo, il semblait alors logique à Elliott d’aborder ses thèmes dans ses mélodies et ses textes. 

C’est ainsi qu’est né le single Illusions, dévoilé cette semaine. Écrit au bord d’une vallée au Portugal, ce titre nous rappelle ces moments de plénitude et d’apaisement, face à une étendue bleu sur laquelle notre regard se prend et au bord de laquelle nos esprit se perd et voyage, jusqu’à nos plus belles illusions. 

Le clip d’Illusions nous plonge dans un road trip improvisé et nous baigne dans les lumières de la ville comme dans le bleu des nuages, sur la mélodie de cette ballade à laquelle se joint sans fausse note la voix d’Elliott Armen

Julien Granel – Mirage 

Comment mieux célébrer la vie et la musique qu’en sortant un premier album ? C’est bien l’intention qu’a Julien Granel, qui dévoile cette semaine le clip de Mirage. Un an après la sortie de son premier EP et une crise sanitaire plus tard, voilà le chanteur de retour avec de nouveaux projets.

Joie, couleurs, bonheur et musique, c’est clairement ce dont nous avons besoin en ce moment, alors que la vie reprend doucement son cours. Julien Granel l’a bien compris et s’est évertué à représenter tout cela dans son single Mirage. Le pitch de ce titre ? Mettre des mots sur cette étrange sensation qu’est de réaliser que tout ce que l’on aime, tout ce qui nous entoure, peut disparaître en un claquement de doigts.

Petite surprise pour Julien Granel car Louboutin l’a contacté, partageant la même envie de mettre en avant la gaieté qu’est le partage d’un monde haut en couleur. Mirage devient alors l’illustration de campagne de Louboutin, permettant à Julien Granel de réaliser un clip psychédélique sur lequel il avait une carte blanche artistique et tout cela… en réalité augmentée !

Kid Francescoli feat. iOni – You, Love 

Kid Francescoli donne le coup d’envoi officiel de l’été avec You, Love et ses sonorités gorgées de soleil. On y suit un groupe d’amis, d’amours peut-être dans leurs tribulations estivales. On les imagine tantôt touristes, tantôt locaux profitant des douceurs des soirées et des week-ends, sans doute Méditerranéens. Après une crise sanitaire sans fin, ces images d’insouciance et d’épicurisme font du bien à voir et donnent envie de profiter des semaines à venir. Côté musique, on retrouve la voix d’iOni qu’on avait découverte sur l’album Lovers du Marseillais, sorti l’année dernière. On reste donc sur la même lancée et d’ailleurs ce single n’aurait pas fait au milieu des autres plages de cet opus. Un tube pour conquérir l’été et agrémenter les soirées où la température semble ne vouloir jamais redescendre.

Howlin’ Jaws – Heartbreaker

Le groupe de rock’n’roll Howlin’Jaws nous rappelle que les garçons sont des briseurs de cœur avec leur nouveau single Heartbeaker. Sur des airs endiablés, comme hantés par Elvis Presley, on entend le groupe nous parler d’une histoire d’amour compliqué. On imagine un briseur de cœur, coiffure banane, jean slim et veste en cuir – peut-être Djivan, le chanteur du groupe ? – sortir d’un diner à la manière d’un cow-boy. Le clip nous fait faire un voyage dans le temps, direction les Etats-Unis dans les années 1960. L’image est travaillée, parfois figée, parfois bougeante. Pourtant les rythmes et mélodies sont simples et efficaces. On se surprendrait à danser le twist ou le madison.

Pour preuve, Howlin’Jaws a tapé dans l’œil, ou plutôt dans l’oreille de Liam Watson, réalisateur du 7 Nation Army des WHITE STRIPES. Qui réalise leur prochain album. Cette fois-ci, c’est certain, ils ne nous briseront pas le cœur. Affaire à suivre.

Pépite – Uno

À l’occasion de la sortie de leur nouvel EP Rêve Réalité, les Parisiens de Pépite nous propose une version mise à l’image de Uno, la plage d’ouverture de cet opus. On y observe la dualité entre un onirisme vaporeux et le froid factualisme de la réalité dans un titre dont la mélancolie est la signature du groupe. On a d’ailleurs déjà hâte de les retrouver en concert pour chanter avec eux le refrain “Rien n’est trop beau, le parfum s’efface sur ma peau”. Côté image, les animations sont sublimes et voguent entre visuels abstraits et illustrations des paroles et on aime beaucoup cette représentation hypnotisante de l’homme qui court éternellement, la tête en arrière comme pour rattraper des rêves qui se sont déjà enfuis. Bref, 3 minutes c’est beaucoup trop court et on va juste essayer de se rendormir pour finir notre Rêve Réalité.

Venus VNR feat. Spider Zed – J’attends que ça passe

Après quelque mois d’absence, le duo Venus VNR nous revient avec un titre plus frais que jamais, en freaturing avec Spider Zed. Pourquoi ce délais ? Sûrement car ils attendaient que ça passe. En somme, reculer pour mieux sauter. Le titre se fait plus urbain, plus énervé, s’éloignant un peu de la pop que l’on connaissait avec les titres Blonde ou Phoque. Un choix qui colle avec leur manière caractéristique d’écrire : franche et ironique. Puis, cette fois-ci le duo s’entoure du rappeur Spider Zed, qu’on aperçoit dans l’écran d’une télé.

Le réalisateur Jean Chaffard Luçon recrée un salon d’appartement pour le clip. Qui colle à l’aspect un peu flemmard de J’attends que ça passe. On voit aussi une critique de la consommation avec des pubs partout et Gaël Mectoob en démarcheur.

Slim and The Beast – Better

Le trio revient cette semaine avec un clip d’inspiration cosmique. Le morceau Better est le troisième single de leur second EP. Marqué par une influence disco avec un ADN disco, ce nouveau titre propose un psychédélisme pop.
Better est illustré par une animation crée par Michael Fedeli. Le graphiste propose un travail ultra coloré, un visuel saturé qui s’expose avec toute sa grandeur dans le clip. Fedeli a notamment collaboré avec des artistes pop tels que Bon Entendeur (2020), The Avener (2019) ou encore avec la tout petit fabricant de bière Heineken.

Slim And The Beast raconte la période difficile que nous avons dû traverser et le besoin de se retrouver. C’est une porte ouverte vers un extérieur, Better signifie la fin d’un étouffement collectif. Moins de FaceTime, moins de Zoom pour une parole libérée vers un monde loufoque. Rendez-vous dans l’espace.

Baptiste Ventadour – Le mal des grands boulevards

Baptiste Ventadour a Le mal des Grands boulevards. C’est pourquoi au travers de ce clip, il nous emmène en voiture direction la campagne. Le clip frappe par le travail de photographie. La lumière est douce et chaude. Avec une manière de chanter proche de Claudio Capéo et Gaëtan Roussel, il nous raconte des départs : « Tu sais, j’ai le mal des grands boulevards et pourtant, et pourtant / J’aurais bien voulu te dire qu’on a autant de bon moments / Que j’ai de peine à partir et pourtant, et pourtant / Il suffit de quelques secondes pour s’enfuir au bout du monde »

Des départs pour se retrouver, partir en pleine nature mais aussi des départs sentimentaux : « On avait gravé notre banc comme le font les gens heureux / Avec un cœur et puis dedans les initiales des amoureux/ On ne peut rien y changer quand les amours s’en vont au vent/ Ne restent que les naufragés et pourtant, et pourtant. » Ou encore : « Je garderais dans mes bagages tout c’qu’on s’est dit de mots d’amour »

Busy P feat. Haich Ber Na & Shay Lia – Track of Time

Cette année, Ed Banger fête ses 18ans. Une longévité assez dingue pour un label qui aura permis l’explosion de certains des artistes électroniques les plus influents et variés de ces dernières années. Et ça n’est pas prêt de s’arrêter.

Mais comme souvent, il y a des petits événements qui nous font autant chaud au cœur autant qu’ils font bouger nos têtes et nos pieds. Et voir Busy P nous balancer un nouveau track est définitivement quelque chose d’important, tant le boss de la maison se fait relativement discret.

Et une nouvelle fois, c’est du tout bon. Track Of Time est sans aucun doute un morceau qui prendra bonne place dans toutes les bonnes playlists et DJ Set de l’été, avec cette boucle sonore qui pousse autant à la transe qu’à la danse, bien aidée en cela par les voix complémentaires de Haich Ber Na et Shay Lia.

Et pour prouver le pouvoir chamanique de son morceau, Busy P a donc enfermé des jeunes voisins à lui pendant 24h en leur passant en boucle le morceau. C’est en tout cas ce que nous annonce la vidéo de Baptiste Penetticobra. On y suit dans une sorte de faux documentaire, la captation de cette « expérience » où l’on part d’une timidité et d’un ennui poli pour nous emmener vers un certain relâchement, des chorégraphies et une communion qui nous a tant manqué. Le tout avant que la fatigue et l’arbre zen ne vienne cueillir tout le monde.

Noga Erez – Cipi

Sensation de la pop mondiale, l’israélienne Noga Erez a dévoilé cette semaine les dates de sa future tournée mondiale qui passera notamment par Lille et Paris en février 2020.

Pour enfoncer un peu plus le clou, elle en a profité pour dévoiler cette semaine la vidéo accompagnant Cipi, morceau issu de son excellent album Kids.

Si le morceau jouit d’une production entrainante et de chœur absolument imparables, ses thématiques sont bien plus sombre. Dans Cipi, Erez nous parle clairement de santé mentale et de dépression ainsi que de tous ces moments où l’on finit paralysé et dévoré par ces émotions et ces voix intérieures qui nous attaquent.

C’est d’ailleurs ce qu’elle cherche à représenter avec le clip de Omri Rozi. Seule dans une ruelle et le regard perdu, elle voit apparaitre à ses pieds tous ses danseurs tous habillés de la même manière qui semblent la suivre et l’imiter dans une danse assez inquiétante avant de tous disparaitre d’un coup alors que le monde tangue.

Comme si son esprit finissait par être nettoyé des démons qui la hantent.

Fhin – Monster

C’est quoi un monstre ? C’est un être difforme aux allures cauchemardesques ? Pas toujours. Fhin propose un clip fascinant qui pose de véritables questions. Le compositeur nous a habitué à une musique faite de mélodies subtiles sur des basses fracassantes, il ne déroge pas à la règle avec son nouveau titre. On le retrouve cette semaine avec une vidéo ingénieuse par sa réalisation (signée Louis Delva).

Si la narration d’un clip n’est pas toujours évidente à saisir, là, le scénario est tout à fait limpide. Il faut avouer que c’est aussi agréable qu’efficace. Chacun pourra nourrir une réflexion en regardant Monster.

Pour incarner le personnage central, la production a choisi Daisy Freyja, jeune modèle qui nous fait vaciller de la poupée de cire à un être de cire avec un réalisme touchant. On en redemande.