Delilah’s Dance signe un EP qui célèbre le rétro futurisme.

Après un premier album en 2023, c’est avec un EP intitulé Pain-O-Meter que revient le groupe rouennais Delilah’s Dance. Le quatuor de cette ville aux mille talents (MNNQNS, We Hate You Please Die, Servo, Split…) nous initie à nouveau à la complexité et à la beauté du rock progressif en format court qu’iels balayent à travers quatre titres et beaucoup de notes. Comment concilier technicité et profondeur émotionnelle ? C’est ce que tente de résoudre le groupe en explorant avec patience chacune des galaxies musicales et en restituant le savoir emmagasiné.

Les OVNI du rock progessif version 2025.

Faire du rock progressif aujourd’hui revient à accepter d’être un OVNI et si vous en écoutez, c’est que vous adulez les années 70 ou bien la recherche musicale tirant vers l’ésotérisme ou tout simplement car vous êtes musicien·ne et que vous seul·e pouvez comprendre.

Il y a dans le rock progressif comme un supplément d’âme. Un aspect transcendantal émerge par le biais de multiples notes qui s’accumulent, mais qui prennent le temps de trouver leur équilibre, et finissent par atteindre une sorte de paradis musical où tout s’harmonise et explose au sein d’une sphère psychédélique singulière.

Portés par une voix chaleureuse et charismatique à laquelle les notes s’accrochent, les morceaux de Pain-O-Meter se laissent porter au gré de l’évidence et résultent d’une osmose basse, batterie, guitare et clavier.

crédit photo Morgan Le Tourner

Abus d’humanité.

Dévoilé le 28 février en guise d’un premier single, Boyish Lying Skills aborde une relation toxique basée sur le mensonge. Démarrant comme un flash info, le morceau déplore la facilité avec laquelle un homme peut être totalement malhonnête. La guitare s’en mêle et mime des tirades de bonimenteurs à travers ses longues envolées. Boyish Lying Skills se clôt sur une note pessimiste. En effet, c’est une situation qu’on a tous·tes malheureusement connu à un moment donné.

Un mois après, soit le 28 mars dernier, Delilah’s Dance nous offrait Dancing Water, un titre empreint d’ivresse. Le groupe confronte ces moments où l’alcool résonne comme une solution facile qui va éteindre les souffrances.

L’alcool, un exutoire fourbe.

L’alcool va pouvoir creuser un trou dans le sable pour enterrer le mal. Cependant, les reflux de la mer le laissent rapidement émerger à nouveau en apportant petit à petit le sable avec elle. Ainsi, la torture finit toujours par réapparaître si elle n’est pas traitée à la racine. L’alcool est éphémère et volatile, la souffrance s’inscrit en nous et même guéris, on en porte les cicatrices. L’impression de connaître la joie est alors futile et n’a plus de sens une fois sobre. L’alcool a des côtés fun, certes, mais il requiert raison et parcimonie pour en profiter pleinement.

Gypsophilia, une curiosité multi-facette qui génère un énorme coup de cœur. 

Gypsophilia intrigue par son titre comme par la basse qui s’y exalte. On savoure alors ses enchaînements et son harmonie avec les autres instruments. Delilah’s Dance déploie toute sa fougue et toute son énergie dans un morceau qui accumule les ascenseurs émotionnels comme les notes de musique, entraînant une passion inouïe à son écoute. Les Rouennais·es sont possédés par leurs instruments et c’est ce lâcher-prise qui en fait le meilleur morceau de cet EP.

crédit photo Constance Barbaray

Enfin, Pain-O-Meter tire sa révérence avec I Wasn’t Done For The Pearly Gates, composition qui décortique le passage d’un monde à un autre. Cette fois-ci, Delilah’s Dance propose de rester dans les codes du rock progressif en assurant un morceau d’une longueur adéquate. Comme perdus dans le brouillard, on tente de comprendre où on est. On s’aperçoit facilement au fur et à mesure que ce brouillard prend la forme de l’enfer et que les musiciens·nes sont déjà passés·es de l’autre côté. Il n’y a qu’à écouter la façon qu’iels ont de s’acharner en articulant leur morceau autour d’un abysse dont personne ne pourra sortir. I Wasn’t Done For The Pearly Gates est une autre pépite à ajouter d’urgence à vos playlists !

Avec Pain-O-Meter, c’est la douleur que mesure Delilah’s Dance en quatre phases. Avec un titre qui résonne comme un pub irlandais, une voix dont la présence est remarquable et des instruments qui se chevauchent et se répondent avec une technicité délectable, cet EP fait revivre les années 70 et remet au goût du jour le rock progressif qu’on aime tant. Delilah’s Dance nous attendra pour sa Release Party du 3 mai au Quartier Libre, Rouen !

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