Partout en Europe, et ce depuis moultes années, le Jazz se propage et devient de plus en plus contagieux. L’Italie ne déroge pas à la règle et possède sa scène locale. À la fin du printemps, le milanais Devra a sorti son premier EP. Un projet éponyme, annonciateur d’un talent et d’un potentiel certain.
Ce qui marque de suite quand on se penche sur le travail du batteur italien, c’est le soin évident et frappant apporté. L’EP s’ouvre sur le titre Moses qui, pendant près d’une minute, prends le temps d’instaurer une ambiance grâce à sa production. La base des compositions est plutôt simple. On retrouve une batterie, l’instrument principal de Devra, une basse, un clavier ainsi qu’un saxophone. Ces deux derniers composent la section mélodique. C’est ce duo qui forme le gros de l’entité harmonique des cinq pistes du projet.
Le projet ne comporte que très peu de passages chantés. On retrouve seulement Blood Water, le titre clôturant l’EP, qui comporte des paroles et du chant. Une performance vocale d’ailleurs assurée par Sara Vanderwert. En ce sens, le projet se rapproche de cette forme traditionnelle de Jazz en trio ou en quartet, sans chanteur, parfait pour du live. Le manque de voix ne se fait, à vrai dire, pas du tout ressentir. Le clavier et le saxophone offrent une une musicalité très complémentaire.
Pour ce qui est de la section rythmique, Devra offre une performance subtile sans pour autant technique et convaincante. Le milanais avance des plans pleins d’imagination qui rappellent, sans le cacher, par moments le style aujourd’hui très influent de Yussef Dayes. Le disque tire nombre de ses inspirations d’autres niches. On entend notamment nombre de sonorités Hip-Hop venant s’infuser au projet pour lui donner une couleur hybride.
Cependant, Devra n’est pas le genre de projet moteur d’une démonstration technique apparente, c’est même plutôt le contraire. La complexité sert toujours la musique et sa mélodicité. L’EP regorge de moments très aérés, à l’instar du titre Orange Echoes et son introduction au saxophone. Les instruments prennent et laissent de la place exactement au bon moment. L’enchaînement des cinq morceaux se fait de manière fluide et l’articulation de ces derniers l’est tout autant.
Devra ne brûle pas les étapes et démontre déjà une certaine maturité avec un premier projet très réussi. Cet EP cristallise une envie de proposer un Jazz résolument moderne regroupant les influences et inspirations en vogue dans le genre. Le batteur italien reste un espoir à surveiller tant ce premier essai est intéressant et réussi.