10K, le retour sensible d’Electric Guest

Six ans après son dernier album, Electric Guest est de retour avec son nouvel album 10K.

Avec 10K, Electric Guest trace une ligne fine entre éclat pop et vertiges intimes. Un disque qui parle d’amour, de deuil, de soutien et de jours qui s’enchaînent, avec cette patte singulière qui sait transformer un refrain dansant en confession à peine murmurée.

L’ouverture, Till the Morning, donne le ton : voix en boucle, comme un souffle qui cherche son rythme dans la solitude. On y sent une peur discrète, une sorte d’introduction suspendue, presque fragile, qui nous amène en terrain émotionnel mouvant.

Et puis tout s’accélère. Stand Back For You et Play Your Guitarforment un diptyque lumineux. La première est une promesse de soutien, un tempo enlevé, une guitare discrète qui donne de la profondeur. La seconde danse dans une ambiance plus chill, légère sans être creuse. La musique y devient presque personnage : elle devient une ancre dans une vie qui court trop vite.

L’album a cette capacité à passer de la lumière à l’ombre sans prévenir. Where I Went Wrong, Until You Callet If It Never Comes en sont l’illustration parfaite. Trois morceaux tournés vers l’absence, sous différents angles. L’un revient sur ce qu’on n’a pas vu venir : la rupture, les erreurs, les distances creusées de façon insoupçonnée. Le second bâtit le désir suspendu tandis que le troisième est plus brumeux, presque spectral. La voix s’y perd, devient souvenir. On comprend peu à peu qu’il n’est plus question d’attente, mais de deuil. La fin d’une relation s’invite sans fracas, et le morceau ne cherche jamais à s’envoler, seulement à être juste.

Heureusement, The Love On High nous permet de remonter doucement. La voix retrouve une douceur, presque céleste. Les chœurs, les synthés, tout y est baigné de lumière. Un moment de grâce, qui dit sans le dire qu’on peut continuer à vivre, même après. Creator enchaîne dans cet élan avec ses riffs de guitare et refrains dansants. Malgré tout, la vie reprend et l’amour existe toujours.

La fin de l’album suit une ligne plus flottante. Everyday et 1 Player Game planent au-dessus du quotidien, dans un mélange d’ambiances électroniques, de jeux vocaux et d’insouciance douce. On s’y fout un peu de tout, comme si le poids du monde s’était enfin allégé. Malgré cela, The Show vient rappeler que rien n’est si simple. Percutant, presque tranchant, le morceau explore les les failles et tentations dans un monde qui distrait pour mieux détruire.

Enfin, I Don’t Know The Back Of Me referme l’album sur une note paisible. Une guitare nue, des sonorités organiques. Une sorte de dernier regard dans le miroir, où l’on accepte de ne pas tout comprendre, de ne pas tout savoir de soi.

Avec 10K, Electric Guest livre un disque qui palpite d’émotions. On y perçoit une multitude d’influences, une liberté dans les sonorités, une audace dans les contrastes. La voix, traitée de façon différente tout au long des douze titres, est toujours intégrée avec soin aux expérimentations. 10K est une œuvre de nuances, autour de l’amour, de ses zones d’ombres, d’espérance, de soutien. 

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