ADN #953 : EMA ALKALA

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Ema Alkala a récemment dévoilé son premier album Beyond The Void, chroniqué ici,  l’occasion pour eux de nous dévoiler leurs influences musicales.

crédit photo Éléonore Berrubé

Maurice Ravel – Concerto en Sol Majeur

Manu/Ema Alkala (guitare et voix) : Lorsque j’étais adolescent, j’ai découvert que l’orchestre symphonique était, pour moi, la forme la plus aboutie pour exprimer ses sentiments. Ravel le fait de manière exquise, dans la virtuosité de son écriture, dans le mélange de timbres qui lui est propre, dans le discours qui nous tient en halène, mais surtout dans la richesse et l’ingéniosité de ses arrangements. Notre album Beyond the Void est pensé comme une symphonie, nous sommes allés chercher cette dimension via l’électronique et les textures.

Tim O’Brien – Ireland’s Green Shore

Manu/Ema Alkala : Ce morceau est pour moi un chef d’œuvre d’interprétation. La cohésion qui existe entre les musiciens me bluffe (leur rapport à la pulsation et au débit). Il est un pilier fondateur de ma manière de percevoir la musique parce qu’il nous guide sans pour autant nous tenir par la main, on reste tout le long du morceau en lévitation. Je considère qu’un musicien a le pouvoir d’altérer la sensation du temps qui s’écoule et cette sensation a été et est encore, un point crucial dans l’arrangement des morceaux d’Ema Alkala.

Son Lux – Undertow

Axel (batterie) : Undertow est un titre que j’ai découvert grâce à mes deux confrères d’Ema Alkala ! Son Lux fait excellemment bien le lien entre les textures acoustiques et électroniques. Leur production (mixage ,synthés) est vraiment impressionnante et m’enrichit à chaque écoute. Cette balance fait partie intégrante de nos compositions. J’adore l’utilisation de la batterie : très produite, filtrée, avec un delay. Les synthétiseurs torturés et les harmonies me transcendent ! Notre morceau Fantasma a d’ailleurs été pensé dans les mêmes trajectoires.

Manu/Ema Alkala : Ils ont tellement la classe, je suis archi-fan de toutes les trajectoires qu’ils prennent. L’harmonie, le rythme, l’arrangement, la prod, … . Pour moi c’est le meilleur groupe de musiques actuelles ! Leur patte est claire et le travail est intense à chacun de leurs morceaux. Ce qui me fascine le plus bien que leurs compositions soient très savantes, complexes et presque inexécutables, c’est qu’elles restent extrêmement accessibles. Rien n’est caché, rien n’est là par hasard, ça les rend tellement précieuses ! Leur soif d’avant-gardisme mélangée au mainstream m’inspire ! On recherche beaucoup cette balance au sein d’Ema Alkala.

Radiohead – Pyramid Song

Axel : Le coté grave, éthéré et hyper dark me plait particulièrement. Quand la batterie arrive, on ne s’attend absolument pas à cette tournure là, ça fait un effet incroyable ! Tout tourne comme une machine un peu rouillée mais ça sonne grave ! L’avant-gardisme de Radiohead m’inspire et me pousse à chercher comment orchestrer la batterie de manière singulière et marginale. Aussi, la voix de Thom Yorke est juste folle.

Archive – Controlling Crowds (album entier)

Thomas (basse/machines) : L’album Controlling Crowds a été un fondement pour ma créativité musicale. Le sujet dans cet album est majoritairement décrit dans une noirceur, souvent à travers l’harmonie et les arrangements.  J’ai pu ressentir notamment avec le titre Collapse/Collide une réelle lenteur du discours. Les plages sonores se développent lentement et avec beaucoup de subtilité ce qui participe à cette valeur sombre et mélancolique.

Les textures sonores, très précises, sont des éléments qui surviennent avec discrétion et viennent parfois paradoxalement sublimer ou découper la narration ; j’ai l’impression d’entendre une berceuse du fond des abysses. 

Ces directions sont notamment des choix dans notre morceau Fantasma ou sur la plage instrumentale de That’s what I feel in the night.

Lorsque j’écoute ces morceaux, j’aime me laisser bercer par les lignes, comme la trame principale du chant ou celle de la mélodie, mais j’aime aussi entendre les chemins sous-jacents empruntés par des nappes bien dissociées.

Cinematic Orchestra – The Man with the Movie Camera (album entier)

Thomas : Notre morceau Pray For Rain se situe aussi dans cette rêverie. Ce qui me touche, c’est le contraste entre les dynamiques orchestrales et l’aspect très précieux de la voix. Notre inspiration vient du morceau To Believe de l’album éponyme de Cinematic Orchestra, où comme la complainte d’Ema Alkala, on ressent la lourdeur de son âme, qui continue à osciller entre sa rage intérieure et son rêve.

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