Le retour bouleversant d’Explosions in the Sky avec End

Aujourd’hui, l’éminent groupe de post-rock texan Explosions in the Sky nous offre son nouvel album, End, après 7 ans d’absence. Une œuvre grandiose et majestueuse, qui s’écoute et se vit.

Pochette d'Ends, nouvel album d'Explosions in the Sky.

Sept ans. Que s’est-il passé de leur côté ? Est-ce qu’ils ont aimé ? Pleuré ? A quoi ressemblaient leurs vies ? Est-ce qu’ils se sont demandés si nous serions encore là? Je ne sais pas. Mais je crois qu’ils ont vécu intensément. Je crois que pour imaginer des morceaux d’une telle profondeur, empreints de violence et de tendresse, de lumière et de faiblesse, il faut avoir vécu. Je crois que pour continuer à créer et à jouer ensemble, à quatre, depuis plus de 24 ans sans jamais se lasser, c’est une question de sacré.

Explosions in the Sky nous livre ainsi un album émouvant, sensible et pleinement humain. Sobrement intitulé End, tel un concept qu’on éclate au sol, pour voir ce qu’il en reste une fois les morceaux éparpillés. La mort ou l’achèvement d’une relation, qu’elle soit familiale, amicale, amoureuse. Voilà ce dont il est question. Définitivement pas la fin du groupe, comme les fans de la première heure ont pu croire dès le début.

Un album pour magnifier l’absence et le deuil, la souffrance et l’endurance mais aussi pour célébrer le renouveau, la résilience et le pardon. Et depuis que je l’ai reçu, je n’ai cessé de l’écouter. En boucle, pour découvrir les aspérités et les fêlures, les nuances et les envolées. Pour soigner le cœur et la tête. En boucle. Car End permet la liberté d’imaginer, de composer ses images mentales et de les déplacer au fil des jours et des pensées. Arrivé à point nommé dans ma vie, quand justement tout s’effondrait et s’affrontait.

End et ses sept titres, me réconcilie petit à petit avec l’absence, m’aide à apprivoiser la colère et libérer les griefs. Je l’écoute toujours trop fort, surtout le soir. Quand les idées défilent, dans le brouillard permanent et le chaos de la nuit. Je l’écoute quand j’ai encore envie d’un verre, quand je n’arrive plus à douter, quand j’ai envie d’allumer une cigarette. Ce sont des notes qui ne s’oublient jamais et qui résonnent lorsque les mots flanchent.

Explosions in the Sky nous révèle ici un album parfait. Dès l’ouverture, avec l’entraînant Ten BillIon People jusqu’à des morceaux tellement poignants comme Moving On, Loved Ones ou Peace or Quiet, où les guitares s’écrasent et irradient. Où le post-rock dans son plus simple appareil se dévoile et se met à nu pour nous offrir des émotions vives et divines.

Puis surgit le lumineux All Mountains, empreint de textures et de reliefs. Et quand les accords se déploient jusqu’à prendre toute la place, alors, le cœur léger, se laisser porter. Avant l’arrivée de The Fight, un titre où la montée se fait progressive, où la rafale est indéniablement bouleversante. Il est des morceaux qui veulent tout dire, qui donnent tout, qui nous saisissent là où des corps n’ont jamais réussi. The Fight en fait partie.

It’s Never Going To Stop, clôt finalement ce nouveau chapitre. C’est l’instant de la redescente, du piano qui émeut et des nappes brumeuses. C’est l’idée de tout effacer et recommencer. Et si je souhaiterais que cet album ne se termine jamais, vient pourtant le moment de tout arrêter.

J’aime me dire qu’End d’Explosions in the Sky a été écrit pour moi, qu’il sait panser, mettre à distance les évènements tout en les rendant si proche et si dense. Combler les manques et les craintes, rehausser les sentiments avant de s’élever. Car le quatuor ne cessera jamais de gravir, dans nos esprits et dans nos corps, la montagne des souvenirs.

Le groupe débute actuellement sa tournée mondiale et sera, pour mon plus grand plaisir, de passage à Paris le 17 novembre 2023 au Bataclan. A ne pas rater donc.

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