Pour fêter la sortie de leur premier EP chez Kidderminster Records, Isla Oiseau nous emmène en balade dans le sud de la France.
Derrière Isla Oiseau se dissimule un duo formé par Billy Jet Pilot (dont le pseudo improbable laissent apparaître une filiation certaine avec le groupe annécien Coming Soon) et Wanda Rhodes, plasticienne et comédienne. Amoureux dans la vie comme dans la musique, ils aiment se parer de tissus sonores cousus des fils d’une mélodie aussi nostalgique qu’intemporelle. Le japonais Haruomi Hosono est une de leur références lorsqu’ils évoquent leur mood musical, aussi apaisé que tropical. Le flow de leurs voix se confondent à l’unisson, entremêlant les graves et les aigus de leurs timbres respectifs. Pourtant, cette douceur n’est qu’illusion et contradiction, car imperceptiblement, le ton et le discours deviennent plus impétueux, plus circonspects.
Dans la vidéo qui accompagne leur titre Barque, ils parcourent les routes sinueuses de l’arrière-pays marseillais au volant d’une Chevrolet Camaro décapotable bleue vintage, la même que celle d’Akhenaton et Napoleon Da Legend dans leur clip Rétroviseur. Mais là, il n’est pas question de regarder dans le passé, mais de se projeter dans l’instant présent et de le vivre pied au plancher. Frénésie qui se ressent dans les changements de costumes incessants. On pense à David Lynch dans cette impression de fuite en avant inexorable à la Sailor et Lula.
On retrouve également dans Barque le thème de la sensualité et du désir cher à Isla Oiseau, qu’on a déjà pu caresser dans Visage Blanc, inspiré du 9 Semaines ½ d’Adrian Lyne, ou dans les nuits torrides relatées dans Addis Abeba. L’instabilité entre les personnages retrouve un point d’équilibre au barycentre de leurs sentiments. Ce point d’équilibre de la passion, de la fougue charnelle qui les anime, comme s’il s’agissait, à chaque fois, de leur dernière étreinte. La colorimétrie appuyée des images, orchestrée par Jade de Brito (qui vient de réaliser le clip de Laure Briard – Ciel mer azur) – renforce l’aspect onirique et sombre de la narration. Les images se teignent des émotions ressenties qui, au-delà d’une plage de posidonie foulée, les emportent dans l’obscurité de la mer.
Laissez vous emBarquer dans leur premier EP qui vient de sortir. Cinq morceaux, cinq pièces de leur imaginaire qui, si on prend le soin de bien les écouter, deviendront très certainement nôtres.