This Will Destroy Your Ears est bel et bien de retour avec Everybody Knows Mickey. Nouvel album sorti le 18 novembre, il s’écoute sans fin et se mange avec délice. À travers une dizaine de titres, le trio fait et défait la musique, la leur surtout, qu’ils qualifient de Ghost-Punk et Rough-Pop. Ce soir, ils fêteront la sortie du disque à l’International, et c’est évidemment à ne pas manquer.
This Will Destroy Your Ears, c’est long à dire, et encore plus à écrire. Pourtant, il est nécessaire de s’arrêter un peu plus longtemps sur l’existence même de ce groupe, trio formé dans les Landes en 2017 et composé de Magali (batterie), Quentin (basse) et Pierre-Johann (guitare).
Musiciens, mais pas que. À la fois chorégraphes, plasticiens et vidéastes, ils sont ce qu’on appelle communément un groupe DIY. En effet, des amplis aux vidéos, en passant par la construction de leur propre studio d’enregistrement, pARPAINg, tout y passe. Tant qu’il y a du plaisir et de la passion. Habitués des tournées anglaises, vous les avez peut-être déjà croisés en support de Black Midi ou encore METZ.
Après un premier album, Clear, sorti en 2019, le groupe nous dévoile le 18 novembre leur second opus, Everybody Knows Mickey, chez les labels A Tant Rêver du Roi, Cowboy à la Mode et Brutalist Records (UK).
Un disque surprenant, brutal et massif, dont la réalisation a été confiée à Henri d’Armancourt (Steve Amber, The Psychotic Monks et ce soir en concert avec eux). Le mixage a été réalisé par Alex Greaves (Heavy Lungs, LICE, Ditz) et le mastering par Carl Saff (Bambara, Protomartyr, Fu Manchu). Ils l’enregistrent une fois de plus dans leur studio, pARPAINg.
Alors, vous aimez ces groupes ? Nous aussi. C’est ainsi que nous avons curieusement lancé l’écoute de cet album. Repeat. Une fois, puis deux, puis trois. La suite, là voilà.
Horse Pill ouvre l’album. Un titre qui vous fera décoller de votre chaise et qui, on l’espère, vous obsèdera autant que nous. On a la sensation d’être au milieu de leur studio d’enregistrement, on entend les craquements et les silences, les pas sur le tapis. C’est un son des années 90, qui évoque l’adolescence, surtout celle qu’on n’a plus. Le clip met en valeur Romane, Aurel, Lilou, Stella et Maël. Des lycéens qui roulent en voiture électrique et qui ont connu trois ans de pandémie. Ils ont 17 ans en 2022.
Puis, survient A Tree Falls (chroniqué ici). Inspirés par le philosophe irlandais Berkeley, pour qui les choses ne pouvaient exister sans être perçues (on parle d’idéalisme subjectif), les musiciens murmurent, voire scandent aux arbres des mots magiques. C’est un morceau aux accents psychés et noisy. Et sous ses airs calmes se cache une tempête prête à souffler à tout moment…
D’I Love You By The Way à I Want To Write A Good Song, le trio prend donc un malin plaisir à nous désarçonner, enchaînant des titres énervés et harmonieux. Entre urgence et fureur. Entre passion et émotion. Ce dernier se joue des distorsions, des voix claires et des chœurs. Et Pierre-Johann qui ne cesse de crier « I want to write a good song ». Pêle-mêle, basse, batterie et guitare se lient.
Mais avec Our Realm, This Will Destroy Your Ears resserre l’étau, car de toute évidence, il s’agit d’une ballade qui n’en est pas une. Montée progressive vers la folie landaise. Le morceau s’étire pour révéler tout son pouvoir et sa superbe : un post-punk qui sent bon les années passées. Alors on sautille dans son salon, tandis que la guitare se pare de fuzz et de sons que l’on ne comprend pas vraiment.
Tandis que Modern Is Already Old nous propulse sur la scène grunge, un titre nous interpelle un peu plus que les autres. Il s’appelle 16.01.94 + Funeral Date For All. Un riff, répété, tandis que la batterie se dévoile délicatement et que la basse s’installe, créant des distorsions. La voix de Pierre-Johann se fait grave, le tempo est lent. « Anyway, I swim », en boucle avant que le chant, clair, d’une femme retentisse et que le morceau se propage en ondes sonores à toute vitesse sur les parois de la raison, avant de débuter sur Funeral Date For All. Le piano, uniquement le piano et la voix du musicien. Elle arrive à point nommé, ne casse rien, mais réajuste la sincérité du propos et la qualité de l’album.
Puis surgit Not A Love Song, pour écrire sur l’amour sans le faire vraiment, avant que The Rageous prenne corps. Bruyamment. Violemment. Pour se défaire du non-amour ou de celui qui fait mal, et finir sur les éclats de rire, avant que Cutie nous parvienne, dernier morceau du disque. C’est doux, on a envie d’y plonger à deux pieds. La voix, au loin, modifiée, pour parler de la musique, des mots et des notes. Il n’y a que la guitare. Simplicité, épuré.
Avec Everybody knows Mickey, This Will Destroy Your Ears insuffle donc à la scène française un air euphorisant et authentique. Là où les amplis tournent à plein régime et les pédales sont martelées. Les musiciens s’en donnent à cœur joie, à nous déboussoler, entre les ballades introspectives et l’énergie décuplée. Déboussolés mais jamais perdus, car le fil, ténu est bien là. En un mot : percutant.
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