On en rêve depuis un moment, et c’est désormais chose faite : depuis quelques heures, 2020 est derrière nous. Année cataclysmique sur beaucoup d’aspect, on n’a malgré tout pas envie de lui jeter la pierre. Alors que 2021 s’ouvre avec son champ des possibles et tous les espoirs du monde concernant un retour à la normale et des retrouvailles méritées avec les salles de concert, on la démarre avec un tout nouveau projet au nom bien trouvé : Janvier.
La nouvelle signature de Kids Are Lo-Fi Records vient forcément de Rouen et se dévoile en exclusivité sur La Face B avec son premier titre : Panic. De quoi bien commencer janvier et l’année.
Ah le premier jour de l’année ! Instant particulier : on commence par faire des bonnes résolutions que l’on aura certainement trahi le soir même. Jour étrange où l’on se dit qu’un cycle se termine et qu’un autre commence. Est-ce vraiment réaliste ? On n’en sait trop rien, mais niveau musique, on a forcément envie d’y croire. Après une année 2020 qui a été catastrophique sur beaucoup de sujet (mais quand même réjouissante sur d’autres), l’envie se faisait de plus en plus pressante de mettre tout ça derrière nous et d’essayer d’y voir un peu plus clair.
Alors pour bien commencer l’année, on a décidé de commencer 2021 avec une découverte au nom un peu prophétique, un peu drôle aussi et qui colle parfaitement à cette idée de renouveau annuel : En ce premier de l’an, on vous présente donc … Janvier.
Comme tout ce qui se passe d’un peu excitant dans le rock se situe actuellement entre Bordeaux et Rouen (désolé les autres, on vous aime quand même), c’est du côté de la capitale normande qu’on se dirige. Là bas, ils s’y connaissent en catastrophe et en résilience. Après Lubrizol en 2019 et la COVID en 2020, les mecs sont un peu blindé niveau catastrophes et peuvent se permettre de regarder l’avenir avec un petit sourire en coin.
C’est d’abord cette forme d’humour qui nous frappe quand on découvre le groupe. S’appeler Janvier, c’est à la fois assez suicidaire pour le référencement et assez beau d’un point de vue poétique et philosophique. Surtout, on s’en doute un peu, cela reste dans l’air du temps, comme un renouvellement infini, l’envie de voir le monde comme une page blanche, un janvier perpétuel qui offrirait l’idée intéressante d’un monde comme une page blanche ou tout devient possible.
D’un point de vue plus prosaïque, derrière Janvier se cache Robin, tête pensante du projet , grand gaillard à la moustache bien taillée et le regard un peu perdu. On le découvre aujourd’hui avec un premier titre, PANIC, présentation d’un univers personnel et longuement maturé. Contrairement à bon nombre de ses contemporains et compatriotes rouennais, le garçon n’a pas le pied sur la pédale musicale de l’accélérateur, au contraire, c’est plutôt une exploration de son esprit évoluant dans les nuages qu’ils nous offrent.
Une musique toute en langueur, atmosphérique et porté par une session rythmique basse-batterie hypnotique et presque robotique. Mais pourtant, derrière les nuages se cache parfois un orage et PANIC joue aussi sur cette tension, cette explosion qui gronde sans jamais réellement venir mais qui nous force à nous maintenir à chaque instant sur nos gardes, bien aidée en ça par des guitares mélodiques mais souvent proches de l’implosion. Vous l’aurez compris, avec ce premier titre, Janvier nous ouvre les portes d’un univers entre rêve et cauchemar, où la douceur se fait de plus en plus inquiétante. On aurait pas pu imaginer mieux pour démarrer l’année.
Pour en savoir plus, on a posé quelques questions à Janvier :
La Face B : Salut Robin ! Est ce que tu peux nous présenter Janvier ? D’où vient l’idée de ce nom ?
Janvier : Salut La face B !
Janvier a une histoire plutôt classique, des morceaux faits dans ma cave, puis l’envie de les jouer avec les copains. Je m’occupe du son live des MNNQNS depuis pas mal d’années donc ce fut plutôt évident de demander à Adrian et Grégoire de m’accompagner pour le live. On retrouve aussi Max à la basse avec qui j’ai appris à jouer (Gordon Melon, Carton).
Pour ce nom ce fut un peu l’enfer, ce n’était toujours pas définitif il y a quelques semaines… Il faut arriver à trouver un truc que tu assumeras encore dans plusieurs années, qui ne soit pas déjà pris, avec du sens mais pas trop…
Je me suis arrêté là-dessus parce qu’il fallait arrêter de trop réfléchir.
Mais j’aime bien l’imaginaire qu’il y a autour de ce nom, ce mois. Ce côté début/fin, ça sent un peu la gueule de bois, c’est plein de promesses mais aussi terriblement déprimant selon moi. Je suis né en janvier.
LFB : Tu nous fait commencer l’année avec Panic, tu n’as pas peur de jeter l’œil sur 2021 ?
J : Tu crois vraiment qu’on va être mieux servis en 2021 ?
LFB : Plus sérieusement, tu peux nous raconter l’histoire derrière ce titre ? Pourquoi commencer l’aventure Janvier avec celui-ci en particulier ?
J : Ça s’est fait un peu naturellement, je ne voulais pas ouvrir le bal avec quelque chose de trop rock ou trop joyeux. Et c’est ce que j’aimerais écouter un 1er janvier quand j’ai les yeux qui louchent. C’est calme, légèrement dissonant mais aussi assez pessimiste.
Ce morceau PANIC, je le vois comme une ode à la lâcheté. Une invitation à rester dans notre canapé pendant que le monde s’écroule. Exactement ce que j’attends d’un 1er janvier.
LFB : Cette chanson joue sur plusieurs tableaux, on est à la fois sur quelque chose d’assez aérien mais avec une vraie tension et des zones assez sombres notamment dans le texte. Comment est ce que tu composes et qu’est ce qui t’inspire en général ?
J : Chaque chanson de cet album a une histoire différente. Panic est la plus récente. Un morceau littéralement écrit en 10min. J’adore quand ça se passe comme ça, le lendemain matin tu mets play et tu n’as presque aucun souvenir d’avoir enregistré ça ! Et quand le morceau est chouette c’est encore mieux.
Tous ces morceaux sont faits sur ordinateur où par fainéantise il est beaucoup plus simple de copier-coller une ligne de basse que de la jouer 2 fois. Ça a amené beaucoup de répétitions dans l’écriture du basse-batterie et laissé plus de place au chant et aux guitares.
Après, il ne faut pas trop intellectualiser Janvier, ce sont des morceaux écrits au hasard des idées avant de devenir un projet. À ce titre, je ne peux pas promettre que l’album à venir sera homogène, je le vois plus comme une compilation de brouillons.
En terme d’inspiration, difficile de mettre de côté les heures de post punk écoutés avec MNNQNS dans le van et les chouettes découvertes de ces 2 ans de tournées telles que T/O et Psychotic Monks.
LFB : On te découvre avec une session live. Dévoiler ta musique de manière « vivante » c’était nécessaire pour toi ?
J : Dans un autre monde, on aurait sûrement éprouvé les morceaux en live devant de vrais humains avant de les enregistrer.
Le confort d’écrire avec un ordinateur dans sa cave est super traître. Ça permet de se laisser aller aux arrangements à la production, mais si tu ne veux pas jouer avec un ordinateur sur scène, ça peut vite ressembler au maquillage de ta tante à 6h du matin le 1er janvier.
LFB : À travers les musiciens qui t’entourent mais aussi de part ta signature chez kids are lo-fi records, on sent un vrai esprit familial. C’était rassurant pour toi de te lancer en te sachant bien entouré ?
J : C’était indispensable. Auparavant, j’ai toujours écrit en pensant au groupe.
Cette fois-ci les morceaux sont arrivés avant de comprendre que je voulais en faire un projet.
Inclure des gens dans l’histoire était une façon pour moi de me forcer à me lancer. Tout d’un coup, tu as des comptes à rendre, ça accélère les choses.
LFB : C’est quoi les plans de Janvier pour 2021 ?
J : Ça va commencer par un doliprane et un nanard en famille.
Et puis un peu plus tard on pourra découvrir un deuxième titre dans le même format live que PANIC, suivit d’un vinyle en Avril si tout va bien. On va continuer à répéter sans trop projeter des concerts. J’ai bien peur que la reprise soit très lente et très engorgée.
Et puis on finira le 31 décembre en faisant la fête nombreux cette fois, si on a pas décidé d’en finir tous ensemble avant…
Bonne année.