Léo vient de sortir son projet Felix. Il a composé six titres depuis janvier 2019 et a sans doute ressenti un besoin irrésistible de les exposer au monde aujourd’hui. Ces morceaux instrumentaux, entre le conte et la bande son d’une vie, fusionnent pour créer son premier EP, Wolf.
Cette chronique commence par un soupir.
Pas de lassitude. Pas d’ennui. Un soupir qui laisse s’échapper l’énergie et les émotions ressenties lors de l’écoute de Wolf.
On ne sait rarement à quoi s’attendre avec un EP instrumental. On a l’habitude de penser habituellement qu’une histoire se lit par les textes. On a parfois peur de ressentir un manque, une frustration par l’absence de mots.
Si l’on doit parler de manière technique et analytique, on dira que l’EP est teinté d’une couleur musicale cold et lointaine, que les guitares sèches ou électriques dominent, et que les rythmes de batterie s’adaptent à l’humeur du morceau. On dira qu’on a reconnu tantôt Joy Division, tantôt Bon Iver. On dira que derrière une production qui se sent un peu faite-maison, se dessine une belle maîtrise de la musicalité.
Si on doit toutefois se laisser aller au ressenti de cette écoute, on se détachera de toute considération pratique pour rendre compte de l’histoire qu’on a vécu. Sans un seul mot, car ce n’est pas nécessaire. Ces quelques notes de guitares, ces quelques rythmes de batterie dessinent les contours d’une scène de fin d’été, d’un après-midi de moite candeur et d’humeur ennuyée.
Ça raconte la mélancolie, celle de Felix, la votre, la notre. Ça raconte les désillusions, les espoirs, les joies, les rires. Ça raconte l’amour et la rupture. Ça raconte l’amitié et la famille. Ça raconte la ville, la campagne, en hiver et en été. Ça raconte l’évasion et l’inertie.
Wolf est absolu.
Ce sont des mélodies d’une extrême pureté, dont les notes s’enfouissent en nous pour secouer des souvenirs ancrés. C’est un aide-mémoire, un nectar d’assouplissement et d’hypnotisme qui révèle nos pensées.
Felix a peint la toile de l’introspection. Un fond sonore énigmatique et cinématique qui laisse l’esprit voguer et l’énergie onduler autour d’un fil conducteur, instituant une limite perméable entre la lumière et l’obscurité.
Des morceaux se dépeignent une ambiance différente. On retiendra Fur, incandescente et percutante, dont le son très froid et les riffs de guitares omniprésents bâtissent une forme d’urgence et de brutalité. C’est l’envie d’une fugue, de l’ivresse d’une course à en perdre haleine vers un ailleurs. C’est un signe, une prophétie, un appel à l’ailleurs, au changement.
C’est une histoire adaptative dont Felix dresse les fondations. Un conte introspectif qui nécessite la participation pro-active de l’esprit de l’auditeur. C’est une promenade, dans sa tête, dans la notre. C’est une expérience d’imagination, d’ombres chinoises que l’on guide.
C’est très beau.