Pendant toute l’année 2021, La Face B a suivi les artistes et les salles de concert à travers le Not Dead Project. Maintenant que l’horizon s’éclaircit légèrement et que les concerts reprennent, on a décidé de poursuivre notre volonté de suivi et de prise des paroles des artistes avec Finally A Live ! Dans ce nouveau format, nous partons à la rencontre des artistes pour parler de live et de l’impact qu’a pu avoir la crise sanitaire sur leur manière de vivre cet élément si essentiel à leurs existences et à la notre. Aujourd’hui, on va à la rencontre de P.R2B et Chien Noir pour partager des anecdotes de concerts en vitrine et parler de l’importance de bien se laver les mains.
P.R2B
LFB : Comment as-tu vécu ton premier concert post covid ?
P.R2B: C’était quand même un gros uppercut dans la face. C’est tellement essentiel le live dans ma vie.. J’ai vraiment eu l’impression d’être morte pendant ces deux années sans live donc c’était hyper émouvant parce que je sentais que ça nous avait tous manqué. Que ce soit pour le public ou que ce soit pour moi et en même temps c’était drôle car je me disais à quel point c’était fou car c’est comme une pratique. C’est-à-dire qu’il y a des choses où j’avais perdu l’habitude ou le geste et j’avais hâte de pouvoir m’entraîner parce que pour le coup, ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire dans sa chambre.
C’est que avec les lives qu’on refait sa pratique. Donc c’est ça que j’ai ressenti, à la fois une joie énorme et à la fois réaliser que l’on désapprend des choses.
LFB : Est-ce que tu avais des habitudes qui ont évolué ou changé, dans ta façon d’envisager les concerts et de les vivre?
P.R2B: À un moment, il y avait quasi une douleur de monter sur scène, un stress gigantesque car on veut faire le mieux possible et en même temps je me suis pas adoucie. Je suis toujours aussi venere en live mais par-contre il y a quelque chose de dire “attends, là ce n’est pas que toi qui viens donner ta vie.” Le fait qu’il n’y ait plus de gens pendant un an et demi, fait que tout d’un coup là, quand j’arrive sur scène, il y a un truc où il y a le sol, la terre, le ciel.
Je crois que ce qui a changé c’est que j’ai vraiment envie que chaque minute dure des heures. En ce moment, je n’ai pas envie de sortir de scène et là il y a eu des moments où j’étais beaucoup plus bourine. Je balançais 40 minutes en me disant, voilà, c’est fait! Et là, au contraire, maintenant je chéris chaque seconde!
LFB: Vois-tu une différence dans les sensations que tu as entre un concert assis ou debout ?
P.R2B: Ce qui est assez marrant c’est que la générosité des gens elle ne se modifie pas entre un concert assis ou debout. Ça, vraiment je le ressens. Dans le regard des gens… Ce que je trouve, qui est très bizarre, c’est que ça inhibe les corps du public. Déjà, le fait qu’ils soient obligés à quelque chose.
Si on a envie de se mettre assis, on se met assis, on est libre de faire ce que l’on veut et c’est ça qui est chiant! De voir les corps face auxquels on joue, ils sont obligés à un truc et ça c’est sûr que lorsqu’il y a un moment où certains se mettent debout et qu’il y a une sorte de libération mais qu’ils restent contraints, c’est chiant. Il y a une petite obligation fachiste au milieu de tout ça et en plus, ça oblige les artistes à devenir des murges à dire “levez-vous!”
LFB: Est-ce que tu as une routine particulière avant de rentrer sur scène?
P.R2B: Je suis une grande traqueuse donc mon rituel c’est que j’ai le traque! Si je ne l’ai pas, c’est que ce n’est pas bon! Je ne bois pas mais je consomme énormément de gingembre et souvent je saute un peu partout, je me concentre et ensuite je fait mes petits exercices de diction très vite car les deux premiers morceaux, surtout le deuxième, j’enchaine tellement de texte, avec une telle rapidité qu’il faut que j’ai la bouche musclé donc c’est des trucs hyper physique.
LFB: Est ce qu’il y a un morceau incontournable que tu joues ou que tu joueras tout le temps sur scène ?
P.R2B: C’est compliqué, je navigue sur énormément d’émotions sur ce live et c’est, je crois, ce que j’aime le plus. En ce moment, je me pose aussi la question de la setlist, ça m’est souvent arrivé de la changer. Ca c’est mon côté un peu Higelin, en me disant que non en fait je vais commencer par la dernière, j’y crois à ça, on le sent. Pour moi, le principe de la setlist est un peu aberrant. Il ne devrait pas exister de setlist, on devrait faire les morceaux comme en fonction du moment.
C’est difficile mais j’aimerais bien accéder à ça. Chaque concert a eu son morceau fard. Arriver avec une guitare-basse voix a capella et ensuite finir en gabber à la fin du concert et à chaque fois ce qui me bouleverse c’est que les gens comprennent sans se dire que c’est bizarre, c’est très différent quand même les styles..
Non, c’est un parcours et c’est ce que j’aime.
LFB: As-tu un meilleur ou pire souvenir de concert à partager avec nous ?
P.R2B: Je crois que j’ai un truc d’amnésique sur les pires choses donc j’essaie de réfléchir aux pires trucs.. J’ai plein de concerts qui me marquent. Il y en a un qui m’a assez marqué pour le coup c’était à La Rochelle, à La Sirène. J’avais ouvert pour Pomme et c’était assez fort par-ce que j’aime bien ce genre de moment où il y a beaucoup de gens et ils ne viennent pas pour toi! Il faut arriver comme un pèlerin, j’avais 45 minutes donc c’était une première partie longue!
Il y a eu un truc qui s’est passé, je ne sais pas pourquoi mais il y a eu une sorte de décharge électrique.. Je n’ai pas fait de salles avec 800, 900 places et là j’ai eu une énergie et il y a eu une écoute qui était magique et ça c’était hyper émouvant. Pour le coup, je me suis pris un gros truc dans la gueule.
Un des pires c’était au tout tout début, où j’étais toute seule. Je jouais au Lieu Unique et c’était la Saint Patrick… C’était entrée libre, il y avait tous les gens avec les bérets, et moi je venais avec la Chanson du bal et quand même, il y a eu quelque chose qui s’est passé mais pour moi c’était un combat! On ne peut pas demander aux gens de nous écouter, car on a perdu la partie mais j’avoue que je m’en souviens comme une expérience un peu douloureuse quand même.
LFB: Peux-tu nous parler de l’importance du catering en festival ?
P.R2B: C’est une vraie question! Je mange de plus en plus, déjà, donc je découvre l’importance du catering. Il y a eu un moment où c’était plus la table régie, les fruits secs et le gingembre. Le catering, c’est intéressant car c’est une notion de force. Il faut que ce soit ni trop lourd, ni pas assez. C’est vraiment un équilibre très ténu et il y a des caterings vraiment fabuleux. C’est comme le public assis ou debout il y a quand même la notion de choix. Quand tu as l’impression que tu peux te balader parmi les plats.. Il y a des caterings rêvés comme ça!
Chien Noir
LFB : Comment as-tu vécu ton premier concert post covid ?
Chien Noir : Et bien, je l’ai vécu d’une manière assez formidable par-ce que déjà ça m’a permis de me confronter à un public. Je n’avais pas pu me confronter aux gens depuis que j’ai sorti mon EP. Ce qui est fou, c’est la bienveillance des gens et l’accueil qu’ils m’ont réservé. Je crois comme à plein d’artistes comme moi, pour ça c’était fou.
LFB : Est-ce que tu avais des habitudes qui ont évolué ou changé, dans ta façon d’envisager les concerts et de les vivre?
Chien Noir: Tout a changé en tant qu’artiste. Au Chantier des Francos, on a bossé de fou pendant deux ans, j’ai énormément appris et j’ai reconsidéré intégralement ma perception de la scène. Ça m’a permis de construire, déconstruire et reconstruire. C’est dur de te répondre précisément par-ce que tout a changé. Je pense que ce qui a le plus changé c’est qu’aujourd’hui, je me sens légitime dans ce que je fais. Ça ne sert à rien de forcer les choses, je suis ce que je suis et je suis là pour présenter ça.
LFB: Vois-tu une différence dans les sensations que tu as entre un concert assis ou debout ?
Chien Noir: Oui! C’est quand même très différent.. après moi ce que je fais ça reste une musique assez tendre du coup ça ne me gêne pas que les gens soient assis. Mais quand tu les vois tous se lever car ils ne peuvent plus se retenir, tu te dis que tu as tapé juste!
LFB: Est-ce que tu as une routine particulière avant de rentrer sur scène?
Chien Noir: Je me prépare à fond, j’ai plein de petites manis, d’échauffement.. J’ai un petit sirop pour la voix que je bois, je m’habille.. Aux Francos, on nous a appris une façon de s’échauffer et alors là tout de suite, je me mets à penser à Carole qui était ma prof de chant, ici au Chantier et qui m’a bien coaché au niveau d’un échauffement corporel. C’est con mais quand je me mets à stresser, ça a tendance à m’endormir un peu! Du coup pour me réveiller, j’ai tout un échauffement qui commence aux chevilles et qui termine au cou.
LFB: Est ce qu’il y a un morceau incontournable que tu joues ou que tu joueras tout le temps sur scène ?
Chien Noir: Et bien, il y a le titre Histoire Vraie qui est quand même le morceau qui clôture le concert, c’est vrai que ce moment-là est très fort mais il y en a d’autres comme ça. J’aime beaucoup La Nuit Le Vent, car c’est un morceau où je suis très libre de regarder les gens et là je prends beaucoup de plaisir à échanger comme ça.
LFB: As-tu un meilleur ou pire souvenir de concert à partager avec nous ?
Chien Noir: Pour le moment, le meilleur c’était à Auxerre. C’est-à-dire que j’ai fait mon live, les gens étaient assis dans le cloître et à la fin de la dernière chanson, tout le monde s’est levé pour m’applaudir et ça j’en ai chialé d’émotion! Un pire souvenir de concert… la vieille d’Auxerre, comme quoi on fait des rollers-coasters, il y a eu des gros problèmes de sons et je me suis retrouvé avec un larsen dans l’oreille qui a détruit ma chanson et ça c’était pas chouette!
LFB: Peux-tu nous parler de l’importance du catering en festival ?
Chien Noir: Mais moi, tu ne te rends pas compte à quel point j’aime manger! Le catering, c’est très très important et aussi ça te permet de te rendre compte, pour les gens qui t’accueillent, à quel point c’est une priorité que tu sois bien et il y a des lieux qui savent faire ça miraculeusement bien. Ici, je n’ai pas encore eu le temps de l’essayer mais je vais le faire et je mettrais une note sur TripAdvisor!