Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux. Aujourd’hui, dans notre nouvel épisode de Format Court, on vous fait découvrir trois univers : le post-punk 60s de Glass Town, la folk atmosphérique de Vicky Veryno et le shoegaze oriental de Kiss Facility.
GLASS TOWN – Zero Risk Society
Glass Town existe depuis 2019. Ils ont connu 4 formations. C’est la cinquième qui finira par les faire accoucher d’un premier EP : Zero Risk Society. Naomi, Xavier, Hugo et Lucas nous révèlent un EP aux cinq pistes très inspirés de la scène post-rock.
Il y a quelques mois déjà Glass Town faisait parler d’eux en nous faisant découvrir le clip du morceau d’ouverture Two Hundred Shelves – dont on vous parlait ici -. Un titre très cinématographique cher au groupe qui s’offrait quelques directions psychédéliques.
Curiosity s’ouvre sur une bonne grosse ligne de basse, on se dirait dans un bon vieux film noir. Et c’est sans doute ce qui est le plus caractéristique de Glass Town : un imaginaire orienté vers la nuit et son lot de mystères.
Five-Storey Building prend une tournure un peu plus entrainante que le reste des compositions de l’EP, on imagine un potentiel de véritable montée en puissance en live.
I Keep Talking To You est plus planante, tout en empruntant un chemin plus obscur, où la part belle est donné au texte qui n’est pas chanté mais comme conté. L’EP s’achève sur le titre qui lui donne son nom : Zero Risk Society. Une belle clôture qui en un peu moins de 5’00 revêt toutes les nuances de l’univers du quatuor parisien à mi-chemin entre le rock progressif et une forme de post-punk à la sauce des australiens Laughing clowns.
Vicky Veryno – Landmark
Pour les plus folkeux d’entre nous, on tend l’oreille pour découvrir Landmark, le premier EP des Vicky Veryno, mené par l’intrigante Nikita Dupont. Qu’elles soient acoustiques ou électriques, place aux envolées douces, oniriques et lumineuses !
Who are you now ? qui ouvre l’EP donne le ton. Morceau planant qui invite à l’introspection. Pas un seul mot, juste un chœur qui nous transporte vers une forme de quiétude.
Sans transition et dans la bonne continuité, Empty eyes dont on vous parlait du clip, il y a quelques semaines (à retrouver ici) prend la suite. La voix de Nikita Dupont prend place. On pense à l’univers poétique de la fratrie CocoRosie.
Matuto Door installe quelque chose d’encore plus précieux, profond, quelque chose de plus psyché limite Pink Floydien qui aurait rencontré Nick Drake.
Plus entrainante, Bubble Gum nous embarque dans des sonorités plus électriques pour le moins inattendues compte tenu des univers précédents. Le morceau est comme scindé en deux parties très nettes. La deuxième partie se veut plus instrumentale et nettement expérimentale.
Clôture de l’EP sur Floating Corpses qui malgré la noirceur de son titre, prend des accents de dream pop, une route mystique se dessine par devant. Comme si la lumière pâle de la lune nous attendait au sortir d’une grotte où grouillent les stalactites déjà scintillantes.
Dans Landmark, chaque morceau est une invitation au voyage à la destination inconnue, qui résonne en nous, en nos rêves.
Pour les plus chanceux d’entre vous, cap sur Roubaix pour les découvrir dans le cadre du Crossroads Festival le 8 novembre !
Kiss Facility – Esoteric
Des airs de guitares acoustiques planants dans une ambiance mystique shoegaze aux accents arabes, voilà le panaché qu’à décidé de nous servir Kiss Facility. Fruit de la collaboration entre Mayah Alkhateri, artiste émirati d’origine égyptienne et l’artiste-producteur Sega Bodega, connu pour ses projets en solo et ses productions pour Shygirl, Caroline Polachek ou encore notre frenchy adorée Oklou. Mayah nous emmène dans un voyage musical porté par sa voix qui nous compte en égyptien le pouvoir du mauvais œil, ses tourments et sa solitude.
Marquant ainsi les débuts musicaux de la jeune femme, Esoteric débute sur une note prometteuse avec Black Room. Un morceau qui prend doucement de l’ampleur jusqu’à un refrain puissant, avant de nous emporter dans une instrumental sublimée par l’ajout d’un violon.
La seule invitée sur le projet se trouve sur le deuxième morceau et il ne s’agit de personne d’autre que la mystique POiSON GiRL FRiEND. Une guitare simple, mais efficace, fusionne avec la voix envoûtante de Mayah dès la première note, évoluant vers une ambiance menaçante, en faisant certainement le meilleur extrait du projet avec In My Room.
Comment la collaboration s’est-elle faite ? On ne sait pas vraiment, mais une chose est sûre : nous en sommes ravis.
Pour les fans inconditionnels du talent de Sega Bodega, les attentes sont naturellement élevées lorsqu’on sait qu’il a entièrement produit et co-écrit l’EP. Et on ne va pas s’en cacher, on est d’ordinaire très fanatique le concernant. Mais si on vient en ayant l’intention d’écouter son travail, on en ressortira plutôt déçu tant il est difficile de retrouver sa patte sur le projet.
Ce qu’on retient surtout dans ce cinq titres, c’est l’aura sombre mais captivante qui s’en dégage. Ainsi que la manière dont les morceaux sont construits, avec des sonorités ensorcelantes qui nous poussent à réappuyer sur play.
Bien que certaines chansons ne retiennent pas immédiatement l’attention, elles deviennent de plus en plus intéressantes à mesure que de nouveaux éléments s’ajoutent. Il faut parfois savoir être un petit peu patient pour découvrir les joyaux cachés au cœur de chaque composition.
Au final, le rôle d’un premier EP est assez bien rempli ici : attirer notre attention et nous donner envie de suivre la suite, en laissant une belle place pour la progression.