Rencontre avec Fräulein

Mais qui est Fräulein? C’est un duo rock alternatif explosif irlando-hollandais composé de Joni Samuels et Karsten Van der Tol. Après avoir conquis la scène britannique avec leurs mélodies puissantes et affutées et leur complicité scénique fascinante, Fräulein était prêts à envoûter Bordeaux à la Rock School de Barbey en juin dernier en premiere partie de Demob Happy. Ils nous ont offert un concert mêlant énergie brute, groove caverneux et introspection musicale sans rappeler le rock des 90s. Nous avons profité de ce passage à Bordeaux pour rencontrer Fräulein et découvrir l’origine et le parcours du groupe ainsi que leur univers musical.

« Sur Sink or Swim, nous jouons vraiment l’un pour l’autre. Nous avons ajouté tellement plus à ces morceaux que jamais auparavant »…. »C’est l’une des rares occasions où nous avons vraiment capturé les nuances, les moments calmes aux moments forts, et tout ce qu’il y a entre, et c’est quelque chose que nous avons enfin pu traduire et étoffer avec tous ces sons et idées supplémentaires. » Fräulein

La Face B : Bonjour Fräulein ! Très heureuse de vous rencontrer. Première observation, vous êtes un groupe très européen : irlandais, néerlandais, vivant à Londres avec un nom allemand. Cela m’a assez intrigué ! Comment avez-vous formé le groupe et, surtout, comment vous êtes-vous rencontrés ?

Joni : Commençons par notre nom Fräulein d’abord !

Karsten : Bien sûr !

Joni : En gros, j’étais un peu une nerd pendant mon adolescence et j’avais cette liste de noms pour un groupe, si jamais j’en avais un. Avant même de jouer d’un instrument, je collectionnais cette liste au fil des années, et avec le temps, je voulais un nom d’un seul mot. Puis, pour mes 21 ans, ma famille et moi sommes allés à Berlin, et mon film préféré est Cabaret avec Liza Minnelli. J’adore les comédies musicales et je suis obsédée par ce film. Et dans le film, tout le monde dit « Fräulein, Fräulein ». Quand je suis allée à Berlin, j’ai réalisé que plus personne n’utilisait le mot Fräulein. Je me suis renseignée sur la raison, et j’ai découvert qu’il y avait un mouvement féministe depuis les années 70 pour abandonner le terme Fräulein, car il signifiait quelque chose de petit, diminué.

La Face B : Nous utilisions « Mademoiselle » et nous ne l’utilisons plus non plus.

Joni : Exactement, et je trouvais cela intéressant. Et quand Karsten et moi nous sommes rencontrés, nous avons joué notre premier concert lors d’une scène ouverte, et quelqu’un a demandé « Comment vous appelez-vous ? ». J’ai dit à Karsten : « J’ai un nom si tu veux l’utiliser ». Et je pensais que ce serait plutôt cool parce que la musique est forte et puissante, et évidemment, en tant que femme écrivant et chantant les paroles, ce serait un peu ironique de l’appeler Fräulein, parce que c’est le contraire de ça.

La Face B : Les gens vous demandent pourquoi ?

Joni : Lors de notre tournée en Allemagne, c’était tous les soirs. Nous étions au stand de merchandising, et personne après personne venait nous voir et disait : « J’adore votre musique, j’adore votre performance, mais pourquoi ce nom Fräulein ? ». Je racontais l’histoire encore et encore, et la plupart des gens trouvaient ça cool. Les gens appréciaient que le terme Fräulein soit réapproprié. Je n’y avais pas vraiment réfléchi, à part que c’était un nom.

La Face B : Et comment vous êtes-vous rencontrés ?

Karsten : Nous nous sommes rencontrés par l’intermédiaire d’un ami commun. Il est allé voir Joni lors de sa toute première scène ouverte à Bath. Elle a joué deux chansons et a mentionné à ce moment-là qu’elle cherchait un coéquipier, un bassiste ou un batteur. Mon ami lui a dit : « Eh, j’organise une soirée jam chez moi une fois par semaine, ça te dit de passer ? » et j’étais le seul batteur dans un groupe de 15 personnes. Tout le monde disait : « Karsten va devenir le batteur ».

Joni : J’étais là, « mais qui est ce M. Karsten ? » Qui est cette personne dont tout le monde me dit qu’il va venir ?

Karsten : J’ai fini mon service au restaurant et je suis arrivé avec l’un de ces t-shirts orange criard et je suis entré, j’ai vu Joni jouer de la guitare à l’envers, assise recroquevillée dans un coin, et je me suis dit : « Tu as l’air très intéressante et je suis curieux de voir quel genre de musique tu joues ». Je ne savais pas à quoi m’attendre, et elle m’a joué un riff en 9/8 dans une signature rythmique étrange et j’étais là : « c’est tellement bizarre, j’adore ça ».

La Face B : Rires.

Karsten : Je pense que notre première interaction était : « peux-tu me jouer ta musique ? Quel duo as-tu en tête ? », et nous avons immédiatement commencé à créer ensemble.

Joni : C’était assez direct, il voulait jouer et moi j’écrivais juste des trucs de manière super naïve. J’écrivais juste ce qui me semblait cool, donc je ne savais pas que c’était bizarre.

Karsten : On a échangé nos numéros et on a commencé à jouer ensemble. Je jouais les difficiles et je l’ai vue jouer à une scène ouverte avec un autre batteur. Et j’ai dit : « Ce batteur ne te comprend pas » et elle m’a répondu : « Qu’est-ce que tu comptes faire ? Tu veux être mon batteur ? ».

Joni : Tu veux faire partie de mon groupe ? Et il a dit : « OK ! D’accord ! Fais partie de mon groupe alors ! ».

La Face B : C’est génial.

Fräulein : Ouais !

Karsten : Au départ, elle cherchait un bassiste, mais nous n’avons jamais trouvé quelqu’un qui correspondait à notre son ou à ce que nous voulions faire. Et je pense que nous avons simplement développé l’idée du duo.

Joni : Nous avons commencé à jouer ensemble et c’est devenu un point où ajouter un nouveau membre serait tellement étrange. Je pense que j’ai appris à jouer de la guitare sans personne d’autre, sans autres instruments.

La Face B : Vous êtes faits pour être un duo !

Joni : Oui, je pense aussi.

La Face B : Et comment le fait de déménager à Londres a-t-il impacté votre musique ?

Karsten : Nous avons déménagé à Londres en 2020 pendant la pandémie. J’y terminais mes études. Nous n’avons donc pas vu beaucoup de musique.

La Face B : Tout le monde quittait Londres et vous, vous emménagiez.

Joni : C’était très bon marché à l’époque.

Karsten : Plus maintenant. Mais au début, j’écrivais beaucoup et nous avons trouvé que c’était une bonne base d’opérations. Nous avions nos amis, un petit groupe de personnes que nous connaissions. Et quand nous avons commencé à jouer et à sortir des morceaux, c’était inspirant d’être entourés d’autres musiciens, de voir comment la scène musicale à Londres évolue et respire. Aller voir des musiciens, discuter et partager de la musique et des idées a été une excellente opportunité pour grandir.

La Face B : Londres est très dynamique. J’ai vécu pendant 20 ans à Tooting.

Fräulein : C’est là que nous vivons !!

La Face B : J’adorais Tooting, c’est très dynamique et diverse.

Joni : Et tellement détendu !

Karsten : Et multiculturel !

Joni : Il y a tellement de renards à Tooting !

La Face B : Londres permet aux artistes de se surpasser car vous rencontrez tellement de gens, intégrez de nouveaux sons et idées. Alfie Templeman disait la même chose. En écoutant votre musique, vous avez un son unique avec des mélodies très fortes mêlées à des paroles introspectives. J’ai lu dans Rolling Stones que quelqu’un lors d’une scène ouverte vous avait décrit comme « PJ Harvey dans un rallye automobile ».

Joni : Au début, j’ai appris à jouer de la guitare en écoutant des chansons de PJ Harvey parce que j’apprenais les morceaux faciles de Nirvana. Et en écoutant PJ Harvey, j’ai réalisé qu’on pouvait écrire de la musique intéressante tout en restant simple. Ses parties de guitare sont tellement mises en avant dans les chansons, et j’aimais vraiment les jouer. J’étais certainement très inspirée par PJ Harvey au début. Mais à mesure que nous avons évolué, et que j’ai évolué en tant qu’auteure-compositrice, c’est un peu différent maintenant. Peut-être que nous avons un peu plus trouvé notre propre voix.

La Face B : Ça ressemble plus à vous, au son Fräulein.

Joni : Oui, plus à nous ! Ce qui est bien. Je pense que ça vient avec la confiance et l’expérience, car c’est mon premier groupe. Je n’ai jamais joué dans un autre groupe avant. Les chansons que nous chantions au début étaient les premières que j’avais jamais écrites, et maintenant, je commence à en écrire plus.

La Face B : Vous avez une énergie incroyable en live ! Vous avez fait les premières parties de groupes comme The Mysterines, Nova Twins, et maintenant Demob Happy. Qu’avez-vous appris en tournant avec eux ?

Joni : The Mysterines était notre toute première tournée. Nous avons donc appris à faire une tournée. Nous sommes assez sérieux et faisons tout nous-mêmes. J’ai beaucoup appris en ce qui concerne la scène. Je ne suis toujours pas géniale pour parler sur scène, mais j’aime observer la façon dont les gens se produisent et remarquer comment ils interagissent. Certains se retiennent, d’autres donnent beaucoup.

La Face B : Être en première partie est un excellent moyen de se faire connaître. Mais les groupes en première partie donnent aussi le ton pour la tête d’affiche. Actuellement, Nova Twins font la première partie des Foo Fighters. Étant aussi un duo, qu’avez-vous appris d’elles ?

Karsten : En tant que duo, et évidemment je suis coincé derrière la batterie, je ne bouge pas beaucoup. Beaucoup repose sur l’interaction entre Joni et moi sur scène. Il y a beaucoup d’intermèdes musicaux, ou des moments où nous ne jouons pas ensemble, donc il faut à la fois divertir le public tout en restant fidèle à cette sensation que vous regardez quelqu’un jouer quelque chose qu’il a répété intensément. Nous voulons juste maîtriser cet art, et avec le temps, nous sommes devenus beaucoup plus à l’aise avec le fait d’occuper cet espace.

Joni : Je suis d’accord ! Regarder les autres se produire nous a donné beaucoup plus de confiance, mais je pense que nous aimons beaucoup nous concentrer l’un sur l’autre. C’est une habitude que nous avons gardée. Nova Twins sont très tournées vers l’extérieur, mais parfois nous sommes assez tournés vers l’intérieur, entre nous deux, et c’est quelque chose que nous aimons.

Karsten : Et même dans les performances des White Stripes en sous-sol, Jack avait généralement un micro tourné vers le public et un autre vers Meg.

Joni : Oui, nous faisions ça parfois avec deux micros pour que je puisse aller vers Karsten et jouer ensemble.

La Face B : À propos de Sink or Swim, vous avez dit que vous aviez vraiment traduit en disque ce que vous faites en live. Cette version studio est très esthétique et c’est une version enregistrée, alors j’étais curieux de savoir en quoi ce son est similaire à ce que vous faites en live.

Sink or Swim – Fräulein

Joni : Nous sommes toujours restés fidèles à chaque enregistrement que nous avons sorti jusqu’à présent : c’était une prise en live. Nous avons toujours insisté tout au long du processus : nous deux dans une pièce en train de jouer en même temps, et une bonne prise deviendrait la chanson. Ce serait la base du morceau, et nous avons toujours fait ça. Mais cette fois, c’était très différent car, pour la première fois, nous n’avons pas joué avec un métronome.

Nous en avions toujours eu très peur, mais nous sommes allés en studio avec ce mini LP en nous disant que nous allions faire des démos. C’est comme ça que ça a commencé. Alors, pourquoi jouer avec un métronome ? Notre producteur Cosmorat nous a tellement inspirés et a dit : « Vous êtes tellement synchronisés, vous n’avez pas besoin de jouer avec un métronome ». C’était le premier producteur à nous dire ça. Il avait confiance en nous. Rien que cette chose a amélioré notre performance parce que nous pouvions vraiment réagir l’un à l’autre en jouant. Sur ce disque, nous jouons vraiment l’un pour l’autre. Nous avons ajouté tellement plus à ces morceaux que jamais auparavant.

Karsten : En enlevant le métronome, nous nous concentrons sur la performance live, et comme nous ne sommes que deux dans le groupe, nous jouons beaucoup avec les dynamiques. C’est l’une des rares occasions où nous avons vraiment capturé les nuances, les moments calmes aux moments forts, et tout ce qu’il y a entre, et c’est quelque chose que nous avons enfin pu traduire et étoffer avec tous ces sons et idées supplémentaires.

Joni : Et puis, je n’ai jamais été satisfaite de mes performances vocales sur les enregistrements, mais j’adore ma performance vocale sur ce mini LP. Et encore une fois, c’est grâce aux personnes avec qui nous avons travaillé. Cosmorat est un duo, Ali joue principalement de la guitare et il est aussi le producteur qui a une vision d’ensemble, donc il mixait les morceaux, et Tiller est une experte de la batterie, en plus d’être chanteuse elle-même. Elle m’a aidée et a fait les prises vocales avec moi, et elle était la personne la plus incroyable pour les prises vocales, car quand je faisais une erreur, elle prenait toutes les prises et les mixait. Le chant paraît très honnête, spontané, amusant et ludique.

La Face B : En écoutant votre musique, on ressent à la fois de la nostalgie et un côté kaléidoscopique, et vos influences vont de Charli XCX à Adrienne Lenker en passant par PJ Harvey. Vous couvrez tout le spectre !

Joni : Rires… Nous ne faisons pas de discrimination.

La Face B : Votre son est diversifié parce que vous écoutez une grande variété de musique. Mais écrivez-vous ensemble ou chacun de votre côté ? Qu’est-ce qui vient en premier, la mélodie ou les paroles ?

Joni : C’est le premier projet où nous avons coécrit deux chansons. En général, Karsten me donne quelque chose et je travaille dessus. J’ai besoin d’être seule quand j’écris parce que je me sens gênée quand il y a des gens dans la pièce. J’ai besoin de pouvoir faire des erreurs sans me sentir bête. Nous avons coécrit deux chansons sur le mini LP. Karsten a écrit le riff de guitare et les accords, puis j’ai écrit les paroles et la mélodie, et ensuite, je l’ai un peu étoffé.

Pour tout le reste, je m’inspire généralement quand je trouve une partie de guitare cool. Si je trouve une progression d’accords ou un motif de picking qui sonne bien, cela m’inspire pour chanter dessus. C’est comme ça que je fonctionne. J’écris de manière organique, j’enregistre sur mon téléphone pendant cinq minutes en chantant dessus, et je me concentre ensuite sur un passage qui me plaît, puis je pars de là.

La Face B : Vous terminez votre tournée ce soir. Comment s’est passée la tournée avec Demob Happy ?

Joni : Nous n’avions jamais fait une tournée où il y avait deux concerts une semaine et deux concerts la semaine suivante. C’était normalement intense.

Karsten : Nous jouons depuis quatre ans, et c’était la première fois que nous jouions aux Pays-Bas. Lors du premier concert, toute ma famille, mes cousins, mes parents, mon frère étaient là. J’étais plus nerveux pour ce concert que je ne l’ai été depuis très longtemps. C’était jouer à la maison et voir la famille. Les gars de Demob ont toujours été très sympas à chaque fois que nous nous sommes vus. Nous nous entendons vraiment très bien.

La Face B : Les histoires que l’on vit en tournée sont toujours liées au fait que l’on devient un groupe soudé, une mini-famille. Des moments forts ?

Joni : C’est toujours surréaliste quand les gens chantent les paroles. Mon souvenir préféré de cette tournée est probablement celui dont parlait Karsten avec le premier concert, quand sa famille était là.

Karsten : C’était vraiment agréable de voir tout le monde. En général, j’aime me concentrer, j’enlève mes lunettes et je vois tout le monde un peu flou, mais je reconnaissais la silhouette de ma famille. C’était très unique pour moi, et aussi de voir comment une salle néerlandaise fonctionne et s’organise. Pour la première fois, pendant la balance, je me demandais : « Est-ce que je parle en néerlandais ou en anglais ? » Je ne sais pas comment dire tous ces mots en néerlandais, car je l’ai toujours fait en anglais. Un moment fort, c’est sûr.

The Kills – Playlist.

La Face B : Où verrons-nous Fräulein ensuite ?

Joni : Nous jouons à nouveau en Europe. Nous jouons en Allemagne le 19 juillet. En Europe, nous faisons la première partie de The Kills en Allemagne et au Royaume-Uni. Et c’est très spécial pour moi : The Kills est mon groupe préféré de tous les temps.

La Face B : C’est génial ! Les duos se soutiennent entre eux !

Joni : Quand j’étais adolescente, c’était mon premier concert. C’est le groupe que j’ai vu le plus. J’ai en fait appris à jouer de la guitare la semaine après avoir vu The Kills. Je n’avais pas de médiator, alors j’utilisais celui que j’avais récupéré de Jamie au premier rang. J’apprenais donc à jouer avec son médiator. C’est donc étrange d’en être maintenant au point où votre groupe préféré vous dit : « J’aime votre groupe, venez jouer avec nous ! ».

La Face B : Awwww ! C’est vraiment cool !

Joni : J’espère que nous pourrons faire des concerts en France. J’adore jouer en France. Le public est tellement réactif ici. Vous dites quelque chose et les gens répondent « blablabla » ou crient quelque chose. J’adore ça parce que je trouve ça assez effrayant d’être sur scène entre les chansons et de parler. Quand nous avons joué à Lyon, j’ai fait une erreur et j’ai dû recommencer, alors j’ai dit « Désolé, je dois accorder ma guitare », et quelqu’un a dit « C’est bon, prends ton temps ».

La Face B : Qu’avez-vous découvert, lu ou écouté récemment qui vous a influencés ?

Joni : J’ai écrit une chanson l’autre jour, probablement la première fois que j’ai fait ça. Je lis Eros the Bittersweet: An Essay d’Anne Carson. C’est une étude de l’amour romantique tel qu’il est dépeint par les philosophes grecs et les poètes lyriques. Ils parlent essentiellement de l’amour et de la façon dont il a été représenté à travers le désir. J’ai écrit une chanson inspirée de ça, et j’étais vraiment intéressée par ce livre. En ce moment, je suis obsédée par Joni Mitchell. Je pense qu’elle est probablement la meilleure auteure-compositrice que j’ai jamais écoutée. Joni Mitchell écrit des mini-opéras en deux ou trois minutes. Les parties sont tellement intéressantes, les paroles sont excellentes, la mélodie… Je pense qu’elle est la meilleure.

Karsten : Joni a acheté son album Court and Spark.

Joni : Non, c’était For the Roses

Karsten : J’ai ouvert l’album et lu les paroles, et c’était incroyable de voir à quel point elle fait attention aux détails, combien de mots elle parvient à intégrer dans une chanson. Pour moi, il y a beaucoup de batteurs individuels que j’aime vraiment. Ma plus grande inspiration est un batteur d’un groupe japonais Kashikura Takashi. Il joue dans le groupe Toe, et j’adore ce groupe. C’est la première fois que j’ai trouvé que la batterie était l’instrument principal.

La Face B : Vous devriez écouter Kutu.

Karsten : Et aussi Yussef Dayes. Il est vraiment impressionnant. Je me souviens d’avoir regardé ses vidéos sur YouTube il y a sept ans. Il y a aussi Matt Garstka d’Animals as Leaders. C’est un batteur très technique. Avec Joni, la façon dont elle écrit et chante me donne beaucoup d’espace pour jouer autour d’elle et remplir cet espace.

La Face B : Merci beaucoup pour ce joli moment, c’était un plaisir de vous rencontrer et de tout savoir sur Fräulein !

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Enfin, retrouvez les articles d‘Alexia Arrizabalaga-Burns dans La Face B

English Version

La Face B: Hello Fräulein! Very good to meet you. First observation, you are a very European band: Irish, Dutch, living in London and a German name. I was quite intrigued? How did you come up with the band name Fräulein but most importantly, how did you meet?

Joni: We start with our name first Fräulein!

Karsten: Sure!

Joni: Basically, I was a bit of a nerd growing up as a teenager and I had this list of names for a band I was ever in a band. Before I even played an instrument, I was collecting this list over the years and I think overtime I wanted to be one word. And then, for my 21st birthday, my family and I went to Berlin and my favorite movie is Cabaret with Liza Minelli. I love musicals and I am obsessed with that film. And everyone in that film is “Fräulein, Fräulein” . When I went to Berlin, I realized nobody uses the word Fräulein anymore. I looked it up as to why and there was a feminist movement since the 70s to move away from th term Fräulein because it meant like small, diminished.

La Face B: We used “Mademoiselle” and we do not use mademoiselle anymore.

Joni: Exactly and I just thought it was interesting. When Karsten and I met, we played our first show at an open mic night and somebody said “what are you called?”. I said “Karsten I have a name if you want to use it” . And I thought it would be kind of cool because the music is strong and powerful and obviously as a woman writing and singing the words, It would be a bit ironic to call it Fräulein because It would be the opposite of that.

La Face B: People ask you why?

Joni: When we toured in Germany, we got it every night. We would be at the merch stand and person after person would come up and say “Love your music, love your performance, why the name Fräulein?” . I would explain the story over and over and over again and most people were like cool with it. People liked it was reappropriated. I did not really think much about it except have a name.  

La Face B: And how did you meet?

Karsten: We met through a mutual friend. He went to see Joni on her very first Open Mic night in Bath. She played two songs and mentioned during that time that she was looking for a bandmate, a bassist or a drummer. My friend said “hey, I host a jam night at my house once a week, do you want to come by?” and I was the only drummer in a group of 15 people. So everyone was saying “Karsten is going to become the drummer”

Joni:  I was like, who is this Mr. Karsten? Who is this person they are all telling me he is going to come?

Karsten: I finished my shift at the restaurant and I came in wearing one of these ugly bright orange t-shirts and I walked  in and I saw Joni playing guitar upside down, sitting hunched over in the corner and I thought “you look very interesting and I am curious to see what kind of music you play”. I did not know what to expect and she played me a riff in 9/8 in a weird time signature and I was like “this is so gross I love it”

La Face B: Laughs

Karsten:  I think our first interaction was “can you play me your music?, what duet do you have in mind?” and we were immediately creating together.

Joni: It was pretty much straight up he wanted to play and I was just writing stuff super naïve. I just wrote what felt cool so I did not know that was weird.

Karsten: And they exchanged numbers and we started playing together. I was playing hard to get and I saw her play in an Open Mic with another drummer. And I was like “This drummer does not understand you” and she said “What are you gonna do about it? Are gonna be my drummer?”

Joni: Do you wanna be in my band? And he said OK! Fine! Be in my band then!

La Face B: That’s great.

Fräulein: Yeah!

Karsten: She initially looked for a bassist but we never found anybody that we felt fit our sound or what we are going for. And I think we just expanded on the two-piece thing.

Joni: We started playing together and it got to a point where adding a new member would be so strange. I think I learnt how to play guitar without anybody else there, we’ve got no other instruments.

La Face B: You are meant to be a duet!

Joni: Yeah I think so.

La Face B: And How moving to London impacted your music?

Karsten: We moved to London in 2020 during the pandemic. I was finishing my education there. So we did not see a whole lot of music.

La Face B: Everybody left London and you moved in

Joni:  It was very cheap though.

Karsten: No anymore. But initially, I was a lot of writing and we found it was a god base of operations. We had our friends, a small group of people that we knew. And when we started playing and releasing, It was inspiring to be around other musicians, see how the music scene moves and breathes in London. Going to see musicians, and speaking and sharing music and ideas were a great opportunity to grow.

La Face B: London is very vibrant. I lived there for 20 years in Tooting

Fräulein: That’s where we live!!

La Face B: I loved Tooting, very vibrant and diverse.

Joni: and so relaxed!

Karsten: And multicultural!

Joni: So many foxes in Tooting!

La Face B: London allows artists to upper their game because you meet so many people, integrate new sounds and ideas. Alfie Templeman said the same thing. Listening to your music, you have a unique sound with really strong melodies mixed with introspective lyrics. I read on Rolling Stones that someone at an open mic called the PJ Harvey at a Motocar rally” .

Joni: At the beginning, I learnt how to play guitar by listening to PJ Harvey songs because I was learning Nirvana and easy part of cord songs. And when I was listening to pJ Harvey, I realized you could write interesting music and be simple. Her guitar parts are so to the front of the songs and I was really enjoying playing them. Definitely at the beginning super inspired by PJ Harvey. But as we’ve grown, and as I’ve grown as a song writer, It is a bit different. Maybe we have found a bit more our voice.

La Face B: It sounds more you.

Joni: Yeah more us! Which is good. I think that comes with confidence and experience because this is my first band. I have never played in another band before. The songs we were singing at the start were the first songs that I have ever written and now I am getting to the point where I am writing more.

La Face B: You have a fierce energy live! You have opened for bands like The Mysterines, Nova Twins and now Demob Happy. What did you learn from touring with those guys?

Joni: The Mysterines was our first ever tour. So we just learnt how to do the tour. We do it quite seriously and do everything by ourselves. I learnt a lot in terms of the stage. I am still not amazing with stage banter but I like looking at the way people perform and picking things on how people interact, some people hold back, some people give a lot.

La Face B: Being a support band is a great way to be discovered. But support bands also give the tone for the main headline. At the moment, Nova Twins are opening for Foo Fighters. Being a duet as well, what did you learn from them?

Karsten: Being a two-piece band, and obviously I am stuck behind the drums, I don’t move a lot. A lot of it is the interaction between Joni and I on stage. There are a lot of musical intermissions, or parts we don’t get to play with each other so you are simultaneously entertaining people but also you have to stay true to the feeling you are watching somebody perform something they have done over and over. We just want to own that craft and overtime we got a lot more comfortable just taking up that space.

Joni: I agree! Watching people perform has given us a lot more confidence but I do think the two of us like to zone in on each other a lot and It is a way we kept. Nova Twins are very outward but sometimes we are quite inward between the two of us, which we like.

Karsten: and even the performances of the White Stripes from in the basement, Jack would usually have a microphone facing the audience and also a microphone facing Meg.

Joni: Yes we would do that at some points with two microphones so I could come over to Karsten and play the same

La Face B: About Sink or Swim, you said you really translated in a record what you do live. This studio version is very esthetic and it is recorded version so I was curious to know in what way that sound is similar to what you do live.

Joni: We have always stayed true to every single recording we released so far has been a live take. So we always kind of insisted the whole way through: the two of us in a room playing at the same time and we would get a good take and that’s gonna be the song. That would be the basis for the song and we have always done that. But this time was very different because for the first time we did not play to a click. And we’be always been very afraid to do that but we went to the studio with this mini LP like we are are going to make some demos. That’s how it started.

So why are we playing to a click? Our producer Cosmorat inspired us so much and said you guys are so tight, you don’t need to play to a click. It was the first producer to ever say that to us. They trusted that we could do it. Just that thing has stepped up the performance because we could really react to each other when we are playing. On this record, we are playing to each other. We added so much more to these tracks that we ever had.

Karsten: by moving the click, we focus on the live performance and because it is a two-piece band, we play a lot with dynamics. It is one of the few instances where we really captured the small, the big and everything else in between and that’s something we can finally translate and flash out with all these extra sounds and ideas.

Joni: And also I have never been happy with my vocal performances on stuff but I loved my vocal performance on this mini LP. And again, this is because of the people we were working with. Cosmorat is a duo and Ali is mostly guitars and he is also the bigger picture producer so he was mixing the actual tracks and Tiller is a drum expert and she is a vocalist herself. She helped me and did the vocal takes with me and she was the most amazing person to do the vocal takes because I would make a mistake and she took all the takes to mix in. The vocal feels very honest, spontaneous and fun and playful.

La Face B:  Listening to your music is both nostalgic and kaleidoscopic and your influences vary from Charli XCX, Adrienne Lenker, PJ Harvey. We have the whole spectrum here

Joni: Laughs… We do not discriminate.

La Face B: Your sound is diverse because you listen to a whole body of music. But do you write together or on your own? What comes first, the melody? The lyrics?

Joni: This is the first project that we have two songs we have co-written. It is usually Karsten would give me something and I work on it. I have to be alone when I write because I feel self-conscious when people are in the room. I want to be able to make mistakes and not feel silly. We co-wrote two songs in the mini LP and Karsten wrote the Guitar riff and the cords, wrote the lyrics and the melody and I took it and expanded it a bit.

For everything else, I normally get inspired when I come with a cool guitar part. If I come up with a chord progression or a plucking pattern that sound really cool, It just inspires me to sing over it. That’s how I do it. I write organically, I put my phone on record and record me singing over this  for 5 minutes and I usually zone in to something I like and start from there.

La Face B: You are finishing your tour tonight. How was the tour with Demob Happy?

Joni: We have never a tour where it was 2 shows one week and 2 shows the next week.  It was normally intense.

Karsten: We have been playing for 4 years and It was the first time playing in the Netherlands. The first show, all my family, cousins, parents, brother were there. I have been more nervous for that show than I have been in a very long time. It is playing at home and seeing family. The Demob guys have been really nice every time we have seen each other. We just get on really really well.

La Face B: The stories you make on tour are always linked to the fact you become a tight group of friends or a mini family. Any highlights for Fräulein?

Joni: It is always surreal when people sing the lyrics. My favorite memory of this tour is probably what Karsten said with the first show. When Karsten’s family was there.

Karsten: It was really nice to see everybody. Normally I like to zone in, I take off my glasses and I see everybody a bit blurry but I recognized the shape of my family. For me it was very unique and also to see how a Dutch venue works and operates. For the first time, I was doing soundcheck and I was thinking “Do I speak Dutch or English?” I don’t know how to say all these words in Dutch as I have been doing it in English the whole time. Definitely a highlight for me.

La Face B: Where do we see you next Fräulein?

Joni: We are playing in Europe again. We are playing in Germany on 19th July. In Europe, we are opening for the Kills in Germany and in the UK. And it is very special for me: The Kills are my favorite band of all time.

La Face B: This is brilliant! Duets support each other!

Joni: As a teenager, they are my first show, they are the band I have seen the most. I actually learnt how to play guitar the week after I went to see The Kills. I did not have any guitar pick so I was using the one I got from Jamie in the front row. So I was learning  on his pick. So it is strange to be now at the point your favorite band says “I like your band, come and play with us!”.

La Face B: Awwww! That’s really cool!

Joni: Hopefully we get some French shows. I love playing in France. The crowd is so responsive here. You’ll say something and people will go “blablabla” or shout something. I love that because I think it is quite scary to be on stage in between songs and be talking. When we played in Lyon, I made a mistake and I needed to go back and I said “Sorry I need to tune my guitar” and someone said “That’s OK, Take your time”.

La Face B: What did you discover, read or listen to recently that influenced you?

Joni: I actually wrote a song the other day, probably the first time I have ever done that. I am reading “ Eros The Bittersweet: An essay” by Anne Carson. It is like a study of romantic love as portrayed by the Greek philosophers and lyric portraits. They are basically talking about love and how It has been portrayed over their love and desire. And I wrote a song based by that and I was very interested in that book. At the moment, I am obsessed with Joni Mitchell. I think she is probably the best songwriter I have ever listened to. I think Joni Mitchell writes mini operas in two or threes minutes. The parts are so interesting, the lyrics are good , the melody…. I think she is the best.

Karsten: Joni bought her album Court and Spark.

Joni: No it was For the Roses…

Karsten: I opened the album and I read the lyrics as it was amazing to see how much attention, how many words she fits into a song. For me, there are lots of individual drummers that I really like. My biggest inspiration is a drummer from a Japanese band called Kashikura Takashi. He plays for a band called toe and I love that band. It is the first time I found the drums are the main instrument.

La Face B: You should listen to Kutu.

Karsten: And also Yussuf Dayes. He is just really impressive. I remember watching his Youtube videos seven years ago. There is also Matt Garstka from Animals as Leaders. He is a very technical drummer. With Joni, the way she writes and sings gives me a lot of space to play around her and fill up the space.

La Face B: Thank you very much for your time and It was great getting to know all about Fräulein!