Maitresses de la destinée des personnages qui peuplent leurs chansons, les divines Grandma’s Ashes sortent enfin leur premier EP sous le signe des trois Parques. Une pochette d’album qui reflète à merveille leur complicité et leur complémentarité, chacune maitresses de leur instrument et de leur destinée. Et c’est grâce à une main de fer dans un gant de velours qu’elles imposent leur son et ses sonorités sombres.
Une pochette qui marquera les esprits par son originalité et sa beauté. Inspirée d’une description qu’un journaliste avait fait d’elles, les Grandma’s Ashes s’illustrent en trois Parques figées dans le marbre. Mythe Greco Romain, ce sont les divinités maitresses de la destinée humaine, de la naissance jusqu’à la mort. Fileuses de vies, Eva tient le rouet qui lance la chanson avec ses mélodies, Myriam dévide le fil avec ses riffs de basse, et Edith met un point final en le coupant avec sa frappe. Des profils fiers et majestueux à l’image de leur musique.
Single de l’EP, Daddy Issues est une pépite de violence contenue avec grâce dans un étau de noirceur. Le contraste entre la brutalité des instruments et les envolées de la voix apportent une vraie majesté au morceau. Des refrains qui rappellent par moment du Muse de la bonne époque, et des ponts inspirés de la musique classique de façon assumée, notamment Music for a While d’Henry Purcell. D’un drame familiale, un divorce sur fond d’église, peut décidemment en sortir des cris d’une rare beauté. Un clip entre l’absurde et le drame noir accompagne ce titre qui laisse libre de toute interprétation…
Influence psychédélique et du rock progressif dans Radish Cure, un medley de sons mélancoliques et d’urgence dans les refrains pour un morceau complexe. Des chœurs de sorcières ponctuent et rythment le morceau…
Song for Fiona parlera à de nombreux d’entre nous. Inspiré de la princesse Fiona de Shrek, qui doit cacher des facettes de sa personne afin de se faire accepter, c’est un hymne libérateur aux sonorités ultra lourdes. La voix se fait par moment plus jazzy et vacille sur les contre temps des parties rythmiques. Un vrai tour de force musicale.
Dans A.A, la batterie déploie toute sa densité et les instruments percutent à la manière très stoner. Une gravité qui contraste à merveille avec la voix céleste d’Eva, qui se propage en échos et résonne droit au cœur. Le morceau prend cependant une tout autre dimension à sa rupture. Il évolue une nouvelle fois de façon plus psychédélique, afin de dévoiler tout l’étendue de leurs influences musicales, leur sens de la jam et leur maitrise instrumentale.
Une Outro d’une rare élégance finit en beauté cet EP qui ne laisse qu’un avant-goût du talent des Grandma’s Ashes. Leur forte expérience de la scène a décidément forgé leur sens de l’efficacité et du drama musicale pour un son inimitable. Cadeau à leur public, cet EP signe des années d’expérimentations et d’évolution. On ne peut que s’impatienter de les retrouver en live et se prendre encore et toujours la même claque.