Inüit : Humains avant tout

Il y a des noms qu’on choisit et des noms qui s’imposent à nous comme une évidence. En ce qui concerne Inüit, c’est la deuxième option qui semble prendre le pas. Car Inüit signifie « être humain » et avant d’être une histoire de musique, l’aventure de la bande est avant tout une histoire d’amitié et donc d’humanité. Six copains de presque toujours qui décident de niquer la vie d’adulte en faisant ce qu’ils aiment et en le faisant ensemble. Alors on met son casque et on lance la lecture : moteur, son, Action

On ne va pas se mentir, on aime beaucoup Action, le premier album d’Inüit. Mais pour en parler pleinement, on aimerait tout de suite se débarrasser du petit caillou qui nous gène dans la chaussure. On va le dire de manière frontale : on trouve la production un peu trop propre et lisse. C’est sans doute voulu et assumé, mais cette façon de faire donne une sensation bien trop propre et glaciale à une musique qui n’en a pas forcément besoin. Car sous cette apparence de glace, c’est définitivement le feu qui brûle dans la musique des six Nantais.

L’album commence en douceur, de manière presque introspective avec Sides, titre lancinant, doux qui prend son temps pour nous emmener vers l’univers d’Inüit. Ce titre, c’est un peu comme lorsqu’on descend les escaliers vers une boite de nuit ou qu’on rentre dans le couloir avant d’arriver à une fête. Les murs grondent, le sol tremble un peu, la musique est en sourdine et on se prépare à entrer dans l’Action. Le calme avant la tempête, qui finit par frapper sans prévenir. La porte s’ouvre et c’est Body Lies qui claque aux oreilles. Là, on se retrouve définitivement dans le monde d’Inüit, où la pop n’est jamais loin du dancefloor, où les influences diverses se mixent pour former un tout unique et dévastateur.

Vient ensuite la vindicte, la fougue de la jeunesse en action avec We The People. Sorte de cri guerrier, le titre n’en oublie pas pour autant la force de la pop avec son refrain qui sera à coup sûr repris par un public bouillant. C’est aussi une constante de cet album : si les rythmiques sont très travaillées, les paroles n’en sont pas pour autant sacrifiées et le groupe a beaucoup de choses à dire, on pourra citer comme exemple le plus frappant Tomboy qui parle de manière assez visuelle du coming-out.

Pas le temps de reprendre son souffle qu’on embraye avec Boy’s Dead Anyway et la sensation qui nous habite depuis le premier titre se confirme : on est face à un véritable album de musiciens. S’ils flirtent par moment avec l’électronique, la présence d’une rythmique imparable et de cuivre offrent un vrai corps et un côté véritablement épique aux chansons. Ce qu’on apprécie aussi c’est que le groupe n’ait pas cédé aux sirènes du chant en français car tant à l’écoute qu’à la réécoute, on réalise que sa musique est clairement faite et pensée pour l’anglais, que ce soit dans ses structures ou ses sonorités.

Comment On Fait Le Feu, porté par une basse toute en rondeur, marque un peu le pas, tandis que Move Slowly et sa rythmique presque martiale nous préparent au retour de flamme qui ne tarde pas avec la puissante Phases et l’instrumentale et réjouissante Polar Bear. Il y aussi des balades à plusieurs couches, comme Pretty Puppet, Wrong Dance où on sent toujours le tonnerre gronder en arrière plan même quand la douceur et la mélancolie sont présentes. Et puis, comme une nuit de fête, Action se termine sur le dancefloor avec Inside qui clôture avec bonheur un premier album du plus bel acabit.

Avec Action, Inüit  offre ainsi un album qui, s’il semble partir dans tous les sens, garde une vraie cohérence. Celle de la force du collectif, où chacun à son mot à dire, où les influences, qu’elles soient jazz, pop ou électroniques ont été digérées pour offrir un album personnel et généreux, taillé pour faire bouger les foules. Avec Inüit, c’est l’humain avant tout !

Inüit passera par la Maroquinerie le 15 octobre pour sa release party et sera ensuite en tournée dans toute la France avec notamment un passage en ses terres le 24 novembre au Stereolux de Nantes.