C’était maintenant ou jamais. JGrrey est de retour, encore plus confiante. Le 27 octobre, l’artiste britannique a dévoilé If Not Now ?, son projet le plus abouti regroupant « ses meilleures créations » qu’elle gardait précieusement en réserve depuis trop longtemps à son goût. Retrouvez notre discussion avec elle ici.
JGrrey et la musique, c’est l’histoire d’un hasard, un heureux hasard. En grandissant, elle n’avait pas vraiment comme rêve de fouler les plus grandes scènes. Poussée par un entourage évoluant dans la musique, c’est à 23 ans qu’elle sort ses premières chansons. Une apparition remarquée sur la chaîne COLORS en 2017, où elle nous apparaît alors encore toute réservée, bien loin de celle qu’on connaît aujourd’hui. Elle séduit par sa voix douce et envoûtante, au timbre singulier qui a le pouvoir immédiat de nous relaxer. Le genre de musique qu’on aime écouter en se baladant le soir l’esprit divaguant ou pour se lover dans son lit bien au chaud.
Mais voilà, parfois, les bonnes choses prennent du temps et le chemin se révèle un peu plus long que prévu. Après une année bien chargée en 2019, avec la sortie de deux EPs et surtout le privilège d’ouvrir pour la pop star Billie Eilish à Prague, suivie d’une tournée en solo et quelques scènes avec le groupe Easy Life, les étoiles semblaient alignées pour la londonienne. On aurait pu naturellement s’attendre à ce que la suite s’enchaîne rapidement pour cette artiste néo-soul prometteuse, mais cela ne sera que quatre ans plus tard qu’elle sortira enfin un nouveau projet, plus long cette fois-ci. Une pause d’abord forcée par le Covid, n’ayant pas succomber aux tendances Tiktok, mais surtout des déboires avec ses équipes et des épreuves personnelles qui vont retarder son retour.
Avec ce nouveau projet, JGrrey s’affirme. Ce n’est pas une complète réinvention, plutôt une progression logique. Un son plus diversifié, tout en continuant de séduire les fans de la première heure avec des morceaux comme Marbles Flaws, qui conclut l’opus sur une note aérienne, tout comme il avait commencé avec When ? et ses notes de piano. Des influences jazz se font entendre, on retrouve des parties glitchées avec lesquelles elle s’amuse et des compositions plus élaborées et des constructions parfois étonnantes. Elle se présente avec une nonchalance délibérée, laissant sa voix flotter, donnant l’impression que tout cela est d’une facilité déconcertante pour elle.
JGrrey est particulièrement douée pour transmettre des émotions. Sa musique se veut profondément personnelle, un reflet de ses expériences, de ses émotions et de ses réflexions.
Des récits de déceptions et de rencontres sentimentales évidemment, mais elle n’est pas vraiment une romantique. Les hommes, elle les verrait bien hors jeu, comme elle le clame haut et fort dans Boys ? Boys just make you cry, who needs them ? / I wanna kill em all / I’ve got no love left and I’m crawling the walls. Un morceau plein d’attitude qui affirme sa colère et sa détermination à ne plus se laisser marcher sur les pieds. C’est un véritable hymne à l’émancipation, avec une touche presque punk-rock que l’on aime faire résonner bien fort. C’est une première pour elle, et c’est plutôt bien réussi. Même si les paroles peuvent prêter à sourire, le titre a le mérite d’apporter une nouvelle nuance à sa palette artistique.
Toujours déterminée à s’affirmer plus que jamais, elle enchaîne avec Sick of Me, apportant une touche sensuelle et audacieuse. Deux morceaux qui sont certainement ceux qui se distinguent le plus dans sa discographie, apportant un twist intéressant à son projet. On remarque particulièrement l’évolution en termes de production, plus travaillées et singulières qui sont les œuvres de Owen Cutts (Stormzy, Pip Millett, Suki Waterhouse) ou encore Maths Time Joy (Mahalia), entre autres, qui l’aident à développer un son plus actuel.
Malgré sa difficulté à savoir qui elle est vraiment, à laquelle on se montre résolument emphatique lorsqu’on prend connaissance de son parcours, marqué par des séjours en foyers avant son adoption et la découverte de ses origines à l’approche de la trentaine, elle semble désormais prête à affronter ses peurs, à chercher des réponses, et à accepter que certaines questions resteront sans réponse. Sa musique, qui était jusque-là marquée par des thèmes mélancoliques et empreints de chagrin, s’ouvre sur de nouveaux registres plus lumineux.
Même lorsqu’elle se confie sur des sujets lourds tels que la perte de son frère dans May, elle est moins renfermée sur elle-même et le chante dans des sonorités plus légères, accompagnée par Kojey Radical, rappeur britannique. Deux collaborations (Kojey Radical et Zombie Juice) qui font sens quand on la connait un peu, bien qu’ils demeurent des ajouts mineurs au projet dont ont aurait pu se passer sans grands remords.
Au final, on a un premier vrai projet qui, sans trop nous avancer, constitue un événement important dans sa carrière. Cette mixtape incarne une démarche d’avancement, de confiance en soi, d’expérimentation, d’échange, de création et de libération. Elle se devait de le faire pour permettre une progression tant sur le plan musical que personnel, contribuant ainsi à l’évolution de sa carrière.
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