Après avoir fait beaucoup parler, étant qualifié de grand espoir par bon nombre de mélomanes britanniques, Joesef est de retour. Il revient en ce début d’année avec son premier album, Permanent Damage. C’est à cette occasion que nous avons eu la chance de nous entretenir avec lui.
Version traduite (French – Français)
La Face B : Salut mec ! Merci beaucoup de m’accorder un peu de temps, c’est un vrai plaisir. Comment tu vas ?
Joesef : Je vais bien, je m’amuse beaucoup en ce moment avec tout ce qu’il se passe.
La Face B : Tu as sorti ton premier album, Permanent Damage, la semaine dernière. Comment tu te sens ? Je suppose que tu es excité ?
Joesef : Ouais, ça a été quelques semaines folles. J’ai essayé de rester présent et de tout vivre pendant que ça arrivait, pour le moment tout se passe bien.
La Face B : Est-ce que tu as déjà eu des retours sur l’album ?
Joesef : Les retours ont été magnifiques, c’est très gratifiant. J’ai beaucoup à faire chez les disquaires en signant des disques et en rencontrant des gens qui ont acheté l’album, je m’éclate.
La Face B : Cet album, que j’adore d’ailleurs, traite de peines de cœur, et d’une en particulier que tu as vécue. Est-ce que c’est un sujet difficile à évoquer quand il s’agit d’écrire ? Je veux dire, certaines personnes peuvent être quelque peu réticentes à l’idée de dévoiler leur vie privée et leurs sentiments. Est-ce un désir de travailler sur soi, ou de faire face à un sujet universel ?
Joesef : Je pense qu’il y a toujours eu dans mon écriture cette sorte de sensation de vent de sentiments. Personne ne va réussir à l’entendre, c’est quelque chose d’assez étrange à faire, sortir tous ces morceaux qui traitent de sujets vraiment très personnels. J’ai toujours trouvé difficile le fait de réussir à articuler mes sentiments dans la vie de tous les jours, mais écrire m’aide. Donc ouais, c’est très étrange, mais c’est une manière pour moi de donner du sens aux choses qui me retournent la tête.
La Face B : Y a t-il de la fiction dans les paroles de Permanent Damage, ou alors c’est uniquement influencé par des événements que tu as vécus ?
Joesef : Rien dans l’album n’a été inventé. J’aurais aimé réussir à créer certaines situations pour écrire, mais je pense que j’aurais du mal à me sentir connecté avec le morceau pendant que je suis en train de le chanter, ou de le produire. J’ai besoin d’être concerné par ce que j’écris.
La Face B : Ça peut paraître comme étant une question un peu bête, mais est-ce que tu vas mieux aujourd’hui ?
Joesef : En fait, je n’ai pas été aussi heureux depuis longtemps.
La Face B : Cet album est précédé de deux EP, Play Me Something Nice et Does It Make You Feel Good?. Est-ce que tu as perçu une différence entre la création d’un EP et celle d’un album en entier ?
Joesef : Créer un album était un processus complètement différent. Les deux EP, je les ai produit seul dans ma chambre, mais pour l’album, j’avais un co-producteur, Barney Lister. À côté de ça, l’autre différence était qu’il y avait beaucoup plus de travail. Il y a tellement de choses auxquelles on doit penser en termes de narration, de production, de cohésion, de rythme… J’ai trouvé ça très dur et très épuisant émotionnellement, mais c’était la chose la plus satisfaisante que j’ai jamais faite de ma vie.
La Face B : Entre ces deux EP et Permanent Damage, il y a eu une évolution importante dans ta musique. Tu as appris un peu plus à produire, ta voix et ton chant ont aussi évolués. Avec du recul, comment vois-tu cette évolution ?
Joesef : Aussi simple que ça puisse paraître, je pense que c’est juste dû à l’entraînement. J’ai bien sûr fait un effort conscient pour essayer de m’améliorer pendant le processus de l’album. J’écrivais et produisais avec Barney quasi tout le temps et j’ai appris beaucoup en travaillant avec lui. Avant, quand je travaillais seul, il n’y avait personne pour me dire de chanter mieux, de persévérer, ou pour me pousser hors de ma zone de confort.
La Face B : Comment tu décrirais le processus créatif de Permanent Damage ? Je sais que tu es un peu resté aux Diary Studios de Brixton. Est-ce que tu as écrit tout l’album là-bas, ou alors tu as écrit autre part ?
Joesef : La majorité de l’album a été écrit au Diary, j’ai aussi écrit certains morceaux avant de déménager sur Londres, comme Just Come Home With Me, mais on est aussi allés dans un autre studio dans le trou du cul du monde, sans aucun mauvais jeu de mot, dans un studio dans une ferme. Le processus était à la fois assez marrant mais laborieux par moments, ça demande tellement d’énergie physique et mentale. Je sais vraiment pas comment font des artistes comme Taylor Swift pour claquer des albums les uns après les autres, ça me tuerait.
La Face B : Comment de temps ça t’as pris de terminer l’album ?
Joesef : Probablement une année et demie.
La Face B : Tu as travaillé sur l’album avec Barney Lister. Comment tu décrirais son rôle et son importance dans le processus de création ?
Joesef : C’est un producteur magnifique, il a tellement une bonne oreille pour les mélodies et c’est probablement l’un des hommes les plus gentils que j’aie jamais rencontrés. Au-delà d’être super talentueux, il nous a créé un environnement où on ne se cachait rien. C’était important pour moi, venant de ma chambre à Glasgow, de me sentir suffisamment à l’aise pour être entièrement honnête dans le travail qu’on entreprenait ensemble, et il a permis cela.
La Face B : Y a t-il des artistes ou albums que tu décrirais comme étant des influences pour l’album ou dans ta musique en général ?
Joesef : Je n’ai pas forcément de références directes, mais juste en termes de patte artistique, j’ai toujours été très inspiré par Tyler the Creator et Frank Ocean. Ils sont tellement singuliers dans leur art, c’est quelque chose que j’ai toujours trouvé important dans mon propre travail, la musique, les clips, comment on ressent le tout et de quoi ça a l’air. La musique est tellement quelque chose de viscéralement impactant pour moi, donc ça a toujours été important de prendre le soin de m’assurer que c’est mis sous l’exacte forme que je désire, et eux le font parfaitement.
La Face B : Tu commences la tournée de l’album en mars. Je suppose que tu es excité d’interpréter ces nouveaux morceaux sur scène ?
Joesef : On les a répétés, putain ils sonnent bien, je suis tellement excité !
La Face B : As-tu des attentes particulières concernant cette tournée ?
Joesef : Les salles sont toutes plus grandes, ce qui va être super amusant. On prépare un vrai spectacle cette fois-ci, donc c’est cohérent avec l’album, les morceaux et les lumières etc… j’ai très hâte !
La Face B : Tu as dû rajouter un concert supplémentaire pour les performances pour fêter la sortie du disque à Londres et Edimbourg. Ta musique est découverte par de nouveaux fans tous les jours. Comment tu te sens avec le fait que tu commences à avoir une fanbase très solide et que tu es très demandé ? N’est-ce pas un tantinet écrasant ?
Joesef : Je serais effrayé si l’inverse se produisait. Je suis vraiment chanceux de toujours voir une progression, je suis tous les jours reconnaissant de ces personnes et du fait qu’ils continuent de soutenir ma musique.
La Face B : Visuellement parlant, tu as un univers particulier et élégant. C’est quelque chose que tu as décidé de toi-même, ou la fondation de cette identité visuelle suit la vision d’un réalisateur ?
Joesef : Créer un langage visuel pour l’album est quelque chose qui m’a toujours semblé primordial, pour que les gens puissent avoir la même vision du disque que moi. J’ai toujours eu une vision affirmée en termes d’esthétiques pour tout ce que j’ai fait, jusqu’aux textures des polices d’écriture qu’on utilise. Je travaille de très près avec Luis Hindman, le réalisateur des clips, dans l’idée de créer un paysage qui se coordonnerait avec la musique, tout comme avec mon manager, Nathan Dunphy, qui est l’un des meilleurs photographes que j’aie pu rencontrer.
La Face B : Avais-tu en tête l’idée de donner à l’album une ambiance semblable à celle du cinéma ? Parce que dans certains morceaux, je sens une vibe, comme avec East End Coast, que je rapprocherais de la musique de films, avec en particulier le refrain qui est super groovy et efficace.
Joesef : J’ai toujours vu ma musique pendant que je l’écrivais, sans doute parce que je l’ai vécue. Je suppose qu’elle paraît un peu cinématique par moments, probablement du fait que c’est comme romancer des parties sombres de ma vie, comme les films le font également.
La Face B : Après tout ce travail, est-ce que tu te donnes un peu de temps pour te reposer ou est-ce que tu t’es directement mis à travailler sur quelque chose d’autre ?
Joesef : Je suis en plein dans la promotion et la tournée. Le gros du travail ne fait que commencer je pense.
La Face B : Je sais que tu lis aussi beaucoup à côté de la musique. Est-ce que tu as des lectures particulières en ce moment ? Est-ce qu’il y a des œuvres littéraires qui t’inspirent le moment venu d’écrire de la musique ?
Joesef : En ce moment je lis The Faraway Nearby de Rebecca Solnit, certaines lignes du bouquin ont réussi à me faire pleurer. Je lis parce que si tu veux être un auteur, il faut être un lecteur, et je pense que c’est vrai. Ça fait en quelque sorte s’acheminer les histoires dans ta tête, ce qui peut aussi s’appliquer au fait de raconter ton vécu. J’ai été très inspiré par le travail de Patti Smith, tout comme par les romans de Douglas Stewarts. Ils ont abordé des sujets assez brutaux de manière magnifique, en faisant un art.
La Face B : À part la littérature et la musique, est-ce que tu as d’autres choses que tu aimes faire ? Juste pour t’amuser ou alors pour décompresser ?
Joesef : Eh bien je lis beaucoup, et j’aime bien aller à la salle de sport aussi. C’est sans doute ma béquille quand je tourne. Pour le moment, je suis pas très barraqué, mais on en reparle dans un an !
La Face B : Il y a t-il des artistes ou des albums en particulier que tu écoutes en ce moment ?
Joesef : J’ai pas mal écouté les travaux ambiants d’Aphex Twin, ça me fait vraiment frissonner le cerveau, certains morceaux sont un peu trop particuliers pour moi, mais ça me renvoie à un espace agréable.
La Face B : Pour finir l’interview, est-ce que tu as peut-être un dernier mot à adresser à nos lecteurs ?
Joesef : J’espère vraiment que vous apprécierez l’album, et que vous en tirerai ce dont vous avez besoin, quoi que ça puisse être. On se voit bientôt !
La Face B : Super ! Merci beaucoup, ça a été un vrai plaisir de pouvoir discuter avec toi. À la prochaine mec, prends soin de toi !
Joesef : Merci pour ton temps, ça me fait plaisir ! On se verra quand on se verra.
Vous pouvez retrouver Joesef sur Instagram, Twitter et Facebook.
VO (Original Version, English – Anglais)
La Face B : Hello mate! Thank you so much for being here today, it’s a true pleasure. How are you doing?
Joesef : I’m doing good, having a lot of fun at the minute with everything that’s been going on.
La Face B : You released your debut album Permanent Damage last week. How do you feel about it? I guess that you are excited?
Joesef : Aye, it’s been a mad couple of weeks. I’ve been trying to stay present and feel it all as it’s happening, going well so far.
La Face B : Did you have some feedback about the album yet?
Joesef : It’s been amazing reviews so far, which is very affirming. I got to do a lot of in store record signings and meet people that had bought the album, I’ve been having the best time.
La Face B : This album, which I adore by the way, deals with heartbreaks and one that you experienced by yourself. Is it a difficult topic to evoke when it comes to writing? I mean, some people could feel some reticence about their private lives and feelings. Is this a desire of working on yourself or to deal with a universal matter?
Joesef : I think in my writing there’s always been this air of feeling like no one’s ever going to hear it, it’s quite a strange thing to do, putting all these songs out eventually that deal with really personal subject matter. I’ve always found it sort of difficult to articulate my feelings in a day to day setting, but writing helps me do that. So yeah it is really weird but it’s a way of making sense of things that fuck my head up.
La Face B : Is there some fiction in the lyrics of Permanent Damage or is it exclusively influenced by events that you went through?
Joesef : Nothing in the album is made up, I wish I could fabricate certain situations for writing’s sake but I think I’d just find it difficult to connect with the songs while singing them, or producing them. I need to care about what I’m saying.
La Face B : It could be seen as a silly question but, are you doing better today?
Joesef : I’m actually the happiest I’ve been in a long time.
La Face B : This album is preceded by two EPs, Play Me Something Nice and Does It Make You Feel Good?. Did you perceive a difference between creating an EP, and creating a whole album?
Joesef : Creating an album was an entirely different process. The first two EP’s I produced alone in my bedroom, but I had a co producer, Barney Lister, for the album. That difference aside, it was just a lot more work. There’s so much more to think about in terms of narrative, production, cohesiveness, flow etc. I found it extremely difficult, and really draining emotionally but it was the most satisfying thing I’ve ever done in my life.
La Face B : Between these EPs and Permanent Damage, there has been a significant evolution in your music. You learned a bit more about how to produce, your voice and your singing also evolved. With some step back, how do you perceive this evolution?
Joesef : I think it’s just practice, as simple as that sounds. I definitely made a conscious effort to try and better myself moving into the album process. I was writing and producing with Barney most days and I learned alot from working with him. Previously working alone there was no one there to tell me to sing harder, or push myself in unfamiliar directions.
La Face B : How would you describe the creation process of Permanent Damage? I know that you stayed a bit in The Dairy Studios in Brixton. Did you write the entire album there or was it written anywhere else?
Joesef : Most of is was in the dairy, some of the song’s I’d also written before I moved to london, like just come home with me, but we also went to another studio in the middle of fucking nowhere, no pun intended, middle farm studios. The process was fun but quite laborious at times, it takes such a mental and physical toll at times. I really don’t know how people like Taylor Swift knock albums out one after the other, I’d be dead.
La Face B : How much time did it take you to finish the album?
Joesef : Probably about a year and a half.
La Face B : You worked on the album with Barney Lister. How would you describe his role and his importance in the creation process?
Joesef : He is an amazing producer, such an ear for melodies and probably one of the nicest guys I’ve ever met. above being super talented, he just created a space for us where nothing was off the table. It was important for me coming from my bedroom in Glasgow to feel comfortable enough to be completely honest in the work we were doing together, and he made that possible.
La Face B : Are there some artists or albums that you would describe as influences for the album or in general in your music?
Joesef : Not so much direct sonic references, but just in terms of their artistry I’ve always been really inspired by Tyler the creator, and Frank ocean. They are so singular in their delivery of everything that it’s something I’ve always felt was important in my own work, the music, the videos, how everything feels and looks. Music is such a viscerally affecting thing for me, so it’s always been important to make sure it’s presented in the exact way I want it to be, they do that impeccably.
La Face B : You are starting the album tour in March. I guess that you are excited to interpret these news songs on stage?
Joesef : We have been rehearsing them, they sound fucking good i’m so excited.
La Face B : Do you have specific things that you are looking forward to about this tour?
Joesef : The venues are all bigger, which will be fun. We are putting together a proper show this time round so it feels cohesive with tha album, light’s and set’s etc… I can’t wait.
La Face B : You had to add an extra set for the release shows in London and Edinburgh. Your music is discovered by new fans everyday. How do you feel with the fact that you are starting to have a very strong fan base actually and that you are very demanded? Isn’t that a bit overwhelming?
Joesef : I’d be scared if it was the opposite. I feel very lucky to still see some growth, I’m grateful everyday for the people who have and continue to support my tunes.
La Face B : Visually speaking you have a specific and elegant universe. Was it something that you decided on your own or you followed the vision of a director to build that visual identity?
Joesef : Creating a visual language for the album was always something I’ve felt was paramount so people could see the record how I do. I’ve always had such a strong vision for the aesthetics of everything I’ve done, right down to the texture of the font’s we use. I worked very closely with the director of the music video’s Luis Hindman, in order to create a landscape that the music could be set to, as well as my manager Nathan Dunphy who is also one of the best photographers I’ve seen.
La Face B : Had you in mind the idea of giving the album kind of a cinematic mood? Because in some tracks, I feel a vibe that I would put in touch with movie music like East End Coast with especially the chorus that is super groovy and efficient.
Joesef : I’ve always seen music as I’ve written it, probably because I’ve lived it. I think it feels cinematic at times too, probably because it’s like romanticizing dark parts of my life, much the same as films do.
La Face B : After all of that work, are you giving yourself some resting time or did you immediately start to work on something else?
Joesef : I’m literally right into promo, and touring. The hard works just beginning I think.
La Face B : I know that you’re also a great reader besides music. Do you have a current reading? Are there some literary pieces that inspire you when it comes to writing music?
Joesef : I’m reading The Faraway Nearby by Rebecca Solnit right now. Some of the lines in it have made me cry. I read somewhere that if you want to be a writer you need to be a reader, and I do think that’s true. It sort of trains the narrative in your head, which can be applied to telling your own stories. I’ve been really inspired by Patti Smith‘s writing, as well as Douglas Stewarts’ novels. they have discussing quite brutal subject matter in a beautiful way down to an art.
La Face B : Apart from literature and music, do you have things that you like to do? Just for fun or to decompress?
Joesef : Well I read a lot, I like the gym as well. That’s probably my crutch when I’m doing all this traveling. Currently not a muscle man but catch me in a year.
La Face B : Are there any specific artists or albums that you are currently listening to?
Joesef : I’ve been listening to Aphex Twin‘s ambient stuff, they really make my brain tingle, some of it is a bit much but it sends me to space in a nice way.
La Face B : To finish the interview, do you maybe have a final word to say to our readers?
Joesef : I really hope you enjoy the album, and can take from it whatever it is you need right now, if anything at all, see you soon!
La Face B : Marvelous! Thank you very much man, it’s been a true pleasure to be able to talk with you. Cheers mate, take care!
Joesef : Thanks for your time, appreciate it! See you when I see you.