À quelques jours de leur concert à l’Olympia et à l’occasion de la sortie de 1997, on vous partage notre échange avec les Kids Return. Ce groupe, porté par l’histoire de deux amis sincères et passionnés, nous mènera sur le chemin des liens qui nous unissent les uns aux autres, au fil du temps qui passe.

Face B : Je voulais commencer par vous demander comment vous vous sentez à une semaine de la sortie de 1997, votre nouvel album. Est-ce que vous avez un mot pour décrire votre état d’esprit ?
Adrien : On est très.. Un mot pour décrire notre état d’esprit ? Heureux, je pense.
Clément : Moi personnellement je me sens léger. Parce que c’est comme s’il y a une sorte de mission accomplie. En même temps, quand j’écoute le disque, je suis hyper fier. Même si au final, tu vois, on est quand même dans une période où tous ces moments-là sont un peu désacralisés, dans le sens où ce n’est pas comme avant. Où tu voyais des centaines de milliers de disques, maintenant ça “stream”, c’est un peu un monde différent. Donc tu t’en rends un peu moins compte, et en même temps, quand même, je trouve que ça reste un peu mystique. Le jour où tu sors un disque, il y a un truc où t’es en mode « bon, maintenant c’est là et c’est là pour toujours ». Je me sens léger, comme si j’avais accompli une sorte de mission et que j’étais prêt pour la suite.
La Face B : 1997 c’est votre second album, après Forever Melodies, qui est sorti en 2022. C’est un titre court, efficace et qui correspond à la fois à la sortie du film en France de Takeshi Kitano. C’est bien ça ? Qui vous a inspiré pour le nom du groupe.
Adrien : Exactement.
La Face B : Et c’est aussi votre année de naissance, si je ne me trompe pas.
Adrien : Oui. C’est une année qui, pour nous, avait du sens dans la mesure où c’est notre année de naissance à tous les deux. Donc ça témoigne aussi d’un côté un peu “frères” qu’on a aussi, enfin frères jumeaux. Aussi amis depuis qu’on est petits et on a grandi ensemble. On a évolué un peu parallèlement avec nos vies, qui ont été un témoignage de celle de l’autre, etc. Mais aussi un partage de références qu’on a eu ensemble pendant plusieurs années.
Évidemment la date de sortie de Kids Return en France, il est sorti en 96 au Japon et en 97 en France. Puis aussi, évidemment, 97 c’est le tout début, c’est le premier album de Daft Punk et le premier EP de Air. C’est aussi la britpop vraiment au moment où elle est à son apogée. Il y a l’album de Blur qui sort à ce moment-là. Radiohead, ils font OK Computer. The Verve ils sortent Urban Hymns. C’est la musique qu’on écoutait quand on s’est rencontrés, quand on était au collège. Du coup ça avait un sens pour nous, d’appeler l’album comme ça, c’était assez évident en fait.
La Face B : Ok, et donner un nom c’est aussi mettre en avant le fil rouge du projet. Est-ce que 1997, c’est faire un bond dans le temps, ou au contraire être un miroir de votre génération maintenant, au présent ?
Clément : Je ne saurais pas te dire. Je crois qu’on n’est malheureusement pas aussi intelligents que ça. *Rires. On n’a pas autant réfléchi à ça. Tu sais, nous, on fonctionne quand même beaucoup aux évidences. Un jour, Adrien m’a dit, ça serait cool qu’on appelle le disque comme ça. Au bout d’un moment, on commençait à avancer dans la production de l’album.
Finalement il y a un peu des deux choses que tu as dit. Je crois que c’est aussi un peu un marqueur personnel où on se dit, il y a un peu de notre date de naissance, maintenant c’est ça. C’est nous, notre vie et notre époque. Mais je crois qu’on a plus trouvé ce nom comme un geste, comme un rapport à notre amitié et à notre enfance, où on a eu la même, on a grandi ensemble.
La Face B : Par rapport à Forever Melodies, où il y avait aussi déjà ce rapport au temps et à un sentiment assez nostalgique. Comment vous pourriez définir l’évolution entre les deux albums ? Que ce soit dans la musique ou dans les thèmes ?
Adrien : Je pense que oui, on a toujours ce rapport au temps. Dans Forever Melodies, il y avait ce côté aussi assez intemporel et immuable un peu de la mélodie, qui est pour toujours. Dans 1997 on a un peu cette même idée, qui est aussi en lien avec les Kids Return, le nom. Ce côté un peu aussi enfantin d’aller de l’avant mais de repartir toujours aussi de la base, de tout ce qui est lié aux souvenirs, à la nostalgie, etc.
Je pense que dans cet album-là, un peu de manière naturelle, on a fait quelque chose qui est un peu plus rock, qui va un peu plus droit, droit au but, droit à l’émotion. Sans vraiment théoriser en fait. C’est ce qu’on avait fait aussi pour le premier album. Garder quelque chose d’assez naïf et ouvert.
La Face B : Sur le premier album, vous faisiez surtout de la musique en analogique. C’est quelque chose que vous défendiez. Est-ce que c’est toujours le cas sur celui-ci ?
Clément : C’est toujours le cas et ce sera toujours le cas. Parce qu’on est quand même inspirés par les instruments, tu vois. En même temps, par contre, à l’inverse du premier album, on avait mis ça comme un cadre, on fait seulement comme ça. Là, c’était pas comme un cadre. C’était plutôt on fait de la musique comme ça, mais par contre, si ça sonne mieux un violon sur l’ordi.. On était plus dans un truc sincère de “Qu’est-ce qui est mieux dans le résultat ?”. On a besoin en tout cas d’être avec des machines, et des vrais instruments, des guitares.
La Face B : Vous trouvez que ça apporte autant de contraintes que de libertés, musicalement, de commencer par de vrais instruments ?
Adrien : Oui, parce qu’on a vraiment le sentiment de jouer de la musique. Le verbe “jouer”, dans le sens où on a nos instruments, nos guitares, nos claviers, etc. Il y a aussi vraiment un côté où on s’amuse.
Clément : Il y a un aspect physique en fait. Entendre le son direct, en fonction de comment tu touches. Le son qui résonne dans la pièce, c’est pas pareil qu’être sur ton casque avec un clavier qui est connecté à ton ordi, à ta chaise un peu pliée comme ça. Moi j’aime bien qu’on puisse être debout, allongé, assis. Que la guitare, si on la joue dans le côté gauche de la pièce, ce n’est pas pareil que dans le côté droit. En fonction de là où on regarde, ça nous fait pas faire le même accord après. C’est quand même des trucs qui sont directement répercutés dans nos chansons. Donc oui je pense que c’est autant de contraintes que de libertés, carrément.
La Face B : Est-ce que vous commencez par écrire les paroles ou la mélodie c’est la trame des morceaux, et après vous ajoutez les paroles ?
Adrien : Je suis sûr que tu peux deviner.
La Face B : ..vous commencez par les paroles ?
Adrien : On commence par quoi ?
La Face B : Moi, je pensais qu’on commençait par la mélodie plutôt, et qu’ensuite on y collait les paroles.
Adrien : C’est exactement ce qu’on fait.
La Face B : Ah, mais l’inverse existe aussi !
Adrien : Bien sûr, ça existe l’inverse. Mais nous on a vraiment, comme disait aussi Clément, le fait de trouver les mélodies avant, de trouver l’émotion un peu primaire de la musique. En fait une partie du texte vient de manière assez naturelle avec les mélodies. Ça veut dire que les mots viennent, habillent la mélodie. Si tu changeais le mot, la mélodie ne serait pas la même, je pense aussi. Ensuite, tout le reste, le sens du texte, etc., c’est vraiment quelque chose où on passe beaucoup de temps mais qui vient, on va dire, un peu après avoir composé la mélodie.
La Face B : Au niveau du procédé, vous habitez à Paris, mais est-ce que vous composez tout à Paris ou à l’extérieur ? Comment est-ce que vous fonctionnez ?
Adrien : Ça dépend. On a fait quelques morceaux ici, dans notre studio à Paris. Et certains morceaux ont été composés à la montagne, dans les Pyrénées, dans une maison qui est vraiment perdue dans un cirque de montagne.
La Face B : Moi je viens des Pyrénées, alors peut-être que je connais …
Clément : Tu viens d’où ?
La Face B : De Pau.
Clément : Alors c’est vraiment pas loin !
*La destination exacte restera confidentielle, pour protéger l’intimité des artistes et la douce tranquillité des lieux. Nous sommes certains que vous comprendrez. Cependant rien ne vous empêche d’aller découvrir les Pyrénées, qui sait peut-être y croiserez-vous un ours, ou les Kids Return …

Adrien : En tout cas on fait de la musique là-bas, dans notre studio aussi, et puis pour enregistrer des musiciens : on a enregistré des violons, et un gospel aussi sur certains morceaux, au studio Saint-Germain. On avait vraiment une plus grande pièce. Donc en fait ça s’est fait entre trois endroits, la maison dans les Pyrénées, notre petit studio à nous à Paris, et le studio Saint-Germain.
La Face B : Donc vous avez travaillé avec d’autres musiciens sur cet album ?
Adrien : On a fait beaucoup de trucs nous deux, et on a pu enregistrer des musiciens pour faire certaines batteries, des basses, des guitares et des cordes. Et des percus d’ailleurs aussi, avec un percussionniste qui s’appelle Abraham Mansfeld, qui est le percussionniste de Rosalia.
La Face B : Ok, waouh, c’est un peu la classe ! Sur quel morceau ?
Adrien : Il les a faites sur Who Knows? en particulier.
La Face B : 1997 c’est un album de dix morceaux qui parle de rêve, d’amour, d’amitié, de souvenirs, de liberté. Est-ce que j’ai oublié des choses ?
Adrien : Ouais, exactement. Du temps qui passe, et du temps qui va trop vite. Oui c’est ça, se défaire du temps aussi.
La Face B : Pour le coup, je l’ai trouvé un peu plus rock que le premier album, et pourtant il y a toujours ce rapport, cette confrontation entre des sentiments qui peuvent être contraires.
Par exemple, il y a des morceaux très lumineux et apaisés comme All Yours Now ou So Good Alone, ou même Welcome To My Life. Pourtant dans le propos, All Yours Now et So Good Alone s’opposent un peu. Ma question c’est est-ce qu’il y a une forme de désillusion ? Est-ce qu’on est bien seul, ou est-ce que c’est triste ?
Adrien : Non, justement, c’est ça que le morceau essaie de dire. Je pense que dans la pochette, la cover de l’album raconte bien ça. Elle raconte ce sentiment à la fois de mélancolie mais aussi de tendresse, et de, comment dire, pas de confort mais d’un truc un peu apaisé. De rêverie qui est parfois liée à une forme de douleur, mais aussi de quelque chose qui rassure.
Le morceau All Yours Now parle d’un coup de foudre, du moment où on tombe amoureux et on a envie d’être tout pour l’autre. Alors que le morceau So Good Alone, on pas voulu raconter quelque chose lié à une histoire d’amour, mais plus à un désir de parfois un peu s’isoler. Parfois être seul quand les choses ne vont pas, c’est aussi un moyen d’aller mieux. On le dit pas souvent, c’est pas un thème méga utilisé dans la pop culture, le fait de dire “je suis bien tout seul”. Du coup c’était assez bien de parler de ça. Et oui ça s’oppose un peu à All Yours Now, mais c’est des phases différentes d’une année, d’une vie. Ça peut toucher des personnes différentes, je pense. Cette complexité-là, on a essayé de la représenter dans la cover de l’album.
La Face B : Est-ce que c’est quelque chose à quoi vous pensez maintenant en grandissant, et que vous n’auriez pas pu dire il y a trois ans ?
Clément : Ouais, je pense. Et dans trois ans on dira forcément encore un peu autre chose. Il y a juste des thématiques qui restent, tu vois. Comme notre rapport au temps, on se répète un peu quand on dit ça, mais c’est vrai que le morceau So Good Alone, on aurait jamais pu l’écrire il y a trois ans.
Adrien : Oui je pense pas non plus.
Clément : C’est un morceau qui vient aussi après une période où on a vu vraiment beaucoup de gens, on a fait beaucoup de choses. Je pense qu’on a eu envie de parler de ça, même si ça ne nous représente pas directement. Il y a des morceaux où on peut aussi imaginer un personnage et se mettre dans la tête de quelqu’un, mais c’est quand même des émotions pour pouvoir les imaginer il faut les avoir approchées un tout petit peu. Je pense que So Good Alone il y a trois ans, on était dans l’inverse de ça typiquement.
La Face B : Sur Perfect Lover, par exemple vous chantez “the perfect lover doesn’t exist”, et pourtant c’est un morceau hyper doux et quelque part joyeux. Est-ce que c’est un peu la même idée qui ressort ?
Adrien : Oui je pense, c’est l’idée de jouer sur une forme de complexité. D’ailleurs, il s’appelle Perfect Lover, donc quand tu regardes le mot tu te dis que ça va parler de.. mais le morceau dit “perfect lover doesn’t exist”. Donc c’était une forme d’ironie, de sarcasme de dire ça dans cette chanson, avec les cœurs derrière qui sont un peu cool, tu vois.
La Face B : Un peu balade.
Adrien : Oui. En fait quand tu arrives, sur le moment où il y a un pont, un son de guitare un peu enragé, c’est jouer sur cette dualité des émotions justement.
Clément : C’était aussi parler du fait qu’un amour sain et une histoire d’amour, c’est pas parfait, mais c’est pas ça qu’il faut rechercher en fait. La perfection c’est quand même toujours finalement assez mauvais et assez destructeur. C’est plutôt l’idée que ça va, ça va pas. Et c’est un morceau qui peut parler autant à des gens qui se sont séparés, en mode “c’est pas grave, en gros t’en trouveras un autre”, qu’à des gens qui sont ensemble et qui peuvent à des moments aussi traverser des phases. Ça veut un peu dire “mais en fait, on s’en fout, c’est pas grave, ça dépend des moments”. Pareil, c’est typiquement un morceau qu’on aurait pas forcément pu écrire il y a 3 ans, en ayant juste vécu.
La Face B : Je pensais en parler plus tard, mais pour le coup, il y a un morceau qui parle du temps, qui s’appelle Time to Time. Donc, vous êtes nés en 97. Est-ce que vous vous considérez un peu comme des jeunes adultes, où l’adolescence et le passé ne sont pas si loin. Et en même temps, il y a quelques idées qui sont plus matures dans notre tête.
Adrien : Je n’arrive pas à savoir, je pense. C’est dur de répondre. En fait, dans le premier album, on parle aussi beaucoup du passage, un peu de l’enfance à l’âge adulte et des désillusions que tu commences à avoir sur plein de choses, etc. Je pense que là, c’est un peu ce qu’on est aussi aujourd’hui. On est différent de ce qu’on était il y a deux ans et demi, mais en même temps on est quand même aussi un peu toujours les mêmes. C’était il n’y a pas si longtemps, donc il y a des thèmes où on est allés un peu plus loin, et d’autres qui sont des nouveaux thèmes. Comme là, on en parle justement avec So Good Alone par exemple.
C’est un album qui parle un peu de ça, de l’adolescence, de l’enfance et de nos émotions, aujourd’hui. Mais est-ce qu’on a vraiment théorisé le fait de dire qu’on a 27, 28 ans, et là on devient adulte ? Je ne sais pas. Je pense que l’idée aussi, c’est de dire qu’on a envie de rester toujours des enfants. C’est un peu ça le message.
Ce n’est pas se dire « Allez, on est des enfants, maintenant on est des adultes. On va parler de vrais thèmes.” Non c’est plutôt on rentre dans un monde d’adultes, mais en fait est-ce qu’on n’est pas tous, au fond de nous, des enfants qui veulent rester des enfants ? Enfin des enfants qui deviennent, on va dire adultes, mais qui veulent rester des enfants.
La Face B : Oui je comprends. Donc le rapport au temps, c’est pas forcément quelque chose qui vous angoisse, au contraire ?
Adrien : Un peu, quand même.
Clément : Ça nous a beaucoup angoissé, un peu moins maintenant. Bizarrement, plus on prend de l’âge, moins ça m’angoisse. Parce qu’on fait des choses qu’on aime et qu’on fait quand même beaucoup de trucs. Donc plus t’as à venir dans un sens, moins c’est angoissant je crois. Quand même ça angoisse tout le monde je pense, en vrai.
La Face B : Oui, sûrement.
Clément : Ça a l’air de t’angoisser en tout cas. *Rires.
La Face B : Oui un peu. De ne pas savoir, mais en même temps, je me sens bien plus libre qu’il y a quelques années.
Vous avez aussi des morceaux qui parlent de l’amitié. Je crois qu’un de mes morceaux préférés de l’album c’est My Hero, qui est à la fois sombre et très lumineux. C’est un hommage à un de vos proches ?
Adrien : Oui. En fait c’est un ami à nous qui a perdu quelqu’un pour lui qui était très proche. Qui était comme son père ou son parrain, récemment. On a fait ce morceau en toute fin de processus de création de l’album. Ça s’est fait de manière très intuitive, assez naturelle et rapidement. Le texte a jailli comme ça. C’était le dernier morceau qu’on a fait dans l’album. Ça parle justement de dire au revoir à quelqu’un pour qui on avait à la fois beaucoup de fascination, de l’admiration et une amitié très proche, comme un mentor un peu.
La Face B : Et être toujours lié à lui par les souvenirs et la mémoire ?
Adrien : Exactement. C’est un peu ça, de dire tout ce que tu m’as appris je le ferai perdurer tant que je peux.
La Face B : Il y a un autre morceau qui parle aussi d’amitié, sur lequel vous avez réalisé un clip qui s’appelle Teenage Dreams. Pour le coup il est très contrasté, il y a vraiment deux parties. Est-ce que vous pouvez m’expliquer cette histoire d’amitié qui n’a pas l’air si simple ?
Adrien : En gros Teenage Dreams c’est une chanson qui parle d’une histoire d’amitié brisée. Avec un ami d’enfance, où on avait un peu les mêmes rêves, les mêmes envies, quand on était enfants, et au final, il y a un peu eu une désillusion. Justement le morceau parle de ça. Au début, c’est vraiment sur un ton un peu battle. C’est fait exprès, le côté sarcastique des paroles.
La Face B : Oui le ton de la première partie, il est plus énervé et il y a un peu de rengaine.
Adrien : Exactement, c’est exactement ça. Après on part sur la deuxième partie, qui est beaucoup plus sur quelque chose d’apaisé, mélancolique, sentimental. Un peu plus sur un truc de rédemption, tu vois. C’était vraiment cette idée, c’est un morceau en deux parties. On trouvait que c’était cool dans l’album d’avoir quelque chose comme ça.
En fait toute la première partie, à la base, c’était une boucle de clavier qu’on utilisait pour notre concert de la première tournée. C’était une intro de concert. Finalement on a tellement aimé la faire qu’on s’est dit qu’on allait l’enregistrer. Ça faisait un peu trop 70’s Supertramp, qui n’était pas forcément les refs qu’on avait envie d’avoir dans l’album. C’était un peu trop emprunté. Puis au final, le texte est arrivé comme ça. La voix est arrivée à ce moment-là. Puis on est partis dans une autre direction de production. La deuxième partie est arrivée naturellement pour le coup, en lien avec le texte.
La Face B : Ok, je comprends. Dans la deuxième partie, cet ami, vous lui en voulez un peu moins. J’ai l’impression que c’était plus pour exprimer le manque.
Adrien : Oui c’est beaucoup plus ça. On a pris des chemins différents, mais c’est la vie. Et je t’aimerais toujours, mais c’est mieux comme ça.
La Face B : Du coup ça me permet de rebondir sur Kids Return, entre vous c’est aussi une histoire d’amitié. Est-ce que parfois ça vous arrive de ne pas être d’accord ?

Adrien : Ça nous arrive d’être pas d’accord, mais comme on est amis on arrive à bien se le dire et à se parler. En fait c’est ça la force aussi de quand tu fais des choses avec tes amis, c’est de pouvoir se dire les choses et faire en sorte de se comprendre, même si on n’est pas d’accord sur tout.
La Face B : Vous avez un peu chacun un rôle ? Ça s’interchange ?
Adrien : Nos rôles s’échangent un petit peu. On est quand même très complémentaires, donc c’est cool. Mais on a quand même un peu chacun.. On va dire que, avec cette expression anglaise, je vais un peu plus mettre le starter et Clément le côté finisher.
La Face B : Le côté comment ?
Adrien : Finisher.
La Face B : Ok. *Rires
Adrien : C’est un peu nul comme mot. C’est pour dire je vais parfois apporter un peu plus les bases des morceaux, les mélodies au départ. Je vais vraiment lui confier un peu ça, et lui il va en faire quelque chose. Il y a un peu ce côté où Clément va plus avoir l’âme du producteur et moi l’âme du compositeur, dans l’idée.
La Face B : Par rapport à Teenage Dreams, le clip a été réalisé par Alice Gariépy. Elle a mis en lumière cette histoire. On connaissait déjà votre goût pour le cinéma, est-ce qu’il y a des films récents ou anciens qui vous ont inspiré pour cet album ?
Adrien : Alors oui mais dans cet album-là on s’est moins plongés dans un univers cinématographique que pour le premier par exemple. C’est vrai que pour le premier album, on avait vraiment vu tous les films de Kitano, on avait regardé beaucoup de films d’Antonioni. On s’était aussi replongés dans le travail de Wong Kar-wai avec Clément. En fait cet album-là est quand même plus emprunté par une énergie live, une énergie tournée, une année de concerts et musicale, plutôt qu’une année où on a vraiment regardé des films ensemble pour le coup.
La Face B : D’accord. Mais il y a quand même beaucoup de références à des morceaux de votre année, enfin de votre enfance.
Adrien : Dans cet album, ouais. Pour le coup en termes de morceaux on s’est beaucoup plus replongés dans les disques qu’on écoutait quand on avait 14 ans. C’est-à-dire des Arctic Monkeys, The Strokes, mais aussi The Clash, et des groupes de rock anglais. Des groupes qu’on écoutait quand on s’est rencontrés avec Clément, qu’on avait un peu délaissé sur le premier album.
La Face B : S’il y a plus cette dimension de tournée, de live sur cet album, est-ce que vous avez des dates à annoncer pour les lecteurs de La Face B ?
Adrien : Carrément, là on joue à l’Olympia le 14 mai à Paris. On joue à Lyon au Sucre le 9 mai, à Montpellier au Rockstore le 11 mai et aux Nuits Botanique à Bruxelles le 21 mai.
La Face B : D’accord, mais pas dans les Pyrénées ?
Adrien : Non, pas dans les Pyrénées. Enfin peut-être dans un bar, mais dans une petite ville des Pyrénées, super, où on connaît un gars qui aimerait nous faire jouer.
La Face B : Ok, et est-ce que vous avez peut-être un morceau fétiche de l’album ou un qui représente le mieux votre univers ?
Adrien : En ce moment, on a chacun un morceau un peu fétiche. Pour Clément My Hero c’est le morceau qui lui parle le plus en ce moment, et je pense que c’est aussi un truc un peu personnel. En fait, à part la voix, toute l’instru c’est un truc qui a jailli comme ça en lui de manière assez naturelle, justement par rapport aussi à ce moment où on a perdu cet ami.
Moi pour ma part, c’est vrai que le morceau The Seattle Boat, c’est un morceau que j’aime beaucoup chanter en concert. Parce que j’aime beaucoup les paroles et j’aime bien interpréter, donc c’est une chanson qui me touche tout particulièrement.
La Face B : The Seattle Boat c’est aussi le dernier morceau de l’album, où vous parlez surtout du rêve, mais également d’un nouveau départ. Pour le coup, il est très doux, est-ce que c’est un peu une conclusion vers le futur, une manière de fermer l’album ?
Adrien : Ouais, on sent que c’est un nouveau départ, que c’est un peu une forme de fuite en fait, une fuite de plein de choses, de prendre le large. On trouvait que le mettre en dernier, ça avait vraiment du sens. C’est comme si tu prends la barque et tu t’en vas vers encore un autre monde.
La Face B : Comment vous voyez le futur pour votre génération et pour les Kids Return en général ?
Adrien : C’est difficile comme question. On espère que dans le futur, déjà les gens vont apprendre à être plus tendres les uns avec les autres, à plus s’écouter aussi, s’écouter soi-même et écouter les autres. Je pense qu’on a besoin de plus d’écoute et de plus de tendresse.
La Face B : Et pour vous ?
Adrien : Nous en tout cas là on est très heureux d’avoir sorti l’album. On a hâte de tourner, d’aller rencontrer les gens et de discuter avec eux, comment ils ressentent les choses. C’est un peu un moment important pour nous de jouer les morceaux en concert, rencontrer les gens qui ont aimé l’album, qui nous parlent de leurs sentiments, etc. C’est aussi pour ça qu’on le fait. Je pense que l’année va être faite de rencontres avec des superbes personnes.
La Face B : Oui c’est comme si la première étape c’est la sortie de l’album et la deuxième c’est la tournée, comme un deuxième accomplissement.
Adrien : Exactement, oui.
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