Le lien entre musique et danse tient de l’évidence. Cependant, si la danse peut difficilement vivre sans musique, il est plus simple pour la musique d’évoluer sans son alter ego mouvant. De plus, lorsque l’on s’intéresse à un album centré sur un instrument comme le piano, il n’est pas rare de tomber sur des pièces peu dansantes. C’est pourquoi le virtuose Japonais Koki Nakano a décidé de remettre l’église au centre du village, en proposant un album plus que jamais dansant : Pre-Choreographed.
Après un premier album réalisé en collaboration avec Vincent Segal au violoncelle, le pianiste installé à Paris nous propose un deuxième disque, fragment d’élégance et d’émotion qui nous emmène dans les contrées du mouvement du corps humain. Bien qu’assez court, il explore une multitude de syncopes et de décalages tout au long de ses onze titres. Ce qui est profondément marquant avec cette oeuvre, c’est que l’on a très facilement tendance à imaginer une chorégraphie contemporaine, propre cependant à chaque auditeur, un peu à la façon dont chaque lecteur pourrait se représenter un lieu ou un personnage décrit par une personne écrivant un roman. Cette appropriation permet à chacun d’habiter les morceaux présentés de ses propres émotions, ce qui est d’autant plus intéressant qu’il est souvent difficile de déterminer l’émotion dominante d’un morceau. Mélancolique ? Joyeux ? À vous de voir, la seule caractéristique évidente étant l’aspect dansant de chaque titre.
Pre-Choreographed est donc un hymne, un hommage à l’art de la danse. Ses arrangements sont fluides et subtils, quelques effets de productions et instruments annexes viennent enrichir très pertinemment des compositions qui explorent avec brio l’essence du piano. On apprécie notamment la richesse des variations rythmiques qui ponctuent l’écoute, amenant une accélération progressive dans Near-Perfect Synchronization puis un relâchement plein de sérénité dans Choreographed Mollusks, titre enrichi de quelques notes électroniques, qui nous rappellent par moment le travail de Nils Frahm.
Par ailleurs, Near-Perfect Synchronization fut le titre porté à l’image qui nous a le plus marqués, dans une réalisation signée Benjamin Seroussi et mettant en scène le chorégraphe et danseur Amala Dianor. Train-Train et Bloomer ont également eu la chance de passer entre les mains du réalisateur et on ne peut que vous conseiller d’aller vous régaler de son travail à l’image. Et de danser, bien entendu.