Parfois, il est plus facile de s’adresser directement à un artiste pour parler de sa musique. Aujourd’hui, notre lettre se transforme en vaisseau de papier et décolle vers La Lune pour retrouver Poppy Fusée.
Paris, le 05 octobre,
Quand Le Soleil prend rendez-vous avec La Lune,
Coucou Poppy, j’espère que tu vas bien. Ici tout roule, ce qui a tendance à me rendre étrangement inquiet. Je te confie ça car j’ai l’impression que tu peux le comprendre, ces moments où l’on se méfie un peu trop du calme et du sourire qui se met automatiquement sur le visage.
Enfin, je te dis ça, mais d’un autre côté, ta musique me met dans un état d’apaisement depuis quelques temps déjà. Je suis du genre à ne penser que rien n’est dû au hasard, et le fait que La Lune trouve le chemin de nos oreilles aux prémices de l’automne est tout sauf une coïncidence.
Alors que les températures déclinent et que les feuilles de l’arbre que je regarde depuis ma fenêtre passent doucement du vert au jaune, ton premier EP trouve toute sa place. Tout d’abord car on a besoin en ce moment de trouver de la chaleur ailleurs et que je ne suis pas un grand fan des cols roulés (désolé Bruno …) et surtout parce que pour moi cette première collection de morceaux colle parfaitement à l’idée de transition.
En tout cas, je l’imagine comme ça. Peut-être que je me trompe et j’espère que tu me le diras. Mais pour moi, tes chansons et la façon dont elles sont placées ici ont tout du voyage intime, du voyage pour te recentrer et te découvrir pleinement.
Je disais récemment, un peu comme une blague, que ta musique est l’antithèse du sport collectif. Contrairement à lui, le rond central n’est pas un lieu de départ, mais une destination d’arrivée et le chaos du monde s’y passe avant et pas après. La Lune, pour moi, c’est ta quête pour trouver ce petit coin de chaleur intérieur dans lequel tu as envie de vivre et créer, et ce qui est à la fois beau et passionnant, c’est que de ce petit embrasement personnel, tu tires un feu qui réchauffera toutes les personnes qui t’écoutent, et qui trouveront dans ta musique de quoi animer le leur.
Finalement, de la transition à la transmission, il n’y a qu’un petit pas que tu franchis allègrement pour aller te lover dans le cœur de chacun, le mien en premier.
J’ai tendance à être beaucoup trop dans l’émotion, on ne me changera pas, mais tout ce que je dis s’explique si l’on regarde un peu l’enchaînement des titres qui fondent cette aventure vers La Lune.
Il y a d’abord Pesanteur, ce morceau avec lequel tu étais apparue dans nos existences. Une missive anglaise à la douceur contagieuse, à la beauté organique qui nous étreint comme un câlin. Ce sera le seul morceau dans la langue de Shakespeare et il joue un peu le rôle de la fin d’un chapitre. C’est un morceau qui t’es cher, tu l’as avoué à de nombreuses reprises, mais c’est aussi un morceau qui, dans mon esprit, signifie la fin de quelque chose. S’il est placé à cette place, c’est aussi pour jouer le rôle de transition (tiens tiens, encore elle) par rapport à ton passé. C’est une sorte de lettre à toi-même, à celle que tu aimerais être, que tu as envie de retrouver et qui se retrouve face à toi dans Océan. Une rencontre aquatique et surnaturelle avec ton toi déformé par l’onde de l’eau, un morceau quelque peu inquiétant au départ mais qui trouve sa lumière à mesure qu’il remonte à la surface.
Les nappes synthétiques grandissent et s’envolent alors que tu te laisses respirer, que tu analyses et prends le recul nécessaire sur ce que tu es, sur les éléments de ta vie, là aussi comme pour leur dire adieu. Ils ne te quitteront jamais vraiment, mais ce n’est plus eux qui te définissent.
Apparaît alors La Lune, à sa place évidente : centrale. Un point d’accroche, un lieu de gravitation pour les autres morceaux. C’est aussi celui où tu t’autorises l’utilisation de percussions plus imposantes et rythmiques, comme un cœur qui s’emballe. Ce morceau, c’est ton plus rêveur, le plus épique, mais il parle aussi de ce besoin de se recentrer sur le terrestre, de trouver sa place dans la normalité et garder les pieds sur terre, même si bien souvent les esprits sont dans les étoiles.
Titanic débarque alors. Je voulais te féliciter, car désormais je pourrais dire “oui, j’adore Titanic” ce que je ne pensais pas possible un jour. Surtout, c’est un morceau qui montre ta façon d’envisager tous les détails. Bien sûr, ce morceau est un miroir évident d’Océan, que ce soit dans le rappel des thématiques aquatiques que dans ce jeu de miroirs au passé.
Si Océan permettait à Poppy de s’adresser à son passé, Titanic fait l’effet inverse. Comme une cassette que l’on retourne et qu’on relance, comme le laisse entendre le début du morceau (les détails encore et toujours). Il y a un vrai côté juvénile dans ce morceau, un appel au passé qui moi me touche particulièrement, car il fait vivre à nouveau certaines idées chez moi et, tout comme toi, me permet de voir le chemin parcouru.
Et puis, tu crois qu’il y a quoi après ? L’amour bien sûr. Paranormal est sans doute une des plus belles chansons d’amour que j’aie écoutées récemment. C’est drôle, car après toutes ces aventures oniriques, la fusée revient sur terre. Ce morceau, cette petite pastille de bonheur, tu la colles parfaitement au réel, au monde qui est actuellement le tien.
Cet EP, c’est un voyage où tu prends les gens par la main. Surtout, il faut le dire, c’est un EP qui se baigne dans la bienveillance, et pour ça aussi, des remerciements sont nécessaires. À une époque où le négatif nous envahit, où les pensées sombres envahissent notre quotidien et où on nous rabâche que l’avenir est noir et désespéré, la Fusée Poppy perce le ciel pour nous ramener du soleil et du bonheur. Sans doute que tu n’en as pas conscience, mais pour moi, ta musique est la solution à beaucoup de maux actuels.
Alors je vais te laisser, et je vais retourner pleurer, en écoutant … Poppy Fusée.
Charles
PS : j’ai quand même hâte de te retrouver pour te battre au rami 🙂