La Sécurité : « ne pas trop réfléchir, tout lancer et ensuite recadrer un peu »

C’est lors de leur dernière date d’une immense tournée européenne qu’on s’est posé avec Éliane et Félix de La Sécurité. L’occasion de parler avec eux de ces quarante dates, de la création du groupe, de la façon dont ils créent leur musique à cinq, du chant en français et en anglais, d’écriture et de remix.

La Sécurité (portrait)
Crédit photo : David Tabary

La Face B : Comment ça va?

Éliane : Ça va bien et toi?

Félix : Ça va fatigué, un peu! On est en tournée depuis 7 semaines, c’est notre 39ème concert ce soir. Il y a toute la fatigue accumulée de ça, mais en même temps ça a été une expérience magnifique. 

Éliane : Vraiment! Ça a été vraiment le fun de rencontrer les gens un peu partout, de découvrir plein de places, manger plein de bonnes choses…

Félix : Plein de pays, plein de bouffe différente. 

LFB : Vous avez visité toute l’Europe, en fait?

Éliane : 9 pays! J’ai compté. J’inclus l’Écosse là-dedans, le Pays de Galle, le Pays Basque… 

LFB : Pour un projet qui s’est formé pendant le confinement et une période d’inactivité, comment vous avez vécu ce rush assez intense de scène? 

Félix : Personnellement, c’est ma première expérience d’une tournée avec autant d’envergure en autant de temps. Je pense que c’était une première un peu pour tout le monde. Même pour Laurence-Anne qui a son projet, Mélissa qui a beaucoup de tournée derrière la cravate, toi (ndlr : Éliane) aussi qui a quand même fait le Canada des deux bords… Moi, j’ai fait les deux côtes des États-Unis avec Choses Sauvages mais je n’ai jamais fait autant d’un trait. C’était particulier à faire, quand même.

Éliane : 7 shows et ensuite une journée d’off et ainsi de suite. Ça a été ça.

Félix : Mais pour répondre à ta question, je pense qu’on a répondu avec ton « Comment ça va? » (rires).

LFB : C’est la preuve aussi que le groupe vit bien. Réussir à survivre 7 semaines ensemble sur 40 dates, ce n’est pas rien.

Éliane : On s’aime tous.tes encore! C’est super.

Félix : C’est une grosse famille. C’est tous des vieux potes. On a beaucoup de respect pour les projets respectifs de chacun.e pis c’est des gens qu’on côtoie dans la vie de toute façon. Ça ne change pas grand chose, on irait faire un roadtrip ensemble de toute façon.

Éliane : Ou l’apéro. Dans le fond, on fait l’apéro à tous les jours avec nos ami.e.s! (rires) Mais c’est mon amoureux aussi (ndlr : Félix), alors je m’ennuie moins de la maison parce qu’on est ensemble.

LFB : Le groupe a des chansons en français mais il y a beaucoup de chansons en anglais. Est-ce que vous avez l’impression qu’il y a une réception et une attention différente du projet ailleurs, par rapport à Montréal où la scène est majoritairement francophone?

Félix : C’est pas tout à fait vrai ça je pense, pour Montréal.

Éliane : Il y a toujours eu le boulevard Saint-Laurent qui sépare la ville en deux. Il y a le côté anglophone à l’ouest de Saint-Laurent et le côté francophone à l’est. Bien sûr, ça change un peu. Moi, j’ai grandi dans l’ouest canadien pis tous.tes les musicien.ne.s déménagent soit à Toronto, soit à Montréal, soit à Vancouver… Ils s’installent dans une sorte de scène incubatrice…

Félix : Microcosme-ish

Éliane : J’ai des amis comme par exemple Mac DeMarco ou Peter Sagar de Homeshake, c’est du monde de ma ville natale qui ont déménagé à Montréal et c’est là qu’ils ont fait leurs dents, un peu. Le fait qu’on chante dans les deux langues, ça fait juste qu’on a accès à plus de monde.

Félix : On a accès aux deux côtés de la ville en fait, j’ai l’impression. Je pense que la barrière de la langue est de toute façon moins en moins vraie avec Internet aujourd’hui. Je pense que les gens consomment, pis moi le premier, de la musique dans n’importe quelle langue. Ça ne veut pas nécessairement dire que tu connectes plus parce que c’est en français même si bien évidemment il y a une facilité d’aller en Belgique, en Suisse francophone ou en France. Les gens vont quand même tout de suite plus capter la langue. Mais pour avoir joué en Espagne, en Allemagne, en Angleterre…

Éliane : Iels comprennent.

Félix : Les morceaux francophones n’ont pas forcément moins d’impact parce que les gens ne les comprennent pas.

Éliane : Iels s’accrochent aux morceaux qu’ils comprennent, et les autres c’est des messages cachés. C’est un peu la même chose à Montréal.

LFB : C’est un peu l’inverse en France. Les gens comprennent les morceaux en français mais moins le reste.

Éliane : Apprenez la langue! (rires)

Félix : Les Français parlent anglais quand même! À peu près… (rires)

LFB : Ce qu’il y a d’intéressant aussi, c’est que les morceaux sont montés d’une telle manière que l’énergie qu’ils dégagent est quand même assez universelle.

Félix : Elle transgresse quand même la langue, pis je sais que c’est une expérience différente mais, pour avoir fait 100% en français les États-Unis au complet avec Choses Sauvages, ça ne change rien. Quand le show est bon pis que les chansons sont bonnes, les gens vont comme embarquer dans le concert de toute façon.

Éliane : Je pense que la seule différence, c’est qu’avec nos chansons anglophones, on avait été placé.e.s dans des playlists un peu partout donc il y avait déjà des gens qui avait entendu parler de nous avant d’être à New-York pis à Austin.

Félix : Avec Choses Sauvages, on a accès à des playlists aux États-Unis, même en français, avec Spotify. Des fois, on se ramasse dans une marée de trucs anglophones.

LFB : Il y a un groove. Dans La Sécurité, je trouve qu’il y a une sonorité très années 70, un truc très marqué et haché presque martial dans des morceaux.

Éliane : Ça, c’est notre drummer!

Félix : C’est Kenny qui drum comme ça.

Crédit : Cédric Oberlin

LFB : Ça communique bien avec les gens, et ce qu’il y a d’intéressant, c’est que vous êtes 5. Vous venez tous.tes de projets différents, avec une vision différente… Comment on fait exister 5 visions dans un groupe quand on compose?

Éliane : Au début, on a un peu installé l’ambiance ensemble, les grandes lignes. Ensuite, tout le monde a un peu ajouté sa touche, donc ce qu’on avait créé ensemble a évolué. Là, on a composé deux nouveaux singles qui sortiront d’ici la fin de l’année et qu’on fait en spectacle : c’est les premiers qu’on a vraiment écrits ensemble, on a trouvé notre recette maintenant.

Félix : Absolument, tu as raison. Quand on dit qu’on a « ensemble » mis les grandes lignes, c’est parce qu’on a commencé le groupe seulement Éliane et moi. C’était nos deux univers.

Éliane : C’était juste un petit projet pour le fun, pour passer le temps parce que tout était fermé. C’était pas le but de faire une tournée en Europe de deux mois (rires).

LFB : Est-ce que vous avez été surpris.e.s de l’ampleur que ça a pris?

Éliane : Oui, vraiment! Je pense que c’est ça depuis le début, à chaque fois qu’on reçoit des invitations pour jouer à des places différentes, en festivals ou juste de l’intérêt pour notre musique, des gens qui nous écrivent en ligne… Tant mieux si ça les fait tripper comme on dit chez nous, tant mieux s’iels aiment ça! À la base, je pense qu’on le fait vraiment juste pour exploiter des choses qu’on a moins la chance de faire habituellement. Des sonorités, des genres plus post-punk ou peu importe…

Félix : C’est un peu comme un band où il n’y a pas vraiment de règles, il n’y en a pas j’imagine dans les autres projets des autres, mais on y va plus dans des sonorités qu’on a envie d’explorer quand on ne peut pas nécessairement le faire dans nos projets respectifs. C’est un peu l’amalgame d’une certaine agressivité qui ne peut pas être livrée dans d’autres contextes et nos projets musicaux extérieurs. Ce n’est peut-être pas aussi vrai pour d’autres personnes dans le groupe, mais je pense qu’en général, c’est comme un peu ça.

LFB : C’est un grand défouloir.

Éliane : Tellement!

Félix : C’est exutoire.

LFB : Ce côté expansif est intéressant, je ne vous ai pas vu.e.s en live encore mais ça se ressent vraiment dans la musique de Stay Safe!. Il est question de s’amuser, de laisser exploser les choses qui doivent exploser, ralentir le rythme s’il doit ralentir…

Félix : C’est un disque qui a été fait très rapidement. Dès qu’on a sorti les deux premiers singles qu’on avait écrits avec Éliane, on a eu des offres de concerts. On n’arrivait pas à les accepter parce qu’on n’avait pas de morceaux à jouer! On a enregistré l’album en deux semaines, c’est un album de premiers jets. Rien n’a vraiment été corrigé, on s’est fait 100% confiance pis on est juste allé.e.s avec les premières idées sans trop réfléchir, pas comme avec d’autres projets où on a le temps de le faire. Le manque de temps a créé ce disque-là.

Éliane : Un premier jet, c’est pur.

Félix : La première idée, c’est la meilleure des fois.

LFB : La spontanéité.

Éliane : J’ai travaillé beaucoup en danse contemporaine, en création… On dirait que c’est comme ça que je travaille aussi : pas trop réfléchir, tout lancer et ensuite recadrer un peu. Ça s’est traduit un peu dans le groupe.

Félix : Le recadrage, c’est plus en tapant le disque.

Éliane : C’est les versions tapées qui nous ont donné la direction véritable pour les chansons après (rires). On n’est jamais sorti.e.s de ce pattern-là, de devoir créer. On avait besoin d’un show, d’un album, pis là de nouveaux singles… On en discutait l’autre jour, on est censé.e.s faire un spectacle d’une heure à Montréal à la fin du mois, mais on n’a pas exactement une heure de show encore. Il va peut-être falloir s’inventer une nouvelle chanson (rires).

LFB : Ça se ressent aussi dans l’écriture : il y a des morceaux qui sont très écrits avec un storytelling, et d’autres plus surréalistes, surtout les morceaux en français. Ça fait un peu cadavre exquis poétique, des phrases qui trouvent leur sens mais qui n’ont pas forcément de sens les unes avec les autres au départ. Elles évoluent au fur et à mesure.

Félix : Éliane écrit la majorité des textes en anglais. Quand c’était du français, je pense qu’on a surtout écrit ensemble si je me rappelle bien?

Éliane : Tu as écrit Dis-moi mais j’avais une idée, tu es arrivé avec les mots pis j’étais comme « Bon, ben c’est parfait!« .

Félix : Ça feel comme tu dis « cadavre exquis » parce que c’est elle pis moi qui jouent au ping pong d’une phrase à l’autre en écrivant ensemble.

Éliane : Serpent pis Suspens, je suis arrivée avec des phrases qui ne se disaient pas vraiment en français. Je suis allée au secondaire en anglais, donc même si je suis bilingue et que c’est ma langue maternelle, je fais quand même des erreurs dans les deux langues.

Félix : Le secondaire, c’est le lycée en France.

Éliane : On dirait que des fois, ce n’est pas la même manière d’imager des mots, de décrire des émotions… Je pense qu’il y a de base une idée que j’ai, pis ensuite ensemble on trouve des mots.

Félix : Je suis très fan de sa plume en anglais, et je pense qu’elle aimait bien ce que j’écrivais en français. On essaie de se lancer la balle un peu comme ça.

LFB : K9 est un morceau qui tranche beaucoup dans l’album. Je me demandais si c’était un morceau fait avec du recul ou foncièrement premier degré ?

Félix : En fait, ça vient d’une demo d’une chanson que Mélissa avait écrite quand son chien allait mourir. Elle nous est arrivée avec le demo pis elle savait pas quoi faire, et Éliane a quand même un sweet spot dans son cœur pour les espèces de ballades un peu grungy-mélodrame.

Éliane : J’en ai une aussi, tu voulais la mettre sur l’album. Mélissa et moi, avant on jouait dans le band de Vanille. J’étais la drummeuse et elle était à la guitare, c’est comme ça qu’on s’est rencontrées. On était ensemble en tournée quelque part pis il était tard, et on se montrait des choses qu’on avait écrites mais jamais sorties. Elle m’avait montré cette chanson-là pis la mélodie de clavier était tout le temps prise dans ma tête. Quand t’avais proposé de mettre mon slow, j’étais comme « On devrait faire celui à Mel« . Je suis vraiment contente de l’avoir ajouté, ça avait besoin d’une petite pause.

LFB : Un peu d’aspérité dans l’album.

Félix : Ça crée des dynamiques.

LFB : J’aimerais parler de ton interprétation des morceaux. Il y a une phrase dans Serpent qui, je trouve, colle parfaitement à la façon dont tu chantes : « Quand je chante, je change de peau« . Comme un serpent, sur chaque morceau tu as une peau différente.

Éliane : Peut-être! C’est une super belle interprétation. J’aime écrire des affaires qui sont libres à l’interprétation : ça peut vouloir dire quelque chose, mais toutes les autres interprétations sont bonnes pis justes. C’est cool. D’une autre façon, dans la vie, je suis un petit peu gênée : là, ça va parce que j’ai une raison de parler. On dirait que quand je suis sur scène pis que j’ai cette place-là, je me sens un petit peu plus complète et forte, sûre de moi-même. Ça venait un peu de ça cette phrase-là, aussi.

Félix : Je me rappelle de toi qui voulait dire quelque chose comme ça. « Quand je chante, je change de peau« , ça sonne bien en bouche. J’aime beaucoup travailler avec les consonnes pis les voyelles, ré-utiliser le même texte mais changer quelques mots d’un couplet à l’autre aussi. C’est quelque chose qui lui va bien aussi à chanter, je trouve.

Éliane : Je fais beaucoup ça en anglais aussi, des jeux de mots, des double-sens… Des tounes qui ont l’air super deep mais qui parlent de Mario Bros. Il y en a une, en fait… Tu trouveras laquelle! (rires)

LFB : En parlant de changer de peau, vous avez sorti un album de remixes. C’est toi qui fait le premier remix, qu’est-ce qui vous intéressait dans l’idée de ramener encore plus votre musique vers le dance-floor? Ça vous a surpris ce qui pouvait ressortir?

Félix : On est tous.tes les deux DJs dans la vie, moi plus de la musique électronique et elle plus tous les genres.

Éliane : Je mixe des vinyles, cross-fade l’un dans l’autre, pas vraiment de beat-match. Plus ambiance dans les bars pour faire danser les gens, pis lui c’est plus beat-match.

Félix : La culture du remix, c’est quelque chose que tu vois beaucoup dans la musique électronique. C’était intéressant pour moi d’essayer de le proposer, pis c’était une idée commune de donner une deuxième vie à ce disque-là. Proposer des remix dans un contexte de post-punk, ce n’est pas quelque chose que tu vois souvent dans le rock. On a donné carte blanche à des ami.e.s, des connaissances ou des projets dont on est fans, et on a jamais été déçu.e.s. On est très content.e.s de ce que tout le monde a fait. Thierry de Choses Sauvages en a fait un, Dur club c’est Steven qui joue dans Le Couleur. Standard Emmanuel c’est moi… On a les amis de The Mauskovic Dance Band, des gens de Born at Midnite qui jouent dans TOPS entre autres. Freak Heat Waves est un magnifique projet qui a repris K9 d’une façon très très sensible.

Éliane : On est parti.e.s de son idée d’avoir des remixes pour un album post-punk pis je pense que j’ai insisté dans l’aspect carte-blanche dans tout, dans l’artwork aussi. On a proposé plus à Mélissa de trouver quelqu’un pour faire la pochette parce que c’est elle qui fait la plupart de nos visuels, Stay Safe! c’est elle. Ça a donné ce que ça a donné, c’est une artiste montréalaise qui s’appelle Catherine.

Félix : Un remix de la pochette, dans le fond!

Éliane : C’est relié à mon passé en danse contemporaine : avoir quelque chose et le transformer en quelque chose d’autre, c’est tout le temps en évolution. Ajouter des gens.

la sécurité
la sécurité

LFB : Quand on s’appelle La Sécurité, est-ce que la sécurité dans la musique ce n’est pas de prendre toujours plus de risques?

Félix : Je pense qu’il y a un espèce d’autodérision dans le nom du groupe. Je pense aussi que dans le propos du groupe en général, dans notre univers, il y a cette idée là de stay safe, on a grandi en se faisant dire de pas faire certaines choses… Je pense que c’est une sorte de clash qui vient donner des bûches dans le feu pour cette autodérision-là. Aussi, quand même, je pense qu’à travers le propos général qui est féministe, « j’ai ma place dans le monde, je n’ai pas besoin de me faire dire quoi faire par un homme« , La Sécurité est un peu un espèce de zone confortable et sécuritaire pour qu’une femme fasse et consomme de la musique. Je dis ça en tant qu’homme blanc, mais après plusieurs entrevues je commence à catcher.

Éliane : Excuse-moi de te couper, tu étais en train de me quoter! Mais c’est ça, il y a aussi que ce n’est pas anormal ou spécial pour une fille d’être bonne dans ce qu’elle fait en musique. Je n’ai pas besoin d’aide à installer mes instruments. Des fois, je pense que je peux paraître un peu bête avec des techniciens, mais c’est parce qu’ils ne se rendent même pas compte que c’est des vieux patterns ancrés. Et l’autre côté de La Sécurité, c’est la bienveillance. Pas juste pour les femmes, mais pour l’humain en général. C’est le mantra, on s’en fout, il faut juste être là l’un.e pour l’autre.

Félix : Peu importe le sexe, peu importe la taille, tout le monde est le bienvenu, tout le monde a le droit. Égal pour tout le monde! C’est très utopique (rires)

Éliane : C’est l’idéal! Quand les gens sont bêtes les uns avec les autres, je suis comme « Fais pas ça… » (rires)

Vous avez été en tournée pendant longtemps, mais est-ce qu’il y a des choses récentes ou des artistes avec qui vous avez partagé la scène qui vous ont marqué?

Félix : Je me rappelle de Gut Health qui était magnifique. Groupe australien incroyable.

Éliane : Oui, moi aussi. Fat Dog, j’ai vraiment aimé.

Félix : On s’est suivis en festivals pour 3 dates. Personnellement, j’ai beaucoup aimé les gens chez Mock Media, c’est un superband avec des gens de Crack Cloud ou de Pottery, un band montréalais qui n’existe plus. Il y avait Exek, band incroyable de l’Australie avec qui on a joué à Rouen, ils viennent de la ville des messieurs de The Manikins qui sont très bons aussi.

Éliane : Shoplifting avec qui on a joué à Liverpool. Le spectacle en live est excellent, ils ont juste deux morceaux en ligne en ce moment mais le show était super.

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