La Teenage nostalgie de summer camp girlfriend

Il y a des groupes qui se ressentent encore plus qu’ils ne s’écoutent, et le quatuor parisien summer camp girlfriend en fait absolument partie. Avec son nom qui respire la mélancolie adolescente, le groupe nous amène dans une sadpop/breakupcore (selon leurs termes) adaptée au spleen de cet automne. Ça tombe très bien, car ils ont sorti leur premier EP just tell me, it’s fine. Pépite dream pop dont on ne se lasse pas.

Une ouverture toute en délicatesse pour vous plonger dans l’univers du groupe avec la voix écorchée d’Isa sur le titre window. Ballade sur les déceptions amoureuses, tous les codes du groupe sont déjà présents. La batterie de Tahiaouoho légèrement en retrait qui sait s’imposer pour marquer les émotions, la basse d’Aurore qui se pose en nappe sonore mélancolique et la guitare shoegaze d’Eliott pour des envolées mélodiques toujours justes.

Une pointe d’espoir et de renouveau se présentera sur le titre birdwatching avant de se faire briser par sa deuxième partie birdwatching 2 qui clôture l’album. Deux chansons afin de représenter les hauts et les bas des états émotionnels, et ne laissant peu de place à la joie innocente.

Titre le plus entrainant et pop de cet EP, leaving the club inspire un sentiment de course à travers les rues vides d’une petite campagne et de liberté juvénile. Grande force de summer camp girlfriend, celle de nous projeter des images très cinématographiques par la force de leurs histoires et de leurs mélodies.

Ce sentiment de fuite en avant se reproduira dans la suite suivant hangover mais de façon plus rageuse et mélancolique. Les guitares se font dissonantes, comme si un danger ou un tulmute intérieur ne laissait pas la paix à la narratrice.

Après une légère accalmie, hours développe une rythmique languissante qui entraine le groupe vers des contrées plus psychédéliques et atmosphériques. Pur morceau introspectif, il annonce aussi l’ouragan de birdwatching 2 au final grandiose. Un moment qui nous laisse en suspension… Un EP ficelé comme une histoire tant sur le plan narratif que mélodique qui a le talent de nous embarquer à certains moments de nos vies où l’on était bousculés par nos émotions.

Pure mélancolie adulescente, cet EP ferait la BO merveilleuse d’un teenage drama aux couleurs effacées tel que Virgin Suicide. Summer camp girlfriend est de ces groupes qui ont le talent suffisant pour exprimer des sentiments complexes et faire en sorte que vous vous les appropriiez avec votre propre histoire. Le groupe ne se fait pas rare en concert sur les scènes parisiennes, et on ne peut que vous recommander vivement de vous y rendre. Ils ont aussi la capacité de vous transpercer le cœur et c’est une expérience à vivre par vous-même.