Les Capsules, c’est le rendez vous vidéo de la scène française en devenir. Des lives sessions intimistes pour des artistes qui font aujourd’hui et sans doute demain. Et à y regarder de plus prêt, une évidence nous frappe : Les Capsules et La Face B étaient faits pour se rencontrer. Le même combat, la même envie de mettre en avant des artistes émergents de la plus belle manière possible. Pour cette troisième saison, on vous proposera donc notre avis toutes sur les lives sessions des Capsules. Pour cette dernière partie, on vous parle de Bryan’s Magic Tears, Marble Arch, Coral Pink, Bad Pelicans et Good Morning TV.
Épisode 11 : Bryan’s Magic Tears
Qui a dit que des grosses guitares ne pouvaient pas être sensibles ? Ce qui est certain, c’est que celui qui a dit ça n’a jamais écouté Bryan’s Magic Tears. Car si le groupe nous propose un mur du son à l’efficacité imparable, celui-ci se craquelle au fur et à mesure pour laisser couler un torrent d’émotions qui finit irrémédiablement par nous emporter. Il suffit d’écouter cette session de 13 minutes pour s’en convaincre. Issus de leur album 4AM, Ghetto Blaster & Slamino Days portent en eux à la fois la rage et l’espoir, la douceur et la violence, tout ici se mélange pour nous offrir un vrai tourbillon sonore référencé mais jamais passéiste. Une leçon musicale qui nous laisse coi, nous ramenant dans certains moments de l’adolescence où toutes les sensations et tous les sentiments se mélangent en un battement de paupière. Les larmes coincées au fond de la gorge, on laisse un instant passer pour les ravaler, préférant nettement retourner s’aventurer dans celles magiques de Bryan.
Épisode 12 : Marble Arch
Marble Arch c’est tout d’abord un nom qui ne nous est pas méconnu, on pense à la station de métro londonienne et c’est vrai qu’à l’écoute de leur dernier album Children of the Slump on a l’impression de voyager un peu outre-Manche, prêt à arpenter Hyde Park. Alors lorsque leur capsule est sortie on s’est empressé de la visionner et on ne fut pas déçus. Deux titres que l’on redécouvre et auxquels on devient très addict. Tout d’abord Instant Love qui nous offre des mélodies accrocheuses, très catchy et une soudaine envie de faire des pogo… on regretterait presque de les avoir loupés au Supersonic en janvier dernier. Pour combler cet amer regret, on continue avec la version live de Gold : encore une fois on se laisse de suite emporter pas le son de la guitare et la voix du chanteur puis c’est l’apothéose avec le refrain. Bref, sans mauvais jeux de mots, ce groupe de shoegaze français ne nous laisse pas marbre.
Épisode 13 : Coral Pink
Un vent chaud et sucré souffle sur Les Capsules, avec cette live session de Coral Pink, quintessence du cool. Les quatre comparses nous dévoilent une pop rock cloud californienne à la fois rafraîchissante et intense. Une légère vibe rétro, une nonchalance assumée et quelques étincelles de magies pour transporter l’auditeur sur une planche de skate, le visage tigré par l’ombre des palmiers de Californie.
C’est à la fois sautillant et sensuel, à la fois doux-heureux et profond. On a autant envie de danser avec une pinacolada et les pieds dans le sable, que de se coucher à l’ombre d’un arbre pour se laisser dévorer par les songes.
On ne sait pas trop d’où ces mecs-là viennent, s’ils ont vécu toute une vie de musiciens auparavant, ou bien une carrière de surfeur pro là où le soleil teinte la peau de ses rayons pour toujours. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il ressort une forme de prodige dans leur musique. Que dès les premières notes, on est persuadé d’avoir découvert un secret bien gardé, un petit joyau de la pop rock encore caché.
C’est la rencontre de Dent May avec la mélancolie vaporeuse de Beach House.
Ils ont réussi à transformer l’adage. Désormais, on voit la vie en rose corail.
Épisode 14 : Bad Pelicans
Boucles d’oreilles, regards vides et vestes en cuirs, les drôles d’oiseaux du trio Bad Pelicans incarnent un renouveau du punk dans toute sa débrouille et son usure. Si bien qu’on pourrait presque sentir sur son corps les vibrations des guitares usées. Les coups sur les cordes sont violents, sauvages… presque sexuels. Pourtant, les visages semblent vides de toute expression. Des airs graves renvoyant d’une certaine façon aux fantômes du punks des années 1980 – 1990 : Rowland S. Howard, Kim Gordon ou encore Nick Cave, pour ne citer qu’eux. C’est comme si toute leur énergie et leurs sensations s’échappaient par les sons. Des sonorités proches de la surf music avec Too Cool for The Wave Pool. Les premières notent créent une mélodie entrainante, quasi-entêtante, avant d’être submergées par des vagues de sons joués avec distorsion. Car c’est ça Bad Pelicans, une musique bien vénère. Le deuxième morceau joué, Zero Talent, en porte-étendard de par la sécheresse des frappes sur la batterie, la folie frénétique de la guitare, les pincements sur la basse et surtout les paroles tantôt déclamées, tantôt criées. La musique de Bad Pelicans a des airs de chaos, comme s’ils se devaient de tout détruire pour construire leur propre musique, leur propre définition du punk.
Épisode 15 : Good Morning TV
Issus du label Requiem pour un Twister (qu’on aime d’amour pour abriter EXTRAA, dont on vous a beaucoup parlé), le quatuor de Good Morning TV nous livre une weird pop nonchalante, groovy, et un peu old school pour ce nouvel épisode des Capsules.
Ils sont quatre, ils sont armés de guitares, d’une basse, d’une batterie, et d’un synthé sans doute plus vieux que vous. Menés par la voix douce et enchanteresse de Bérénice Deloire, le groupe offre une pop rock un peu bruyante, un peu brutale et en même chaleureuse. Si on doit jouer le jeu de la comparaison, on évoquera la grâce de Margo Guryan que l’on retrouve un peu dans le timbre de la chanteuse.
C’est frais, sautillant. Ça donne envie de boire une bière avec les copains, de se poser dans son canapé et de laisser le vinyle tourner, de visser un casque sur les oreilles et s’immerger dans la musicalité du groupe. Ça donne envie de partir en vacances, de rester chez soi. Ça donne envie de danser, de rire, d’exister, de faire l’amour.
Ce n’était que deux titres, mais on a perçu tout le talent et le potentiel de ce groupe. Qu’on gardera à l’œil, évidemment.