La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 105 des clips de la semaine.
KYAN KHOJANDI – HAAGEN – DAZS
L’art fait office de thérapie, Kyan Khojandi en sait quelque chose. Depuis toujours l’artiste s’inspire de sa vie pour créer son œuvre. Mais il y a des choses qu’on ne peut pas dire dans une série, un spectacle ou un film.
Alors ? Alors Kyan en est revenu à ses premiers amours, là où tout à commencer : la musique. Un plaisir, une évidence, mais aussi une certaine prise de risque à une époque où « les albums d’acteurs » sont légions.
Sauf que lui n’est pas qu’un acteur, il a derrière lui des années de conservatoire et la musique comme une énergie vitale. Alors il a pris ses envies, son besoin et il s’est lancé. Un nouveau moyen de percer les noirceurs, de fouiller encore les choses qui font du mal pour enfin aller bien; avec toujours en tête l’idée qu’il s’adresse à l’autre, à celui qui l’écoute et qui prendra son projet pour le transposer à son intime.
De l’autre, il en est questions dans Haagen-Dazs, premier extrait de L’horizon des évènements attendu pour la fin du mois. Un dialogue à sens unique, une histoire sans écho, sans réponse, dans laquelle Kyan Khojandi « s’auto-quitte » pour ensuite développer les étapes de la reconstruction amoureuse. Un morceau intense, puissant, qui allie le spoken-word à des cordes, comme une manière de contrer le côté posé de l’un par l’ampleur de l’autre, mêlant avec bonheur les émotions et les intentions.
Cette intensité, on la retrouve aussi dans la vidéo de Jérémie Levypon. Comme une plongée dans l’esprit, on regarde Khojandi parler à la caméra, qui bouge, qui mute, dévoilant au fur et à mesure des éléments du morceau. Une sorte d’épure, propre au texte et à la noirceur qui envahit et entoure la personne qui vit ces événements. Un clip qui permet aussi à l’artiste de ramener encore plus le côté « acting » que l’on ressent à l’écoute du morceau.
Confidence Man – Holiday
Être en vacances, c’est avant tout un état d’esprit. C’est Janet Planet qui le dit et à l’écoute de Holiday, on a bien envie de croire la chanteuse de Confidence Man.
Avec ce nouveau morceau, qui annonce un second album pour avril 2022, le quatuor tape fort et nous offre un classique instantané : plus puissant, plus dansant, plus fou, rien n’est impossible pour ceux qui ont confiance en eux.
Holiday en est la preuve vivante : addictif dès les premières secondes, le morceau est une ride de bonheur de 4 minutes, qui nous entraine clairement dans un mode parallèle avec coucher de soleil permanent, grosse fête infinie et plaisir qui nous colle à la peau.
C’est dans ce monde que nous entraine W.A.M. Bleakley où l’on retrouve avec bonheur Janet Planet et Sugar Bones, toujours aussi excités, ainsi que leur deux mystérieux, et stoïques, camarades. Au delà du tube évident, le morceau nous interroge aussi sur notre façon de vivre, envoyant des ondes positives et nous rappelant que la vie peut souvent être pleine de lumière, si on la laisse rentrer.
Désormais on attendant deux choses pour 2022 : la sortie de l’album et le retour du quatuor sur une scène française.
Beach House – One Twice Melody : Chapter One
Pour la sortie de la première partie de leur album One Twice Melody, le duo Beach House a fait appel à plusieurs artistes graphistes pour le clip. En effet, Beach House a annoncé que leur album serait divisé en quatre chapitres. Le premier est sorti ce mercredi 10 novembre et est accompagné d’un clip vidéo de 21 minutes, regroupant tous les morceaux du chapitre. Le tout est psychédélique, des films animés passant du très figuratif au plus abstrait.
Les paroles sont toujours présentes, intégrées plus ou moins dans le graphisme.Les formes se transforment comme différents kaléidoscopes. Le premier visuel est simple, avec des silhouettes se transformant en têtes à l’esthétique très pop-art. Le deuxième est un univers beaucoup plus futuriste, avec des formes très colorées se déplaçant au rythme de la mélodie. Pink Funeral a un visuel plus sombre, aux images effet hologramme et au style gothique vintage.
Pour la dernière chanson c’est un effet de graphisme réalisée avec les paroles donnant un aspect ensorcelant.Lors de leur dernier album, 7, Beach House avait révélé un penchant pour les images trompe l’œil et les illusions d’optique, avec One Twice Melody : Chapter One, l’esthétique suit cette direction, cette fois-ci beaucoup plus colorée.
Band of Horses – Crutch
Après cinq années de quasi-absence, Band oh Horses annonce la sortie de leur 6ème album, qui s’intitulera Things are Great et qui est prévu pour le 21 Janvier prochain. A la suite de cette annonce ils ont sorti cette semaine un clip pour illustrer leur nouveau single, Crutch.
Le groupe originaire de Seattle a choisi de travailler à nouveau avec Ben Fee (qui avait déjà réalisé le clip de Casual Party en 2016) pour la réalisation de cette vidéo décalée dans laquelle les visages des membres sont
incrustés sur des têtes de chats, des poupées et autres objets atypiques. Délicieusement kitsch donc, le clip n’en reste pas moins esthétisé, dans les plans ou encore le choix des couleurs. Côté musique, on peut noter
un retour aux sources de la part du groupe, dans la construction du morceau, la symbiose des guitares ou encore le chant éthéré de Ben Bridwell.
Le clip, tourné dans un café pour chats de Santa-Monica est à la fois amusant et touchant, il colle parfaitement au côté doux-amer de la chanson. Avec son texte à double-tranchant qui joue sur la ressemblance phonétique entre « crush » (béguin) et « clutch » (béquille) pour nous raconter l’ambivalence des rapports amoureux. En scandant « I got a crutch on you », Ben Bridwell ironise
sur la dépendance qui découle des relations et jongle dans un même temps sur ces moments où rien ne semble aller mais où il faut continuer d’avancer malgré tout.
Double Zulu Ft Beeby – Triple Double
Après avoir prouvé son esprit de compétition dans Ladder Match, Double Zulu quitte le ring pour montrer ce qu’il sait faire sur les terrains de basket. Amateur de belles performances, il vient accompagner de Beeby pour tenter le Triple Double, une action bien connue des amateurs de basket-ball. Mis en scène nous pas sur les parquets mais à l’extérieur, le morceau est accompagné d’un clip réalisé par Ronel Yette et Alems. Tout en sobriété, il met en lumière l’aisance des deux rappeurs et l’alchimie qui les réunit sur ce titre. En comparant à nouveau son art avec le milieu compétitif du sport, Double Zulu assoit son envie de jouer avec les plus grands et de continuellement se dépasser.
Les Louanges – Qu’est-ce que tu m’fais
Après les fantastiques Pigeons et Chaussée sortis un peu plus tôt cette année, Les Louanges a cette semaine dévoilé le tout aussi excellent Qu’est-ce que tu m’fais et en a également profité pour annoncer dans la foulée que tout ce beau monde sera réuni en janvier sur un nouvel album intitulé Crash (Bonsound).
Dans ce nouveau clip réalisé par Alexis Belhumeur, l’artiste québécois semble perdre la raison en évoluant parmi des pièces plus étroites les unes que les autres, parfaite représentation des tours que nous jouent nos sentiments lorsqu’on s’y attend le moins. En effet, sur des sonorités sombres et électroniques, il refait le film d’une soirée d’hiver perturbante: démuni de contrôle sur la situation, il chante à tue-tête et brillamment son déboussolement lié à un coup de foudre troublant, à une rencontre imprévue qui force à lâcher prise bien malgré soi.
Tout comme cette âme pour laquelle il s’est amouraché, ce morceau fracassant nous colle également (bien volontiers) à la peau.
Le A – Rolex
A l’aise sur plusieurs terrains, Le A a livré cette semaine Rolex, une nouvelle occasion pour lui de montrer qu’il est également très à l’aise avec les mélodies et pas uniquement pour faire des hits, ici c’est dans un style bien plus froid qu’il évolue. Comme en témoigne d’ailleurs le clip à l’ambiance nocturne qui l’accompagne et qui a été réalisé par Livinglifelx. Ce dernier met en scène le rappeur dans un milieu où l’argent tourne beaucoup, lui permettant de vivre confortablement et de pouvoir s’amuser en égo-trip.
« Je bannis la hess, la guerre il faut des mapess’, j’ai les liquidités« .
Une manière également de montrer aux gens qui n’ont pas cru en lui que maintenant il est à l’aise dans ce qu’il fait et prêt à viser des paliers toujours plus hauts.
LE NOISEUR – Jimi Hendrix
La semaine passée, LE NOISEUR a dévoilé son second album Relax pour lequel on l’a rencontré. Parmi les thématiques abordées dans l’album, le temps qui passe tient une place centrale, notamment dans Jimi Hendrix.
Sur une composition très cinématographique, portée par des cuivres et des cordes, LE NOISEUR nous raconte sa peur des heures qui défilent, de la mort qui peut arriver parfois de manière brutale et violente. Il y parle aussi d’amour, celui qui nourrit la vie et qui donne envie de prolonger le temps, de vivre le plus longtemps possible.
Amoureux de pop culture, il convoque dans son morceau des fantômes d’êtres disparus, alternant ces références à des déclarations amoureuses.
Ces héros partis trop tôt pour certains reviennent aussi à la vie dans le clip réalisé Aurélien Ferré. Grimé, LE NOISEUR s’amuse à les jouer eux ainsi que son propre rôle, les croisant, les vivant dans un étrange mélange de nostalgie et de fureur de vivre, en profitant par la même occasion pour se faire plaisir dans une autre de ses passions, les belles voitures.
Le clip nous offre donc cet étrange couché de soleil, ce moment où l’on regarde le temps qui passe droit dans les yeux, moment onirique qui nous pousse une fois de plus à profiter de la vie le plus possible, tant qu’elle dure.
Ours – NTM à Bercy
Pour continuer sur le temps qui passe, on s’offre une escapade dans le passé direction NTM à Bercy avec Ours.
Morceau qui clôture son très beau Mitsouko, NTM à Bercy diffuse une mélancolie douce et prenante, un morceau chaleureux qui nous entoure avec tendresse. Ici Ours se fait observateur autant qu’acteur, racontant ce moment précis où l’on réalise le chemin parcouru, imaginant les vies et les espoirs des personnes qui l’entourent, regardant le monde qui continue sa course folle, inéluctable.
Un morceau remplit d’émotions, presque doux amer mais qui se termine sur une porte ouverte : celle de la transmission, de la paternité et des sentiments forts qui lient les gens les uns aux autres.
Pour accompagner ce titre, Aurélien Ferré (encore lui) nous transporte dans une salle de concert imaginaire pour un plan fixe sur Ours, assis face caméra. Alors que les gens autour de lui vivent ce moment de manière intense et énergique, lui reste assis, un peu hors du monde et de l’instant, comme cette introspection qu’il semble vivre au cœur du morceau.
Vundabar – Devil For The Fire
Si ils viennent de Boston, les Vundabar semblent être réglés comme des montres suisses. En effet, depuis 2013, le trio enchaine un album tous les deux ans, ou presque.
Either Light datant de 2020, il était donc temps pour eux de dévoiler la suite à venir et nous avoir offert Aphasia et Ringing Bell plus tôt dans l’année, Vundabar débarque avec Devil For The Fire, un nouveau titre qui donnera aussi son nom au cinquième album du groupe.
Un morceau qui se joue en deux temps, dévoilant d’abord sa part lumineuse et presque dansante avant de basculer en son milieu dans une avalanche noise et brutale, presque inquiétant, qui va de paire avec la disparation du chant. Un morceau évolutif donc qui nous raconte une histoire de Démons, de feu et de folie.
Brandon Hagen explique que l’influence principale de l’album vient de son visionnage boulimique de films noirs et de lectures sur la neuroplasticité. Tout un programme qui prend vie dans le clip qu’il réalise lui même et qui nous entraine dans un univers sombre, psychanalytique et violent Une plongée dans un esprit malade où le réel et l’imaginaire semblent se brouiller de plus en plus, jusqu’à une explosion de violence dans la nuit noire, uniquement éclairée par les phares d’une voiture.
thems – Brothers
Après avoir sorti l’EP Nuits en début d’année, thems revient avec un nouveau morceau : Brothers. On y retrouve cet univers électronique assez lumineux que l’on a adore.
Accompagné de sonorités synthétiques, le clip raconte l’histoire de deux frères, très liés et qui multiplient les vols en tout genre. Cela les mène jusqu’à un cambriolage qui tourne mal et dont un seul des deux partenaires ressort vivant.
La mélodie de thems accompagne à merveille ces images et nous emmène en immersion dans cette forte complicité fraternelle que peu de choses peut briser.