Les clips de la semaine #110 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre , la seconde partie de la sélection numéro 110 des clips de la semaine.

Diogo Strausz – Flight of Sagittarius

Artiste confirmé au Brésil, on avait découvert Diogo Strausz à la production puis sur scène au côté de VOYOU. Une porte d’entrée idéale pour les territoires français qui se concrétise aujourd’hui avec son arrivée sur l’excellent label Goutte d’Or Records (déjà derrière les très bon Lachinos).

Le brésilien dévoilait donc cette semaine Flight of Sagittarius, et autant dire que le plaisir est total. Un titre à l’hédonisme décomplexé qui jongle parfaitement entre une basse funky, une voix proche du disco et des percussions imparables. Un mélange explosif qui n’a qu’une volonté : faire bouger les corps et battre les cœurs.

Romane Pineill l’a d’ailleurs très bien compris en nous livrant un clip porté par la danse et les signes astrologiques, aux ambiances et à la réalisation très 70’s. On regarde le tout en préparant ses plus beaux moovs de danse.

En clair, Diogo Strausz ramène la chaleur dans notre hiver et nous livre un titre et un clip pour danser à la maison et passer des fêtes pleines de grooves.

Alexia Gredy – Drôle d’idée

La chanson française a cette capacité assez éblouissante à se reconstruire en permanence pour notre plus grand bonheur. Si certaines piochent encore dans le disco ou dans le revival 80’s, Alexia Gredy a décidé d’aller piocher ailleurs.

Si elle parle d’amour, d’interdits et de sentiments explosifs, sa drôle d’idée , et excellente au passage, aura été de fusionner sa voix de cristal aux rythmiques post-punk. Une boite à rythme, une basse folle, des guitares froides et une rythmiques qui s’emballent et créé un enthousiasme non feint pour ce morceau entrainant et entêtant. Et comme Alexia, on a clairement du mal à y résister.

Virgile Guinard livre pour le morceau un clip moderne, jouant sur les split-screens et les insertions d’images de films. On y suit Alexia devant un fond rose qui nous raconte et joue cette drôle d’idée pleine de sous entendus ponctuées de certaines images sensuelles et assez évocatrices.

Hors Saison est attendu pour le 21 janvier, on a hâte.

P.R2B – Lettre à P. / Mama

P.R2B nous livre une vidéo dytique de deux morceaux qui se suivent et se répondent dans son premier album Rayons Gamma.

Lettre à P parle du souvenir d’un père absent. Le rythme est lent et le ton posé. Il y a de la nostalgie dans cette évocation de ce temps qui s’étiole. La ligne musicale qui accompagne sobrement les paroles s’efface à la fin du morceau pour ne laisser que la voix touchante conclure dans une dernière respiration « Je me souviendrai / Que c’était l’été / Dans la chambre où je / T’avais embrassé / Il y avait le souffle qui mangeait mon cœur / Et dans ta poitrine / Le bonheur ».

Pauline erre le long d’une plage à marée basse. Seule ligne verticale dans ce paysage horizontal, elle plonge dans ses souvenirs; bercée par le souffle du vent et le ressac d’une mer comme une âme qui fond.

Les souvenirs se font plus concrets dans Mama qui évoque l’ambiguïté de l’enfance où l’on se construit au travers de moments anodins, lorsque tout semblait simple et sans conséquence. Les moments que l’on partage encore avec nos parents sont autant d’occasions de s’y raccrocher et d’y rechercher recul ou consolation. « Ma petite maman, j’ai toutes mes dents pourtant je ne sais pas marcher tout droit ».

Pour illustrer Mama, Pauline a assemblé des instantanés de vie en famille issus de vidéos anciennes qu’elles possédaient mais aussi d’autres qui lui ont été transmises. Un mix hétéroclite et collaboratif qui forge un récit universel où s’entre-mêlent, essoreuse à salade, roulade, baignade, jeux, pas de deux, danse, confidences, premiers pas, repas, promenades en bord de mer, anniversaires, goûter, complicité, plongeon et consolation. 

ELIA – Téléphone 

Elia nous parle de sentiments romantiques à l’ère du numérique. Comment s’aimer sans se voir ? Comment s’aimer alors que la chanteuse nous rappelle : “Ma génération : que des jeunes en isolation”, “Ma génération téléphone, téléphone, téléphone”. On ressent comme un emprisonnement dans la relation basée sur les discussions par Téléphone. L’artiste évoque un liberté en laisse, comme une addiction, une dépendance dont on ne prend pas conscience. Le propos surfe sur des airs de club, de R’n’B. Quoi de plus logique pour Elia, que l’on connaît aussi comme la protégée de Booba. Quant au clip, il est réalisé par Francesco Brigida. On y aperçoit l’artiste en pleine virée nocturne. Mais, pour en savoir plus sur l’artiste, son dernier EP Océan est toujours disponible.

Gaëtan Roussel – La Colère

Paradoxalement, c’est avec calme et douceur que Gaëtan Roussel nous parle de La Colère.Quoi de plus poétique que d’écrire, de métamorphoser les émotions en mots, en œuvre artistique. Cette fois-ci, le choix s’est porté sur la colère. Pourtant, c’est d’une voix douce et sur un fond de guitare que cette émotion est évoquée. Avant d’être devancé par une batterie, comme si cette colère avait été trop longtemps éteinte. Une émotion profonde : “Chaque jour depuis des millénaires; Elle revient toujours, la colère”; “Je crois qu’elle vient de la douleur”. Cette colère s’incarne en un clip réalisé par Matthieu Allard, et interprété par Kad Merad. L’acteur joue plusieurs personnages pris entre la rage et la volonté de s’apaiser à coup de lecture ou de méditations presque forcées.

Luke Anger – Childish Eyes

Luke Anger nous revient avec le titre Childish Eyes, comme un avant goût d’un album à venir. Le rythme est aussi planant qu’entrainant. On reconnaît en fond des sonorités groove, faisant l’identité musicale de l’artiste. Autre trait que l’on reconnaît : la poésie des paroles. Il y a un onirisme dès le début, lorsque Luke Anger parle d’ “oiseaux vert d’eau sous les feuillages, Sur les pavés, d’en haut, La pluie tombe”. Quant au clip il est co-réalisé par l’artiste et Livia Johann. A l’image de l’univers artistique, on aperçoit des décors poétiques montrant des paysages de nature. Puis, il y a des flash et des néons, comme un clin d’œil aux influences rétro du musicien.

Metronomy – Red River Rock

Après shame récemment, c’est au tour de Metronomy de présenter son single de Noël. 2 minutes 20 sous forme de session live où le groupe nous fixe la mine décrépie dans le blanc des yeux, bonnets rouge et blanc fixés sur la tête, le regard perdu dans le néant sur une mélodie plus qu’enthousiaste. En reprenant Red River Rock, le groupe s’approprie sans mal ce morceau de Johnny and the Hurricanesà l’instru entêtante et intemporelle. Une prestation originale donc, qui correspond bien au genre du groupe, coïncidant avec une dimension humoristique et désabusée. 

Terry Russell – We Have To Get Through

Avec le single et le clip de We Have To Get Through, l’artiste français Terry Russell et Solenn Coignoux-Estingoy nous donnent à voir une ballade légère sous forme de film de vacances. Le duo se met ici en scène sur pellicule de Celia Marie Petersen, laissant voir des sourires, la mélancolie douce de l’insouciance, les teintes sépia de Paris au cours de cet été 2021, et une complicité charmante. Une chanson douce-amère sur l’amour, sujet vu et revu vous nous direz, mais ici portée avec attention et délicatesse par la folk et la voix de cet artiste qui gagne à être suivi. Rendez-vous en 2022 pour l’album ! 

Boys Noize ft. Kelsey Lu – Love & Validation

Boys Noize continue dans sa lancée de clips pour son nouvel album « +/- » avec Love & Validation, en featuring avec la chanteuse afro-américaine Kelsey Lu.

Considéré comme une grosse prise de risque dans sa carrière pour son côté plus ambient et posé, l’album surnommé « Polarity » illustre parfaitement ces aspects avec ce titre au BPM plus posé… Cela n’en reste pas moins sombre, notamment grâce à ce clip étouffant et sensuel où la fête semble toujours côtoyer une certaine violence. Le grain noir et blanc apporte un mystère qui nourrit ce titre si particulier qui en fait l’un des plus atypiques du projet. L’identité visuelle est d’ailleurs l’un des aspects les plus intéressants de ce nouvel opus, on valide cette nouvelle pierre à l’édifice de notre côté !

Party Foul – Tender Massive Balls

On vous parle d’un temps qui date d’avant 2020. Un temps ou tout était possible, notamment prendre un avion et une bagnole pour rejoindre New York puis Philadelphie afin de faire de la musique.

C’est ce qu’a fait Nathan aka Teenage Bed en 2019 pour rejoindre son pote Scotty aka Shelf Life. Ensemble, ils ont fait un album collaboratif et on gardé quelques petites cartouches de côté pour notre plus grand bonheur.

Celle-ci prend la forme d’un projet commun nommé Party Foul et se dévoile aujourd’hui sous la forme d’un premier titre, le sublime Tender Massive Balls. Et c’est tout ce qu’on attendait de leur association : une pop-folk DIY et sensible, portée par des voix graves et intenses qui se fondent ensemble à la perfection avant de jouer en forme d’écho. Le tout est rempli de tendresse mais parle essentiellement de solitude et de nostalgie, des éléments qui résonnent forcément différemment en 2021 qu’à l’époque de la création du morceau.

Pour l’accompagner, ils ont décidé d’utiliser des morceaux de Christmas cracker, un film de noël des années 60. De quoi renforcer le côté nostalgique et doux amer du tout en cette période de fête.