La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 122 des clips de la semaine.
Pi Ja Ma – J’ai oublié
Seule sous ma Frange, voilà comment s’appellera le second album de Pi Ja Ma, attendu pour le mois de mai.
Et justement, comme elle est sous sa frange Pi Ja Ma ? Libre tout simplement. Libre de nous faire sourire avec Bisou, libre de nous faire danser avec Should I Call U Baby et désormais libre de nous faire pleurer avec J’ai Oublié.
Une nouvelle facette de Pauline se dévoile, un autre morceau du prisme, DIY, sensible et terriblement bouleversant. Dans cette douce simplicité, toutes les émotions explosent, la réalité se poétise et nos yeux deviennent humides. Avec J’ai oublié, Pi Ja Ma offre une lettre à un amant toxique, un mot d’adieu avant que celui-ci ne la fasse sombrer. Des mots de révoltes, des mots tendres qui laissent vibrer le tonner derrière des apparats de calmes attirants.
Une libération donc, que Pauline exprime aussi devant la caméra avec ce superbe plan séquence dans lequelle elle chorégraphie une sorte de danse libératrice, un moment un peu fou, un peu drôle, toujours touchant. Parce que c’est ça Pi Ja Ma, une artiste vraie, qui switche avec ses émotions en un clin d’oeil. Une artiste qui nous ressemble et qui n’a plus peur d’assumer qui elle est, seule sous sa frange.
Et nous, on n’a pas envie d’oublier de lui dire qu’on l’aime.
Courcheval – Danse Courcheval danse !
Lorsque Courcheval nous avait partagé son ADN musical, il nous avait parlé de son amour pour Beck. À l’écoute de ce Danse Courcheval danse !, on réalise bien l’importance de l’américain dans sa construction musicale.
Rythmique organique et hip hop, flow nonchalant, cassures de rythmes imprévues et réjouissantes, ce nouveau titre du français se plonge dans les pas de son héros, sans jamais le singer. Car la musique de Courcheval reste personnelle, surtout dans ses thématiques. Ici, il déconstruit l’image du « mâle alpha » pour accepter sa personnalité, son image dans les failles et dans tout ce qu’elle a d’entier.
Un titre aux thématiques modernes qui fait du bien aux oreilles et au cœur en ces temps ou certains tristes sires essaient encore de nous imposer une image d’homme dominant qui n’a plus lieu d’être.
Visuellement, Pauline BRICOUT nous propose une animation étrange et énigmatique du morceau. On retrouve l’astronaute repéré dans Labeur, mais surtout on est assailli par des images colorés dans un monde clinique, des choses parfois choquantes, parfois poétiques, qui trouvent un certains écho dans la musique de Courcheval.
Izïa – Mon Cœur
Nouveau virage pour Izïa ! Déjà 2 ans se sont passés depuis la sortie de son album Citadelle fin 2019, dans lequel on la découvrait de façon plus intime et personnelle. Aujourd’hui sort Mon Cœur, à l’atmosphère électronique et dansante qui nous emmène vers d’autres perspectives pour la chanteuse. Si on l’éloigne un peu plus de l’esthétique rock qui l’avait révélée à ses débuts, cette évolution est intéressante et montre que l’on n’aura pas à craindre d’avoir du rechauffé de sa part. Pour autant, on garde le timbre de voix singulier et l’énergie d’une artiste établie, autant d’éléments qui font son essence et qui sont un bonheur à retrouver à chaque sortie. Côté images, la mise en scène schizophrène enchaîne les situations futuristiques entre blanc et noir, avec une réalisation pleine d’une énergie sensuelle qui colle parfaitement au morceau. C’est top, on a déjà hâte de la suite !
Venus VNR – Parfait
A cette injonction à ce que tout ça parfait, Venus VNR répond par le lâcher prise, le fait de voir la vérité en face : rien n’est parfait. Comme si plus on cherchait à contrôler ce qu’il se passe, plus la vie se chargeait de mettre en place le contraire de ce que l’on souhaite. Mais le duo nous rassure à coup de punchline : “Si tu crois qu’autour de toi, tout est parfait, Retourne à Marne-la-Vallée mater des fées” pas de panique “La vie c’est dur, La vie c’est que des accidents”. Une ambiance de détente, de détachement, qui se retranscrit dans l’atmosphère musicale avec des guitares qui ronronnent et un flow proche du R’n’B. C’est d’ailleurs presque comme un clip de R’n’B que Jean Chaffard Luçon réalise le clip de Parfait. On voit alors le duo slamer sur scène, en coulisse ou dans une salle de répétition.
CAÏMAN – Le Dehors
On a cette semaine reçu d’excellentes nouvelles de la scène musicale rhône-alpine : le groupe CAÏMAN vient tout juste de finir sa mue et n’est évidemment pas arrivé les mains vides parmi nous. Le trio entame en effet les présentations avec le magnifique Le Dehors, un commencement prometteur et annonciateur d’un premier album intitulé À la lueur (via Le cri du charbon) que l’on accueillera le 6 mai prochain.
Accompagné d’un clip intrigant et superbement réalisé par Valentin Curtet, Fantin Curtet et Chloé Serme-Morin (c’est d’ailleurs son visage que l’on devine à l’écran et sa voix d’enchanteresse qui nous berce), Le Dehors est une flamboyante entrée en matière qui nous transporte tout au long d’un voyage vers la lumière à l’aide de guitares magiques et enveloppantes.
les grands enfants – panic room
Le duo les grands enfants continue d’explorer les liaisons entre rap et rock en imposant un univers qui se veut le plus singulier possible pour faire ressortir leurs visions au sein d’une esthétique homemade. Ce qui est le cas avec le visuel accompagnant leur dernière sortie, panic room réalisé par @ahoui.jpg et @aicy.p999.Entre des couleurs saturées et une esthétique frôlant les codes du digital avec des insertions d’images de jeux vidéos, le duo glisse des moments de vie dans leur appartement, lieu qui semble rythmer leur vie mais aussi leur musique.Les mélodies tirent vers le rock sans trop en faire, le dosage est minutieux et le rendu se combine bien avec l’ambiance dégagée par le visuel. L’imagerie du duo continue de se constituer morceau par morceau et visuel par visuel.
Jäde – Lipstick
Après l’entrainant J’boss, Jäde garde le cap avec le nerveux Lipstick. Si elle avait déjà prouvé par le passé qu’elle maîtrisait la trap, elle le confirme à nouveau sur ce titre. Fidèle à son esthétique, elle a fait appel à Romain Garcin avec qui elle a l’habitude de travailler pour co-réaliser le clip en sa compagnie. Le visage fermé et la tête bien haute, Jäde laisse, d’entrée éclatée une aura boosté par son égo qui semble être au max. Une fois maquillée, elle joue de son regard pour manger la caméra des yeux et faire ressortir un charisme qui la suit depuis ses premières apparitions. Variant les tenues comme les flows avec une aisance remarquable, confirmant une capacité d’adaptation déjà dévoilée sur ses premiers projets. Jäde continue de dévoiler des petits bonbons aussi doux qu’acidulés qui caleront la faim des plus gourmands.
Costa – Archive 6 – Haut le coeur & Archive 7 – Bahouaismonreuf (Paris)
Pour revenir sur le devant de la scène, Costa livre un double clip lui permettant de reprendre sa série de morceaux Archive. Il avait laissé ses auditeurs sur le cinquième épisode Vert Pisctache avant de livrer cette semaine le sixième : Haut le cœur suivi dans la foulée par le septième, Bahouaismonreuf (Paris) qu’il a décidé d’accompagner d’un visuel réalisé par TreizeDouze.Filmé à la verticale, comme si le rappeur était suivi par un simple Iphone, il met sur le papier ce qu’il voit par sa fenêtre d’habitant de la capitale. C’est d’ailleurs dans ses rues qu’il erre la nuit, pour être au plus proche de ce qu’il raconte dans un rap millimétré. A l’ouverture d’une porte, l’ambiance devient tout de suite plus agressive, la prod s’accélère quittant le boom-bap pour une trap qui est tout aussi maîtrisée par le rappeur. Deux morceaux, deux ambiances mais surtout la confirmation que chez Costa, les bases ont été bien assimilées.
Beabadoobee – Talk
Dans le grand revival pop punk de ces derniers mois, il semblerait que le genre ait aussi atteint la Grande Bretagne. Beabadoobee est le futur espoir musical de cette génération, enchainant les EP et les récompenses avant le grand boom ? Sans nul doute qu’avec son attitude faussement naïve, ses mélodies entêtante et sa vraie singularité elle réussisse à se faire une vraie place. Alice aux Pays des Merveilles grunge, Beabadoobee se retrouve envahit par des champignons et des lumières blanches. Transformant son trip en réalité, elle se retrouve vite envahit par une horde de Gen Z plus heureux les uns que les autres de vivre ce moment tous ensemble. Styles chatoyants, sourires radieux, folie assumée, ils sont tous plus beaux et originaux les uns que les autres. La jeune chanteuse se retrouve portée telle la nouvelle icône du génération, déclenchant la ferveur et de nouvelles passions. C’est ultra rafraichissant.
Shaka Shams – Starkidz
Shaka Shams c’est une voix, grave et qui semble pouvoir s’adapter à toutes les sonorités comme avait pu laisser entrevoir son EP, Action Only Volume 1. Cette semaine il a divulgué Starkidz et son visuel co-signé avec le réalisateur Yordi Portael, un voyage ensoleillé qui confirme ce qui vient d’être dit sur cet artiste originaire du plat pays.
Pourtant c’est bien loin de la grisaille et de la drache belge qu’il a décidé de donner vie à un morceau aux élans 2step dans lequel tout semble possible. Effectivement Shaka Shams a décidé de s’envoler, destination l’Egypte. Sous un soleil plein, il danse comme si tout lui était permis. Mettant un point d’orgue sur la liberté et la fougue qui le contient, il retranscrit ces sentiments dans ce titre.
« Bitch I got everything I want I’m a star »
Entraînant, coloré et libérateur, ce nouveau single a toutes les cartes en mains pour tenter de faire résonner le nom de ce jeune belge prometteur.
No Terror In the Bang – Another Kind of Violence
Le groupe de Rouen No Terror in the Bang revient avec un nouveau single entre grâce et déflagration. Groupe de métal cinématographique mêlant des musiciens provenant d’horizons allant du hip hop au jazz, ils nous offrent le privilège d’admirer que le métal, style terriblement exigeant, reste un véritable pont entre les genres musicaux et offrant une terrain ultra fertile à l’innovation musicale. Chez No Terror in the Bang, on retrouve cette innovation dans les pépites instrumentales proposées par le groupe afin d’insuffler une atmosphère ultra particulière et des relances véritablement efficaces. Visuellement c’est un vrai show de pure démence, la puissance de voix contraste avec sa terreur affichée. Elle se transforme en créature mystique, double maléfique de son esprit dévasté. Belle personnification de notre santé mentale bien défaillante.
Emma Peters – Lové
Si son nom pourrait vous faire penser à un artiste anglo-saxonne, détrompez-vous Emma Peters est bel est bien française. Son franc parlé et ses textes racontant comme une déléguée de la jeunesse les maux de son temps, définissent son style. L’artiste vient de sortir son troisième album Dimanche le 25 mars dernier et Lové est le quatrième titre figurant sur celui-ci.
Dans le clip réalisé par Lou Zidi, Emma Peters semble être le personnage omniscient qui se fraie un chemin lors d’une soirée ressemblant à une boum. Les néons, les guirlandes lumineuses, les rideaux dorés et les gobelets rouges mettent dans l’ambiance des fêtes américaines des teen movies.
Un clip esthétique et léger où une génération danse et chante en cœur l’envie de plus de “lové”.
Working men’s club – Widow
Ambiance freaky avec le dernier clip de Working Men’s Club pour le premier single Widow annonçant le prochain album Fear Fear.
Le mélange électrique et post punk de leur musique est retranscrit dans un clip sombre mais très énergique où visages et corps s’entremêlent.
On joue avec la recherche des limites corporelles, dans sa transformation avec des masques. Les superpositions de couleurs flashy apportent un côté très pop aux images à l’esthétique très industrielle.
Un ensemble de zooms, de contre-plongées, de plans de paysages urbains, de personnes, la caméra joue avec nos limites et le clip devient une expérience en lui-même.
J.E Sunde- I Don’t Care to Dance (feat. Monica Martin & Dory Bavarsky)
Au coeur du dernier album de J.E Sunde, I Don’t Care to Dance frappée autant par sa simplicité que par son émotion. Une chanson guitare voix, pure et bouleversante qui nous racontait une histoire d’amour, un moment suspendu, de grâce, une rencontre grâce à laquelle tout s’envole et les peurs disparaissent pour laisser place au ici et maintenant.
Aujourd’hui, l’américain revient avec une réinterprétation complètement différente de son morceau, en collaboration avec Monica Martin & Dory Bavarsky. Alors que la chanteuse prend le lead vocal, le musicien transforme le morceau en quelque chose de plus enlevé, lui impulsant une couleur musicale toute différente grâce au piano et aux orchestrations qui donnent au morceau une couleur bien plus cinématographique tant et si bien qu’on a l’impression de découvrir un nouveau morceau.
Le tout s’accompagne d’une animation de Peter Miller, une danse dans les nuages, un moment qui n’appartient qu’aux deux héros qui vivent leur amour et qui s’évadent du monde et du quotidien pour ne partager un moment qui n’appartient qu’à eux.