La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 165ème sélection des clips de la semaine.
GLAUQUE – Pas le choix
La vie passe, et la seule chose qu’on finit par regretter reste le temps perdu. Celui à se poser des questions, à être en colère, à détester les uns pour mieux haïr les autres.
Et parfois, il est nécessaire de laisser filer, d’enterrer les maux d’une personnalité pour regarder le futur avec bienveillance, laisser entrer la lumière, même pour un court instant et stopper la course d’un temps qui glisse entre nos doigts.
Avec Pas le choix, Glauque nous invite à un enterrement de première classe rempli d’espoir. La plume toujours aussi poétique se met ici au service d’un dialogue intime d’un miroir qu’on ose enfin regarder avant de lui dire adieu et de se retourner. Comme des mots qu’on a pas envie de se répéter, tout s’égraine sur des notes de piano, d’abord introductive, qui ne disparaisse jamais et sur lesquelles s’accumulent des nappes électroniques de plus en plus cahotiques et vibrantes. Glauque c’est tout ça, un soin total, un son unique et global qui nous offre à la fois une droite et une caresse.
Pour accompagner Pas le choix, Baptiste LO MANTO nous offre une ode vibrante à la vie. On suit ici une bande de skaters, auxquels s’ajoute un cercueil. Une métaphore du morceau, entre les tricks, la vie et le besoin d’être ensemble avant de disparaitre. On a pas le choix que d’avancer, de rider le jour comme la nuit et de se réconcilier un peu avec soi même.
Nina Versyp – Mechanic
Lorsque l’on écoute Nina Versyp en concert, on reste comme suspendu. Il existe dans son écriture, dans sa voix et dans son interprétation, une impression de fragilité et d’élévation qui donnent à ses chansons toutes leurs forces. Le sentiment que Nina Versyp nous partage une intimité qui nous apparaît d’autant plus touchante qu’on la ressent comme étant véritable.
On retrouve dans Mechanic cette sensation au travers d’un trajet mémoriel au sein de réminiscences, de fragments de souvenirs juxtaposés qui refont surface au gré de l’égarement de nos pensées. Pêle-mêle se mélangent, la peur de l’abandon, l’impression d’entrave, la violence des répliques, la crainte de l’obscurité. Mais même fragilisée par ces angoisses, la volonté de réagir est toujours présente dans les envolées du refrain qui procure cette élévation salvatrice.
OWN – A Pizza For Two
Est-ce qu’une pizza est une bonne métaphore pour l’amour et le sexe ? Si vous en doutiez, vous pouvez écouter le nouveau single de OWN.
Avec A Pizza For Two, le caennais nous offre la recette d’une chanson pop décalée, drôle et pleine de sous entendus. Avec le retour des beaux jours, on n’en demandait pas tant, avec son refrain sauce piquante et ses garnitures de guitares parfaitement cuisinées. Aucune trace d’ananas ici, la recette est parfaite et la cuisson aux petits oignons.
Pour l’accompagner, OWN et Florian Puech continue la métaphore culinaire et nous entrainent dans la pizzeria préférée du musicien pour cuisinier les meilleurs pizaas, avec des ingrédients 100% bons pour ton cœur, ton ventre et tes oreilles.
La suite arrive vite puisque le nouvel EP de OWN est attendu pour le 17 mars.
Lucie Antunes – It’s Amazing
Un peu plus de trois ans après son vibrant album Sergeï, Lucie Antunes revient avec un second opus, Carnaval, à paraître en avril prochain toujours chez Cry Baby / Infiné. It’s Amazing, en est le premier titre. Moins de deux minutes pour s’ouvrir sur le nouvel univers sonore dans lequel Lucie Antunes souhaite nous entraîner. Les bras mécaniques du dispositif scénique imaginé par le collectif Scale qui accompagnaient la performance de l’artiste semblent avoir pris possession de son âme, en donnant naissance à une chimère mi-machine, mi-humaine.
Mécanique dans ses circonvolutions sonores, It’s Amazing, sous le regard d’Aymeric Bergada du Cadet (souvenez-vous, entre autres, du Sphynx de La Femme), joue avec les boucles auditives et visuelles. Baignée par des teintes aux reflets violets, l’atmosphère baroque tendance gothique qui se dessine dans la vidéo est propice aux rêves. L’appel d’It’s Amazing,séduisant et envoûtant, augure de belles choses à venir. Rendez-vous dans un mois pour découvrir les 10 autres titres qui suivront It’s Amazing dans le second album de Lucie Antunes.
Dead Chic – Les fleurs séchées
Tandis que le 24 mars prochain Dead Chic sortira son 1er EP studio, The Venus Ballroom, les musiciens nous donnent un avant-goût avec un premier extrait clippé, Les fleurs séchées.
Le premier plan révèle une bouche en gros plan, celle d’Andy Balcon, qui nous raconte en anglais la complexité des relations humaines. Puis, tout doucement, le plan s’élargit jusqu’à nous dévoiler l’intégralité de son visage, sur fond de papier peint floral. Tandis que la guitare rugit, l’homme se met du rouge à lèvres, en fixant la caméra.
Puis la batterie surgit et annonce un changement de plan : nous avons dorénavant face à nous Damien Félix, qui entonne le refrain, en français, suspendu à un téléphone filaire. Décor également d’un autre temps.
Ainsi, les plans se succèdent, révélant une chanson aux allures pop mais menée par des riffs électrisants et un clavier hypnotisant.
Avec ce clip, Dead Chic nous dévoile une romance chaotique et étrange, qui mènera les protagonistes à la folie. Andy recouvre entièrement son visage de rouge tandis que Damien mange des fleurs séchées.
Le quatuor défendra cet EP le 8 juin 2023 au Backstage by the Mill. 6 titres nerveux et vivifiants, enregistrés au Black Box Studio avec Peter Deimel.
Beatrice Melissa – Easier
Dernière découverte du label Midnight Special Records, Beatrice Melissa est né de la rencontre des univers de la musique savante dans laquelle baigne Melissa Weikart et celui de la musique électronique dont est issue Béatrice Masters. Cet alliage donne naissance dans le projet de Beatrice Melissa à une matière sonore cohérente et magnétique. Easier, par ses boucles mélodiques et vocales, nous apparaît tout autant séduisant que mystérieux. Intrigués, on repart à la recherche des harmonies qui nous avaient échappé lors de la première écoute.
Easier s’entend et se comprend tout comme la vidéo qui accompagne le titre se regarde et se scrute. Tournées par Malu França dans la station balnéaire de Brighton, les images se teintent par moments de reflets surréalistes qui renforcent l’ambiance onirique du morceau. À découvrir, si cela n’est pas déjà fait, pour mieux vous laisser emporter par les harmonies de leur monde sonore, à la fois si évident et si singulier.
Sinaïve – Citadelle / Bis Repetita
Un vendredi après-midi, je reçois un mail m’informant de la sortie de Répétition, nouvel EP de Sinaïve. Il est attendu le 14 avril prochain sur le label Antimatière. Et pour patienter jusque là, le groupe Strasbourgeois nous offre un morceau déjà clippé, Citadelle / Bis Repetita.
Onze minutes et onze secondes. C’est osé. Je lance la lecture, sans aucun doute, car Fun Club gère des groupes de qualité (coucou Sierra Manhattan). D’ailleurs, Rémi et Tom ont commencé l’aventure en 2020, en travaillant sur le premier EP du groupe, Dasein. Et 3 ans après, les voilà encore une fois réunis.
Le clip, réalisé et monté par Fred Poulet nous plonge au sein de l’univers tourmenté et hypnotique de Sinaïve. Muni d’une caméra 16mm il dévoile et voile, tour à tour, les trois silhouettes, tandis que le rythme, implacable, s’abat sur nous. Les surimpressions se mêlent aux boucles zélées de la basse et de la batterie et la voix surenchérit avec quelques phrases lancées au vol. « on construit / déconstruit tous nos modèles, on reconstruit la Citadelle, Johnny / on s’était pourtant moqué d’elle, tant pis »
Citadelle / Bis Repetita, reflet d’une époque agitée et en colère, surprend par sa radicalité et sa noirceur. Et on a hâte de vous parler de Répétition.
KALIKA – Superficielle
Le nouveau clip de KALIKA, Superficielle, est sorti ce 10 mars et cumule déjà plus de 11000 vues. Et à raison !
Si l’on commence à comprends l’univers coloré et les textes engagés de l’artiste, Superficielle aborde un thème loin d’être évident : le harcèlement.
« J’en connais qui sont partis trop tôt, il est jamais trop tard pour changer de potos ». KALIKA marque les esprits avec ce titre qui lui tient particulièrement à cœur. Quelques lignes de sa plume accompagnent d’ailleurs le clip sur sa chaîne YouTube : « Être gentil.les les un.e.s avec les autres c’est ce qu’il y a de plus important même si ça parait cucul. » Une sensibilisation en musique qui ne passera pas inaperçu, dans un monde où le harcèlement prend une autre dimension de par les réseaux sociaux, notamment.
Sans en faire une chanson tragique, KALIKA traite ce sujet avec une autre approche : celle de lever le tabou, que l’on soit victime ou témoin. On peut percevoir ce premier extrait de son premier album comme une ode à l’entraide et à la bienveillance. Comme quoi, on peut aussi aider les autres à s’éloigner de leurs démons et montrer que la lumière peut nous entourer, même dans les moments les plus sombres. C’est aussi ce que montre le clip de Superficielle. Si une situation de harcèlement y est mise en avant, la chanteuse montre aussi qu’il est possible de mettre au défi les êtres malveillants afin de garder nos êtres aimés dans la lumière en les tenant simplement par la main.
Adieu les monstres sera disponible dès le 5 mai prochain, et cet avant goût ne fait qu’accroître notre impatience de découvrir le premier album de KALIKA.
Simia – C’est du faux
Cette semaine, on découvre aussi le nouveau clip de Simia : Du Faux.
Entre rap et punk, l’artiste nous plonge dans les méandres d’un monde où plus rien n’a de sens. Tout est faux, à tel point que ça nous en ferait perdre la tête. Si tout était vraiment faux ? Si nous étions faux ? Avec les autres ? Avec nous ? Quelle réalité pouvons nous choisir quand tout semble si désespéré ?
Un an après son premier EP Trop tard, ce single signe le retour de l’artiste. Plus que du rock cette fois, c’est un accent punk qu’il donne à C’est du faux. Il fallait de la rage, de la haine, pour écrire et chanter un morceau si sombre mais pourtant si vivifiant.
Le clip de ce single met en scène Simia lui-même, enfin presque… Le chanteur apparaît grimé, à l’instar de toutes ces personnes qui affichent leurs opérations esthétiques sur les réseaux, et qui en abusent au point de ne plus se ressembler à elles-mêmes. Simia dénonce, répond, à toutes ces personnes qui se cachent de la vérité et la cachent aux autres.
Du faux est un hymne de la contestation, et de l’opposition à l’artifice qui grandit chaque jour dans notre société, nous empêchant de voir le vrai et de le vivre pleinement.
Lucy Dacus – Night Shift
“In five years I hope the songs feel like covers, dedicated to new lovers” nous confiait Lucy Dacus en 2018 dans le morceau Night Shift, issu de son deuxième album, Historian. C’est en effet 5 ans après sa sortie que l’artiste dévoile le visuel accompagnant le titre, qui est depuis devenu son plus grand succès à ce jour. Bien plus qu’un clip, c’est un véritable court-métrage de plus de six minutes que nous délivre la réalisatrice Jane Schoenbrun.
On retrouve Lucy Dacus travaillant à l’accueil d’un hôtel qui semble tout droit sorti de son imagination, mêlant mini-golf fantaisiste et références aux années 70 en tout genre, au sein duquel se tient une convention de fans déguisés autour du thème du Magicien d’Oz. L’artiste regarde avec envie des couples queer s’amuser au fil de la soirée, pendant qu’elle est occupée à effectuer maintes tâches monotones comme par exemple repêcher une botte pailletée tombée par inadvertance dans la piscine de l’hôtel.
Botte qui s’avère appartenir à une Dorothée, avec qui Lucy passera le reste de la soirée sous les lumières des projecteurs et qui parviendra à lui rendre le sourire. Probablement une métaphore astucieuse du fait que tout finit par s’arranger, même après l’infidélité que révèle avoir vécu l’artiste à travers le titre.
Une brillante adaptation visuelle du morceau, encore plus symbolique de par sa date de sortie, qui parvient à métamorphoser l’ambiance presque funèbre causée par la rupture évoquée dans les paroles en un joyeux hymne au queer love.
slowthai – Yum
UGLY est enfin dehors. Influencé par la scène post-punk anglaise, le rappeur y dresse sa vision brute et cinglante de la réalité. Le clip de Yum propose une plongée immersive dans l’intimité la plus crue de l’artiste. L’histoire semble familière : un succès fulgurant, une star adulée, et dans l’ombre un être en proie à de multiples addictions. Pourtant cette réalité ne nous aura jamais semblé aussi réelle que dans Yum.
Le rythme effréné et assourdissant entraîne Tyron à ressusciter ses démons. Plus vulnérable que jamais, l’artiste nous livre ses souvenirs un à un, comme si nous étions ses thérapeutes. Bouleversant, Yum est comme un appel à l’aide, un ultime espoir pour le rappeur de Northampton afin de se libérer de ses tentations, avant que celles-ci ne l’emportent et le séparent de son nouveau-né, présent au début du clip. La réalisation signée Crowns & Owls vous rappellera sans doute la puissance de Trainspotting ou des films des frères Safdie, des univers qui semblent coller à la peau de slowthai.
ANNABEL LEE – By The Sea
Annabel Lee, trio mixte belge composé.e d’une chanteuse, un bassiste et un batteur, est dans un procédé on ne peut plus louable. Porté.e par l’optique de mettre en musique des fragments du quotidien, le groupe se voit jouir d’une attention de plus en plus marquée. Tournant beaucoup, en France notamment au MaMa l’année dernière (c’est à souligner), le trio capitalise les regards qu’on lui octroie, et sort à la fin du mois son troisième album.
Après un premier effort en 2017, le groupe fixe sa ligne musical pour Let The Kid Go (Luik Musizçk / 2020). D’un rock des années 90~2000, le groupe trouve toujours une ligne de guitare, de chant ou de basse qui restera longtemps dans les esprits. Avec High Anxiety, premier single du futur opus, on reste dans cette droite lignée. dans le clip, on voit le groupe sur scène, ou dans les backstage.
Des vidéos de ce genre, assez communes, on voit souvent le groupe joyeux, heureux, des moments de folies. Pourtant ici les visages sont fermés, des mimiques trahissent le stress, l’anxiété que peut ressentir l’une ou l’autre des membres du groupes à différents moments de leur tournée. Un clip vraiment intelligent, qui donne encore plus envie de découvrir Drift. L’album devrait sortir a la fin du mois !
Nation of Language – Sole Obsession
Il y a quelque chose d’obsédant avec ce groupe New Yorkais, et leur nouveau single Sole Obsession en est une piqûre de rappel. Ce quelque chose se trouve dans leur synth-pop pétillante et dansante, à la Depeche Mode, qui nous fait revivre les années 80 comme aucun autre groupe. C’est également la voix de Ian, qui atteint des tonalités transcendantes. Mais aussi l’esthétique religieuse de la vidéo qui, tournée en 16mm, à ce petit quelque chose de nostalgique, aussi réconfortant que fascinant.
Tout de ce nouveau single nous obsède, nous hypnotise presque, à l’image du groupe qui dans la vidéo semble être sous l’emprise d’un gourou masqué, dont on ne saurait dire s’il leur veut plus de bien que de mal. A vous de voir !Sole Obsession annonce le 3ème album de Nation of Languages, à paraitre au courant de l’été 2023.
Joanne Radao – De bois et de fumée
Si certains sont faits d’eau, de sang et de peau, Joanne Radao se compose De bois et de fumée. Elle le chante dans un morceau éponyme. A travers ce titre , la chanteuse renoue et affirme ses origines malgaches. Elle fait appelle aux sens, à l’odeur, au toucher. Une synesthésie qui se chante autant en français qu’en langue malgache. On reconnaît des rythmes traditionnels de l’île Maurice qui viennent se métisser à de la pop urbaine. A l’instar du clip, où l’on voit Joanne Radao dans différents tableaux, portant des vêtements malgaches.
Nicolas Vidal – Va Vivre Ta Vie
Les clips de la semaine, c’est aussi l’occasion pour nous de mettre en avant des camarades, desamis. Et cette semaine, nous célébrons le retour aux affaires de notre cher Nicolas Vidal.
Un moment déjà qu’il nous parlait de son prochain projet, celui d’un album hommages aux textes de Françoise Sagan. Celui si prend corps, et âme, avec un premier extait, Va Vivre ta vie.
La voix pleine de charme de Nicolas offre une nouvelle vision à ce morceau, bien aidé par les arrangements et la réalisation du très bon Nikki Demiller. Le morceau s’offre une cure de jouvence, moderne et solaire. Une histoire d’amour et de bonheur manqué, un départ comme une fuite du quotidien qui est pourtant le terreau de l’amour.
Photographe et réalisateur, Nicolas Vidal s’occupe du clip à l’aide de plan parfait dans un noir et blanc qu’il affectionne tant. La suite, vite.