La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de notre 211ème sélection.
Magenta Club – x 1000
Ceux qui avaient eu la chance de les voir au Punk Paradise avaient certainement repéré ce morceau marquant du set, Magenta Club dévoile cette semaine x 1000, un nouveau titre qui donnera aussi son nom à leur nouvel album.
Avec x 1000, le groupe revient à une veine plus proche de leurs premiers titres. Un morceau qui joue sur le rythme et le lâcher-prise, le genre qui nous donne envie de fermer les yeux, de tout oublier et se laisser porter par le son.
Et c’est exactement de ça que parle la chanson, les rencontres au coeur du bruit, les moments où l’on décide de tout oublier, de danser envers et contre tout, même contre soi, histoire d’aller mieux et de s’oublier dans la foule et l’anonymat …
Se prendre au jeu, c’est aussi l’idée qui se transporte dans le clip de Valentin PITARCH. Faisant pleinement référence à Jumanji, la vidéo développe une esthétique très 90’s dans laquelle, on se retrouve aspirer dans un univers parallèle au cœur d’un jeu de société où il est nécessaire de danser encore et encore … des personnages qui se transforment et se réunissent pour vivre enfin.
Magenta Club frappe une nouvelle fois juste en attendant la sortie de leur nouvel album prévue le 19 avril prochain.
BRÖ – OUI OU NON
BRÖ est de retour cette semaine avec un nouvel EP intitulé Pour la fête. Tout un programme qu’elle dévoile désormais en tout indépendance à travers sa toute nouvelle structure projets complexes.
Un grand saut dans le vide rempli de liberté qui se caractérise par une musique en constante évolution pour la musicienne. La preuve avec OUI OU NON, un morceau qu’on pourrait facilement qualifier de « banger » tant BRÖ s’amuse à proposer une musique addictive et très pop.
Mais au delà de la parure, il y a surtout une écriture assez dingue, une façon de malaxer les genres musicaux pour les faire exister à travers le prisme d’une voix unique et mouvante. Toujours au bord du précipice, la musique de BRÖ est attachante car au delà d’une technique irréprochable, elle respire l’authenticité et l’humain.
Pour accompagner le morceau, on part en road trip avec la musicienne, dans un clip qui joue habilement entre la langueur de la journée et le relâchement festif de la nuit. On suit BRÖ et ses potes avec bonheur dans ces instants de vie et de communion.
En parlant de communion, la suite de l’aventure se vivre sur scène pour BRÖ avec notamment un passage à Lille fin avril et à la gaité lyrique en mai prochain.
Calypso Valois – N’oublie pas
La dernière fois que nous vous avions parlé de Calypso Valois, elle nous dévoilait un clip signé Nicolas Medy qui s’avérait très bleuté, kaléidoscopique. Pour N’oublie pas c’est un cocktail de couleurs chaudes. Que ça soit les visages, les corps, tous les éléments de ce clip nous ramènent à quelques années en arrière avec son esthétique graineuse.
Des visages qui laissent entrevoir des moments que l’on qualifierait d’érotiques, des poses suggestives s’accumulent et au refrain nous assistons à une véritable éruption des corps. Peu à peu c’est de la gravité qui prend place, les corps comme possédés s’animent, des situations bizarres s’enchaînent. Et tombe presque brusquement le panneau en lettres capitales « the end ». Voilà que l’on se met à décréter qu’on a assisté à une juxtaposition de bizarreries visuelles pour lancer le printemps.
Please – Flashlight
Ce n’est pas une ambiance printanière chez le trio parisien de Please qui avec son titre Flashlight nous embarque plutôt en automne, à l’approche d’Halloween. Y a plus d’saison qu’on vous dit. La réalisation est confiée à l’un des membres ; Aristide Lacarrère.
L’influence se situe à mi-chemin entre Stranger Things et Thriller d’un certain Michael Jackson. On navigue donc dans un clip qui rend un hommage non dissimulé aux films d’horreur avec un sacré dosage d’humour à la Scary Movie. Les trois gars de Please sont pourchassés par une mystérieuse créature dont on ne verra dans un premier temps que les yeux rouges laser – ce qui nous rappellerait presque l’affiche de Holy motors de Leos Carax -.La créature ne leur veut visiblement aucun mal.
Elle ne voulait qu’une chose : les voir en concert. Bon, il y a l’art et la manière de demander dirons-nous… Un titre qui nous rappelle des sonorités à la Foreigner – et on précise ici que ce n’est même pas à cause du cold as ice dans le texte ! -. Si vous êtes curieux de les découvrir en live, plusieurs rendez-vous : le 25 mars au Cargö à Caen, le 5 avril à la Laiterie à Strasbourg avec les Later, le 13 avril à l’Usine à Istres avec les Social Dance et enfin le 17 avril pour leur date parisienne à la Maroquinerie.
MC Solaar – Ils dansent /Modernidad
Le nouvel album de MC Solaar sera donc « Triptyque: La première partie intitulée « Lueurs célestes » a été révélée le 15 mars 2024 et est composée de 7 titres: « Je n’ai jamais été aussi prolifique. Cela m’a obligé à aller à la rencontre d’autres musiciens aux univers très variés. À un moment, plusieurs studios tournaient en même temps » confie MC Solaar au Parisien.
Cette semaine il lance un double clip pour les pistes « Ils dansent » et « Modernidad » et nous propose ainsi deux salles, deux ambiances.
MC Solaar traverse les époques, se renouvelle sans cesse et parle toujours aussi bien des maux de notre société et reste une référence incontestée et incontestable du rap français.
Avec « Ils dansent » , MC Solaar nous montre qu’il jongle toujours aussi bien et vite avec les balles vocales. Ce titre est en effet une ode à la danse mais la genèse démarre dans ce diner à l’américaine puis il zoome sur cette danseuse et puis un groupe de danseurs de breakdance et nous rappelle que la danse est universelle, impulsive, et éternelle. Cette chanson mêle le moderne et le nostalgique dans la grande tradition des titres tels que les temps changent ou le nouveau western. Le dernier couplet est du pur Solaar avec des rimes et des rythmes forts « Ils dansent, quelle que soit la tendance, Pour eux, c’est naturel, ça sonne comme une évidence, Ils dansent, quelle que soit la distance. La transe est un dialogue qui crée la correspondance »
Et le clip alors? La scène du début du clip suit le fil des paroles. On est dans un pseudo diner à l’américaine, il mêle habilement poésie et réalisme, peignant des images vives de la vie quotidienne tout en y injectant une profondeur émotionnelle: le contraste entre les gens qui sont greffés sur leurs téléphones sans un regard pour l’autre et cette danseuse qui nous hypnotise par ses mouvements. On croise ensuite ce groupe de break qui brillent en collectif et par chaque individu pour finir sur le narrateur entouré de danseurs.
Modernidad a des sonorités latina très marquées. Le titre est un peu comme une annonce du retour de Claude MC Solaar et un clin d’œil aux années 90 par le biais de références qui seront comprises et appréciées par les GenX et millenials. Un titres aux rimes aussi subtiles qu’ improbables comme « Garde basse, et puis prophylaxie- J’suis là pour protéger le groove d’ici et d’la galaxie » ou encore « Baby boomer, prends ça dans tes boomers – Danse sur la rythmique ou bien ce soir, ton marabout meurt » . Que dire du clip? Un clip en huit clos avec des plans alternant la fête et les invités qui dansent, le flow de MC Solaar et sa chanteuse plantureuse (la même danseuse que sur le clip précédent) au moment des refrains en espagnol.
Bekar fut SDM – Finalement
Qui va arrêter Bekar cette année ? Déjà auteur d’une année 2023 incroyable, entame la nouvelle année en force avec la sortie de Plus fort que l’orage en février. Moins d’un mois après, le rappeur dévoile déjà la réédition du projet en l’intitulant Plus fort. Pour célébrer cette occasion, il dévoile le clip tant attendu de Finalement, en collaboration avec SDM.
La pépite de Roubaix et Ocho se réunissent dans une atmosphère calme et aérienne. Accompagnés par une incroyable instru de Myth Syzer et Wladimir Pariente, les deux rappeurs délivrent leurs textes dans divers endroits d’un stade de football et de rugby. Mais, c’est à travers un refrain ultra accrocheur que leur connexion se ressent pleinement. SDM, mêlant chant et rap, est rejoint par Bekar pour un mini passe-passe. Un refrain plus que percutant, à l’image d’une collaboration parfaitement réussie.
Avec cette réédition, Bekar offre un excellent niveau, des invités de marque, des paroles qui touchent et une variété de styles. En à peine deux ans depuis Mirasierra, il est remarquable de voir le niveau qu’il a atteint et la reconnaissance qui lui est accordée.
Sierra Ferrell – American Dreaming
L’incroyable musicienne américaine Sierra Ferrell vient de sortir son nouvel album Trail of Flowers (chronique à venir prochainement sur La Face B).
La première chanson de l’album, American Dreaming, est accompagnéed’un clipmontrant l’artiste à divers moments de sa vie en tournée. Sur ce morceau, Sierra Ferrell nous parle de moments difficiles vécus durant cette vie itinérante, déviant de ses inspirations habituellement plus oniriques.
« I’m losing touch with all my friends, the ones who remind me who I am / If I could just get back home to pick up where we left off / I’d take better care of myself, I’d stop drinking from the bottom shelf / But my old wheels keep spinning and I cannot make them stop« .
Comme pour beaucoup d’entre nous, la poursuite d’un rêve se heurte parfois à des considérations plus fondamentales comme les liens d’amitié, l’amour et le bien-être, appelant à faire une pause et prendre du recul, ce que la chanteuse reconnait avoir dû mal à faire.
Sofie Royer & Alexander Dexter Jones – Paris is burning
Malgré un ciel gris et austère, cette semaine nous a été présenté un duo remarquable, formé de Sofie Royer et Alexandre Dexter Jones. Les deux musiciens nous ont offert une performance captivante, évoquant le célèbre documentaire du même nom : Paris is Burning.
Écrite durant le mois de juin 2023, c’est dans ce contexte nauséabond et poisseux des poubelles apparaissant ardemment dans les rues de la capitale que ce morceau est né. Entre des effets sonores saturés et puissants évoquant une rencontre entre Scarlett Johansson et Bill Murray, tentant de se retrouver dans un hôtel élégant de Tokyo, mais cette fois-ci dans un cadre plus mélancolique et organique offert par la ville de l’amour.
Entre le tumulte tremblant et hâtif du métro, et un moment plus contemplatif et solennel au cœur du Palais de Chaillot, s’appuyant même devant le buste de Dalida, cette épopée urbaine trouve son dénouement avec Alexandre Dexter Jones arborant un gilet noir au motif de squelette, évoquant la talentueuse Phoebe Bridgers. Dans l’intimité d’une chambre d’hôtel, ce dernier retrouve Sofie Royer, qui, loin de marcher sur des œufs, préfère les briser en leur offrant un choc violent de sa tête.
Cette scène est portée par un élan et un solo de guitare épique, pour se conclure en douceur avec les notes délicates d’une corde de violon, caressant la fin d’une journée peu ensoleillée mais riche en émotions. Dans ces tableaux, Paris is Burning manque assurément de vitamine D, mais il ne faillit pas à livrer une véritable complicité artistique et humaine entre ces deux âmes créatives.
Amaria – Beggin’
Apparue sous le feu des projecteurs en septembre dernier avec la sortie d’un COLORS SHOW, Amaria revient avec Beggin‘, dont elle a également réalisé le visuel. Accompagnée d’un crew de danseuses qui semble tout droit sorti d’un girlsband des années 2000, la jeune chanteuse nous envoûte avec sa voix aux sous-tons groovy très sensuels.
Plongés dans un univers à mi-chemin entre Soul et R’n’b, qui n’est pas sans rappeler celui de la grande Erykah Badu, on se laisse porter par les sublimes harmonies d’Amaria et par l’atmosphère hypnotisante du clip, où des jeux d’ombres brillamment orchestrés laissent entrevoir des silhouettes divines qui offrent une aura solaire à ce visuel plus que réussi.
Maya Kamaty – Sovaz
La chanteuse réunionnaise Maya Kamaty reprend le contrôle avec le sulfureux Sovaz.
A la traduction « sauvage » du créole « sovaz », l’artiste préfère celle de « rebelle » ou d’« insolente ». Le morceau commence ainsi : « Quand mon sang se réchauffe / L’orage déchante / Haut les cœurs / Plus de peur / Je suis insolente ».
Dans son refrainMaya Kamaty demande à ce qu’on l’appelle « Diva ». Les deux réalisatrices du clip Natacha Morelli et Aloïs Fructus donnent alors des allures de reine voire de déesse indoue à la chanteuse. Cette dernière s’amuse à mélanger les continents dans ses morceaux. En se rattachant toujours à ses multiples racines : indienne, malgache, chinoise et française.
Si l’introduction de Sovaz est douce, avec des airs traditionnels, une rapide progression nous amène vers la trap et des sons plus urbains. Soyaz, c’est aussi le nom du dernier EP de Maya Kamaty, sorti il y a deux ans. Un disque dans lequel elle s’affirme aussi bien musicalement que politiquement.
Lucie Antunes – La Chair
Pour l’anniversaire de sortie Carnaval, Lucie Antunes a greffé sur ses anciennes compositions de son album, une nouvelle branche fruitière. Cinq morceaux – dont La Chair – faisant la part belle aux collaborations (Baby Volcano, Frànçois Atlas, Superette et Anna Mouglalis) en explorant des versants encore sous-jacents de ses aspirations. La rencontre entre Anna Mouglalis et Lucie Antunes s’est faite en 2022 lors d’une création pour le Printemps de Bourges en hommage à Brigitte Fontaine. Parfois, des associations inattendues s’avèrent ensuite aussi évidentes que fructueuses. C’est le cas pour ces deux artistes. Une rencontre entre un rythme et une voix. Au-delà de ses talents d’actrice, le magnétisme d’Anna Mouglalis s’exprime aussi au travers de sa voix au timbre si profond. S’inspirant du travail de Mederith Monk, Lucie Antunes cherche à utiliser les voix comme des instruments de musique. Dans La Chair elle modèle celle d’Anna Mouglagis en l’associant au basson d’Ariane Bacquet, aux synthés modulaires de Franck Berthoux et (bien sûr) à ses percussions qui résonnent comme les battements d’un cœur. La composition avec ses rythmes hypnotiques et ses phrasés syncopés nous propulse dans un vagabondage sensuel aux confins de nos pulsions amoureuses.
La mise en image est de Jamie Harley qui avait déjà clippé Luchadora et également – pour ne citer que – Berzingue de Flavien Berger ou My Church de Koudlam. Ici, ila choisi de mettre en images ces ressentis en utilisant le noir et blanc, symboles de ce qui relève du domaine des pensées. Avec sa composante surréaliste, La Chair s’ouvre à une libération désinhibée de notre imaginaire et à l’extériorisation de nos fantasmes les plus inconscients. En symbiose étroite, image et musique tirent leurs forces l’une de l’autre. Laissez-vous trans-porter par elles, vous en sortirez, transformés, métamorphosés.