La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 217ème sélection.
PAR.SEK – LA MORT
On vous avait prévenu, jouer au Mölkky peut vous mener à toutes les extrémités, même la plus létale, La Mort avec un grand « M ». Parce que si, dans le conte funèbre que nous sert PAR.SEK, l’on ne connaît pas la cause de la mort de Simon, rien ne nous empêche de l’imaginer, mais est-ce le sujet ?
Entre la famille Adams, Frankenstein Junior et le Rocky Horror Picture Show, la vidéo – réalisée façon court métrage par Manon – nous emporte dans un récit aussi lugubre que fantasque. Des tentatives de résurrection menées en grand secret dans un laboratoire clandestin, une oraison funèbre prononcée dans les décors champêtres des contreforts du Puy de Dôme, Coco en bassiste-disciple sautillant… tout est en place pour donner vie à la ballade lofi qui navigue, avec une pointe de sensibilité, entre autodérision et humour ubuesque.
La Mort est une chanson extraite de Tout change, le deuxième EP paru en mars dernier chez Caramba Records. À défaut de vous effrayer, elle vous ouvrira les portes du monde fantaisiste et si créatif de PAR.SEK.
Simone Ringer, Mathilde Fernandez – INTENTIONNEL
Après Dance paru l’an dernier, Intentionnel est le deuxième extrait d’un premier EP de Simone Ringer à venir. Intentionnel est une chanson rencontre entre deux chanteuses – Simone Ringer (en solo après l’expérience Minuit) et Mathilde Fernandez (qui bouscule tout actuellement avec le projet Ascendant Vierge qu’elle mène avec Paul Seul). Leurs univers – si singuliers soient-ils – ne pouvaient que se superposer. Une gémellité siamoise, un corps, un cœur, une robe (invraisemblable, née de l’imaginaire de Vanessa Pinto) et deux voix qui clament à l’unisson l’envie de faire vivre leurs désirs. Un quiproquo, un geste supposé intentionnel les fait basculer dans une folie passionnelle, aussi baroque qu’absurde.
Dans une ronde pantomimique à la ligne musicale addictive et énigmatique (Nzca Lines a participé à la production), les voix habitées des jumelles bicéphales se répondent et, se chevauchant, nous font entrer en résonance. Frissons à foison. Filmant avec un objectif fish-eye, Diane Sagnier (Born Warm, Camp Claude) fait virevolter les images tant et si bien que l’on perd les derniers repères que l’on avait encore. « de l’amour passionnel – et moi j’ai cru que c’était intentionnel ». Intentionnel, intentionnellement et incroyablement la chanson la plus perchée et plus folle de ce début d’année. Nous adorons et courons la réécouter, encore et encore !
Entropie – Grandiose
Direction Paris pour découvrir Grandiose, nouveau titre du Quatuor local Entropie. Un morceau Pop qui entraîne avec l’impression de flotter dans un rêve, comme inhibé par des désirs de grandeur jamais assouvis. Pourtant, le message est de garder l’espoir et la confiance en soi, une forme de “trust the process” version Entropie.
Côté image, on suit le chanteur du groupe dans un premier temps dans un parcours nocturne et solitaire dans les quartiers de Paris. Peu à peu, l’image gagne en lumière à mesure qu’il trouve de la compagnie jusqu’à un magnifique feu d’artifice final. On pourra féliciter un travail d’image remarquable, qui accompagne à merveille la progression du morceau et rayonne avec lui.
On a donc hâte de voir ce que l’avenir réserve à Entropie, à qui on souhaite le meilleur !
Fat Dog – Running
Le quintet du sud de Londres refait surface en présentant Running qui figuerera en clôture de leur premier album WOOF dont la sortie est annoncée le 6 septembre. Le groupe s’était juré de ne pas utiliser de saxophone pour leur musique. C’est perdu puisqu’il en est même l’élément central de nouveau titre bien déjanté.
Tout comme son clip qui met en scène la bande en plein simulacre d’une cérémonie sectaire. Les cinq membres vétus de survet bas de gamme virent en pleine transcendance. On les voit se gargariser d’un festin royal mais immonde sous l’effet très certainement de substance pas très légale. Cette surenchère d’intensité suit parfaitement la ligne artistique de Fat Dog qui adore à
pousser le vice musicale et le ridicule jusqu’à l’épuisement. On a là tous les ingredients pour un excellent groupe live. Ça tombe, on les verra aux quatre coins de la France tout au long de l’année. Enjoy !
SOFT PLAY – Act Violently
On reste chez la perfide Albion pour retrouver l’un de nos duos préféré, SOFT PLAY. Après une poignée de singles qui montrait à ceux qui en doutait encore qu’Isaac et Laurie en avaient encore sous le pied, SOFT PLAY a annoncé la grande nouvelle; l’arrivée de HEAVY JELLY, leur nouvel album, pour le 19 juillet prochain.
Et pour fêter ça, ils nous offrent un nouvel uppercut dont ils ont le secret avec Act Violently, nouveau single paru cette semaine. Du chant aux sonorités bien lourdes, on retrouve les éléments classiques d’un bon morceau de SOFT PLAY, accompagné d’un texte teinté d’ironie et de colère. SOFT PLAY met en musique la pensée violente, celle qui vient à l’esprit de chacun lors de certains évènements qui peuvent arriver par moment. Pour eux, c’est une rencontre avec une trottinette électrique sur un trottoir qui aura été l’inspiration de ce morceau.
Une idée qu’ils utilisent avec malice dans la vidéo qui accompagne le titre, réalisée par leurs soins. On suit alors Isaac dans la ville natale du duo, Tunbridge Wells. Dans cette ville aux apparences calmes sévit un dangereux criminel en scooter électrique qui semble terroriser tout le monde et prendre un malin plaisir à emmerder le chanteur du groupe dès qu’il le croise.
Dans un rôle de vigilante très anglais, on suit donc la moitié du groupe en quête de vengeance alors que la colère ne fait que grimper un peu plus à chaque rencontre. Comment se finira cette histoire ? Vous le découvrirez à la fin du clip, mais on est assez sûr que cette vidéo parlera à un grand nombre de personnes qui, comme nous et SOFT PLAY, détestent ces p… de trottinettes électriques.
Chilly Gonzales – Poem
Les mélodies de Chilly Gonzales ont toujours fasciné par leur élégance intemporelle et leur capacité infatigable à insuffler une nouvelle créativité en nous.
Après les saisissantes compositions sonores rendant hommage à la France du pianiste en peignoir, c’est le 2 mai qu’il a dévoilé son dernier Poem. Revenant à l’anglais, il a enveloppé nos oreilles d’un imaginaire clair et onirique. Ces touches de piano résonnantes ont tracé les contours d’un monde empreint de merveilles, de raretés et d’inattendu. C’est une célébration de la vie et de la vision unique en chaque être que ce nouveau morceau, et ce clip conçu sous l’œil de Norma, parvient brillamment à transmettre. Offrant un spectacle d’illusion et de plénitude. Néanmoins, tel est souvent le cours des choses, où le bien attire inévitablement le malheur. Nous rappelant que chaque commencement est voué à sa propre fin, évoquant un son sourd auquel il est presque impossible d’échapper, à moins bien sûr d’accueillir le renouveau.
C’est un schéma simple et transparent esquissé à travers ces accords et mots teintés de fantaisie. Il y aura toujours une place, dans cette existence, pour la splendeur, même sous un ciel menaçant et gris. Gonzo, le prochain album du musicien à paraître le 13 septembre, incarnera, sans grande inquiétude de notre part, cette beauté perpétuelle. Caressant l’idée d’une béatitude presque éternelle, même lorsque celle-ci est menacée de s’évanouir.
Peter Deaves – Bury Me Under the Mersey
Extrait du premier album du singer-songwriter anglais Peter Deaves Ceol Agus Gra, sorti le mois dernier, Bury Me Under the Mersey raconte l’histoire d’amitié impossible de deux soldats pendant la Première Guerre mondiale, inspirée de celle de la propre famille de Peter. Le clip réalisé par Maud Chalard et Théo Gosselin, transcription métaphorique et poétique de la chanson, suit le dernier voyage de deux amis, l’un allemand, l’autre liverpudlien, jusqu’à leur destin inévitable. Malgré l’adversité, la chanson et la vidéo sont une véritable célébration de la vie, de l’amour et du pouvoir de l’amitié, en echo avec le titre de l’album, qui signifie « musique et amour » en gaélique.
« Bury Me Under The Mersey est née du désir d’écrire une chanson qui pourrait raviver une fête mourante à deux heures du matin. […] Il fallait que ce soit une chanson qui rassemble les gens, qui soit à la fois nostalgique, morbide, unificatrice et festive ; qui puisse signifier le monde pour les gens, qu’ils vivent à Liverpool, qu’ils en soient partis, qu’ils l’adorent ou qu’ils n’aient jamais entendu parler de cet endroit ; qui leur donne envie de danser avec leurs amis, avec de parfaits inconnus ou avec leur ennemi ; qui sonne comme un standard écrit il y a longtemps mais qui est éternel », raconte Peter.
Retrouvez notre interview de Peter Deaves ici, et ne manquez pas son concert le 22 mai prochain à Paris!
CRC – JM Weston
La présence artistique de la Belgique brille à nouveau grâce à CRC. Moins d’un an après la sortie de son projet La Pluie (Acte I), le bruxellois revient sur le devant de la scène avec JM Weston, accompagné de son clip aérien et poétique.
Sous l’objectif de Misha Van Der Werf, CRC nous transporte dans une dimension nouvelle, plus intime et poétique que jamais. Le clip, d’une beauté saisissante, dévoile le rappeur dans une série de séquences visuellement époustouflantes, qui rivalisent avec les plus grands classiques du cinéma. Oscillant entre chant et rap, CRC nous livre un récit de vie captivant, porté par un refrain envoûtant qui incitera à hocher la tête et maintiendra l’auditeur sous son emprise jusqu’à la dernière note.
JM Weston met en lumière tout le talent et l’univers singulier et captivant de CRC. Après avoir brillamment ouvert pour Swing et dévoilé le Volume 1 de La Pluie, le Bruxellois prépare avec soin le volume 2, nous laissant en suspens avec cette nouvelle pépite.
Indigo Birds – Different animals
La dernière fois qu’on vous avait parlé des drôles d’oiseaux normands, ils se faisaient enquêteurs. Dans ce clip, les détectives deviennent convives d’une soirée en appartement. Jusque là tout va bien, c’est ordinaire. Mais certains des convives ne le sont pas. Très vite vous comprendrez qu’on vous parle de l’homme-renne, l’homme-enfant, un buveur vigilant – l’ami qui ne touchera pas une goutte d’alcool, qui s’assurera du bon vivre ensemble général – et le chanteur charismatique. La part de bizarrerie est toujours au rendez-vous chez les Indigo Birds. La soirée se déroule tout à fait normalement, seuls les convives étranges par leurs comportements se font remarquer.
Là où le single Near Geneva nous amenait sur un style à la limite du dansant, Different animals est un morceau plus énergique, plus rock, plus nerveux sur certains aspects. On ne serait pas surpris de trouver les belges Ghinzu dans les influences créatives des normands. Le morceau joue avec une rythmique qui infuse progressivement et invite à lâcher prise dans sa dernière minute. S’invite une espèce de tentation de pousser le volume toujours plus fort en même temps que le morceau avance.
Oh Hiroshima – Secret Youth
Déjà 15 ans d’existence pour le trio post-rock suédois Oh Hiroshima qui révèlera le 28 juin prochain son cinquième album All Things Shining chez Pelagic Records. A noter qu’il est possible de les retrouver sur scène bien plus tôt. A l’occasion de la sixième édition du festival Post In Paris qui se déroulera les 18 et 19 mai prochains au Communale Saint-Ouen les suédois s’affichent aux côtés de Lite, A Burial At Sea, Standards, Apart et tant d’autres.
D’année en année, le groupe a souhaité s’impliquer davantage dans la création vidéo pour ouvrir des perspectives nouvelles, amplifier la charge symbolique des chansons. All Things Shining se présente comme un album qui promet d’interroger l’ambivalence générationnelle occidentale, il n’est donc point surprenant de retrouver un mélange de générations dans leurs clips. Le premier single Wild Iris convoquait déjà les différentes générations.
On quitte les couleurs pour un noir et blanc léger. Le clip s’ouvre sur une fleur en pleine croissance, qui répétera le processus inversé un peu plus loin. Pendant ce temps, le chanteur Jakob Hemström gravit des escaliers avec un micro filaire dont le fil s’allonge toujours plus à mesure qu’il monte les marches. A chaque refrain, on visualise son portrait encadré posé sur une espèce de chiffonnière. Les deux autres membres du groupe sont filmés en extérieur dans un jardin où ils jouent leurs instruments respectifs. Toutes ces images finissent par se juxtaposer pour faire flamber tout le reste. Ne pas se tourner vers le passé et aller de l’avant.
Evoluant dans des ambiances post-punk, shoegaze et electronica, avec Secret Youth Oh Hiroshima signe un morceau bien sympa qui fait la part belle aux voix.