Les clips de la semaine #229 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de notre 229ème sélection.

JYEUHAIR – QUOIPOURQUOI

Même si on n’a pas regardé Nouvelle Ecole, on n’a, comme beaucoup de monde, pas pu passer à côté de certains phénomènes.

On connaissait déjà le talent et le potentiel de JYEUHAIR avant sa participation à l’émission et on est ravi que le garçon soit enfin mis au cœur de la lumière qu’il mérite.

Alors que son album est attendu pour l’automne, JYEUHAIR propose cette semaine un aperçu de ce qui nous attendu avec l’excellente QUOIPOURQUOI.

Ici, en bon artiste total, il mêle avec brio son texte et sa prod, les émotions de l’un relevant celles de l’autre et inversement. QUOIPOURQUOI c’est une sorte de l’egotrip rempli de recul et d’ironie. JYEUHAIR pose un regard franc sur l’époque, trace sa voix vers le succès sans jamais oublié que l’individualisme ne mène jamais à rien. À rebours de son époque et d’une énergie parfois destructrice, JYEUHAIR combat ses démons mais aussi ceux des autres et se questionne sur le moyen d’avancer sans pour autant blesser ou oublier les autres.

Cette énergie collective se ressent aussi dans le clip qu’il co-réalise avec REBORN. Là encore, la vidéo vibre au rythme de l’énergie du morceau. À cent à l’heure, JYEUHAIR nous entraine dans son mode, hygipahone à la main pour bien faire passer son message.

De la danse, des potes et des cartes Yu-Gi-Oh au programme de ce titre et cette vidéo contagieuse qui nous invite à nous questionner sur notre rapport à l’autre, mais surtout à nous même.

Un titre fort, que les chanceux pourront retrouver en live le 1er novembre à La Maroquinerie (qu’il a rempli en 30 minutes) et partout en France et en Belgique pour sa tournée d’automne/hiver.

World Brain – Minute papillon

3’52’’ de musique pour titiller les tissus de votre tympan, exciter vos synapses pour apaiser vos neurones. Si vous ne connaissez pas encore World Brain, Minute Papillon est l’occasion – idéale – de découvrir son univers si atypique. Portée par une ligne musicale louvoyant entre jazz et une pop délicatement psychédélique, la voix douce et claire de Noémie Chantre (sœur de Lucas Chantre, l’instigateur du projet World Brain) nous mène sur l’un de ses innombrables chemins.

Dans ce paysage viscéralement onirique, Minute Papillon explore l’état de semi-conscience entre la veille et le sommeil dans lequel on aime à rester plongé juste avant ou juste après que le réveil a sonné. Cet état hypnagogique chère aux surréalistes est également le creuset de la créativité qui irrigue la composition de World Brain.

Pacôme Henry illustre la chanson de World Brain par des images sautillantes saisies en Super 16 qui, en jouant avec la lumière et les reflets, accompagnent les musiciens. Elles nous invitent à partager une flânerie qui nous paraît aussi futile qu’essentielle. Minute Papillon, est le deuxième extrait du très prometteur prochain album Open Source que l’on découvrira dans son intégralité le 1er novembre.

Flora Hibberd – Code

Tenter de découvrir le sens caché des choses, en cherchant les messages subliminaux qu’elles nous laisseraient. Capter et analyser les ondes qui nous entourent pour, qui sait, en décrypter les codes et en percer le secret nimbant notre destinée. Mystères et notes de pop, seul l’oiseau dont le chant ponctue la chanson semble avoir la réponse.  

Filmée par Robert Cicogna (réalisateur, le plus parisien des chanteurs milanais, mais aussi complice des soirées Luna in pesci de Cléa Vincent), Flora Hibberd s’interroge pendant qu’une opératrice – infatigable – s’ingénie à capter et enregistrer les sons potentiellement porteurs de réponses. Les aura-t-elle ? Nous devrons sans doute attendre son deuxième album Swirl pour le savoir. Il paraîtra début 2025. .

James Baker – Nuages noirs

Nous pouvons féliciter James Baker qui, par cette dernière sortie, a su faire naître en nous une féroce impatience de découvrir la suite !

À l’instar de Daniel Kaluuya dans une scène culte de Get Out, le musicien s’enfonce dans ce que l’on appelle la zone de désactivation, révélant une tourmente intérieure profonde, où la séparation amoureuse se transforme en une tempête émotionnelle.

Le contraste entre désir incandescent et désillusion glaciale se déploie comme un paysage en perpétuelle métamorphose. Les éclats d’espoir, jadis lumineux, se dissipent dans une obscurité persistante, peignant un ciel où les étoiles des rêves se perdent dans la nuit.

À travers l’exploration des fissures et des non-dits, le texte s’aventure dans les replis de l’âme. Les dernières interrogations se perdent dans une brume d’incertitude, une quête de sens errant au milieu du tumulte émotionnel. Cette recherche de clarté se révèle comme un fil fragile tentant de percer le voile du chaos, cherchant à comprendre ce qui reste après la tempête.

Nous espérons que notre attente ne sera pas laissée de côté après cette conclusion, certes efficace, mais non moins brutale et bouleversante.

Claude – Baisodrome

Single après single, Claude continue de créer l’impatience jusqu’à l’arrivée de son très attendu premier album. Et ce n’est pas Baisodrome qui nous fera dire le contraire.

Derrière ce titre volontairement provocateur se cache en réalisé un morceau rempli d’émotions et de tendresse. En réalité, le titre est à l’image de la sexualité telle qu’on la vit adolescent et qu’il raconte ici en 4 minutes. Des mots forts, parfois vulgaires qui cache derrière eux son lot d’inquiétudes, de non-dits et de maladresse.

Baisodrome c’est tout ça, une ritournelle synthétique mais toujours humaine qui raconte la sexualité et comment elle évolue, comme le désir évolue, comment la compréhension de soi et de l’autre change l’existence et nos biais de compréhension à travers le temps.

Claude, comme toujours, interprète, chamboule et finit par nous entrainer dans son monde.

Le clip d’Emma KRAEMER qui accompagne le titre va aussi dans son sens. Transférant le sexe dans la cuisine, on y voit Claude essayer, avancer, échouer à trouver la bonne formule pour satisfaire l’être aimé en face de lui.

C’est à la fois très drôle et profondément touchant, on voit les gestes qui se répètent, la maladresse, les suées, l’angoisse et puis finalement l’extase, commun et partagé, comme une perfection qu’on attendait tant.

In Extremis, le premier album de Claude arrivera le 11 octobre prochain, suivi d’une tournée dans toute la France avec notamment des passages au Grand Mix le 7 novembre et à La Cigale le 18.

Pria – Oak

Il existe un lieu où les racines du temps s’enchevêtrent avec les doux mots du vent, un espace où l’écoute devient la seule réponse à la quête du sens. Oak, premier titre du duo Pria, nous plonge dans cette expérience.

D’abord, un souffle léger, comme le frémissement d’un souvenir enfoui sous un tapis de feuilles. Peu à peu, les sons s’élèvent, grandissent, nous conduisant vers une rencontre profonde avec ce chêne immuable, symbole de force et de sagesse. La progression sonore se fait subtilement, mêlant l’organique à l’électronique, dans une montée en puissance maîtrisée, à la fois naturelle et électrique.

Chaque note semble enracinée dans la terre, chaque vibration résonne avec l’essence même du vivant. Une plongée où le silence se transforme en symphonie. Ce premier single est une invitation à écouter la nature, à la ressentir, à trouver dans ce dialogue entre calme et intensité, la clé d’une harmonie intérieure profonde.

Pria nous guide avec ce premier morceau vers une compréhension intime : le véritable sens du vivant se dévoile dans l’écoute attentive, là où la nature se met à vibrer en nous.

Coline Rio et collectif – Homme

La chanteuse Coline Rio rassemble la fine fleur de la nouvelle scène française pour une reprise de son titre Homme. Ce dernier devenant avec douceur et sororité un hymne féministe invitant au changement de paradigme, laissant plus de place et de liberté aux femmes. Chacune à son tour, Barbara Pravi, Camille, Clou, Emily Loizeau, La Chica, Laura Cahen, Nach, Poppy Fusée et Raphaële Lannadère apportent leur voix à cette session acoustique. Dans ce morceau, enregistré dans les studios parisiens de Saint Germain-des-Près, seule la voix et l’harmonie comptent. Une sobriété qui se transcrit dans les images noires et blanches capturées par Manou Milon. Ce morceau est extrait de Ce qui nous lie, le dernier album collaboratif de Coline Rio.

La Femme – Clover Paradise

3,2,1 action. Le groupe La Femme nous a concocté un nouveau single, Clover Paradise, à leur image, et pour faire perdurer, s’étirer dans le temps, les longues nuits de l’été. 

Propulsé dans un clip fort en énergie, et sur une ambiance électrique, le musicien Marlon Magnée nous invite dans une danse folle, magicien de la nuit. Il nous nargue, nous scrute, nous terrifie un peu, pourtant on le suit. « Come closer just have an eye« , la curiosité n’est plus défendue. On pousse les portes d’un monde à la fois noir et assurément rock, hypnotiques, les membres du groupe s’emparent de la scène. Solo de guitare, rythme entêtant, on balance la tête de droite à gauche. Ferme les yeux, et n’aie pas peur. On apprécie les jeux de lumière, le cadrage, et la qualité de ces images fruit d’une esthétique maitrisée. Si l’heure est à la fête, La Femme parvient une nouvelle fois, à décupler les battements de nos cœurs.

Lors d’un atterrissage en douceur, on éprouve une forme de satisfaction, se sentir étrangement rassuré et protégé par cette abondance de lumières au cœur de la nuit. Si l’envie de danser au beau milieu d’une foule de joyeux inconnus, vous submerge tout à coup, rien d’anormal. La magie a opéré.

Geordie Greep – Holy, Holy

En août dernier, les fans de black midi ont vu leur cœur réduit en miettes suite à l’annonce de Geordie Greep de laisser le groupe en suspens afin de se concentrer pleinement sur sa carrière solo.

Et pour lancer les hostilités, il a dévoilé Holy, Holy, morceau qui mêle les genres, allant d’un rock progressif au jazz-funk tout en y apportant quelques inspirations cubaines, de quoi rassasier sa soif de créativité. C’est très fort, et on ne perd en rien ce que l’on appréciait par-dessus tout chez black midi, à savoir une ingéniosité sans pareille, et une liberté artistique unique.

Et ici, le clip semble aller dans ce sens commun, c’est à-dire celui de la folie, de l’inattendu, et de l’éclectisme savant d’un artiste dont on jalouserait presque les talents.

Par ailleurs, Geordie Greep sera de passage le 3 décembre au Point Ephémère, de quoi nous faire apprécier l’hiver finalement.

Amyl and The Sniffers – Chewing Gum

Il semblerait que tous nos artistes préférés se soient concertés pour convenir d’une sortie d’album cette année. Et Amyl and The Sniffers est évidemment de ceux-là.

Cartoon Darkness, troisième album studio du groupe, sortira donc le 25 octobre prochain. Parmi la trackslist, on retrouvera le vindicatif U Should Not Be Doing That, mais aussi leur dernier single en date : Chewing Gum. Avec ce morceau, les australiens annoncent la couleur de ce qui nous attend. Tenez-vous prêts à confronter un album aux allures rebelles, qui traitera des problématiques d’une génération livrée à elle-même, à savoir crise écologique, IA, guerre, politique névrosée ou encore société ultra connectée.  Des sujets délicats, mais que le punk explosif de la bande d’Amy Taylor aborde sans hésitation.

Chewing Gum met en avant la légèreté obligée face à un futur qui n’est pas des plus radieux, mais aussi l’amour salvateur pour contrer la désillusion. Le tout est accompagné d’un clip monochrome, où on y retrouve le groupe ici et là, vices au rendez-vous, complice, mais aussi et surtout habité d’une hargne nécessaire. Encore une réussite donc.

Zonmai – Trash Out

C’est quand on est assis derrière son bureau que l’on se rappelle que les festivals estivaux étaient quand même une sacré dose de liberté et de lâcher prise. C’est dans cet esprit que Zonmai accompagne son morceau Trash Out. Aidé par tazr à la réalisation, la jeune artiste nous prend la main pour plonger avec elle dans ses concerts de l’été.

Du départ en voiture en passant par les soundchecks, l’immersion est la plus totale auprès de zonmai et son équipe. D’une concentration méticuleuse à un lâcher prise sincère une fois le public devant elle, cette dernière montre que le live est une partie centrale de sa musique.

Occupant la scène autant que la fosse, elle fait part d’une énergie à toute épreuve guidée par la sincérité habitant ses morceaux. Ce qui, image à l’appui, ne cesse de convaincre le public et ne donne plus aucune excuse pour ne pas rater ses prochaines dates.