La musique, ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de notre 235ème sélection.
EggS – At The End Of The Road
Le début du mois de novembre se rapproche et avec lui l’arrivée du second album de EggS. Pour nous faire gentiment patienter, la bande formée autour de Charles Daneau nous livre cette semaine At The End Of The Road.
Et autant dire que ce nouveau single vient confirmer les promesses que laissaient entendre Head In Flames : un son plus compact et beaucoup plus compact où chaque instrument trouve son importance et où les chœurs se fondent à la perfection dans la chanson. Même la voix de Charles semble avoir gagné en puissance et en énergie, sans doute galvanisée par le propos du morceau.
Toujours est-il que ce nouveau titre prouve qu’EggS n’est clairement pas là pour plaisanter mais bien pour rappeler qu’il est l’un des projets les plus excitant et revigorant de la scène pop-rock française du moment.
Pour accompagner le titre, Manolo Freitas, membre de EggS, passe une nouvelle fois à la réalisation du clip et nous emmène dans une sorte de « Destin- le jeu de la vie d’un musicien ».
De manière ludique, la vidéo d’At The End Of The Road montre les évolutions d’EggS comme si il sagissait d’un jeu de plateau. Nouveaux musiciens, factures, concerts, ajouts dans la production tout y est, le tout sur un ton à la fois hyper coloré et doux-amer en même temps.
Pour savoir ce qui se cache au bout de la route, rendez-vous le 1er novembre pour la sortie de Crafted Achievement et le 7 décembre pour le concert d’EggS au FGO Barbara.
Swirls – Young Blood
On reste du côté de l’animation, des guitares et de Howlin Banana avec le dernier clip de Swirls pour Young Blood.
Le groupe nantais a récemment dévoilé top of the line, son premier effort sous le nom de Swirls, et nous propose cette semaine de secouer nos têtes sur leur dernier single, histoire de nous revigorer et de secouer un peu notre sang.
Il faut dire que la recette est assez imparable : des guitares comme des mitraillettes sonores, un chant rempli d’énergie et des paroles qu’on reprendra en chœur, notamment le refrain mono-syllabique qui nous rentre en tête avec facilité.
Pour l’accompagner, Florian Petiteau nous offre une vidéo animée assez délirante, où es Swirls deviennent des entités méta-humaines vouées à faire danser les foules un peu partout dans la galaxie.
Le tout nous entraine dans une chute psychédélique où l’on croise les bancs d’une école, des soucoupes, des guitares qui parlent et un refrain qui décide de prendre tout la place de l’image et même plus.
Et si tout cela n’était qu’un joli rêve ? Peut être, mais en attendant vous êtes certain.e.s d’avoir désormais la musique de Swirls dans la tête pour un petit moment.
Bon Iver – Things behing things behind things
Ce vendredi 18 octobre a été marqué par l’arrivée du nouvel EP intitulé Sable du projet de Justin Vernon autrement dit Bon Iver. Après de nombreuses collaborations d’une grande diversité musicale – Taylor Swift, Kanye West, Zach Bryan ou encore Bruce Springsteen… -, le chanteur revient à son projet personnel.
Dans Things behind things behind things, présenté comme le premier chapitre du nouvel objet, c’est la traversée du continent. À bord d’un van, les paysages défilent en noir et blanc. Réalisé par la jeune photographe Erinn Springer, Things behind things behind things se recentre sur l’essentiel. Un morceau bien ancré dans les racines folk de Bon Iver.
Voulant explorer les sentiments de culpabilité, d’angoisse et de trouble, il nous apporte une forme d’apaisement avec ce morceau sensible parfait pour la saison maussade que nous traversons.
H JeuneCrack – La Taupe
Après avoir croisé le fer avec son collègue Mairo (La Solution) et avec le producteur Hologram Lo’ (La Pieuvre), le jeune H JeuneCrack revient en solo toujours bien accompagné de sa fougue flegmatique avec le titre La taupe.
S’inspirant de l’imagerie autour de cette animale qui, dans le monde des affaires, signifie une personne jouant un double rôle comme un espion qui serait infiltré là où il ne devrait pas vraiment être. C’est dans cet esprit, inspiré par les films d’action comme les James Bond que s’est dirigée la réalisation de Saby.
Opérant avec peu de discrétions au vu des basses sismiques de la production (signée par esone et H JeuneCrack lui-même), il n’en reste pas moins pointilleux dans ses actions, à l’image de son rap.
Ce qu’on doit retenir de ce clip, c’est que l’agent H JeuneCrack reprend du service !!
Danyl ft Zamdane – les Zhommes
La sortie des trois épisodes de Kehdma a révélé au grand public tout le talent brut de Danyl. Le rappeur, fier de ses origines algériennes, nous invite à découvrir un univers où se mêlent rap, raï et sonorités arabes. Cette semaine, il dévoile son nouveau single Les Zhommes, accompagné de son clip, en collaboration avec Zamdane.
Les deux rappeurs nous invitent à découvrir l’univers d’un hammam, un lieu à la fois secret et mystérieux, où les conversations se révèlent souvent plus libres qu’on ne le soupçonne. Portés par un refrain à la fois profond et accrocheur, ils parlent de la complexité qu’ont les hommes maghrébins à exprimer leurs émotions. Dans une société où la retenue émotionnelle est trop souvent la norme, ils soulignent avec amertume cette idée ancrée au Maghreb que “les hommes ne pleurent pas.”
Sans surprise, cette collaboration s’avère tout simplement excellente. Figures incontournables de ce “nouveau” courant dans le rap francophone, Danyl et Zamdane devaient inévitablement se rencontrer. Ils s’attaquent à un sujet auquel ils ont probablement été confrontés à de nombreuses reprises : la difficulté pour les hommes maghrébins de se livrer.
Un quasi sans faute pour cette collaboration, où le style de Danyl et Zamdane s’entremêle parfaitement pour créer un morceau riche de sens et de beauté.
Gusko – Balade
Lyon s’impose de plus en plus comme un vivier de jeunes talents dans le rap, et Gusko en est l’incarnation parfaite. À l’occasion de la sortie de son EP, Prolifique, le jeune rappeur dévoile la sortie du single et du clip de Balade, un véritable voyage dans son univers aux multiples références.
Sur une instru impeccable signée Jeune Natif, avec une mélodie bien entêtante, Gusko trouve le terrain parfait pour briller. À 24 ans, le rappeur lyonnais se distingue déjà dans l’ego-trip avec des touches d’humour bien placées, tout en proposant des rimes bien aiguisées. Sous la direction de Kenny Stillberg, le clip nous rappelle combien l’été nous manque. On y suit le rappeur dans des séquences visuellement soignées, passant de scènes où il joue les jardiniers, à des moments où il se pavane fièrement devant un avion. Des séquences parfois un peu amusantes, mais qui trouvent parfaitement leur place dans son univers visuel.
Il est encore temps de prendre le train Gusko. Son nouveau single, et projet sont une invitation à découvrir un artiste en pleine ascension. Un talent à suivre de très près pour les amateurs de nouveauté.
WORLD BRAIN – Ville fleurie
Après Open et Minute Papillon, Ville fleurie est le troisième extrait du futur album de World Brain, Open Source. Troisième et dernier, car il paraîtra, tout prochainement, le 1er novembre 2024 sur le label berlinois Mansions and Millions. Tout comme sur ses deux compositions précédentes, on est surpris par sa manière de décrire musicalement les paysages qu’il nous façonne. Ville fleurie avec ses mélodies aux harmonies jazzy nous emporte dans une balade urbaine, loin des miasmes et du béton, à la recherche de nature et de ciel bleu. La voix douce de Noémie Chantre, la sœur de World Brain, nous irradie et nous éclaire comme le ferait un rayon de soleil émergeant entre deux immeubles atteints par la grisaille. Quelques notes de flûtes nous guident dans notre quête vers cette fleur s’épanouissant au cœur d’un terrain vague qui nous fait tant rêver.
Pour donner vie en images à sa chanson, World Brain s’est associé au talentueux Pacôme Henry. Une succession de photos, animées en stop motion, relate le parcours d’une petite souris grise audacieuse qui la mènera tout au long des « rues en spirale » à « une fleur et son parfum ». Quand la créativité se fait complice de la poésie, on ne peut être qu’attendris par la vision de cette Ville fleurie.
Léonie Pernet – Réparer le monde
« Est-ce qu’il nous incombe, de réparer un peu le monde ? », une interrogation jaillie des images de guerre qui nous atteignent quotidiennement. Elle nous entraîne dans un sentiment d’impuissance qui nous frappe et nous révolte. Et puis, comme souvent dans les compositions de Léonie Pernet de la noirceur qui la submerge, surgit des rais de lumière. Et que de cette ritournelle lancinante naisse l’espoir qu’une action, même si minime soit-elle, puisse faire évoluer une situation que l’on pense hors contrôle. « Tracer », pour « chaque étoile qui tombe », l’« esquisse » d’une « armée de colombes ».
Mathieu Zazzo a choisi pour illustrer cette chanson d’associer Léonie Pernet et Louise Chevillotte dans un ballet immobile où écoute et complicité mutuelle deviennent catalyseurs du message porté. Des images filmées en noir et blanc scintillent des sourires pourtant à peine ébauchés, des éclairs d’espoir illuminant subrepticement des regards semblant perdus. Réparer le monde annonce la sortie de son troisième album – Poèmes Pulvérisés – dont la sortie est prévue au printemps 2025 sur le label Infiné. Des chansons que vous pourrez découvrir en avant-première lors d’un concert à Salle des Concerts de la Philharmonie de Paris, le jeudi 14 novembre 2024.
Elena Copsi – Mauve
Mauve, le dernier single d’Elena Copsi, sorti le 11 octobre 2024, marque une nouvelle étape dans son évolution musicale après son premier EP Les Nuits Bleues sorti en 2023. Musicalement, Mauve reflète à la fois son penchant pour la chanson française classique et son exploration de sonorités contemporaines plus minimalistes.
Mauve aborde un drame profond qui a marqué la vision du monde et les relations de la chanteuse. À travers des paroles poignantes, Elena Copsi raconte un traumatisme qui a pris une place envahissante dans sa vie, symbolisant la perte de son innocence. Cette blessure émotionnelle, nourrie par la déception et la colère, transparaît dans chaque mot et note. Le morceau, porté par une guitare simple, mais soutenu par la basse et la batterie, est un hommage aux femmes victimes de violences. La vulnérabilité qu’elle exprime n’est pas seulement personnelle, mais universelle, résonnant avec celles qui ont vécu des expériences similaires. Elena Copsi a déclaré : « Je l’ai écrit pour moi, pour Anne, pour Juliette, pour un tiers des femmes qui subissent au moins une fois dans leur vie un viol ou une tentative de viol. «
Sa voix, douce et fragile, devient un véhicule de cette souffrance, oscillant entre une résilience brute et une grande sensibilité. Cette combinaison lui permet de capturer l’attention dès les premières notes. Chaque note semble amplifiée par l’émotion, et cette fragilité est accentuée par l’arrangement musical épuré qui donne la priorité à ses paroles. Mauve est un morceau où les mots pèsent lourd, et où la voix d’Elena est l’élément central, transformant son récit en une expérience immersive.
Le mauve, couleur ambivalente, devient ici un symbole de la complexité émotionnelle de la chanson : celle d’une femme qui a perdu son innocence, mais qui cherche à transformer cette perte en force. Mélange d’espoir et de tristesse, cette couleur incarne la douleur émotionnelle et la quête de justice d’Elena Copsi. La chanson traite de la violence émotionnelle, de la perte de soi et de la recherche de réparation, comme en témoigne ce passage clé : » Est-ce que tu es libre, est-ce que tu payes ? J’veux faire de ta bêtise une dette, toi tu en ries et moi je raye, mon innocence qui est en miettes. »
Le clip, signé Lena Charlon et Fabien Boccheciampe, renforce ce thème par une approche visuelle minimaliste. En noir et blanc, Elena Copsi apparaît assise sur un tabouret, vêtue simplement, baignée dans une lumière qui joue avec les ombres. Cette simplicité visuelle permet de focaliser l’attention sur l’intensité émotionnelle de la chanson, mais aussi son expression, les jeux de lumière et d’ombres évoquant les fantômes du passé et les blessures émotionnelles qui hantent encore la chanteuse. Ce décor visuel met en avant la dimension émotionnelle de la chanson, où la lumière et les ombres se confrontent, symbolisant à la fois la confrontation avec la douleur et l’espoir de surmonter cette épreuve.
So’ – à mon âge
So’ continue à nous transporter dans son univers authentique, mêlant passion, introspection et sincérité. Quelques semaines seulement après avoir dévoilé son single Ghorba, il est déjà de retour avec un nouveau titre, À mon âge, dans lequel il nous invite à découvrir son Maroc natal.
En 2 minutes 30, So’ nous transporte dans un magnifique voyage à travers le Maroc, sa terre d’origine et surtout de cœur. Il nous ouvre les portes de son passé, de ses joies et de ses peines, tout en adressant un tendre hommage à ses parents pour leur réussite. Ce single sincère reflète à nouveau la patte authentique de So’.
Il a entamé sa carrière en s’interrogeant sur son identité, voyageant à travers les différentes cultures qui le façonnent. Aujourd’hui, il embrasse fièrement toutes les influences et origines qui font de lui l’artiste qu’il est. Une belle évolution donc pour So’, qui va nous réserver encore de belles surprises.
Victor Solf – Que Le Cœur
Deuxième single issu du prochain album de Victor Solf, Que Le Cœur nous est présenté cette semaine et c’est le genre de morceau qui fait du bien en cette période à l’actualité morose. Aussi chaleureux qu’un rayon de soleil franc au milieu d’une longue journée grise d’automne, le titre est un hymne à l’émotion et à son accueil franc et massif.
Côté images, on retrouve le même cadre et la même direction artistique que pour Tout Peut Durer, single précédent fonctionnant lui aussi sur une majorité de plans séquences sur le chanteur entouré de ses musicien.nes et faisant la part belle à la danse et aux jeux entre premier et second plan. La différence majeure venant de la lumière et du traitement de l’image, pour un rendu beaucoup plus chaud et soul. On reçoit ça comme la pilule de vitamine et de bonnes ondes qu’est le titre et on a déjà hâte d’écouter la suite !
Sorry – Waxwing
Alors que le groupe londonien s’apprête à faire les premières parties de Fontaines D.C. pour leur tournée UK/IE, ce dernier nous régale avant cela, d’un nouveau single, Waxwing, le premier en près d’un an et demi. Qu’il est bon de retrouver Sorry donc.
Il faut dire que leur dernier album, Anywhere But Here, continue de tourner en boucle chez nous, la monomanie n’étant pas révolue. Parce qu’il y a quelque chose d’unique chez eux, avec cette musique à la fois sombre et lumineuse, une musique qui touche le cœur et l’esprit et qu’on aimerait voir perdurer le plus longtemps possible.
Waxwing, quant à lui, est annonciateur d’un renouveau et explore un spectre sonore plus large, s’aventure vers de nouveaux horizons, lesquels, on espère, donneront lieu à un nouvel album pour 2025.
Côté visuels, le groupe a fait la paire avec FLASHA, pour des images à la fois lo-fi puis haute-définition, des images qui illustrent avec brio la place du désir chez l’Homme, aussi complexe qu’absurde soit-elle. C’est excellent en tout point, c’est Sorry.