Les clips de la semaine #237 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. En route pour la seconde partie de notre 237ème sélection !

Mathieu des Longchamps – Nos bâtisses 

Un peu de soleil et de douceur pour emmagasiner la chaleur dont on aura tant besoin pour affronter les effluves d’un automne qui paraît en ce début novembre. Depuis la terrasse de la maison de sa grand-mère surplombant la baie de CadaquèsMathieu des Longchamps feuillette les pages de ses albums de famille. Nostalgie naissante de l’évocation de moments agréables aujourd’hui passés, mais qui resteront présents pour l’éternité dans nos souvenirs en devenir.

Comme se déploie la ramescence presque infinie d’un olivier séculier, les réminiscences des souvenirs – ceux des voyages et des rencontres, des départs et des découvertes – se croisent et se concordent pour façonner l’identité propre de Mathieu des Longchamps. Tout comme elles le font pour les nôtres. Nos bâtisses qui même attaquées par « tout le sel que dépose la mer », mais dont « personne ne viendrait d’ici nous déloger ». Ce sentiment d’appartenance aux lieux qui nous ont façonnés.

Oldelaf – Luxembourg

Si il y a bien une chose qu’on apprécie chez Oldelaf c’est sa manière de nous faire autant rire que pleurer, et parfois les deux en même temps.

C’est une nouvelle fois le cas avec Luxembourg, morceau issu de son nouvel album Saint-Valentin. Ici, le musicien nous raconte l’amour qui marque et qui ne passe pas, le premier celui qui reste gravé. Luxembourg joue sur la ligne du doux-amer, du sourire rempli de larmes pour nous raconter tout en tendresse les souvenirs qui peuvent parfois se transformer en obsession et qui ne s’effacent jamais vraiment.

Dans la vidéo réalisée par Quentin Lavillaureix, on retrouve ainsi Oldelaf. D’abord solitaire et un peu perdu, on le voit vivre une histoire qui semble saine et heureuse, entrecoupée de moments où il semble un peu perdu, souvent passif.

Tout au long de la vidéo, on le voit ainsi prendre des photos de ce quotidien, de cette vie qui semble à la fois banale et épanouissante. Alors qu’il se décide à enfin aller de l’avant et à retirer les tableaux d’un passé encombrant, les photos, en forme de mosaïque, ramènent à lui une image qui ne disparaitra finalement jamais.

C’est beau et tout ceux qui ont déjà vraiment aimé s’y retrouveront.

Pour le reste, Oldelaf repart en tournée dans toute la France avec en ligne de mire un Olympia prévu pour mai 2025.

Hippocampe Fou feat. Lily – TAPALAREF

Hippocampe Fou a dévoilé ce vendredi son nouvel album, PRÉSENT. À l’intérieur on y retrouve le morceau TAPALAREF qu’il partage avec sa fille Lily.

Lily vs Hippocampe Fou, TAPALAREF se présente comme une sorte de combat générationnel mais rempli d’humour, de tendresse et une finalité qui pousse à se rassembler plutôt qu’à s’éloigner.

Avec un talent d’écriture toujours aussi fou, le morceau oppose donc Hippocampe Fou à sa fille, chacun s’amusant à balancer tout un tas de références qui leurs sont propres et qui ont pour objectifs de décontenancer l’autre. C’est hyper rythmé, infiniment drôle et doux, surtout le morceau montre que le talent et quelque chose qui se transmet au niveau familial.

Pour l’accompagner, Hippocampe Fou ressort son téléphone pour offrir un clip en format vertical d’abord en forme d’appel téléphonique où l’on voit les deux membres de la famille comme éloignés l’un de l’autre, se croisant sans se regarder avant de finalement se retrouver ensemble face à l’écran pour la dernière partie commune du morceau.

Pour l’avenir, Hippocampe Fou est en tournée en France à partir de la semaine prochaine et s’attaquera à une grosse salle en mars avec un passage au Trianon.

DÉVORE – Damage is Done

Après la sortie de son premier EP Silent Park il y a quelques mois, DÉVORE revient nous présenter un clip de Damage is Done, la plage d’ouverture de celui-ci. Ça va vite dans le morceau, on secoue la tête 180 fois par minutes (attention les cervicales quand même) et on se faire entraîner dans un sprint qui rappelle qu’il n’y a pas de retour en arrière possible puisque le mal est fait.

Une vision sans concession traduite dans un clip aux images qui fleurent bon les décennies précédentes en termes d’esthétique, agrémentées d’animations basées sur les chiffres d’un dé ou d’un domino (à vous de voir ce que vous en pensez), ce qui peut laisser place à différentes interprétations, surtout quand on les combine avec le reste des images, très sombres au demeurant.

Nuit Incolore feat. Loïc Nottet – On s’écrira

Le chanteur Nuit incolore s’accompagne de Loïc Nottet dans un morceau composé comme une ode à l’écriture. Sous ses airs pop, mélancolique et hyperrythmé, On s’écrira évoquent les pouvoirs de l’écriture. Réconfortante qui soigne, lorsque les mots sont trop durs à prononcer. Le duo chante : « On s’écrira / Pour combler l’absence / De ce qu’on ne dit pas. »

La réalisatrice du clip Lucie Morey donne à voir cette écriture. On retrouve Nuit incolore et l’ex-star de la version belge de The Voice au milieu de mot de toutes langues, en train d’écrire, de griffonner sur des bouts de papiers, des post-it par milliers, à la machine à écrire ou sur ordinateur. Une frénésie. Une écriture boulimique comme pour souligner une urgence quasi vitale décrire pour aller mieux.

Ruşan Filiztek – Kubar Yarê Esmerê

Le chanteur, musicologue kurde et joueur de saz Ruşan Filiztek troque son instrument pour une guitare flamenco joué par le guitariste François Aria dans son album Exils, sorti en septembre. Le morceau Kubar Yarê Esmerê témoigne de ce mariage entre l’Anatolie et la péninsule ibérique. Des rythmes typiques de musique traditionnelle kurde, sur lesquels on danse, se conjuguent parfaitement aux rythmes andalous.

L’artiste originaire de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, s’accompagne de Julien Hanck et Giuseppe De Vecchi pour réaliser le clip du morceau. Ils tournent dans le bar Zagros accompagné d’autres musiciens participant au projet comme Marie-Suzanne de Loye à la viole de gambe, Artyom Minasyan au doudouk, etc., en pleine jam orientale.

La Sécurité – Detour

Depuis le 22 octobre, La Sécurité nous embarque dans son nouveau délire avec le clip de Detour. Le groupe art-punk montréalais, déjà bien reconnu pour ses morceaux qui mixent énergie brute et textes percutants, nous offre un nouveau single à l’image de leur dernier album Stay Safe sorti en 2023. Cette fois, ils reviennent sous le label britannique Bella Union, un vrai tremplin pour leur son unique qui s’exporte désormais au-delà de nos frontières.

Le clip, c’est tout un monde : ambiance caméscope des années 90, un grain rétro qui nous fait sentir qu’on est presque avec eux. On suit chaque membre du groupe dans son coin, chacun ayant un rôle bien précis, comme s’ils étaient tous sur une mission. Ce cheminement prend des allures de quête collective jusqu’à un final explosif : un gros party qui réunit tout le monde pour une bonne dose de célébration et de fun, comme sait si bien le faire La Sécurité.

Et comme si ça ne suffisait pas, le groupe a déjà entamé une tournée américaine en première partie de The Go!, démarrée le 28 octobre dernier. De quoi faire découvrir leur style déjanté aux foules d’un peu partout aux États-Unis. Les beats énergiques, les mélodies accrocheuses, les arrangements qui partent dans tous les sens – ils ont tout pour faire danser et surprendre.

Un clip à mater, une tournée à ne pas manquer, et surtout, un groupe qui continue d’avancer en restant fidèle à lui-même.

Ezra Furman & Alex Walton – Tie To Me To The Train Tracks

Pour ceux qui ne la connaissent pas, Ezra Furman, c’est cette voix unique, curieux mélange d’angoisse et d’autodérision. C’est cette énergie punk et romantique qui a accompagné pendant quatre saisons la série Sex Education.

La voici de retour en duo avec Alex Walton : Tie Me To The Train Tracks a été écrite dans « un éclat de passion névrotique » dit Furman avant de louer les qualités de son acolyte, « une déesse-orpheline du rock’n’roll qui a changé (sa) vie ».

De leur collaboration naissent deux morceaux et un clip, tout rose, où les visages ont le grain brûlé d’un incendie sur VHS. Mais un incendie que l’on nous propose de traverser tambourin à la main, et guitares outrageusement saturées en bandoulière. Alors, sans hésiter, on y va.

Yndi – Fata morgana 

Après un week-end bien agité, quoi de mieux qu’un morceau tout en légèreté, pause, pour s’évader; un rayon de soleil passe sur notre visage. À demi-éveillé, on se laisse transporter par le dernier projet de Yndi intitulé Fata morgana. La jeune productrice et chanteuse Yndi Ferreira Da Silva, artiste franco-brésilienne, se présente sous ce nouveau nom, après Dream Koala

Sous les arbres le son de la harpe se mêle au bruit des grillons. Le clip de Fata morgana a été tourné dans le massif calcaire de la Sainte-Victoire, près d’Aix-en-Provence. Le tableau est magnifique et apaisant. On se laisse perdre entre les roches rouges de la montagne, par des plans bien construits et parfois serrés. Le temps d’une journée, la mélodie est riche et douce, agrémentée par le son de la contrebasse, des percussions, de la guitare puis de la flûte traversière. Difficile de savoir où on se trouve, c’est un paysage imaginaire et coloré qui teinte ce morceau. Yndi nous conte un poème, en français. L’histoire se clôt comme elle avait commencé, de manière épurée et onirique. 

Après Noir Brésil, sorti en 2021, Yndi s’apprête à nous dévoiler son nouvel album Memoria. Sans hésitation et avec impatiente, on vous le présentera très bientôt !

EMEL – Fall In Light (feat. Jehnny Beth) 

Dans le contexte du conflit israélo-palestinien dramatique, on découvre le dernier morceau de EMEL réalisé avec Jehnny Beth. Fall In Light est un titre plein de force et de douceur. Si vous ne la connaissez pas encore, EMEL est une artiste tunisienne engagée, aux multiples talents. Ce dernier projet est à l’image de son travail. 

À travers un clip en noir et blanc, on découvre EMEL sur le ponton d’un bateau face à la mer. La prod est rythmée, entêtante. Ce morceau c’est une danse, un cri du cœur. Son message est puissant, empli d’espoir. Il laisse transparaître l’envie de se battre, ensemble, une quête d’avenir. Entre deux danses, s’intercalent le son d’un chœur et des images d’archives, de différentes luttes dans le monde, pour une Palestine libre, pour les femmes et la paix.

Les images sont riches, et on apprécie le passage de l’anglais à l’arabe, comment s’articule le clip, avec simplicité et élégance. Le titre Fall In Light renvoie presque à un paradoxe, comme si on pouvait « tomber vers le haut » en quelque sorte. On continuera à suivre le travail de EMEL, pour la belle énergie qu’elle nous communique, et sa sensibilité.

Klô Pelgag – Le goût des mangues

Il y a quelques jours on vous parlait du nouvel album de Klô Pelgag, Abracadabra. Dedans, on y retrouve plusieurs bijoux dont la chanson Le goût des mangues qui sonne et résonne comme la plus douce des chansons tristes.

Réalisé par Laurence BAZ Morais, le clip est un tableau surréaliste fait de cochons, de nature, et d’un imaginaire enfantin. On y retrouve Klô Pelgag et sa fille se baladant aux cotés de nos amis à quatre pattes et quoi de mieux que l’émerveillement d’une enfant face aux choses les plus simples pour contrer la tristesse des jours les plus sombres ?

Aussi simple qu’il soit, ce clip est un nouveau chef d’œuvre qui capture l’univers de Klô Pelgag de la manière la plus synthétique et la plus poétique qui soit.