Les clips de la semaine #242 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de notre 242ème sélection.

PAMELA – G.R.E.A.T

Adoubés par Zaho de Sagazan avec qui ils arpentent la France, ils ont notamment eu l’immense honneur d’ouvrir pour elle à l’Olympia, ils sont passés ce jeudi par Rennes pour les Trans Musicales et le rendez-vous parisien en leur nom est prévu pour le 20 mars à La Maroquinerie – si on vous l’a déjà dit, on vous le redit, prenez vos places ! -. Depuis le MaMa Music & Convention, vous aurez sans doute compris que l’on surveille chacune de leur sortie de très près, on vous parle de… PAMELA !

Après Focused, PAMELA nous balance G.R.E.A.T (on n’est pas au Motus, promis !). Dès les premières secondes, les deux lascars nous embarquent en Angleterre. Les voilà qui jerkin’ around avec un morceau qui donne clairement la patate. Sous nos yeux, une fine fresque de la bromance. Un clip qui traduit la bonne grosse journée de déconnade entre potes que pour rien au monde on arrêterait. En un peu plus de trois minutes, PAMELA réchauffe nos petits cœurs mous à l’arrivée de l’hiver.

Niveau musique, on retrouve cette ambiance dance rock qui nous avait bien marqué à la Cigale. Ce mélange des genres bien dosé, ce dynamisme qui invite à danser et sauter, ça fait du bien aux oreilles. Sam et Simon ne sont pas prêts de nous lasser. Stay tuned !

DITZ – Taxi Man

Ditz, groupe originaire de Brighton, nous avait déjà ébahi lors de la sortie de leur premier album The Great Regression en 2023. 

Ce qui est certain avec Ditz c’est qu’on retiendra notre souffle d’ici la sortie de leur nouvel album, Never Exhale, quitte à frôler l’asphyxie. Après Space/SmileTaxi Man est le second titre dévoilé, plat de résistance pour patienter jusqu’au 24 janvier prochain.

Taxi Man a été réalisé par Harry Steel qui explore un des joyaux de la culture cinématographique (entre autres) qu’incarne l’expressionnisme. Reprenons les bases : il s’agit là d’une vision expressive du monde, figurative. On ne cherche pas à montrer le monde de manière factuelle, on cherche à le sentir et à le ressentir.

En guise de références d’ampleur, il est possible de citer des réalisateurs comme Fritz Lang (MetropolisM le Maudit), Murnau (Nosferatu) ou encore Robert Wiene (Le Cabinet du Docteur Caligari).

On sait d’emblée à quoi s’attendre dès les premières minutes du vidéoclip. Les codes cinématographiques de cette époque sont clairement identifiables. Cependant, même si l’ôde à l’expressionnisme représente l’âme du clip de Taxi Man, le contexte reste celui d’aujourd’hui, celui que nous connaissons.

Comme si les clins d’œil cinématographiques ne suffisaient pas, Taxi Man laisse penser à un certain film de Martin ScorseseTaxi Driver, en mettant en scène le personnage éponyme. Ce chauffeur traque, poursuit, chasse ses clients/victimes. Il est comme la mort avec sa faux qui vient cueillir ses victimes. La manière de le filmer renforce sa posture de héros – devrait-on dire d’anti-héros ? –  alors même qu’il est un être lambda.

Côté musique, Ditz a déjà joué ce morceau en live, comme de nombreux titres d’ailleurs avant même leur sortie. On retrouve ce qu’on aime le plus chez le quintet : l’aspect déstructuré et corrosif des sonorités et de la construction des titres, ce punk texturé et saturé et l’évidence de la fluidité dans les textes et compositions. 
Il n’est pas étonnant qu’iels soient les protégé·e·s d’IdlesDitz a un de ces potentiels qu’on ne voudrait pour rien au monde voir disparaître. Rendez-vous le 24 janvier pour savourer ce second chapitre qui, on n’en doute pas, devrait nous couper le souffle.

FKJ – Paris Special (Live From Le Zénith)


Partir en tournée applique de prendre part à des sessions de jeu et d’interprétation dans de nombreux endroits différents dans le monde. C’est exactement à ce processus précis que le musicien français FKJ a tenu à rendre hommage. La particularité de la vidéo de cette petite parenthèse improvisée est qu’elle vient entièrement du public. Il s’agit de captures réalisées par certaines personnes dans la fosse qui permettent alors d’offrir plusieurs angles de la performance.

Musicalement, on retrouve un ensemble très propre et surtout propre à une tradition du Jazz qui repose sur l’improvisation. Il s’agit d’une pièce dont aucune partie ne fût écrite en amont, tout a été créé sur l’instant, sur scène avec les compagnons musiciens du français. De quoi annoncer un album live, 22_23 Live Sessions, qui promet de nous offrir de grands moments de volupté.

J-SILK – Baby Dyke

Les musiques vivantes sont en pleine explosion et cela permet dès lors une pluralité de nouveaux artistes et projets qui fleurissent chaque jour. Le duo J-Silk fait partie de ces nombreuses naissances. Ces derniers ont récemment rendu public le visualizer de Baby Dyke, un des singles de leur premier album prévu pour l’année prochaine. La vidéo est simple, reposant sur un plan fixe d’une personne, dans un jardin, prenant tranquillement le soleil en rythme avec le morceau.

Le single, lui, met en avant un mélange de R&B et de Neo Soul qui est porté par une section rythmique très droite et une voix féminine qui surplombe le mix et qui donne beaucoup de substance à l’ensemble. La structure est simple, mais bougrement efficace et permet une compréhension en douceur du titre qui, alors que le froid arrive, fais du bien par ses sonorités douces et chaleureuses. 

NOVEMBER ULTRA – Blue door

Une nouvelle carte postale est arrivée, tout droit venue du cœur de November ultra. Cette carte, c’est celle de Blue door, son nouveau clip qui vient compléter avec douceur et tendresse sa postcard season, quelques jours après nous avoir offert Sunflower 24. Décidément on adore cette fin d’année !

Tout comme Sunflower 24, Blue door a aussi été écrite lors du récent voyage à Stockholm de la chanteuse. Il fait référence au restaurant « blå dörren » dans lequel elle a diné seule à son arrivée dans la capitale suédoise. « Je garde ce lieu et cette soirée précieusement gravés car il symbolise cette sortie de zone de confort, mon petit shot de courage, les choses si belles et folles qu’on peut vivre quand on ose aller voir ce qu’il y a derrière la porte bleue. »

Côté clip, c’est la beauté d’un Trouville hors saison qui a servi d’écrin à Blue door. Avec la complicité de Manou Milon, November ultra met ses émotions à nu. L’utilisation d’un camescope vintage et d’une caméra pro permet un rendu à la fois esthétique et homemade, qui nous fait nous sentir au plus près de l’artiste.

Un titre très personnel qui, comme souvent avec November ultra, nous émeut profondément. On aime sa sensibilité à fleur de peau, ses textes délicats et sa voix magique qui réussit à nous transporter dans une bulle de douceur aux couleurs pastels. Chacun pourra se retrouver dans Blue door, qui vient célébrer avec bienveillance nos petites ou grandes victoires des premières fois.

We waited now we know what for
This… bliss

BONNIE « PRINCE » BILLY – London May

Bonnie « Prince » Billy, de son vrai nom Will Oldham, a toujours su naviguer entre la mélancolie et la beauté brute, en particulier dans ses chansons les plus personnelles. Avec London May, il nous invite à un voyage sonore et visuel qui combine son approche unique de la folk avec des éléments cinématographiques qui intensifient l’intimité de la chanson.

La chanson, accompagnée d’un clip réalisé par Sai Selvarajan, avait été initialement composée pour le film d’horreur Night of the Bastard. Elle se distingue par une atmosphère sombre et mélancolique qui évolue vers une note d’espoir, illustrant un contraste poignant entre vulnérabilité et résilience.

Musicalement, Bonnie « Prince » Billy s’appuie sur des harmonies vocales magnifiées par la chanteuse Brit Taylor. Le clip, tourné à Houston, mêle des éléments visuels variés tels que le skateboarding, l’architecture moderne et les projections sur film 35 mm, reflétant l’évolution du morceau. Il met également en vedette l’acteur et musicien London May, ajoutant une dimension personnelle et introspective à l’œuvre.

Avec cette chanson, Bonnie « Prince » Billy démontre une fois de plus sa capacité à fusionner le storytelling musical avec des visuels captivants, préparant le terrain pour un nouvel album prometteur, qui sortira en janvier 2025.

URGE – Of Georgics

On vous parlait il y a quelques mois déjà des petits nouveaux dans la sphère post-punk française URGE pour vous présenter en exclu leur clip In Tenebris. Leur album Here/After fraîchement sorti le 15 novembre dernier chez Icy Cold Records se révèle progressivement en images et aujourd’hui, on vous parle d’Of Georgics.

Le chanteur André Broué nous confesse qu’il s’agit du premier morceau écrit par le groupe. Un morceau qui pose les bases d’un post-punk désespéré, intense, bien puissant pour les oreilles en somme. Si vous pensiez positiver en regardant ce clip, laissez tomber ! Une ambiance de fin du monde où l’on invite les plus sensibles de l’oreille interne à se tenir à bonne distance du fait de l’usage du stroboscope.

Naviguer en eaux troubles, n’est-ce pas le propre de la coldwave ? Of Georgics n’échappe à la règle et URGE ne déçoit pas, les voix s’assemblent au refrain pour révéler un morceau saisissant. La basse y est pesante et presque oppressante comme pour délimiter l’espace, la batterie lourde, le chant ne laisse place à aucune lumière pour percer la vague. Un bon morceau dans le genre. On vous parlera de l’album très prochainement, en attendant de les voir sur scène.

LAURIE XHAARD – Quand on les regarde

Promenade en forêt pour Laurie Xhaard, les derniers jours d’automne lui laissant la possibilité de capter les couleurs propres à la saison. Simple et authentique, c’est ce qu’aime faire Laurie qui s’est équipée d’une caméra à laquelle elle a adjoint un filtre Super 8 pour offrir un cachet rétro qu’elle affectionne.

Avec Quand on les regarde, Laurie Xhaard s’inscrit dans une indie pop bien douce. Elle y parle des carapaces que l’on peut être amenés à se construire. On y retrouve sa plume sensible, affectueuse. Ce nouveau clip est à l’image de celle-ci. Sans grands éclats, Laurie Xhaard révèle des traits de sa personnalité attachante.

Sharon Van Etten & The Attachment Theory – Southern Life (What It Must Be Like)

Sharon Van Etten et sa bande continuent à juste titre de nous teaser l’album à venir pour février prochain. Et on adore ! Cette semaine il faut croire que c’est cap au Sud avec Southern Life (What It Must Be Like). Attention, ne vous attendez pas à un virage country non plus. Au programme : envolée psychédélique pour les synthés, une voix lascive, voilà des ingrédients qui nous laissent songeurs.

Mixez le tout dans un clip où se juxtaposent toutes sortes d’images de concerts aux couleurs flashy et à l’esthétique bien graineuse comme si elles dataient des années 1980 alors qu’il n’en est bien rien. Southern Life (What It Must Be Like) nous invite dans un trip qu’on n’avait pas totalement prévu, l’atterrissage est finalement appréciable.

CLAIRO – Sexy to Someone

En cette fin d’année, Clairo livre un second clip de son album Charm. Après le succès de Juna, c’est donc autour de Sexy to Someone de se voir mis en image. Opérant comme une ballade d’ouverture chaleureuse, le clip s’engouffre lui aussi dans cet esprit. Mettant en scène la chanteuse dans une maison de campagne et son large espace extérieur. C’est dans ce dernier qu’un Yeti au look aussi effrayant que comique va s’inviter. Loin d’avoir peur de cette créature, Clairo se met dans sa peau pour l’inviter à partager la chaleur du feu de bois avec elle. Ce qui ravit le Yeti se laissant emporter par la flûte traversière et la douce voix de son hôte.

Que vous soyez humains ou une créature surnaturelle, il y a peu de chances que la musique de Clairo ne vous adoucisse pas. En tout cas, après le visionnage de ce clip, il est certain que ce n’est pas le Yeti qui viendra me contredire.

Côme Ranjard – Longueur d’ondes 

Sommes-nous vraiment sur la même longueur d’ondes ? Côme Ranjard prend cette expression au pied de la lettre, et l’explore, à sa manière, avec son nouveau single Longueur d’ondes. Si ce jeune musicien, auteur et compositeur français, nous a habitué à des titres poétiques, musicalement et visuellement, celui-ci ne déroge pas à la règle. 

Nous sommes à Paris, c’est l’hiver. On aperçoit Côme le long des canaux de Bastille, dans une petite salle de répétition, à la Villette. En êtes-vous sûrs, c’est bien lui ? Devenu homme fantôme ou semi invisible, tout est une question de longueur d’ondes. Pour interagir faut-il encore être bien branchés sur la même fréquence. 

C’est un morceau pop relevé par les élans des chœurs et une prod bien rythmée. Les membres de son groupe, eux aussi s’animent peu à peu de cette même transparence. On peut également souligner un beau travail visuel, sous les voûtes. Il y a quelque chose d’apaisant dans ce tableau, entre le mouvement des passants, contrastant avec la présence de Côme, distancée. On aurait presque envie de le rejoindre.. pour s’évader du quotidien, envisager une deuxième lecture, en attrapant sa fréquence au vol ! 

Max Baby – Nothing Ever Changes

Tous les jours se ressemblent, ou presque. Déambulations frénétiques du bar au lavomatique, nous ne sommes pas des robots ! Sur une ambiance rock et délicieusement maussade, on est entrainé dans la course du dernier clip de Max Baby, réalisé par Alex AcyNothing Ever Changes

Ce clip repose sur des images extraites de cauchemars ou d’une simple réalité, qu’on aurait souhaité ne pas regarder en face. C’est un tableau super bien travaillé, et une histoire en un seul et même chapitre qui accompagne à merveille l’univers du jeune musicien. Max Baby marche Paris Nord, devant des vitrines aux couleurs saturées. La « routine » teinte le single de long en large. Max répète des mouvements robotiques sur un rythme saccadé. Son morceau sonne comme un cri du cœur, l’envie d’en sortir, et pourtant, la lutte semble vaine. C’est une boucle entêtante dans laquelle il nous entraîne, nous aussi. 

Laissez-nous sortir d’ici ! L’ambiance se crispe et devient de plus en plus absurde, mais rien ne bouge. Ce qu’on apprécie dans ce projet c’est tous les détails, toutes les images qu’ils nous donnent à voir. Une sorte de visualisation, un voyage dans la tête de Max peut être. Alors que d’immenses réveils se multiplient, une tache noire grignote peu à peu l’écran, jusqu’à l’entourer sur scène et devenir son socle. La pression monte, on attend la chute.

Il y a, dans ce travail et sa musique, cette émotion sur le fil, où on se demande si tout ne va pas finir par exploser. Nothing Ever Changes c’est aussi l’occasion de rappeler que le nouvel et tout premier EP de Max Baby en solo vient juste de sortir, et s’intitule Out of Control, into the Wall. De quoi faire basculer notre routine en quelques minutes. 

Daej Phantom ft Makala – Ratchet Paradise

Avec Ratchet ParadiseDaej Phantom fait un retour remarqué après le succès de Rire, Drame et Vendetta EP en avril. Pour l’occasion, il partage l’instru avec Makala, figure majeure de la scène suisse, malgré une année 2024 plus discrète.

Daej Phantom est un artiste à part, et si vous ne le connaissez pas encore, Ratchet Paradise est une excellente porte d’entrée. Il navigue entre rap original et un registre plutôt expérimental qui mêle des sonorités brutes et mélodieuses, soutenues par sa voix grave et intense. Dès le premier couplet, Daej Phantomcrache son feu, survolant le morceau avec une intensité qui donne instantanément envie de hocher la tête. Après avoir déjà prouvé l’efficacité de leur duo sur Chaos Kiss en 2022, lui et son collaborateur démontrent à nouveau à quel point leurs univers respectifs s’imbriquent parfaitement.

Le clip met en lumière un univers visuel aussi unique que sonore. On y suit un groupe de filles se préparant pour une soirée et une rencontre avec Daej Phantom dans un resto chinois plutôt classe. Cependant, entre leur appartement, la cage d’escalier et la supérette du coin, elles semblent davantage vouloir profiter du moment présent, dansant et s’amusant ensemble. Ce qui surprend le plus, c’est l’absence de Makala tout au long du clip et semble une nouvelle fois choisir de jouer la carte du mystère.

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