Les clips de la semaine #254 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, on vous invite à découvrir la deuxième partie de la sélection 254 des clips de la semaine.

Kae Tempest – Statue In The Square

Dans la pénombre, il est toujours nécessaire de chercher une lumière. Cette lumière nous est offerte cette semaine par Kae Tempest, qui revient aux affaires musicales après 3 ans d’absence avec l’immense Statue In The Square.

Si iel a toujours pris soin d’explorer un panel musical assez large, Statue in The Square est un morceau coup de poing qui permet à Kae Tempest de revenir à ses premiers amours avec un flow ciselé sur une production hip-hop entêtante et absolument parfaite pour le sérieux qui se dégage du morceau.

On le disait, il faut toujours chercher la petite flamme qui permettra de former un brasier, Statue in The Square est un morceau d’acceptation, de combat et d’élan collectif pour une communauté malheureusement à nouveau attaquée de toute part.

Boy dykes transforme visuellement le morceau en ce qu’il est déjà musicalement : un manifeste. En nous emmenant dans les rues du sud de Londres, on suit Kae Tempest en compagnie de nombreux activistes et de voix puissantes de la communauté LGBTQIA+ dans un noir et blanc magnifique où les corps sont tour à tour en mouvement ou transformé en statues humaines comme pour signifier l’importance et l’influence de leurs combats.

Kae Tempest n’a pour le moment pas annoncé de nouvel album mais une série de concerts intimistes en Angleterre. On espère le/la revoir bientôt sur les scènes françaises. Le rendez-vous est d’ores et déjà pris pour le 2 juillet prochain dans le cadre du Festival Days Off.

Florence Breton – Mon Silence

​Florence Breton, auteure-compositrice-interprète originaire de Québec, dévoile son premier single intitulé Mon silence. Cette chanson douce et planante met en lumière la qualité vocale de l’artiste ainsi que sa poésie délicate. Florence Breton a partagé sur ses réseaux sociaux que cette « toune bin mélo » lui ressemble pleinement, ayant été écrite et réécrite près d’une dizaine de fois.

Le vidéoclip, réalisé par Élizabeth Landry avec l’assistance de Charline Clavier, accompagne magnifiquement cette première œuvre. On se retrouve sur le traversier reliant Québec à Lévis avec le Saint-Laurent encore gelé en fond. Florence Breton participera aux Francouvertes le 27 mars prochain au Lion d’Or, une occasion à ne pas manquer pour découvrir son univers en live !

Radio Polo – Lumière Tamisée

Les singles se suivent pour Radio Polo qui continue de se présenter en amont de la sortie de son premier album au début du mois d’Avril. Lumière Tamisée, accompagné de son clip, est un nouveau moment de vie proposé par le chanteur qui avait envie de lancer un nouveau projet, épuré pour pouvoir l’amener et le jouer en solo sur scène. Ça donne un côté brut à sa musique, une simplicité qui ressemble bien aux moments un peu franchouillards que Radio Polo veut nous partager. Cette semaine, c’est plutôt le contexte d’un date à la maison qui sert de prétexte à chanter des chansons, moment pendant lequel les regards et les verres de vin vont se succéder. Côté image, là aussi on part sur une production simple : fond vert, couché de soleil, incrustation du chanteur avec ses instruments et paroles en sous-titrage. Un titre chouette, un clip sympa, que demander de plus ?

Moussa – Mounya

L’artiste qui cumule rap, électro et musiques électroniques Moussa continue de sortir des extraits de son prochain album qui paraîtra le 14 mai. Mounya, deuxième extrait de La nuit je rêve évoque justement le souhait, le rêve (« mounya » se traduisant de l’arabe par « le vœu, l’espoir »). Cette chanson composée comme une litanie évoque la fragilité, le désir de revenir en enfance. Une métaphore du souffle guide Mounya comme pour évoquer la vie le cosmos et une idée d’infini. Côté musique, le morceau est autant planant que minimaliste et dense. On ressent le virage rock de Moussa.

Le titre Mounya s’accompagne d’un clip réalisé par Mohamed Chabane. On y voit l’artiste dans l’ombre, plongé dans un décor spatial, où des étoiles brillent, clignotent, ou s’embrasent. Une métaphore en résonance avec le morceau qui conseille indirectement d’appeler sa bonne étoile, de se laisser guider par elle.

Yasmine Hamdan – Shmaali شمالي

Le vent souffle, traverse les montagnes, les frontières tracées. Il ne connaît pas l’exil des peuples. L’artiste libanaise Yasmine Hamdan réinterprète un chant palestinien Shmaali qui évoque le vent du nord comme un messager. Ce chant d’amour prend la forme de la tarweeda, des chansons de résistance symboliques et codées, chantées par les femmes palestiniennes pour exprimer leur paix ou leur joie face aux occupations depuis l’empire ottoman. Avec sa version, Yasmine Hamdan donne à entendre un sens contemporain à Shmaali. Le morceau s’accompagne d’images d’archives dans une vidéo réalisée par Kamal Aljafari. On y aperçoit des femmes et des hommes se réunir, danser le dabke (danse levantine ayant une posture de politique et identitaire très forte en Cisjordanie, à Gaza et en Israël). Les femmes portent des robes brodées de tatreez et les hommes dansent à leur côté. Shmaali sera présent dans le troisième album de la chanteuse qui sortira en septembre prochain. Un disque dédié à la sororité et au Moyen-Orient. 

Droges – Jamais proprio

Dans la famille des cyniques en musique, on demande Droges. La rencontre entre deux territoires opposés géographiquement à savoir la Drôme et les Vosges, la rencontre entre deux mecs : Bastien Rossetti et Steve Surmely.

Si certains en rêvent encore, d’autres ont enterré le projet avant même d’y penser : la propriété. Les gaillards ont décidé d’en faire une chanson qui fleure bon la désillusion. Sur fond de techno bien pulsée qui pourrait rappeler les provocations de Sexy Sushi, les garçons n’y vont pas avec le dos de la pelle.

Ca défonce, c’est sans compromis, ça promet des soirées complètement déjantées et ça, on n’est pas près de s’en lasser !

Scratch Massive – Inner Symphony

La dernière fois que nous vous avons parlé du duo Scratch Massive, ils réalisaient une collab’ avec Jeanne Added dans un studio qui prenait une forme de vaisseau spatial. Pour Inner Symphony il faut croire que l’embarquement a lieu dans un studio de cinéma. L’intelligence artificielle est-elle passée par là ?

Inner Symphony nous emmène dans un paysage désolé que l’on dirait inspiré des pays de l’Est, la situation récente de l’Ukraine nous oblige à faire le lien. Un road-trip nocturne qui n’inspire pas la sérénité ou la quiétude, loin de là. Cet homme dans sa voiture qui nous rappellerait Cosmopolis de David Cronenberg, ces enfants errants, ces fleurs qui brûlent, les ingrédients portés à l’image ne rassurent pas.

Une fois de plus, ce morceau de synthwave brillant de noirceur nous a bien plu. Peu de place au chant cette fois-ci mais une superbe BO dark comme on aime.

LUMIÈRE – Fiou

Des nouvelles de LUMIÈRE ! Etienne Côté de son nom au civil s’offre une nouvelle peau et revient cette semaine avec un double single Fiou /Chronique d’une vie de merde.

Fini l’épique et la grandiloquence, la nouvelle mue de LUMIÈRE l’emmène vers des terrains où le groove se fait synthétique entre une basse répétitive et la volonté plus prononcée de jouer avec des synthétiseurs.

Surtout c’est du côté de la voix que tout se transforme, puisque le garçon se lance dans un chanté/parlé qui lui va comme un gant, laissant aux textes poétiques et intimes une place plus importance et plus de subtilité.

On aura aussi beaucoup de mal à résister aux chœurs féminins et à la sensualité importante qui transpire de l’écoute de Fiou.

Pour l’accompagner, le musicien réalise lui même une vidéo entre nature et surréalisme qui l’emmène vers des terrains mystérieux et lumineux. Les plus vifs d’entre vous ne rateront d’ailleurs pas le petit clin d’oeil aux Teletubbies.

Fiou, petit cri de soulagement et acceptation de sa part de folie intérieure annonce t’elle l’arrivée d’un nouvel album pour LUMIÈRE ? On ne le sait pas encore, mais on suivra à nouveau ses aventures avec beaucoup d’attention.

Deluxe – Oléga

Deluxe fait son grand retour cette semaine avec Oléga, un morceau qui apporte une douce vague d’émotions, parfait pour le début du printemps. Ce titre, troisième extrait de leur septième album, ÇA FAIT PLAISIR, à paraître le 25 avril 2025, est accompagné d’un clip diffusé le 14 mars 2025. Il s’intègre parfaitement dans l’univers éclectique du groupe, mêlant groove, mélodies envoûtantes, et une émotion sincère qui se dégage à travers les paroles et la rythmique.

Mais de quoi parle Oléga exactement ? C’est une chanson douce et solaire, qui oscille entre introspection et lumière. Les paroles abordent des thèmes profonds comme le doute, le besoin de distance et la redécouverte des sentiments. Des vers tels que « I had to get away to miss you » et « I’m so worried but don’t worry I’m fine » illustrent ce paradoxe émotionnel, où la séparation devient un moyen de raviver l’amour. Ce mélange d’incertitude et de certitude est renforcé par une interprétation vibrante, capturant parfaitement cette dualité entre manque et renouveau affectif, soulignant l’idée que la distance peut être essentielle pour mieux s’aimer.

Oléga se distingue par son atmosphère solaire et aérienne, où la richesse des arrangements et la voix envoûtante de Liliboy plongent l’auditeur dans un cocon de fraîcheur. Le clip, réalisé par le groupe et produit par Romuald Sintes, nous plonge dans un décor méditerranéen baigné de lumière, avec la baie de Marseille en toile de fond, évoquant une ambiance estivale où l’on savoure la douceur des apéros qui se prolongent sous le soleil. Cette esthétique visuelle reste fidèle à l’ADN du groupe. Tourné dans la baie, le clip montre le groupe en bleu roi et or, sur une barquette marseillaise. Liliboy, debout, porte le bas de costume avec un corset iconique en perles de scène et un bomber à l’envers. Un clip minimaliste et élégant ou la caméra filme le groupe sur cette barquette qui nous chantent Oléga

En résumé, Oléga est  une belle mise en bouche avant la sortie de ÇA FAIT PLAISIR le 25 avril. 

Nova Twins – Soprano

Le duo britannique Nova Twins a dévoilé cette semaine Soprano, un single énergique et rempli d’empowerment extrait de leur prochain album Parasites & Butterflies, prévu pour le 29 août 2025. Selon Amy Love et Georgia South, ce morceau est une célébration de la puissance des femmes, surtout lorsqu’elles s’unissent. Comme elles l’expliquent : « L’industrie nous oppose souvent les unes aux autres, et les voix des femmes sont réduites au silence partout dans le monde. Mais nous continuons à crier sur tous les toits ! Cette chanson vise à donner du pouvoir, à encourager la connexion et à promouvoir l’amitié, en diffusant une ‘énergie de boss’ et en nous élevant mutuellement. »

Musicalement, Soprano se distingue par une fusion audacieuse de rock alternatif, d’influences hip-hop et R&B, avec des lignes de basse percutantes et une intensité brute. Ce titre marque une évolution musicale par rapport aux albums précédents, témoignage de la créativité sans limites du duo. Il incarne un appel à l’émancipation et à la solidarité féminine, où la vulnérabilité est abordée comme une force, en phase avec la vision globale de Parasites & Butterflies, qui explore les contrastes entre chaos et beauté.

Les paroles de Soprano dressent le portrait d’une figure féminine forte et indépendante, se qualifiant de « bad bitch » et de « Black Jessica Rabbit ». Les références à  « Bloodstains on the Louis dress » et « We’ll make your eyeballs pop » véhiculent une attitude audacieuse et une confiance en soi affirmée. Le refrain, « Oh no, don’t make us get Soprano », sert d’avertissement contre la sous-estimation du pouvoir collectif des femmes rempli de richesse et de diversité.

Le clip de Soprano, réalisé en collaboration avec Harry Lindley, met en lumière cette thématique de la solidarité féminine. Tourné en format 4:3 et en noir et blanc, il adopte une esthétique brute et intemporelle, avec des danseurs professionnels exécutant une chorégraphie précise qui fait l’effet d’une claque visuelle et sonore à l’énergie du morceau. L’utilisation subtile de la couleur dans la seconde partie du clip accentue certains éléments clés et renforce l’impact visuel, tout en capturant l’essence du message du groupe.

Dans la dernière partie du clip, le ton change : Amy et Georgia se lâchent complètement, se retrouvant sur le front de mer dans une ambiance décontractée et spontanée. Ce contraste rafraîchissant révèle leur côté à la fois puissant et ludique, prouvant qu’elles savent jongler avec les opposés et explorer différentes facettes de leur personnalité.

Ce mélange de hard rock, pop et rap est une réussite. Soprano illustre parfaitement la maîtrise avec laquelle Nova Twins fusionne les genres. Toujours imprévisibles, elles confirment leur statut d’artistes inclassables et essentielles, créant un hymne à la solidarité féminine avec une direction artistique aussi audacieuse que percutante. En somme, Soprano va bien au-delà d’un simple single : c’est une déclaration de puissance, d’unité et d’émancipation féminine. 

Invigo – Otxie Otxia 

Il y a peu nous avons reçu une belle carte postale, signée Invigo. Ce producteur et musicien français nous offre avec son nouveau morceau Otxie Otxia quelques lignes qui nous donnent de quoi voyager, de quoi nous projeter là-bas, sur une plage à Rio. Il parvient à stimuler notre imaginaire, nous en donner un peu sans tout nous raconter. Une simple onomatopée, et on plonge sans plus attendre au cœur d’un clip aux couleurs désaturées, qui porte un morceau pop et ensoleillé. 

Sur un autre continent, nous sommes déjà en été. Les quelques lignes se dessinent entre le mouvement des vagues, un surfeur au loin, une silhouette féminine marchant sur le sable et la vue des palmiers. On reconnaît la plage de Ipanema, le pain de sucre. Invigo, qui se présente en plan serré guitare à la main, parvient pourtant à jouer avec les clichés sans y tomber. On souligne le côté cinématographique, le grain de la caméra et la découpe des plans qui apportent cet aspect rétro. 

Amateur ou non de bossa nova et de morceaux brésiliens, on ne peut que vous recommander de jeter un œil à votre boîte aux lettres. Un son au parfum du voyage vous est peut être destiné.

Nneka – Go Within 

Si on s’oublie parfois dans notre quotidien, au rythme de nos vies en accéléré, trop organisées ou à l’inverse, quelque peu décousues, on s’accorde un moment de pause avec le nouveau single de Nnekaintitulé Go Within. Ailleurs ou en nous-mêmes, la musique nous offre un refuge et un temps pour soi nécessaire. 

Go Within c’est un morceau singulier porté par la voix de Nneka. On découvre cette jeune artiste allemande d’origine nigérienne, au milieu de 3 décors. Il y a quelque chose d’à la fois doux et intimiste dans la construction du clip. On apprécie les nombreuses photos qui complètent son intérieur, et le cadre urbain dans lequel elle évolue. Côté musique, on reconnaît son style musical, son originalité qu’elle puise dans la rencontre de plusieurs registres et contrastes. C’est un son à la fois feutré, groovy et sensuel. 

Avec Go WithinNneka nous transmet son énergie solaire tout en nous invitant à nous ouvrir au monde. Voilà un morceau qui fait du bien au moral ! 

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