Les clips de la semaine #260 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la première partie de la 260ème sélection des clips de la semaine.

Paddang – Predator

Nous partons direction le sud et la chaleur, puisque c’est à Toulouse que le trio de rock psyché Paddang a vu le jour. Vers la chaleur également car c’est sur une planète désertique que Paddang nous transporte dans leur nouveau clip, Predator

Une aventure dans un monde post-apocalyptique dans lequel les humains se sont transformés en lézards à cause d’une catastrophe industrielle. Voilà le pitch de leur prochain album à venir le 6 juin prochain, appelé Lost in Lizardland. Je ne sais pas vous, mais moi, ça m’intrigue ! 

Le premier titre tiré de ce nouvel opus, Pressure, petite pépite psyché de presque sept minutes, nous a parfaitement introduit à cet univers dystopique : une planète aride, désertique, pleine de dangers et de magie… 

Voici donc le prochain chapitre de Lost in LizardlandPredator. Le groupe nous dévoile de nouveaux protagonistes, les fameux lézards mutants, qui se lancent à la poursuite de notre mystérieux explorateur. Avec une ambiance “psych fuzz rock” dans les guitares captivante, on retrouve également leur style vintage qui fait leur charme. 

Ce chapitre nous laisse sur un cliffhanger irrésistible, où notre héros semble être secouru par un mystérieux homme-oiseau-sorcier qui lui indique une direction à suivre sur cette planète lointaine… La suite au prochain épisode ! 

Médine – Stentor

Alors que se profile l’arrivée de son 9ème album éponyme, Médine nous lance aujourd’hui une gifle sous la forme d’un clip marquant : stentor.

La DA est magnifique, mêlant filtre lo-fi et images de surveillance, symbolisant la brutalité d’un monde qui ne laisse la place qu’à une riposte radicale face à la montée d’un fascisme qui se cache de moins en moins. Le Rap tabasse, les paroles ne prennent pas de gants même si elles sont taillées au scalpel.

En fond, une prod puissante mais qui laisse la lumière au personnage principal dont les thèmes de l’album sont résumés en trois minutes : la France, le racisme, la casse du modèle social Français et sans doute d’autres tacles qui viendront se glisser dans la liste.

Là où Médine France était sensible, on s’attend à ce que stentor soit écorché vif et remonté à bloc. On pourra fact-checker ça le 16 Mai prochain.

Halo’s Eve – Cleansing Fire

Il a suffit que l’on évoque leur nom au détour d’une chronique des SURE pour qu’ils refassent surface : Halo’s Eve ! Quatre ans se sont écoulés depuis le premier objet Pitch Black Heaven. Depuis, un nouveau single a vu le jour en janvier : Suakin. Niveau paysage musical, rien ne change pour le grand bonheur de nos oreilles.

Les synthés virent vers des sons plus aigus, la ligne de basse est canon, la new wave des niçois se pare de couleurs en conservant une dominante rouge sur fond de noir et blanc. On vous laisse comprendre un peu le contenu du propos.

Pour illustrer Cleansing fire, Halo’s Eve choisit de se mettre en scène et joue avec le glitch. Un procédé qui colle bien à leur identité synthétique. Plus dansant que ses prédécesseurs, Cleansing fire sonne la fin de l’hibernation et laisse imaginer des morceaux plus dynamiques, plus ouverts. Amis des dancefloors, on vous laisse envahir la piste !

Adrian Quesada feat. Angelica Garcia – No Juego 

Le silence se fait. Ce soir on sort, et pas n’importe où, au cabaret ! Adrian Quesada et Angelica Garcia nous ont réservé une belle surprise avec la sortie de leur nouveau titre No Juego. Si ces deux artistes sont américains, Angelica fait vivre ses origines mexicaines sur ce morceau, et chante en espagnol. 

Le clip, réalisé par Amos David McKay, est à la hauteur du projet. L’ambiance feutrée des premières secondes s’efface rapidement pour laisser place à un feu brûlant, une énergie prise sur le vif derrière les rideaux rouges. L’incroyable voix de Angelica Garcia emplit l’espace. On apprécie les contrastes, cette scène dans la pénombre qui donne toute sa profondeur aux jeux de regards. On souligne le véritable talent d’interprète de ces deux musiciens.

Le spectateur lui, des deux côtés de la scène, saisit le jeu et y croit. C’est un son jazz, rap, pop, et surtout très engagé et mordant. Alors captivés, impossible de rester indifférent à ce spectacle. Rec. fin de l’enregistrement. 

Panic Shack – Girl Band Starter Pack

Nous marchons ensemble, bottes au sol, verres en main, lèvres éclaboussées de rire. Panic Shack pose les mots qui nous manquaient pour dire ces gestes devenus langage. L’appel du groupe au réveil, le café glacé sacré comme un rite, la clope roulée tenue comme un talisman. Tout ce qui façonne notre chaos tranquille. Tout ce qui nous relie.

Girl Band Starter Pack n’imite rien, il dévoile. Il gratte là où ça brille trop, exhume ce que d’autres gomment : les toilettes à deux, les coups de fil éméchés, la pulsion de bouger quand la nuit s’épaissit. Nous y croisons nos failles tenues droites, notre humour en cuirasse, notre besoin de danser comme on respire.

Derrière les lattes et les selfies, la rage s’infiltre. Sous les cris, la tendresse affleure. Nous ne sommes ni sages ni simples. Nous sommes multiples, bruyantes, précises dans notre dérive.

Rien ici n’est décor. Tout pulse. Le groupe ne compose pas une image, il frappe au plexus. Ce morceau ne cherche pas à séduire, il réclame d’être traversé. Il suinte la fatigue joyeuse, l’excès solidaire, l’élan furieux de rester ensemble même quand ça tangue.

Le reste viendra : l’album le 18 juillet, la tournée (pour l’instant, au Royaume-Uni), peut-être la France bientôt. Mais ici, maintenant, nous écoutons ce morceau comme nous regardons un miroir fêlé : chaque éclat reflète un bout de nous et ça soulage de s’y reconnaître, enfin.

Theodora ft. Guy2bezbar – PAY!

Une tournée dans toute la France (dont deux dates au Cabaret Sauvage) plus tard, notre boss lady nationale continue de faire briller son talent aux mille facettes avec une collaboration teasée sur les réseaux. On se souvient de Shay, qui liquidait il y a quelques années les hommes (cf. Shay ft. Niska – Liquide) ; aujourd’hui, Theodora propose une version modernisée avec PAY!, en featuring avec le rappeur parisien le plus jouissif : Guy2bezbar.

Visuel fort, thématique qui colle parfaitement avec l’artiste invité, ce qui rend le propos plus que véridique : Theodora a le flair. Toujours vêtue avec soin par son équipe de stylistes affûtés, elle nous livre un visuel fun qui nous embarque dans une pièce disproportionnée du début à la fin.

Entre une montagne de literie, une chapka qui descend jusqu’au coude et des jeux de lumière pimpants, on dirait bien qu’on tient notre nouvelle pop star française. À streamer tout-tout-tout-tout-tout-tout l’été.

Absolem, Kurdy, JeanJass – Siamois

Le rap belge vit actuellement un véritable bouillonnement créatif, et un petit trio original s’apprête à en apporter la preuve avec un nouveau projet. Absolem, récemment remarqué pour son EP sorti il y a quelques mois, confirme son ascension fulgurante dans le milieu. À ses côtés, Kurdy, fraîchement lancé il y a un peu plus d’un an renforce l’équipe au micro, tandis que JeanJass, en maître des machines, forge les instrus de Double Impact, leur projet commun qui s’annonce explosif.

Le clip de Siamois illustre brillamment le talent de ce trio. Absolem et Kurdy y jouent leurs propres Vincent Vega et Jules Winnfield, dans une ambiance qui fleure bon Tarantino. Amis de longue date, les deux hommes se lancent à la poursuite d’un client qui, malheureusement pour lui, traîne une dette qu’il ne semble pas prêt à régler. Sur une production sans percussions, où JeanJass confirme sa maîtrise du style drumless, les deux rappeurs se livrent à un pass pass maîtrisé, teinté d’humour et de complicité, une marque de fabrique qu’ils cultivent avec brio.

Ce projet a été conçu en famille, entre proches qui se côtoient depuis longtemps. Rien d’étonnant donc à ce que les trois amis et artistes promettent une nouvelle pépite avec Double Impact, attendu pour le 16 mai.

Das Mörtal – Falsche Daten

Plongée dans un univers dystopique où le glitch devient langage, Das Mörtal revient hanter nos écrans avec Falsche Daten, un titre sombre et galvanisant tout droit sorti de son prochain album The Void (à paraître le 7 juin 2025).

Oscillant entre EBM, synthwave et techno industrielle, ce nouveau morceau sature l’espace comme un virus dans un circuit imprimé. Le clip, hypnotique, est une œuvre visuelle dérangeante signée Pablo Escobar Tuduri (le vidéaste, pas le narcotrafiquant), où un petit garçon et une petite fille avec des têtes de trentenaires à barbe, regardant un film d’horeur dans le sous sol aménagé d’une maison de banlieu sous la supervision d’un grand-père à qui vraiment, tu ne veux oas confier tes enfants si il ne veulent pas faire de la thérapie toute leur vie. Et quoi de mieux après un film que de jouer au twister devant papy après avoir sniffé des vapeurs de détergent et de mort au rat ? Peut-être le plaisir de fumer une dernière cigarette avant de retourner à la maison.


Oui, le malaise est présent dans ce clip. Mais on a quand même envie de le regarder jusqu’au bout même si on se demande “Mais qu’eeeeest-ce que je suis en train de regarder ?”

Naïma Frank – Félicité

Avec Naïma Frank, la quête du divin prend les chemins du désir. Dans Félicité, la sensualité flirte avec la spiritualité, les corps deviennent chapelles et les regards, des prières. Réalisé par Nadia Louis-Desmarchais, le clip épouse cette tension charnelle avec une esthétique feutrée et élégante, captant l’intime sans jamais le trahir, rappelant des clips comme Lost Cause de Billie Eilish.

La chanson s’ouvre sur des gestes de séduction — rire plus fort, jupe plus courte — avant de glisser vers un abandon total, trempé d’ivresse et de vin, où l’extase devient mystique : « Dans tes yeux, je vois Dieu. » Le plaisir y est rituel, presque sacré. Dans la bouche tatouée de rouge, dans les mains posées sur la peau, une prière se fait et se défait.

Félicité, c’est la communion dans le trouble, un chant d’adoration pour ces amours qui renversent la foi et diluent la honte. Un clip sobre, mais puissamment habité, qui fait du désir un terrain sacré.

Kae Tempest – Know yourself

Après Statue In The SquareKae Tempest sort cette semaine Know Yourself, deuxième single de Self Titled, son album prévu pour le 4 juillet.

« Know Yourself », qu’on peut traduire par « Connais-toi », c’est un conseil de l’artiste à son soi plus jeune, en quête de repères et de réponses. Iel sample symboliquement l’un de ses anciens morceaux et crée ainsi une sorte de dialogue avec soi-même à travers le temps.

L’artiste britannique retrace son parcours, remercie l’enfant qu’iel était d’avoir persévéré et lui adresse un message d’espoir et de tendresse. Kae Tempest, qui a fait son coming-out non-binaire en 2020, se rappelle ici le poids de la honte qui l’assaillait plus jeune. Cinq ans plus tard, iel célèbre la transidentité et la communauté queer dans un titre émouvant et libérateur. 


Dans le clip, le « barber shop » chez qui l’artiste vient se faire couper les cheveux se transforme peu à peu en club. L’ambiance est à la fête, à la danse, au lâcher-prise. Tempest affiche un sourire apaisé tout en posant son flow légendaire. Dans une interview récente pour NME, iel explique sa volonté de célébrer dans ce morceau la beauté extraordinaire de la transidentité et de la connaissance de soi. 

Know Yourself laisse présager un cinquième album personnel, poétique et solaire – et autant vous dire que par les temps qui courent, on a hâte !

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