La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, on vous offre maintenant la seconde partie de notre 267ème édition des clips de la semaine.

Julia Jean-Baptiste – Toujours plaire
Un peu plus de deux mois après la sortie Toujours plaire, Julia Jean-Baptiste est de retour avec un clip mettant en images le titre qui donne son nom à l’album.
Toujours plaire est autant une carte d’identité de l’album qu’un point de vue fort sur la place que l’on doit trouver dans la vie. D’un côté, le morceau puise dans l’énergie folle de la musicienne pour nous offrir un petit hit pop-rock bourré d’énergie et de bonne humeur, avec un refrain accrocheur et qu’on reprend en chœur dès les premières écoutes.
De l’autre, le morceau est un hymne à l’empouvoirement et à l’acceptation totale de soi. Avec ce morceau Julia Jean-Baptiste fait un petit jeu de massacre des contradictions, des attentes et des colères pour inviter l’auditeur à ne pas chercher à plaire aux autres où à se plier à l’image de la société mais bien à vivre pleinement ce que l’on est dans une espèce de feu de joie bienvenue dans lequel on foutrait tout autant les cases que les petites réflexions des uns et des autres.
Cette idée vit d’ailleurs pleinement dans les images de Gabriel Bourdat. En effet, le réalisateur nous entraine à la poursuite d’un gang de meufs. Grand appel à l’amour et à la sororité, la vidéo capte l’énergie du morceau et nous embarque dans cette énergie communicative pour nous faire voir un monde idéal où tout est permis, où l’on se vit pleinement ce que l’on est et où l’on s’assume.
La réalisation dynamique du clip donne un sentiment de mouvement permanent nous entrainant dans cette tornade que fait vibrer Julia Jean-Baptiste et ses copines. Impossible de résister à ces images qui font beaucoup de bien à l’âme.
Pour le reste, si vous voulez en savoir plus sur Toujours Plaire, on vous invite à retrouver notre entretien avec Julia par ici.
TEKE::TEKE – Doppelganger (Version Française)
Petit instant douceur avec TEKE::TEKE. Le groupe de Montréal qui mêle avec bonheur instruments traditionnels japonais et musique psychédélique aux forts accents rocks annoncent une réédition de son excellent dernier album, Hagata.
Pour fêter ça, le groupe passe par la langue de Molière et dévoile cette semaine une version français de leur titre Doppelganger. On se laisse bercer par la douceur réconfortante du morceau et le chant qui alterne le français et le japonais pour nous entrainer dans une histoire de vies parallèles et d’existence commune. Mélancolique mais jamais triste, le morceau est sublimé par une orchestration cinématographique, notamment des cordes parfaites, qui lui permettent de se connecter directement à nos esprits pour nous y saisir toutes les émotions possibles.
La vidéo qui l’accompagne explore elle aussi cette idée de moments parallèles, tout à la fois différents et complémentaires. On regarde donc ce split-screen aux teintes bleues qui nous fait vivre des existences différentes mais qui finissent toutes par se reconnecter à un moment ou à un autre. Dans l’imaginaire du morceau et de TEKE::TEKE, les humains ont des histoires personnelles mais qui se réunissent au sein d’une communauté supérieure qui relient les différences dans un tout commun.
Avec ce morceau, TEKE::TEKE ouvre la page d’un nouveau chapitre avec un album attendu à l’automne et une série de concert qui passera par Lille et Paris en novembre prochain.
Kinkead – Meuble IKEA
Notre duo de jumeaux préféré, Kinkead, revient avec Meuble IKEA, une chanson douce-amère sous des airs de pop des années 70. Mais si vous pensiez que c’était une banale chanson d’amour, que nenni ! Meuble IKEA est une invitation au self love and care, au fait que dans n’importe quelle relation, il faut savoir quand arrêter, au lieu de toujours essayer de réparer ce qui a été brisé — ou de monter, en l’occurrence, un meuble IKEA où il te reste toujours trois vis dont tu ne sais pas quoi faire.
Meuble IKEA se dote aussi d’une merveilleuse équipe avec la touche de Simon Kinkead (paroles, musique, guitares, voix), Henri Kinkead (paroles, musique, basse, voix), Simon Kearney (réalisation, prise de son additionnelle, paroles, guitares, claviers, percussions, chœurs), Nathan Vanheuverzwijn (piano, synthétiseurs, chœurs), Gabriel Lapointe (batterie, percussions, chœurs), Simon Lachance (paroles), Julyan (musique), Marie-Claire Linteau (chœurs), Ghyslain-Luc Lavigne (prise de son), Guillaume Chartrain (mixage) et Philip Gosselin du studio Le Lab Mastering (matriçage).
Une musique parfaite pour faire le ménage dans son cœur ou déménager ses angoisses.
Patrick Watson & MARO – The Wandering
Avec The Wandering, Patrick Watson, en collaboration avec l’artiste portugaise MARO, nous livre un clip mêlé entre danse énergique et moments fragiles, presque tragiques. The Wandering, c’est le reflet d’un sentiment qui n’a pas quitté Patrick Watson depuis ses 16 ans : celui de se sentir comme un fantôme, quelqu’un qui observe ce qui se passe autour de lui sans forcément prendre part à toute l’agitation qui l’entoure.
Son clip reflète cet imaginaire brumeux avec lui, traversant les danseur·euse·s presque au ralenti et sans mouvement, à travers leur chorégraphie énergique. Mêlée avec la voix de MARO, elles forment une complainte sur un fond de bossa-nova, qui vient souligner cette chanson en demi-teinte, entre mélancolie et lumière.
Elisapie x MBAM – Quviasukkuvit (If It Makes You Happy)
Sorti le jour de la Journée nationale des peuples autochtones, Elisapie nous offre une live session de Quviasukkuvit (If It Makes You Happy) tournée dans le Musée des beaux-arts de Montréal, entourée d’œuvres d’art inuit qui composent l’exposition ᐆᒻᒪᖁᑎᒃ uummaqutik : essence de la vie, et notamment de celles d’un membre de sa famille, Bobby Quppaapik Tarkirk.
Mais je vous entends déjà dire “gnia gnia gnia c’est une reprise de Sheryl Crow” — oui Michel, et c’est là tout le concept. Elisapie ne fait que des reprises, mais en les adaptant et en les réinterprétant en inuktitut, une langue autochtone parlée par les Inuits de l’Arctique canadien. Et si vous ne connaissez pas, on vous conseille d’aller écouter le reste !
Nation of Language – I’m Not Ready for the Change
I’m Not Ready for the Change est une mélodie qui palpite comme un néon vacillant dans la nuit. Deuxième extrait révélé de leur album à venir, Dance Called Memory, ce titre surgit d’un couloir intime, à l’endroit précis où la mémoire danse encore avec ce qu’elle ne peut plus retenir.
Dès les premiers mots, l’ambiance est posée : celle d’un monde en transition, où la lumière décline comme un espoir trop longtemps porté. La ville s’efface, le corps se crispe, les souvenirs affluent en gerbes silencieuses. Le narrateur erre dans ce non-lieu du changement, ce sas incertain entre un passé rassurant et un avenir qui effraie.
La voix, toujours tendue, semble surgir du sol, comme si le chant n’était plus que la dernière trace d’un être désancré. Il n’y a ni cri ni éclat, mais une pression sourde — celle du monde intérieur qui vacille. Dans cette chute lente, Nation of Language excelle à peindre l’effondrement avec pudeur, en laissant l’auditeur combler les silences entre les lignes.
Mais sous la mélancolie plane une grâce étrange. Chaque image : lucioles, pirouettes d’été, visages pressés contre un mur, se présente comme une photographie mentale aux bords flous, un instantané de ce que l’on aimerait retenir en vain. C’est la nostalgie, non pas comme regret, mais comme mécanisme de survie.
Le refrain lancinant agit comme une incantation contre l’inéluctable. Il ne s’agit pas de fuir la transformation, mais de reconnaître l’effroi qu’elle suscite. Le groupe américain saisit ce moment de résistance, celui que beaucoup taisent, avec une honnêteté désarmante.
Mega Surf – Pars, pars !
Une noise à la française, c’est ce qu’a décidé de nous proposer le quatuor amiénois Mega Surf né des cendres de la fratrie issue de Last Night We Kill Pinneapple. Alors qu’ils laissent derrière eux le studio d’enregistrement, on rejoint le groupe pour prendre la route. Du moins, c’était le projet… Toute la journée tu te prépares sauf à l’imprévu. Les apprentis mécanos en viennent aux mains avec beaucoup d’humour. Le clip réalisé par Yulen Iriarte Arriola (Studio 3 Points) rappelle également l’importance du collectif.
Avec Pars, pars, Mega Surf nous prépare à l’arrivée de Louche, leur album à venir pour 2026. Le morceau installe une tension agréable, rythmique efficace et une noirceur qui se noie dans l’urgence accentuée par la guitare. On se surprend à scander à notre tour Pars, pars.
Éolîne – notes basses
Comment parler de l’amour que l’on souhaite et projette avec tendresse et douceur ? L’artiste émergente Eolîne donne des pistes de réponses avec son titre notes basses. Avec cette ballade qui s’ouvre par le chant des oiseaux, la chanteuse évoque ses souhaits : « nous écrirons l’histoire dont nous rêvions tant, nos corps vieilliront ensemble au rythme des jours s’effacent ». En format cinémascope (écran très large), Pierre Cantin réalise le clip du morceau. Il donne une place importante à des scènes de vie quotidienne dans lesquelles on aperçoit la jeune autrice et compositrice. Les couleurs chaudes et roses, symboles d’amour, prédominent. L’ensemble donne une pièce tendre qui ne serait sans rappeler certains titres du duo Terrenoire, comme Jusqu’à mon dernier souffle, grande inspiration pour Éolîne.
Miles Kane – Love Is Cruel
Premiers accords, et l’on croit au charme. Une pop souple, bien taillée, qui avance d’un pas sûr, lunettes de soleil sur le nez, même quand le ciel se couvre. Love Is Cruel, premier extrait du futur album Sunlight in the Shadows, s’installe dans cette lumière dorée qui annonce déjà la fin du jour.
Miles Kane y raconte l’attirance, le doute, et cette chose insaisissable qu’on appelle l’amour, surtout quand il commence à se dérober. La chanson est mélodieuse, presque facile à fredonner, et pourtant, à l’intérieur, quelque chose résiste. Le ton est feutré, mais le fond grince. L’amour ici est une lueur qui recule dès qu’on tente de s’en approcher.
Pas de grandes envolées, juste une tension douce, une mélancolie qui se faufile entre les lignes. Le passé s’invite dans le présent, les gestes simples deviennent des absences. La voix, calme, dit l’impossibilité avec une élégance discrète. Rien n’est forcé, mais tout est là : le désir, l’incertitude, la solitude après l’éclat.
Musicalement, le musicien reste fidèle à son sens du détail : une pop claire, un peu vintage, soignée sans être figée. Il habille la douleur avec style, sans l’étouffer. Et c’est peut-être là ce qui touche le plus : cette manière de ne pas appuyer, de laisser juste assez de place pour que chacun y projette sa propre histoire.
PERIODS – Danse
Periods, c’est le nom du projet solo de Dana (elles étaient 3 auparavant…), artiste Rennaise qui produit et écrit des rythmes technoïdes entraînant de manière Do It Yourself dans sa chambre, avec des paroles souvent militantes et libres. Nom de scène provocateur, Periods est une sorte d’exutoire pour Dana afin d’exprimer ses idées de manière spontanée, un peu comme on le ferait dans un journal intime… C’est d’ailleurs un peu de ce naturel que l’on retrouve dans son nouveau clip Danse, filmé comme un contenu Tik-tok, où Dana se filme elle-même au beau milieu de son salon, de sa chambre, entourés d’artifices bricolés comme des ballons et de cotillons, et en tenue de danseuse. Comme elle le dit, le clip est “à écouter en boucle en dansant”. Alors let’s go !
Say She She – Cut & Rewind
Premier extrait du prochain album éponyme du trio de Brooklyn, le morceau avance sur une ligne claire : élégance du groove, légèreté de ton, mais fond solide. Une musique qui a le pied léger et la tête haute.
La mélodie s’impose comme un mantra de précision. On y entend le travail, mais il se dissimule sous une désinvolture maîtrisée. Rien ne pèse, tout danse. Le funk est feutré, le tempo rebondit doucement, et les voix se posent avec l’aisance de celles qui n’ont plus rien à prouver.
C’est un morceau de reprise, au sens le plus simple : on refait, on affine, on tient bon. Il y a du mouvement, sans urgence. La beauté réside dans la constance, dans cette manière de faire et refaire sans jamais s’épuiser.
Say She She signe ici une ritournelle élégante pour les esprits en transition. Celles et ceux qui avancent sans tapage, mais avec l’intuition juste du moment où il faut relancer la boucle.
L’Envoûtante – Bouche à oreille
Aux frontières du rap et de la folk, le duo L’Envoûtante parle du bouche à oreille, dans un morceau du même nom. Un titre qui s’inscrit dans le genre du spoken word, rendu célèbre il y a une décennie par le groupe Fauve. Le parolier de ce titre, Bruno Viougeas, signe également le clip.
On y aperçoit une multitude d’oreilles, de bouches puis de visages. Ce morceau Bouche à oreille pourrait justement faire office de bouches à oreilles pour la prochaine actualité du groupe qui n’est autre que la sortie d’un premier album en 2025.
Haïlé Dästa – Muse
Sur des airs funk, groove, afro, dansant et hyper entrainants, Haïlé Dästa parle d’amour. Dans cette version live de Muse, il chante, à la première personne, des promesses amoureuses. Peut-être sans savoir que le guitariste qui a travaillé pour Angèle, Gims et Yseult incarne lui aussi une promesse mais musicale. Le multi-instrumentiste démontre ses talents de musicien dans cette version live capturée par Maxime Ellies. On le voit jouer dans un appartement où se trouve une femme, dont le réalisateur laisse supposer que la chanson lui serait dédiée. Haïlé Dästa a produit son premier EP produit avec Kyu Steed (Amaarae, Booba, Maes, Eddy de Pretto) et mixé par MixGiant (Doja Cat, Burna Boy), qui sera disponible en septembre.