La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour la première partie de l’épisode 27.
Baron.e – Jeunesse Dorée
Le duo d’electropop inclusive de Fribourg a sorti son premier EP vendredi. Puisque ça ne suffisait pas, ils ont décidé de nous offrir un clip pour Jeunesse Dorée, titre éponyme. Et puisque ça ne suffisait toujours pas, la team du groupe a décidé de proposer une version interactive sur mobile, un moyen de communier avec l’auditeur et de rendre les textes encore plus percutants et directs.
Sur la pochette de l’EP, le vert saphir contraste avec les chemises blanches. On retrouve là encore cette dualité avec une alternance de teintes or et de teintes bleutées. Une coexistence qu’on retrouve dans les thèmes de l’album, entre la célébration de la jeunesse et sa satire, entre l’amour et la rupture, l’admiration du bel âge qui s’exprime et la critique de son narcissisme.
L’interaction permet de structurer et dé-structurer les plans, de jouer avec les mots (comme eux-mêmes s’en amusent dans leur textes), de les faire glisser, les faire tomber, renforçant l’importance de la liberté de parole dans leur message général. On les bouge, les remanie, les brise. On nous demande comment on se sent, nous, la jeunesse, celle à qui s’adresse ce clip 3.0 qui ferait froncer les sourcils nos aînés, à peine entraîner à comprendre le principe des emojis.
Un clip qui parle de la jeunesse à la jeunesse, sans lobotomie, sans polémique, sans exagération, mais avec mise en lumière, incitation et bienveillance sur rythmes électropop.
LENPARROT – Freddie
L’élégance. Voilà un mot qui sied parfaitement à ce cher Lenparrot. Depuis le temps qu’on suit les aventures de Romain (on est intime, on se permet de l’appeler par son prénom) c’est une chose qui nous a toujours marqué, cette élégance, cette classe qui émane autant de la personne que de sa musique. Et forcément ce Freddie ne fait pas exception à la règle. Dès les premières notes de piano, dès que sa voix, entre voix de tête et nonchalence tranquile, débarque pour nous sussurer des douceurs, on ne peut s’empêcher d’être subjugué. Ce n’est pas comme si on ne s’était pas préparé, mais ça ne manque jamais, le garçon nous embarque et nous charme et ceux même quand une espèce de rire d’être possédé par le diable résonne au milieu de la chanson. La vidéo de Marc Cortès le transforme d’ailleurs en personnage iréel, étrange et presque flippant qui suit provoque et tourment un être visiblement saoul et en bien mauvaise posture. On ne devrait sans doute pas le dire mais Another Short Album About Love est une petite merveille et on parlera beaucoup de Lenparrot dans les mois à venir en attendant ses dates le 5 juin au point éphémère et le 12 au stereolux.
Nerlov – Dégénéré
En cette époque un peu troublée, on desesperait de trouver un réel prophète à suivre pour l’apocalypse qui arrive. Heureusement pour nous Angers nous a offert Nerlov. Le garçon nous avait déjà dévoilé deux titres de son premier EP Je Vous Aime tous à parraitre le 10 avril prochain, cette semaine il a ajouté une nouvelle pierre à cette édifice avec le puissant Dénégéré. Honnêtement, on ne voit pas morceau plus intense pour célébrer le délitement du monde moderne en ce moment, entre un chant désespéré et envoutant et une production lourde et presque pesante. La vidéo de Robin Alliel, Nina Faustine & François L’Haridon suit une course dans la nuit entre lumières stroboscopiques, concerts et routes de nuit. Si Nerlov nous suit et nous lit, on voudrait lui dire qu’à La Face B, on est prêt à le suivre jusqu’au bout du monde, on a l’impression que le survivalisme sera bien plus fun avec un guide comme lui.
Alex Nicol – Two Times A Charm
Ce vendredi, Alex Nicol s’est enfin révélé au monde avec le sublime All For Nada. Un premier album classieux et ambitieux dont on vous parlera rapidement sur La Face B. Pour accompagner cette sortie, le montréalais en a profiter pour dévoiler une vidéo sur Two Times A Charm, première pièce de l’album. Il est ici question des doutes qui paralysent, des idées qui nous assaillent et que nous ne contrôlons pas. Entre la pop et la folk, le titre est magnifié par la voix douce de Nicol. La vidéo d’Alexander Maxim Seltzer suit la trame de cette chanson, plaçant Alex Nicol en être reclu et tourmenté, obsédé par une étrange boite au reflet bleu dont il n’arrive pas, malgré tous ces efforts, à se débarrasser. Comme des sentiments qu’on pensait compartimentés mais qui reviennent encore et toujours nous chanter leur histoire à nos oreilles et qu’on finit même par aller récupérer nous même, des choses qui nous font du mal mais qu’on caresse doucement de nos doigts pour nous rappeler qu’elles existent.
Younès – Quel bail
Originaire de Rouen et ami depuis le lycée avec Rilès la star de la ville Normande, Younès a lui aussi décidé de se lancer dans le rap. Passionné depuis le plus jeune âge, c’est il n’y a pas si longtemps qu’il a décidé de se lancer pleinement dans cet art. Maintenant qu’il est a plein temps dedans, il sort plus fréquemment des titres ainsi que des clips. Comme le montre Quel bail dernièrement disponible sur Youtube. Dans ce morceau, l’artiste use du story-telling pour montrer à quoi pourrait ressembler un jour de sa vie de rappeur. En sortant de la gare de la Rouen, il s’allume une cigarette qu’il jettera aussi tôt. Il livre avoir fraudé le train et rentre dans la voiture de son ami qui l’attendait. Rejoint par d’autres amis, il évoque sa vie de rappeur aussi bien les côtés positifs que négatifs. Ils font un stop pour prendre a manger. S’en suit divers péripéties. Plusieurs journées se répètent avec comme lien la gare de Rouen qui surgit a chaque refrain. Un clip et un morceau montrant un aspect assez méconnu de la vie de rappeur. Au final, Younès reste proche des siens malgré un emploi du temps très chargé. Un artiste qui n’oublie pas d’où il vient et sait vers où il va.
Oh Wonder – How It Goes
Qui ne s’est jamais senti plus bas que terre en rentrant chez soi après une journée atroce ? Qui ne s’est jamais dit qu’il était inutile, nul, bon à rien… Quand la confiance en soi s’évapore, c’est toute l’essence même de notre personne qui nous quitte et on se retrouve vide et démuni. Oh Wonder l’a bien compris et en a fait un album de self-confidence, fort de son parcours semé d’embûches : de la non popularité et visibilité à l’apogée et la renommée internationale. De cette expérience est né No One Else Can Wear Your Crown. Déjà lancés dans leur nouvelle tournée internationale, ils nous embarquent ici à Bangkok, à bord d’un tuk-tuk, pour illustrer leur titre How It Goes et ses paroles dignes d’un hymne de l’auto-apitoiement pourtant teinté d’une lueur d’espoir : « Maybe one day I’ll be invincible, won’t let my demons bring me down. And every now and then I’m gonna feel incredible« .
Deluxe – Barcelonnette
Le groupe déjanté Deluxe a une fois de plus fait appel à son public adoré pour la réalisation de l’un de ses clips. S’il y a bien une chose à laquelle le groupe tient, c’est bien son public et ce dernier le lui rend bien en répondant présent à chacune des propositions du groupe. Cette fois-ci, le groupe a lancé un appel au volontariat pour participer au clip de Barcelonnette. Et ne laissant rien au hasard, Deluxe le fait en plus à Aix en Provence, ville de naissance et de cœur du groupe. Un beau clin d’œil auquel le public a répondu avec ferveur et enthousiasme puisqu’on peut apercevoir les fans danser, chanter et scander l’hymne Barcelonnette en plein cœur de la place d’Albertas (et de sa fontaine). Depuis des années, Deluxe se déchaîne sur scène à travers une énergie débordante et communicative puisque c’est toujours un public déchaîné que le groupe retrouve en concert ou même ici, dans les rues et dans les plus petits espaces. Une belle réussite pour Barcelonnette, nouveau titre tiré de la réédition Boys and Girl : suite et fin.
Bebly – Uldo
Pour leur dernier single Uldo, Bebly nous offre en un morceau touchant, nous montrant une face fragile de leur personnalité. La vidéo montre un jeune homme s’apprêter en femme devant un miroir, se maquillant et se parant de bijoux avant de tout enlever et pleurer à la fin du morceau. Il y a une dualité féminin/masculin, couleur/noir et blanc. Et les paroles « Ce que j’aime dans mes blessures c’est qu’elles se dispersent en ta présence » ou encore « Je longe les murs en ton absence » suggèrent les doutes intérieurs se trouvant en chacun de nous et qui forment notre personnalité. C’est beau et c’est touchant. On pense à Stephan Eicher.
Le trio francophone vient de sortir Uldo un EP de cinq titres. À écouter !
M. Ward – Unreal City
Le musicien folk américain M. Ward nous revient avec Unreal City un nouveau single, et l’annonce de la sortie de son prochain album Migration Stories (prévu pour le 3 avril sur Anti-Records). Malgré le nom de l’opus qui s’annonce lourd de sens (et d’engagement politique ?), Unreal City est une balade pop, légère et dansante dont la vidéo se situe dans les rues de Paris. Réminiscent des films de la Nouvelle Vague de Jean-Luc Godard, le mini film s’ouvre avec des mots en bleu/blanc/rouge nous annonçant une « Comédie Musicale Personal ». On y voit l’actrice Clémence Poesy, qui marche et s’agite au milieu des badauds du quartier de l’Hôtel de Ville, puis danse carrément. M. Ward y fait une apparition (avec une guitare acoustique qu’il joue avec des gants ( ?!). Le morceau est chaleureux avec des chœurs et des violons, parle de rêve et de paix dans une ville irréelle… On se laisse porter…
M. Ward sera (/devrait être ?) à Londres le 29 octobre à L’Islington Assembly Hall et à Paris à la Maroquinerie le 31 octobre.
Zieu Bleu – Moula
Le rappeur marseillais revient avec un nouveau clip. Après Marseille est magique le voila sortant d’un coffre dans Moula. Enfermé dans le coffre d’une voiture américaine, le rappeur se retrouve délivré par un groupe d’hommes masqués. Ensuite, il prend l’attitude d’un brigand et commence à débiter. Le clip est assez statique mais est rythmée par un montage dynamique permettant de rendre le visuel plus actif. Un clip qui rappel un peu l’américaine profonde, pas celle de New York ou de la Californie. Mais plutôt celle du Texas, celle des casses de voitures et des cowboys. Car oui dans ce visuel, le rappeur se retrouve dans une casse et on peut le comparer à un cowboy des temps modernes par son attitude et par les propos du morceau. L’attitude est devenue essentielle dans le milieu du rap, et le marseillais l’a bien compris. Que cela soit dans son arrogance bien placé, sa gestuelle ou encore ses textes le rappeur en impose. Si il continue sur ce chemin là il ne sera pas étonnant d’entendre son nom circuler de plus en plus dans la bouche des amateurs de rap.
Le Groupe Obscur – Pondecen II
Dans le petit monde de Midnight Special Records, Le Groupe Obscur pourrait faire office de gentil OMNI (objet musical non identifié). Mais si on y regarde de plus prêt, le groupe colle à la perfection à l’ADN de ce label qu’on adore : des musiciens aguerris, un sens du DIY assez prononcé et un esthétique forte pour une proposition musicale unique et personnelle. Avec Pondecen II, qui donnera son titre au nouvel EP, Le Groupe Obscur, quelques semaines après Voliansor, revient du côté solaire de sa musique. Un titre lumineux et chaleureux, une nouvelle fois chanté en obscurien, qui se veut comme une célébration de la vie, les transformant en sirènes qui appellent à eux les marins perdus. C’est en tout cas cette histoire que semble raconter la vidéo qu’ils mettent eux même en scène, entre représentations humaines du soleil et de l’océan, poissons dorés et nuages en carton patte. Un univers total et attirant, qu’on espère retrouver bientôt sur scène, vrai terrain de jeux des rennais.
Youv Dee – Hotel 5
Nouveau projet et nouvelle manière de la promouvoir pour l’artiste issu du collectif L’Ordre du Périph. En effet, il a décidé que son nouvel EP Planète Mars ne sortirait pas d’un coup mais plutôt par épisodes. C’est donc avec deux nouveaux morceaux par semaine que se délivrera ce projet. Hotel 5 en fait partie et à même eu l’honneur d’être clipper. Le cadre, un hôtel luxueux faisant donc référence au titre du morceau. Youv Dee y déguste des verres avec son équipe de l’Ordre du Périph. C’est avec cette équipe qu’il a grandi et continue de vivre. Un mode de vie, qui ne laissait pas présager à l’artiste de côtoyer ce genre de lieu. Malgré son attachement au monde du luxe, il est assez rare de le voir porter un costume. Dans le clip, la donne change et il a même recours à un couturier. Ce qui montre qu’il est en pleine évolution et cela se ressent sur son mode de vie. Ce qui n’a pas changé, comme dit plus haut, c’est son équipe. C’est avec cette dernière qu’on le retrouve entrain de comploter un plan, à la manière des gangsters dans les films. Le plan débouchera sur le braquage d’une horlogerie. C’est à bord d’un Range Rover qu’ils s’échappent pour se réfugier dans un club vide où le rappeur se transforme en diable. Cette vie de gangster, reflète un peu le démon intérieur du rappeur qui est attiré par la luxure.
BEI-JING – Follow me
Bon l’actualité étant ce qu’elle est, un peu de soleil et de bonne humeur ne serait pas de trop … Cela tombe bien BEI-JING débarque avec un premier single, Follow Me qui nous file une grosse chaleur dans nos petits coeurs un peu flippé et frigorifié. Le combo balance une pop song endiablé, a l’énergie dévastatrice et contagieuse pour un titre qui convoque le printemps et l’été en avance. On a le sourire au lèvre et les pieds qui dansent à l’écoute de ce titre qui se transforme en vidéo de vacances-karaoké sous nos yeux ravis. Une chose est sûre et on leur dire : BEI-JING, on a bien envie de vous suivre ! A la prochaine donc.
Régina Demina – L’ amour monstre Feat. Lëster
Si vous connaissez Régina Demina, vous ne serez pas surpris à l’écoute de L’amour monstre. Pour les autres, sachez que la jeune femme a toujours eu pour ambition de faire passer des sujets sérieux et glauques à l’aide d’une esthétique chatoyante et des beats dansants. Ici, la jeune femme traite des relations toxiques et des violences faites aux femmes. Le mot est ainsi répété à l’infini dans le titre mais toujours accolé à une réalité plus brutale et monstrueuse afin de faire perde tout son sens à ce mot qui sert souvent de justificatif à tous les enfoirés et pervers narcissiques du monde à baise de « je t’aime trop fort » ou « je t’aime mal ». La réalité, et c’est tout ce que le morceau dit, c’est que ces gens n’aiment pas, ils détruisent. La vidéo, qu’elle réalise elle même, participe à prolonger cette opposition, proposant un clip lumineux et cinématographique pour mieux faire passer la sécheresse et le malaise nécessaire des propos. L’amour brutal est une chanson superbe mais est surtout un sentiment qui n’existe pas et ça, Régina Démina le décrit parfaitement.