Les clips de la semaine #274 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la seconde partie de notre 274ème sélection des clips de la semaine

Astral Bakers – Healing

Plus le temps passe, plus Astral Bakers nous fait comprendre que nous n’avons pas à rougir face aux nationalités anglophones et aux groupes formidables qu’elles génèrent, nous aussi, nous avons de quoi bomber le torse.

Voici un nouvel extrait de leur très attendu deuxième album Vertical Life. Le quatuor nous tend une main qui ne cesse de gonfler de confiance. Une mise en image déjà iconique signée Roxanne Gaucherand & Juliette Gelli, offrant un tableau d’un groupe ancré dans la marche de l’efficacité et de la qualité. Aimer Astral Bakers, c’est s’offrir une galerie de titres aussi jouissifs que nécessaires.

Ce sentiment d’appartenance au groupe se fait particulièrement sentir sur Healing. Nous avons l’impression de participer à ces lignes de bases voluptueuses et de ses cœurs fragiles et poétiques. Une addiction forte à aimer ce que le sombre peut apporter comme baume au cœur, et la certitude que les directives émotionnelles ne seront jamais une ligne droite, mais bien un combat sonore à instruire au plus grand nombre.

Loons – Among The Mourners

Leur nom ne vous dit peut être rien pour le moment, mais LOONS est sur le point de faire une entrée fracassante sur la scène rock française. Tout droit venus de Montpellier, la chaleur du sud leur a transmis une fièvre ravageuse qu’ils expriment dans un rock garage façon années 90. 

Aujourd’hui, on vous parle du premier single issu de leur premier album Life Is, à paraître le 28 novembre prochain. Le titre s’appelle Among The Mourners et commence sur les chapeaux de roue. Pas d’échauffements, pas de préliminaires, on bascule immédiatement dans l’univers à la fois shoegaze et grunge, froid et fiévreux de LOONS. On ressent des influences de Nirvana ou encore Birds In Row, mais sans copier-coller, LOONS trace sa propre voie.

En scène dans des paysages presque abandonnés, comme seuls sur Terre, les trois musiciens se mettent en scène, apportant vie et chaleur à leur environnement, laissant un aperçu de ce que le groupe peut apporter sur scène ! Le rock n’est pas mort, il vit frénétiquement sur la scène française, et Among The Mourners en est la parfaite démonstration. 
Ce premier single, annonciateur de l’album à venir chez Howlin Banana, Head Records et Les Disques du Paradis, promet de faire partie des sorties à retenir cette année. On a également hâte de voir le groupe défendre cet album sur scène, peut-être, lors d’une prochaine tournée ! A suivre…

The Spitters – Superstar

Si vous avez envie de prendre un cocktail de bon vieux punk et de garage, Superstar des toulonnais The Spitters devrait pouvoir vous rassasier ! Ne cherchez pas forcément de sens dans ce clip qui ne fait rien dans l’ordinaire, se succèdent des plans libres au bord de la piscine. Non, rassurez vous, ils ne se sont pas métamorphosés en boys band des années 2000. Ils ont plus que simplement cultivé la liberté pour mieux dézinguer.  

En résulte un morceau complètement explosif qui envoie sacrément du lourd. L’album Fake brutal est prévu pour le 14 novembre chez les bons camarades de Howlin Banana RecordsMars Invasion Records et Tentacles Industries. Si vous aimez le genre décoiffant, il y a moyen que vos oreilles frémissent à l’idée de découvrir la suite de l’album.

Olivier Legall – Au milieu des bois

C’est une petite capsule ronde qui s’ouvre sur un papier peint menthe à l’eau. À l’intérieur, Olivier Legalltrucker hat et guitare folk à la main, joue sur un tabouret posé au milieu des bois. Il chante : c’est un conteur logé dans un miroir posé au mur. Il nous murmure qu’il pourrait partir/vivre au milieu des bois.

Bientôt, le conteur cède la place aux images d’un crépuscule accompagné, puis à celles de la forêt qui l’entoure. Il y a quelque chose de touchant dans ce clip fait-maison, avec son esthétique low-fi et le bruit de son image ; peut-être parce-qu’il suggère ce qu’il y a de faussement naïf dans cette vie projetée : c’est un fantasme auquel on feint de croire, pour le plaisir du songe, pour la beauté de l’image. Vie en super 8, où le cadre est un cercle qui exclut tout ce qui pourrait ne pas le servir.

Au milieu des bois, c’est le tout premier single de l’EP à venir d’Olivier Legall– que vous connaissez peut-être déjà pour son duo Appelez-moi François, ou son travail avec Karen Lano, ici aux choeurs -. C’est une petite capsule folk qui fait du bien, et que l’on vous recommande chaudement d’aller écouter. 

RAYE – WHERE IS MY HUSBAND!

Il y a quelques jours, la nouvelle diva pop-jazz britannique RAYE nous a fait le plaisir d’annoncer l’arrivée d’une tournée européenne et nord-américaine intitulée « This Tour May Contain New Music ». Elle ne s’est pas arrêtée là, puisqu’un jour plus tard, elle nous a dévoilé un avant-goût de son prochain album avec WHERE IS MY HUSBAND! .

Avant même sa sortie officielle le 19 septembre 2025, ce titre avait déjà conquis les fans sur les réseaux sociaux. À travers ce morceau, RAYE se livre sur une recherche particulière : celle de son partenaire de vie. Une ode à la fois ironique et profondément sincère à la quête de l’amour et de l’âme sœur, la chanson mêle avec brio R&B vintage, soul cuivrée et une touche pop contemporaine.

Le clip officiel, tourné en noir et blanc puis éclatant de couleurs vives, met en scène RAYE à la poursuite de l’ombre d’un homme mystérieux. Cette poursuite visuelle illustre parfaitement le propos du morceau : l’attente impatiente de trouver celui qui partagera sa vie, exprimée avec un mélange d’humour et de vulnérabilité.

Silvestri – Her’s « what once was » mais en français et dans des écrans

Silvestri, c’est ce jeune artiste français qui aime dire qu’il “fait de la musique pour les gens qu’il aime bien”, et ça se sent. Sa pop rêveuse, toujours un peu malicieuse, mélange sensibilité et touches d’humour qui font sourire même dans les moments mélancoliques. Étape après étape, il construit son chemin : un Supersonic, un Popup du Label, une Boule Noire (le fameux triptyque parisien) chacun sold out. Plus récemment, il a même ouvert pour des groupes plus connus dont Feu! Chatterton au Luxembourg. Silvestri avance sans brûler les étapes, mais toujours avec style.

Cette semaine, il nous surprend avec une reprise de « What Once Was », titre culte du duo anglais Her’s. Ici, Silvestri ose la traduction en français, transformant cette balade indie en déclaration délicate. Dans la langue de Molière, les paroles prennent une dimension nouvelle : l’histoire d’amour finissante devient presque un poème, avec ses métaphores revisitées. Il ne s’agit pas juste d’une cover : c’est une réappropriation, un hommage tendre qui éclaire le morceau sous un jour différent.

Pour illustrer cette version, Silvestri mise sur la simplicité et l’authenticité. Le clip se déroule sur un écran d’ordinateur divisé en plusieurs fenêtres : Silvestri filmé de face et de profil, son guitariste Romy (qu’on connaît aussi pour ses riffs dans le groupe Fugue) et sa stratocaster qui scintille, ainsi qu’une petite page de notes où les paroles s’écrivent sous nos yeux. Cette esthétique rappelle le minimalisme malin de The Shoes avec « Drifted« , et fonctionne parfaitement : pas d’artifice, juste une invitation à apprécier la musique. On sent que la Gen Z, toujours connectée, saura s’identifier à ce clip à la fois intime et universel.

Midlake – Days Gone By

Alors que l’automne s’installe doucement, Midlake continue de distiller les extraits de son album A Bridge to Far nous plongeant dans un cocon bien agréable aux couleurs de la saison. Days gone byest un moment bien doux dont on ne peut que vouloir s’imprégner.

Dirigé par Taylor McFadden, c’est l’acteur James Lance (Ted Lasso) qui se fait protagoniste mélancolique, célébrant la fin de la saison estivale dans des bains de lumières dorées. Pas de danse sur le trottoir d’une ville désertée et sourires malicieux ne pourront qu’être contagieux. Un ballet urbain improvisé sur une musique très apaisante grâce à la présence d’une flûte grâcieuse et lumineuse.

Si vous n’avez pas compris la recommandation : imbibez vous de cette légèreté, si ce n’est le vôtre, le monde ne pourra être que plus doux. Les texans de Midlake n’ont pas fini de nous embarquer dans leur folk méditatif. Comme s’il était bon de rappeler qu’il est toujours temps de penser, un peu, de temps en temps, à soi.

Boutique Feelings – Long Shore

Karim Lakhdar aka Boutique Feelings nous invite entre hip-hop et kautrock à découvrir son nouveau titre Long Shore avec un clip minimaliste filmé entre noir et blanc devant un mur en brique avec seulement l’artiste dansant et faisant du lip synch. Le seul moment de lumière et de couleur arrive sur le dernier couplet qui contraste autant par son texte que par sa mélodide. Si on avait des paroles un peu plus détachées et décousues; ici le constat est clair : Le monde a été abandonné par les institutions et on te fait croire quand même que tu as une importance pour eux. Le tout avec une mélodie joyeuse.

Long Shore est un parfait exemple d’anxiété sociétale que beaucoup de personnes à travers le monde éprouvent aujourd’hui.

Nobodylikesbirdie – RPST

Plongé dans l’esthétique des briques rouges qui façonnent l’architecture et l’identité du nord de la France, Nobodylikesbirdie revient avec un morceau qui confirme son ancrage lillois et son sens singulier de la narration.

Dans RPST, le rappeur déploie une instrumentale brute et tranchante, à l’image des paysages et du rythme de vie qu’il dépeint. Cette atmosphère sombre et rugueuse s’accorde parfaitement avec ses textes, traversés par des revendications politiques et une lucidité implacable sur les conditions sociales de son environnement.

Nobodylikesbirdie livre ainsi une représentation crue d’une jeunesse enfermée dans un quotidien morne.L’empreinte lilloise est palpable, non seulement dans les images et l’ambiance du clip, mais aussi dans le choix des sonorités et dans la posture de l’artiste. Peu à peu, cette identité s’affirme comme une couleur propre, dessinant sa place dans l’histoire du rap français.

RPST dialogue également avec ses précédents titres, en multipliant les clins d’œil à son parcours musical. On y retrouve son attachement viscéral à Lille, une déclaration d’amour à sa ville, mais aussi un désir d’évasion. Ce tiraillement nourrit sa plume et lui permet de transformer le désenchantement en énergie créative. Nobodylikesbirdie continue d’ajouter ses briques à l’édifice qu’il construit pas à pas.

Lesram Ft. Limsa d’Aulnay – Austin Powers

Taulier d’un rap traditionnel malgré eux, les deux parisiens se connaissent et se respectent. On a pu les voir partager le fer plus d’une fois, principalement en freestyle (chez Grünt ou encore Raplume). 
Artisan du verbe, de la rime et d’un rap brut, la nouvelle connexion entre eux ne trahit pas ce qui fait leur charme. Austin Powers c’est un pur morceau de rap à la production glaciale et aux échanges verbaux bien sentis. 

Pour donner corps à la fatalité émanant du morceau, il a été mis en images dans le quartier du Pré-Saint-Gervais (dont est originaire Lesram). Un street-clip qui en a tous les codes si ce n’est qu’il est filmé du point de vue d’un rap déambulant entre les bâtiments évitant la police et essayant tant mieux que mal de contourner la misère qui abrite ces zones délaissées par les politiques. 

Fredz – Rationnel

Entre ceux qui pleurent la fin de l’été et ceux qui comptent les jours jusqu’au 3 octobre, date de sortie du quatrième album de Fredz, l’artiste québécois propose un compromis : Rationnel.

Annoncée comme la dernière chanson avant l’album, elle tient en haleine les fans les plus impatients et s’accompagne d’un clip qui prolonge ces derniers instants au soleil en festivals, en vacances ou simplement entre amis.

Dans ce single pop intégré à son futur projet On s’enverra des fleursFredz aborde une thématique devenue récurrente dans ses textes : les relations amoureuses. Il y évoque ici la rupture entre deux personnes dont les chemins finissent par se séparer.  Les étapes vers la guérison du cœur sont semées d’embûches et semblent toujours plus facilement surmontables chez l’autre.  

Des paroles qu’il chante sur la plage, dans les rues et sur le toit de Barcelone, d’où l’on devine la Sagrada Familia au loin. Le clip alterne avec des moments de vie du chanteur entre écriture et concerts. Fredz se met en scène entouré de son équipe, puis arbore fièrement son t-shirt « I love my ex » (belle promo pour son merch). Un contraste assumé qui traduit sa volonté d’aller de l’avant tout en gardant un lien avec sa relation passée. 

Visuel et paroles s’accordent ainsi d’une belle manière : si tout semble bien aller en apparence, ses mots racontent une tout autre réalité. Se reconstruire n’est pas facile, on continue inévitablement de penser à l’autre (même si c’est pas rationnel).

Roman Ausen – Soft Play

Nous avons des nouvelles de Roman Ausen, et comme toujours, on est ravis. Cette semaine, il dévoile Soft Play, un nouveau single qui annonce l’arrivée de son EP Night Tracks II. Et en effet, on reste dans la lignée de Night Tracks : basse ultra présente, funk moite, synthés scintillants et cette envie irrépressible de chalouper au milieu du dancefloor.

Toujours cette patte eighties, avec une basse groovy et des claviers lumineux, quelque part entre Lionel Richie, Sade et des Parcels un peu mélancoliques. Mais chez Roman Ausen, la tristesse n’est jamais trop froide : elle garde une chaleur presque city pop, et nous transporte presque dans un jazz club new-yorkais au début des années 90. Soft Play explore les désillusions amoureuses avec une écriture feutrée, idéale pour accompagner le glissement de l’été vers l’automne.

Pour marquer sa sortie, Roman a publié deux versions du morceau sur ses réseaux : une Stripped Down synthé-basse et une autre, plus brute, en solo guitare électrique. La pochette reprend une bouche rouge glossy sur fond blanc, qu’on situe volontiers entre Kubrick, Guy Bourdin et Dalí. Un mélange de pop art, de surréalisme et de cinéma érotique qui colle parfaitement à l’ambiance du titre.

Prochaine étape : la sortie de Night Tracks II le 17 octobre. Mais pour les plus impatients, rendez-vous à La Java de Belleville le 15 octobre pour une release party en avant-première.