La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. On vous dévoile la seconde partie de notre 280ème sélection des clips de la semaine.

Sébastien Delage – Cœur Parking
Cette semaine, Sébastien Delage est de retour avec son très beau troisième album, Turbostérone. Toujours en quête de lui même, l’artiste explore la musique et ses souvenirs, chercher des réponses dans les échos, l’espoir d’un monde pas forcé voué à la fin où l’amour de soi et des autres peut encore brûler de tout son feu.
Cœur Parking en est l’exemple parfait. Un morceau intime et rock dans lequel Sébastien Delage regarde dans le rétroviseur de son existence pour revenir à ses premiers grands bouleversements. La découverte de sa sensualité et de sa sexualité, le désir mêlé à une part de honte, la liberté et l’échappée d’un univers à la fois réconfortant par son côté protecteur et sans mystère mais aussi cloisonnant et terrifiant dans tout ce qu’il entraîne d’incompréhensions, de colère et de peur. Cœur Parking est une lettre adolescente sur le temps qui passe, la route qui se trace et l’affirmation de soi qui se fait.
Sous la caméra de Johan Gayraud, le morceau se transforme et la voiture aussi. Celle-ci révèle son ambivalence dans une esthétique DIY. Symbole de liberté, de tous les possibles et de la route qui se dégage vers l’horizon, elle est aussi l’épicentre du désir et des rencontres fortuites autant que des dangers qui les accompagnent.
Ici, la voiture transporte autant qu’elle chasse, elle bascule par moment. Peur des agressions, de la maladie, elle est porte en elle toutes les émotions, tous les fantasmes qu’ils soient espérés, réprimés ou craints.
Un clip beau et intense qui met en avant l’un des morceaux fort de Turbostérone. Pour le reste, on se donne rendez-vous en janvier pour le concert de Sébastien Delage au PopUp du Label.
Odezenne – Houston
La fusée Odezenne parée au décollage !
Après le clip de Hey Joe, le trio bordelais est de retour cette semaine avec une nouvelle vidéo ambitieuse et parfaite pour leur titre Houston. Car oui plus qu’un simple vidéo clip, c’est une continuation que le groupe nous propose, continuant à tenir le rôle d’un trio de réalisateurs/créateurs en pleine recherche et tournage d’un film qui prend tout à la fois des airs de comédies 60’s, de mocumentaire et de film de science-fiction.
En résulte une vidéo scindée en deux, entre une introduction étrange où le réel dévie et se transforme, laissant entrer ici et là des éléments surréalistes, à l’image de l’apparation d’un transformer, d’une twingo qui fait des roues arrières et des chaises qui s’envolent.
La seconde partie, elle se veut plus « produite » et nous entraine à proprement parler dans le clip, où les héroïnes maitrisent le feu, transforment le monde et maitrise une chorégraphie étrange comme une équipe d’héros qui s’apprêtent à sauver le monde et à lui donner des nouvelles couleurs. Surtout la vidéo nous propose une version alternative et excitante du titre Houston, prouvant une nouvelle fois que Odezenne ne se repose jamais sur ses lauriers et continue à se transformer encore et encore, pour notre plus grand plaisir.
La fin de la vidéo, laisse teaser l’arrivée d’une prochaine vidéo animée en rapport avec Doula. Rendez-vous bientôt pour l’épisode 3 ? On a déjà hâte.
Florence + The Machine – Buckle
Avec Buckle, quatrième extrait de Everybody Scream, Florence Welch signe l’un de ses titres les plus intimes et bouleversants. Coécrit avec Mitski et produit par Aaron Dessner, le morceau explore avec lucidité la solitude derrière la gloire et la dépendance affective : “A crowd of thousands came to see me / And you couldn’t reply for three days.”
À travers ces paroles, Florence Welch met en scène le paradoxe entre adoration publique et rejet intime — la douleur d’aimer quelqu’un qui ne vous voit plus. Buckle devient le portrait d’une femme qui s’accroche à une relation perdue, consciente de sa propre fragilité mais incapable de lâcher prise. Le refrain répété — “I’m still hanging off the buckle on your belt” — crie cette dépendance émotionnelle. Derrière la mélodie accrocheuse on voit bien que la célébrité ne protège pas de la solitude, elle l’amplifie.
Musicalement, le titre se distingue par sa retenue : guitare sobre, percussions presque inaudibles, voix fragile. Peu à peu, des chœurs apparaissent, tissant des harmonies douces qui donnent de la force à la voix de Welch, qui monte crescendo. Buckle transforme ainsi la vulnérabilité en puissance, confessant les failles avec intensité.
Réalisé par Autumn de Wilde, le clip épouse cette mise à nu. Tourné un seul plan-séquence en gros plan , il montre Florence Welch chantant face caméra, voilée d’un tulle noir et baignée d’une lumière blanche qui fait scintiller les pierres de son voile. Pas de décor, pas d’artifice : juste un visage, une voix et l’émotion brute. La caméra ne détourne jamais le regard. En choisissant cette forme dépouillée, Florence Welch renverse son image de prêtresse baroque et ses clips cinématiques pour livrer une sincérité à vif tout en gardant cette élégance et beauté. Buckle s’impose comme un cri discret mais puissant, au cœur de Everybody Scream, album de renaissance physique et spirituelle où chaque cicatrice devient lumière. Florence + The Machine sera en tournée en 2026, avec un passage très attendu à Paris – Accor Arena les 22 et 23 février.
DAMANTRA – Slow It Down
Le rock français se porte bien ! Nous avons une nouvelle preuve avec ce nouveau titre de DAMANTRA, Slow It Down. Une énergie de feu, un fuzz électrique et une voix blues, il n’en fallait pas plus à ce quatuor pour enflammer nos oreilles ! Vintage dans l’image mais résolument moderne dans le son, Slow It Down transmet une vague de groove et de bonne humeur.
Formé de quatre musiciens et originaire de Toulouse, DAMANTRA remet l’ancien au goût du jour ! Leur premier EP, Jekyll and Hyde, sorti en 2020, se voulait plus heavy rock. En 2021, le groupe opère un virage vers le blues rock psyché. Comme pour remettre sur le devant de la scène l’esthétique des années 60/70, l’EP Comet sort en 2023 où le groupe fera un pas de géant dans leur art et leur style.
DAMANTRA prépare actuellement la sortie de leur premier album Better Off This Way le 27 février 2026, avec ce nouveau clip ils nous transportent dans une virée à bord d’une ancienne coccinelle cabriolet où les quatres amis font ce qu’ils peuvent pour éviter l’accident ! Embarquez avec eux dans cette course folle aux saveurs de liberté dans Slow It Down !
Hausmane – Thème 3 (live aux Studios Ferber)
Suite des live sessions d’Hausmane captées aux mythiques Studios Ferber il y a quelques mois de cela. Cette fois, on a le bonheur de (re)découvrir Thème 3.
Thème 3, un drôle de nom qui n’en est pas vraiment un à première vue. Mais à première vue seulement. Il prend tout son sens quand on l’écoute. Il repose en effet sur 3 notes aux multiples variations, sans paroles et quasiment sans instrument, juste éclairées par un soupçon de piano et de cordes.
Un morceau audacieux transcendé par les voix enchanteresses d’Hausmane et de ses avengers, parmi lesquelles La Chica, Coline Rio et Claire days. Une polyphonie « hausmanienne » sublime, précise et généreuse en forme de crescendo qui fera naître des émotions intenses à qui tend l’oreille.
Peet – No Solo
Bruxelles le connaît bien, la Belgique aussi. Peet, figure montante du rap bruxellois, a multiplié les concerts en France et chez lui, porté par les succès de Todo Bien sorti en 2023 et À demain en 2024. Aujourd’hui, avec No Solo, son nouveau single, il semble ouvrir une nouvelle page, encore plus introspective, encore plus personnelle.
Un an sans clip, mais Peet n’a rien perdu de sa touche visuelle. Pour son retour, il s’entoure de Romain Haboucha et signe un bijou d’images où chaque plan semble raconter une part de lui. C’est une déclaration sincère : malgré le chemin parcouru, il n’oublie ni ses amis, ni ceux qui l’ont vu grandir. Les scènes de lui, seul dans un champ sous la nuit, s’entrelacent à des images prises sur le vif, capturant des éclats d’amitié, de concerts, de complicité. Un clip qui ressemble à une lettre de remerciement filmée, intime et lumineuse.
Il suffit de le voir sur scène pour comprendre : Peet ne triche pas. Son énergie brute et sa fougue traduisent un artiste reconnaissant, conscient du chemin parcouru et de ceux qui l’ont aidé à y arriver. Avec No Solo, il leur rend hommage comme il sait le faire.
Charlie Flood – You Can Dance
L’artiste montréalais Charlie Flood dévoile son nouveau titre You Can Dance, qui sera également le titre de son album à venir le 5 décembre prochain, un morceau d’indie rock à la fois introspectif et libérateur, où s’entrelacent émotion, lieu et renaissance personnelle. Ce single capte avec justesse la sensation fragile et exaltante de la redécouverte de soi.
Le clip, tourné à Malmö, vient amplifier la portée du morceau. À travers des images type super 8 de ports et de paysages maritimes, il raconte l’histoire émouvante d’un souvenir qui persiste et d’un nouveau départ. On y perçoit les échos d’une réflexion sur la paternité, les racines et l’appartenance — des thèmes chers à l’artiste, qui filme la terre d’origine de la mère de son enfant.
blesse – Mauvais souvenir
Le trio blesse nous livre un nouveau clip réalisé par Charles-Antoine Olivier (CAO), chanteur du groupe, Mauvais souvenir. Cette ballade pop-rock lumineuse nous emporte entre mélancolie et espoirs d’une histoire d’amour jamais vraiment achevée, sur tout ce qu’on en laisse derrière et sur ce qu’on emporte malgré soi, le tout sur une image dépouillée.
Voulant prendre le parti pris de laisser un band être un band, pas de flafla ou de de mise en scène mièvre. Juste un hangar, des musicien.ne.s et CAO qui nous chante son histoire face caméra, qui nous rappel les groupes de notre jeunesse comme Weezer, Oasis ou Coldplay.Avec Mauvais souvenir, on espère que blesse ouvre la voie pour nous offrir prochainement un nouvel album.
Darwin Experience – Out of the car
Mélancolie quand tu nous tiens… On a tous un grand besoin d’air pur. C’est pourtant dans l’espace confiné d’une voiture lancée à pleine vitesse en marche arrière que les français Darwin Experience ont décidé de nous embarquer pour leur single Out of the car sous l’œil de leur désormais fidèle Martin Schrepel.
Avec Out of the car, Darwin Experience revêt le costume de l’élégance et de l’onctuosité. Out of the car est le genre de balade qui vous laisse planer dans un semblant de rêve mais dans uniquement pour la forme qu’il prend. Il n’est ni bon ni mauvais. Il vous laisse dans un état groggy.
Contemplatif, le morceau s’offre des parenthèses lumineuses avec les synthés qui laissent échapper des notes que nous qualifierons ici de bullaires – si le terme appartient au registre médical, il s’agit bien de visualiser des bulles -. Les havrais seront sur la scène de la Maroquinerie le 19 novembre.
King Hannah – This Hotel Room
Quelle joie de voir surgir, en cette fin d’année, une nouvelle perle signée King Hannah, un éclat de musique venu ranimer la chaleur et le réconfort dans nos corps engourdis par le froid des derniers jours.
L’année 2024 s’est laissé bercer par leur splendide second opus, Big Swimmer, dans lequel certains d’entre nous ont eu la chance de plonger en live, portés par ses courants les plus mélancoliques. Le duo britannique semble vouloir prolonger, ou peut-être refermer doucement, cette belle aventure, en partageant des images de leur passage aux États-Unis, au service d’un titre inédit : This Hotel Room, bientôt disponible en version physique le 4 décembre, accompagné d’un second single, une reprise de Gillian Welch, Look At Miss Ohio.
Ce nouveau morceau s’inscrit dans la lignée de tout ce que le groupe nous offre depuis ses débuts : une émotion brute, suspendue, qui nous saisit dès les premières notes et nous projette aussitôt dans leur poésie. Cette sonorité, fidèle compagne de nos routes depuis quelque temps déjà, continue d’explorer l’intime avec sincérité et grâce, pour que nous puissions encore aimer, dans toute sa diversité, ce fragile éclat d’humanité qu’ils savent si bien révéler.
Gorillaz – The God of Lying (ft. IDLES)
Depuis l’annonce du nouvel album de Gorillaz et la révélation de sa tracklist, il ne nous aura pas fallu longtemps pour sentir nos attentes frémir. Néanmoins, soyons honnêtes : parmi tous ces titres prometteurs, celui-ci a capté notre attention comme un phare dans la brume.
Déjà troisième extrait de leur prochain opus The Mountain, attendu pour mars 2026, il conviendrait sans doute de ne pas trop en dévoiler, messieurs Albarn et Hewlett. The God of Lying délaisse la douceur contemplative et groovy de The Happy Dictator, tout comme l’intensité brute et captivante de The Manifesto, pour s’abandonner à un cocon sonore psyché et flottant.
Comme souvent, les Britanniques ne viennent pas seulement faire de la musique : ils interrogent, ils dérangent, ils révèlent. Ici, le propos s’étend, immense et intime à la fois : qui ment, qui dit vrai ? Le mensonge est-il là pour nous apaiser, nous cacher du monde, ou simplement nous protéger de nous-mêmes ? Et la vérité, à quoi sert-elle, sinon à blesser, à forcer le mouvement, à rappeler la transparence douloureuse du réel ?
Ces questions, Gorillaz les tend à IDLES. Le groupe de Bristol s’en empare, fidèle à son habitude : avec efficacité, rage et justesse.
Leur rencontre engendre un trouble délicieux : celui d’un morceau qui interroge sans réponse, qui nous entraîne dans la spirale de l’incertitude tout en nous offrant une forme d’échappée. Ce titre est une respiration dans le chaos, une brèche d’indépendance, un instant suspendu où le vrai et le faux s’embrassent dans un même vertige.