La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. L’acte 4, c’est maintenant.
French 79 – Hometown
Après Hold On, Simon Henner aka French 79 nous présente un nouvel extrait de son album à venir, Hometown. Il est accompagné d’un clip qui retranscrit à l’image le thème de la chanson : le manque de repères. Il évoque une nostalgie et une confusion à l’égard du temps qui passe au travers du regard de quelques personnages, qui vont être rassemblés dans leurs interrogations par des symboles qui permettent le lien avec le rythme du morceau. La production est sensible et nous laisse sur un sentiment d’espoir et de contemplation.
Deluxe – Get Down
S’il y a bien un aspect de la personnalité du groupe Deluxe que l’on ne présente plus, c’est bien leur loufoquerie. Cette fois, le groupe s’est éclaté à faire de Get Down un clip remake de Rocky avec Liliboy en guise de Sylvester Stallone. On la voit donc recréer la scène culte de l’entrainement cornélien du film, le tout sur fond de paysage marseillais et coachée par les membres du Stache Club. Deluxe a toujours vécu par et pour son public, une fois de plus, ils nous le montrent bien ici puisqu’ils ont fait appel à leurs fans il y a quelques temps pour les faire participer au clip. Une mise en jambes pour la tournée de leur dernier album Boys & Girl qui s’annonce chaud bouillante et déjantée, comme à leur habitude.
SAÏKALY – Mama Oh I Swear
Saïkaly, Mathieu de son prénom, aborde son deuxième album et nous présente aujourd’hui Mama Oh I Swear dont le clip a été réalisé par Philippe Billault. Le morceau évoque le lien maternel et les attentes qui s’y créent ou qu’on lui prête. Avec une sincérité touchante, il évoque les doutes, le besoin de reconnaissance et la volonté de se montrer à la hauteur. Les images, simples et directes (l’artiste y est montré sans artifice, à peine vêtu d’un pantalon) captent pertinemment la fragilité du propos insi que l’espoir et la volonté qu’on retrouve dans les envolées instrumentales. C’est touchant et on a hâte d’entendre le reste de l’album.
The Lumineers – Jimmy Sparks
Poursuite de l’épopée cinématographique de III, le dernier album de The Lumineers, sorti il y a quelques jours maintenant. Nous en sommes désormais au chapitre 3 : Jimmy Sparks, sans doute l’un des plus sombres de l’album, porté par deux clips sortis cette semaine : My Cell et Jimmy Sparks. Ce chapitre met donc en scène Jimmy, le père de Junior, qui lutte également contre ses propres démons. Mais au fil de l’histoire, on s’aperçoit qu’au fond, ce n’est que quelqu’un de vulnérable, meurtri par les tares de ses parents. Le groupe s’apprête ainsi à clôturer cette aventure visuelle avec encore deux clips à venir. Un projet ambitieux et ô combien réussi, à tel point qu’il en a d’ailleurs été sélectionné au Toronto International Film Festival (TIFF), rien que ça.
Hubert Lenoir – hunny bunny (feat. Kirin J Callinan)
Darlene est sorti en début d’année en France, il est donc encore frais dans nos esprits et surtout, il est l’un des plus beaux album de 2019. Pourtant pour Hubert Lenoir, l’album est déjà derrière lui et le voilà qui revient avec hunny bunny. Titre plus lent, presque langoureux dans lequel il convoque le génial Kirin J Callinan. Association réussie et surprenante tant les deux voix semblent être faites pour se rencontrer. En anglais donc, avec quelques apparitions du français, le canadien nous propose sa version plus sensuelle dans la continuité de titres comme Wild and Free ou Si On S’y Mettait, même si, comme toujours, l’explosion n’est jamais loin et nous emmène ici vers des territoires proche du free jazz. La vidéo de Gabriel Lapointe & Noémie D. Leclerc se présente comme un court-métrage présentant la jeunesse québécoise de jour et de nuit, toujours un skate à la main, avec un Hubert Lenoir en vampire à la recherche de sang. Une nouvelle page qui s’ouvre pour l’artiste qui reviendra en France cet automne avec notamment un passage à Nantes le 15 novembre.
Malik Djoudi – À tes côtés en duo avec Etienne Daho
En parlant des beaux albums de 2019, comment ne pas citer Tempéraments de Malik Djoudi ? Au milieu des divagations poétiques, on trouvait ainsi À tes côtés en duo avec Étienne Daho. Le poitevin double les rêves sur ce titre puisqu’en plus de chanter avec la légende de la pop française, il a aussi vu l’apport subtil du grandiose Philippe Zdar. Un adoubement musical en quelque sorte, pour un titre qui navigue entre l’organique et les intonations électroniques, devenant subtilement entêtant et qui joue sur les mots, si importants pour l’artiste, pour conter une histoire d’amitié tout en douceur. La vidéo d’Antoine Carlier, déjà à l’œuvre sur les autres vidéos issues de Tempéraments, nous offre littéralement cette confrontation, réalisant une vidéo à la classe discrète, un peu hors du temps et jouant sur les perspectives d’un lieu unique à l’architecture étrange. Malik Djoudi sera à retrouver le 20 novembre au Trianon, l’occasion, on l’espère, de voir apparaître Étienne Daho pour interpréter ce titre.
Mauvais Oeil – Afrita
Que ce soit à travers les draps d’une Nuit de Velours, ou le souvenir d’une Constantine perdue, Mauvais Oeil nous transporte vers des voyages immobiles. Avec leur titre Afrita, le duo nous offre un univers plus symbolique et mystérieux. Entre l’omniprésence de mains de fatma, d’encensoirs, de bougies et la persistance de multiples regards, Sarah Benabdallah invoque les afritas – les “esprits”. Qu’importe où nos yeux se posent, ils rencontrent un œil bleu à la pupille noir. Ce curieux symbole est un nazar boncuk, un talisman censé protéger du mauvais œil que des figurants posent sur un autel. Quelque chose se produit alors. La fumée d’un narguilé s’échappe, on ressent son parfum, puis le goût sucré d’une bouteille de Selecto sur les lèvres. Les corps se tordent et ondulent au sons des cris, des zagharit. La vidéo nous transporte dans un état de transe, vers l’ivresse … Ne sens-tu donc pas le Mauvais Œil entrer en toi ?
BANDIT BANDIT – PIXEL
Youpi, revoilà Bandit Bandit ! Après nous avoir présenté leur Maux, le duo à la ville, à la scène et à l’écran nous présente leur Pixel. On sent toujours cet amour pour la guitare mais ici, les intonations naviguent plus du côté du psychédélisme, moins brut et plus froid par moment. Pixel c’est un peu l’histoire de leur rencontre. Surtout, le titre dévoile la grande force du duo : en incorporant leur musique dans notre quotidien, en utilisant avec bonheur des marqueurs temporels fermes, le groupe ose ce que peu de groupe français font actuellement : placer son rock dans le présent. À contrario, le clip de Theo Sauvage joue de ce décalage entre la modernité du propos et leurs influences très 70’s pour nous offrir une vidéo en changeant le duo en icônes dans une patine rétro, à base de lens-flares, d’effet visuel rétro et de boule à facette qui brille, pour un jeu de répulsion/séduction du plus bel effet. De quoi augmenter l’attente jusqu’à la parution de leur premier EP et leur date au MaMA Festival le 18 octobre.
POLYCOOL – Monteverita
On change de registre avec les quatre copains de Polycool qui ont dévoilé cette semaine le deuxième extrait de Lemon Lord : Monteverita. Plus qu’un simple clip, la vidéo de Léo Schrepel semble être un véritable court-métrage, présentant les parisiens comme des archéologues dans une forêt sans temps, dans laquelle ils trouvent au fur et à mesure les instruments nécessaires à la formation de leur groupe. On y voit aussi l’apparition, et leur possible première rencontre, avec La Crampe, personnage mystérieux et cagoulé qui apparaît à chacun de leur concert. Un clip comme une mise en place de leur mythologie, guidé par un titre au tempo lent et obsessionnel qui sent bon la pop à la cool et l’enregistrement analogique, pour un morceau doux comme une nuit d’été qui aurait décidé de ne pas finir. Pour la fête, ça se passera le 29 novembre au Petit Bain.
Motion Concrete – Better Consumer
Deuxième extrait de son EP1 sorti en mars dernier, Motion Concrete nous présente Better Consumer, regard interrogatif sur nos modes de consommation et notre soif de “toujours plus”. Il a cette fois collaboré avec Pierrot Pierrot pour la réalisation du clip, qui le met en scène dans un environnement froid et sombre tout autant que numérique. Slow-motion, effets numériques et plans solennels permettent de se rattacher à la contemplation présente dans l’instrumentation du morceau ainsi que sa dramaturgie.
Venus VNR – Blonde
Venus VNR nous avaient déjà séduit avec leurs deux premiers titres Phoque et Veleda. Si à la première écoute, Blonde semble les faire rentrer davantage dans le rang avec un titre aux accents pop plus prononcés et un refrain qui rentre en tête dès la première écoute, ce serait mal juger le duo que de les voir ainsi tomber dans la facilité. Ainsi la déviance se trouve dans les couplets, vachards, parfois peu ragoutants mais toujours remplis d’humour et d’une certaine poésie à travers des mots simples qui ont toujours l’avantage d’amener avec eux les images de ce qu’ils racontent (même si voir apparaître dans nos esprits une morve dans une bière n’est pas la meilleure des idées). On ne peut s’empêcher de sourire à l’écoute de ce titre volontairement girl power où les rôles s’inversent et qui continue donc de court-circuiter une pop française parfois un peu trop gentille. Le clip de Max Kastelyn joue aussi sur ce constant, ce retournement où l’homme devient la proie et la femme est toute puissante, et ça n’est pas plus mal. Les Venus VNR seront de passage au Pop Up du Label le 2 octobre pour la release party de leur EP et passeront ensuite à l’Aéronef de Lille le 16 novembre pour une date qui s’annonce folle, avec Biffty et Cadillac.
Django – Fantôme
Disparu du game depuis son dernier EP Tue-Moi, Mon Amour, S’il Te Plaît sorti en 2018, Django brise enfin le silence avec Fantôme, renouant avec la couleur artistique de ses débuts. Pour mémo, Django c’est : un flow vif et percutant, une foule de références cinématographiques et une ascension fulgurante grâce aux titres BillyCocaïne et Fichu, suivis du très plébiscité Oiseaux en 2016. En véritable caméléon, le rappeur s’était métamorphosé au fil de ses compositions, tant musicalement que physiquement, essuyant ainsi quelques flops auprès de son public avec ses derniers projets plus sombres et torturés, flirtant avec l’emo-rap. Au grand étonnement de tous, le rappeur revient aujourd’hui avec Fantôme, un clip sobre qui laisse planer le mystère quant à ce come-back soudain.
Philippe Katerine – Stone Avec toi
Après avoir enchaîné moult featurings tous aussi improbables les uns que les autres (Lomepal, Clara Luciani ou plus récemment Alkpote), Philippe Katerine nous revient en solo, accompagné de Stone Avec Toi, premier single issu de son prochain album intitulé Confessions et prévu pour le 8 novembre. Aux manettes de ce clip, on trouve Edie Blanchard, fille de Katerine, et qui a vraisemblablement dû prendre un malin plaisir à transformer le doux et innocent faciès de son père sous toutes les formes. Dans Stone Avec Toi, le chanteur vendéen à l’imagination débordante évoque quelques idées saugrenues tirées d’un monde parallèle où les rôles semblent inversés : « Imagine un monde où les animaux nous mangeraient / Ils feraient des ragoûts de nous« . Cela va sans dire que derrière l’ironie des paroles de ce morceau et le génie de son interprète, se cache peut-être l’envie de dénoncer quelques uns de nos comportements les plus dépravés : « Imagine l’homme que les femmes poursuivent dans les rues / Réclamant la bite et le cul« . Des idées d’ailleurs contrebalancées par l’incommensurable plaisir qu’il prend à être stone avec sa moitié. En tout cas, nous on est impatients de découvrir la suite de l’aventure avec cet album qui s’annonce comme le meilleur de cette fin d’année. Plus que quelques semaines, vite !
Saint DX – Prime of Your Life
Direction Hong Kong avec Saint DX pour la vidéo de Prime Of Your Life. Aurélien Hamm sera de retour le 8 novembre prochain avec un nouvel EP et semble effectuer un virage plus pop avec un voix très soul sur ce Prime Of your Life qui nous conte l’amour fou, celui qu’on ne vit qu’une fois et qui nous marque au fer rouge pour la vie entière, le tout avec rythme imparable et un refrain qu’on chantonne dès les premières écoutes. La vidéo de David Luraschi le met en scène dans une salle de danse hors du temps avec des danseuses qui changent de tenue au fur et à mesure des pastilles et Saint DX qui ballade sa classe nonchalante au milieux de tout ça. On révise la choré et on se retrouve au Point Éphémère le 12 décembre ?
Tyler, The Creator – A BOY IS A GUN*
Si à la fin de l’année vous nous demandez notre top 10 des meilleurs albums de 2019, vous y trouverez forcément IGOR, splendide opus signé par le couteau suisse qu’est Tyler, The Creator. Après le fascinant EARFQUAKE, c’est au tour de A BOY IS A GUN* d’être illustré par Wolf Haley, qui n’est autre que le pseudonyme du magnificent rappeur américain. C’est alors coiffé de sa plus belle perruque blonde platine que l’on voit Igor déambuler dans les innombrables pièces d’un château aux allures versaillaises afin de fuir un quiproquos amoureux qu’il semble avoir du mal à panser. Des querelles sentimentales, un rabibochement tenté mais en vain, l’être cher prend la fuite et Igor s’en va brisé et bouleversé jusqu’au plus profond de son être. Des visuels aux tons pastel et un grain vintage qui donnent lieu à une nouvelle pépite visuelle, digne des plus grands et capable de faire pâlir plus d’un réalisateur amateur. Chapeau l’artiste !
Simia – Spécial
On continue dans le hip hop mais on retourne en France avec Simia. Le jeune homme a dévoilé cette semaine Spécial, nouveau titre qui donnera son nom à son EP prévu le 17 octobre. Avec un vrai recul sur lui-même tout en n’oubliant pas une petite pointe d’égo-trip bienvenue, Simia raconte une quête de sens, entre les rêves et l’image des autres, biaisée par les sentiments et l’amour qu’on lui porte, et une réalité qui n’est pas aussi reluisante et brillante que ce qu’il pourrait espérer, le tout sur une prod de QuietMike qui alterne entre puissance et mélancolie. La vidéo de Café Crème studios joue sur ces décalages, dans des décors presque irréels, entourés de personnages étranges qui semblent représenter ce décalage constant entre les fantasmes et le retour à la lucidité. Un titre fort qu’on pourra découvrir en live le 21 novembre au 1999 pour la release party de l’EP.