Les clips de la semaine #82 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. On commence tout de suite avec la première partie du quatre-vingt-deuxième rendez vous des clips de la semaine.

ROMANCE – Cache-Cache

Le jeune groupe ROMANCE sort son tout premier clip de son existence, son tout premier tube. Il nous ouvre la porte à un monde antérieur qui nous manque pour encore quelques semaines. La vidéo a été tournée dans un haut lieu de vie musical du 11e, le Chair de Poule, connu notamment pour son blind-test pointu.

Des gens assis autour d’une table, la pilier du comptoir, les cadres blasés du bar, un groupe sur scène et le poto avec sa pancarte, y’a pas à dire, la nostalgie du bar-concert refait surface immédiatement. Il suffit du premier refrain entrainant et mélodique pour voir les clients s’agiter devant la scène pour profiter de la démonstration du groupe. Puis bim bam boum, la lumière disparait, l’imbroglio s’installe. Aux retours des projecteurs, la dame du comptoir devient la groupie, le poto est le mal-aimé du comptoir et les cadres blasés s’élancent sans vergogne dans des déhanchés irrésistibles.

A travers les images filmées par Lise Lunel, le groupe pointe l’ambivalence entre l’assurance et la frustration de notre propre personnalité. La conclusion du titre appelle à nous libérer de nos craintes intérieures pour profiter du moment présent. Au bout de trois minutes, le chanteur-guitariste Charles Crocq, accompagné de la bassiste Lise Lechopier et du guitariste Pierrick Orfao, nous emmène dans une surf-pop entêtante. Il faudra attendre le 28 mai prochain pour les découvrir davantage avec leur premier EP Paris-Prague.

HOORSEES – Hurts

C’est avec surprise que nous découvrons que le troisième clip de Hoorsees ne se déroule pas dans le quatorzième arrondissement parisien. Les cordes mélodiques et mélancoliques entament cette vidéo avec la sobriété et la classe du batteur au volant. Il se gare pour jouer dans l’antre tant désiré de tout musicien : le parking d’un Buffalo Grill.

Le chanteur Alexin poursuit sur cette scène majestueuse pour défiler en tenue Addidas et lunette de soleil sur une rue de quartier d’une banlieue. Le cadre est juste splendide. On retrouvera également les deux autres membres sur la statue du Buffalo et le toit d’un break familial. Assurément, le groupe est paré pour un show à la Led Zeppelin.

Au-delà de cette mise en scène hollywoodienne, la dream pop sucrée du groupe parisien nous fait chavirer au fond de notre lit lors d’un dimanche matin pluvieux. Entre tristesse et réconfort, le groupe aime jouer sur l’ambivalence en étant un poil décalé sur une piste triste et sublime. Juste génial.

Rostam – From The Back Of A Cab

Toute personne qui a déjà pris un taxi a vécu cette expérience : regarder le monde dehors défiler, de nuit comme de jour, et imaginer des histoires, des moments et des vies qui défilent. Mais parfois, c’est à l’intérieur du taxi qu’il se passe des choses…

C’est une de ces histoires que nous raconte Rostam dans le bien nommé From The Back Of A Cab. L’américain continue de teaser l’arrivée de son second album avec ce titre à la chaleur réconfortante, doux et mélancolique dans lequel il nous raconte une histoire universelle : un moment suspendu avec un être aimé, un voyage pendant lequel le monde extérieur n’existe plus et où les problèmes sont mis de côté alors qu’on est juste avec l’autre et qu’on profite de cette intimité presque irréelle.

Forcément, l’action de la vidéo de Jason Lester & Rostam Batmanglij se déroule à l’arrière d’un taxi, dévoilant pendant 3 minutes des moments de vie tendres, quotidiens et humains. Ça pourrait être tout simple, mais comme le bonhomme est un des producteurs les plus reconnus du moment, il a convoqué ses potes et on se retrouve avec un casting incroyable qui fait tout le sel du clip.

Ainsi, on croise HAIM, Charli XCX, Wallows, Kaia Gerber et beaucoup d’autres dans cette aventure et honnêtement, ça nous donnerait presque envie d’être le chauffeur de ce taxi.

Jessie Ware – Please

Vous avez envie de danser ? Vous avez envie de chanter ? Vous avez besoin d’un titre so 80’s qu frole par moment la ligne du mauvais goût mais qui par son énergie finit par vous emporter et vous filez la pèche ? Ne vous inquiétez pas, Jessie Ware est là !

L’anglaise a dévoilé la semaine passée Please, morceau issu de la réédition de son What’s Your Pleasure? prévu pour le mois de juin.
Et clairement, on est face à un titre fait pour défoncer toutes nos inhibitions et nous embarquer avec lui dans une fête sans fin dans laquelle on reprend les chœurs avec un sourire réel sur les lèvres.

Et de grosse fêtes, il en est forcément question avec le clip de icouldneverbeadancer. Les parisiens nous entrainent dans un univers hors du temps, coloré et nocturne. Une sorte de plan séquence ou l’on s’incruste dans une soirée où les corps se frôlent et se mouvent dans une danse extatique. Le genre de trucs qui nous manquent et qu’on espère très bientôt retrouver, avec Jessie Ware en fond sonore, forcément !

HollySiz – Thank You All I’m Fine

Si vous vous inquiétez de la semi disparition de HollySiz, dont le dernier album date de 2018, rassurez-vous elle se porte à merveille. Elle revient cette année avec un EP, format étonnant pour une artiste de sa trempe, mais parfaitement adapté à son envie de plus de spontanéité.

Perdue sur les toits de Paris, elle se déchaine dans une chorégraphie solaire sur la liberté des corps. Un immense miroir reflète le ciel bleu de la capitale alors qu’une drone tournoi autour d’elle et filme la moindre de ses réactions. On dirait par moment la pub du Kenzo World avec ses pas de danse assumés et ses expressions barrées.

Dans un rythme groovy et ultra dansant entre Dua Lipa et Christine and the Queens, HollySiz balance des vibes ultra modernes et entrainantes. On ressent ce besoin absolu de se déchainer, de libérer son crps, s’autorisant même des petites brêves acapella. Du pure bonheur.

Blue Orchid – Here Come The Sun

Non, ce n’est pas une reprise de la célèbre chanson des Beatles. Le duo Blue Orchid nous embarque dans un road trip provincial entre kebab dévorés avec délectation et bières sur la rivière. Avant de se retrouver matraqués de balles de golf, les tomates version hooligans fortunés. On retiendra aussi leur amour presque sensuel pour le voiturette orange kitsch.

Dans un rock garage visant la plus pure essence, ils balancent des verves mélancoliques dans un tempo tout en retenue. Même la guitare semble blasée. Ruptures parfaites toujours avec cette délicieuse nonchalance, le morceau est aussi goûtu que la première gorgée de bière avec ses potes.

The Black Keys – Going Down South

On n’y croyait pas, pourtant ils l’ont fait. Les Black Keys retournent à leurs racines profondes, le blues qui imprégnait tant leur début et qui faisait chavirer le cœur des plus puristes. Alors, il ne faudra pas s’attendre à une énorme surprise, puisque l’album Delta Kream se composera entièrement de reprises des plus grands noms du genre.

Après un premier titre accessible sur inscription, ils visent plus large et sortent un clip pour Going Down South de R.L. Burnside. Tourné au Blue Front Café de Jimmy Duck Holmes, on se plonge dans l’Amérique profonde tendance redneck. Le groove absolu du duo accompagne les images de voitures rouillées, et routes délabrées. Clop au bec, front suant, mais surtout la réunification grâce à la musique.

Un hommage incroyable à cette Amérique tant fantasmée et la claque énorme qu’elle s’est prise. Mais dont on négligera jamais l’héritage. Make blues great again.

Squidji – Stripper

Toujours accompagné du réalisateur Léo Joubert, Squidji continue de teaser son projet avec le clip du morceau Stripper. Morceau énergétique au sonorité électronique, le titre a un aspect dansant assez prononcé dévoilant une nouvelle facette de l’artiste. C’est donc naturellement que le clip prend place sous les néons d’un club durant la nuit

C’est dans cette ambiance de fête que Squidji débarque avec une nonchalance qui changera bien vite quand il croisera le regard d’une fille. « Pour elle j’ai un coup de coeur »L’artiste ne cache pas sa surprise et laisse sa nonchalance pour flexer avec aisance dans une soirée qui bat son plein.Parfaitement emmené par un jeu sur les couleurs et un montage plus que maîtrisé, ce clip confirme le bon goût et l’esthétique de Squidji.

GoGo Penguin – Kora (Cornelius Remix)

Analyser un remix, c’est comme en produire un, toujours un exercice particulier. Ici, Cornelius fait partie de la liste d’invités qui ont pu s’essayer au jeu sur les morceaux du dernier album de GoGo Penguin et nous propose son interprétation de Kora. Si sa patte se fait ressentir, on constate surtout beaucoup de fidélité à l’oeuvre originale.

L’ajout des synthétiseurs se fait très naturellement et rajoute un côté très planant au morceau, qui prend une dimension contemplative supplémentaire. En conjugaison avec une vidéo remplie d’énigmes, d’images abstraites et défilant très rapidement, on est en face d’un phénomène hypnotique qui nous plait beaucoup. Le morceau est à retrouver sur l’album GGP/RMX sorti ce vendredi et sur lequel on retrouve la participation de Rone, Portico Quartet, Squarepusher et bien d’autres.

Rekma – LVEB

https://www.youtube.com/watch?v=sIoqr1GxA2A

A l’aise avec les codes de son époque, Rekma a pris le temps de faire murir sa musique depuis ses débuts en 2016 même s’il a toujours été bercé par l’art. Une passion qu’il entretient depuis toujours et qu’il met maintenant au service de sa musique, comme le prouve son projet Moodboy dont est extrait le clip LVEB (La vie est belle, ndlr) sorti cette semaine et réalisé par Amax.mp4.

A l’aise avec les mélodies, c’est dans une forêt qu’il a décidé de se retrancher pour se questionner. Une solitude qui appuie son propos mais s’arrêtera à l’instant où Rekma se met à kicker. La verdure des arbres sera abandonné au profit du gris du bitume, plus brut tout comme le flow utilisé par l’artiste. Si vous ne connaissez pas encore le rappeur, ce clip est une belle porte d’entrée dans son univers. 

Hélène Barbier – La Peur

Des murs décrépris, une lumière blafarde et des ombres inquiétantes… Serions nous dans un film d’horreur ? Pas vraimennt, nous sommes dans le nouveau clip de Hélène Barbier pour son titre La Peur.

La vidéo de Olivia Faye Lathuillière joue tout de même de ces codes bien spécifiques, y ajoutant par moment une touche de psychédélisme presque onirique. L’idée ici étant de retranscrire de manière imagée et poétique les propos du morceau, à savoir le besoin d’être en accord avec soi même, d’éloigner la peur de son quotidien et de vivre en paix avec soi. Même si cela signifie faire face à l’incompréhension et aux rejet de l’autre.

Étrangement, un véritable équilibre se fait avec le morceau d’Hélène Barbier, porté par une section rythmique imposante et une sensation de boucle presque oppressante par moment qui permet de mettre en avant les mots de l’artiste québécoise.

La peur est le premier extrait de Regulus qui est attendu pour le 18 juin chez Michel Records et Celluloid Lunch.

Ratu$ – Entretien x Surtaxe

Il n’aura suffit que d’un morceau sur la Don Dada Mixtape hosté par Alpha Wann pour que Ratu$ marqué les esprits par son incisivité. Il continue d’étonner son monde avec un double clip concis et efficace, Entretien x Surtaxe réalisé par Johann Dorlipo.

Après une petite introduction qui plante l’atmosphère obscure du clip. Sans crier gare, le rappeur commence son couplet avec brutalité et efficacité. Le lieu reste le même pendant que Ratu$ varie son flow adossé à une voiture, son aisance frappe comme chacune de ses phases. Après une transition orchestré par la même voix-off que celle du début, le noir et blanc laisse sa place aux couleurs pour ce second morceau. Le lieu change aussi, ce n’est plus au-dessus mais dans la voiture que le rappeur prend place. Pourtant, il ne perd pas de sa technique et continue d’offrir une belle prestation de rap. Avec tous ces éléments, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les amateurs de rap placent beaucoup d’espoir en lui. 

RAVAGE CLUB – Ici et Maintenant 

Vous connaissiez sans doute l’incontournable groupe lillois Jack’s on Fire ? Vincent Lion et Claudia Crèvecoeur sont de retour avec un nouveau projet : RAVAGE CLUB

Pour annoncer la couleur de leur premier EP dont la sortie est prévue courant 2021, le duo lillois dévoile le clim deIci et Maintenant dont la rage de vivre qui en ressort nous rappelle fortement cette de The Clash. 

Dans Ici et Maintenant, les deux chanteurs parlent des démons qui nous habitent, avec lesquels on doit vivre au quotidien et ces facettes de notre personnalité que l’on choisit de montrer ou de réprimer. Un texte particulièrement bien mis en image avec un clip tout en miroir, comme une mise en abîme poétique et visuelle. 

Alfie Templeman – Wait, I lied

L’auteur, compositeur et interprète Alfie Templeman revient fort avec un nouveau titre très groovy. 

On pourrait prêter à Wait, I lied, des inspirations telles que Earth, Wind et Fire ou encore The Whispers. Une chose est sûre, si le clip sort tout droit des années 70 avec un Alfie tout de groove se mouvant, le morceau est quant à lui bien modernisé. 

Le chanteur anglais a certainement menti (nb: Wait, I lied), mais il n’a en tous cas pas menti sur la qualité de ce nouveau morceau aussi pop qu’adapté à la personnalité musicale d’Alfie. 

A seulement 18ans, le jeune chanteur s’apprête à dévoiler un nouveau mini-album dans lequel il exprime sa personnalité. Il faut dire qu’il est déjà bien sûr de lui ! 

Fredrika Stahl – Cruel World

Après plusieurs années à se sentir enfermée dans son label, la suédoise Fredrika Stahl finit par se libérer de toute contrainte et de lance à corps perdu dans une carrière en free-lance. 

C’est pour revenir sur tout ce parcours que la jeune chanteuse choisis désormais de produire une musique engagée pour elle-même, et pour inspirer la libération de la créativité de chacun. 

Son prochain album est totalement auto-produit, tout comme les premiers singles que Fredrika a déjà sorti : ElectricRescue Me et Finalement la nuit, single en français en duo avec Dominique A. 

Cruel World est accompagnée d’un très beau clip où Fredrika se met en scène, se jetant à l’eau dans une danse exutoire qui sonne comme un cri du cœur face à un océan de marbre.