Avec Romy Rose, un nouveau projet au titre énigmatique, James Baker affine son univers. Voilà un EP lumineux, que l’on n’est pas prêt d’oublier.

Que faire de ces souvenirs, bribes de moments et d’images enfouies quelque part en nous ? Comment l’oublier, comment ne pas s’oublier ? Si le film de Michel Gondry, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, nous a marqué, pour sa poésie et cette manière si singulière de nous emporter dans une histoire, on a énormément apprécié écouter le nouvel EP de James Baker, inspiré de l’œuvre. Cet artiste adopte un véritable rôle d’interprète pour nous proposer un projet en 5 chapitres, une boucle de 5 titres. Sa musique pop, électro aux tournures rock, prend vie dans cet espace clos, un espace mental et intérieur.
Alors où trouver la clé ? L’EP s’ouvre sur Romy. Le tempo est lent, et l’entrée intrigante. Il se présente, comme cet artiste qui se cache derrière des personnages. « Doué pour raconter des histoires », dans le mille. Quelque chose s’installe doucement, on entre dans cet univers à pas de velours jusqu’à tendre l’oreille sur la fin.
Ce premier pan, très réussi, donne le ton aux deux morceaux lumineux et entraînants qui lui succèdent. J’espère (pas) est une danse, une explosion savoureuse. Si tout s’accélère, ce titre met en lumière un grand paradoxe : celui d’espérer les contraires. Le film traite à la fois de la peur d’oublier, et celle de ne pas y parvenir. En appréhendant le futur, les nœuds se resserrent dans notre esprit. On ne sait plus. Pourtant c’est joyeux, on a envie de le rejoindre sur scène. Jtm un peu est quant à lui au cœur de la problématique. On souligne la superbe mise en images réalisée par Simon Vitkovsky, au grain rétro futuriste. Le morceau ponctué par ces voix robotiques, « fin du processus, mémoire effacée », nous emporte une fois de plus dans cet univers très visuel.
Si James Baker joue avec ces émotions nuancées, l’habitacle se fait peu à peu plus étroit et mystérieux. De l’interlude à LuCiDe il n’y a qu’un pas. Le rythme de nos cœurs ralentit. Cette présence fantomatique, la voix qui sait tout, donne le tempo. Excellente transition, qui nous entraîne vers le dernier titre du projet. Un son mordant et engagé, se dessine dans les effluves de la nuit. Lucide, vraiment ? Ce sont des pensées qui surviennent au beau milieu d’une soirée, comme des voyants qui s’allument à tous les étages de la boîte crânienne. Une seconde fois, on est attentif à ses derniers mots, de quoi refermer la boucle que représente Romy Rose.
Cet EP c’est pour James Baker l’occasion de définir davantage son univers. Il puise dans l’intime pour en faire quelque chose d’autre, le donne à voir et à entendre. Nous invitant parfois au lâcher-prise, le projet est pourtant hyper construit et travaillé. On relève les talents d’écriture de l’artiste, mais aussi toutes les transitions entre les morceaux. Romy Rose est un fil que l’on déroule, qui se dessine quelque part dans un bar à Paris. Les images sont nombreuses et on le suit sans hésiter. Enfin, voici une information capitale (que l’on se doit de vous partager) : ces cinq titres constituent la première partie du projet. Rendez-vous au prochain chapitre.